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vendredi 17 mars 2023

Vous êtes déjà nu!

 La grande découverte spirituelle est de découvrir que nous ne sommes pas la personne pour qui on se prend. Il s'ensuit un processus de désidentification. Découvrir que nous ne sommes pas le corps, pas les pensées, pas les croyances, pas l'auteur de nos actes, etc... Tout cela est changeant, et il est donc impossible de s'appuyer dessus. Il s'agit de trouver ce qui ne change pas, ce qui est déjà là. Cela semble paradoxal dans la mesure où l'on cherche à comprendre avec le mental, ce qui est impossible, c'est une expérience à vivre, une intuition.

J'ai souvent entendu Arnaud Desjardins citer cette fameuse phrase : "Vous êtes déjà nu sous vos vêtements". Elle est très pertinente. Or on se voit tellement avec nos vêtements que l'on finit par se prendre pour eux, et oublier que notre condition naturelle est la nudité. L'enseignement nous dit qu'il s'agit d'enlever ses innombrables peaux qui recouvrent le Soi, tant et si bien qu'on ne le voit plus, qu'on l'oublie. Une autre façon est de partir du Soi et de voir que l'on a tendance à le recouvrir, sauf que si on en est conscient on ne s'y identifie pas. Il faut que la conscience, la présence, le témoin en nous, soit suffisamment "développé" pour y revenir d'autant plus facilement. On va se voir jouer un rôle, mais sans y croire, comme un acteur qui redevient lui même après avoir joué sa pièce.


Etre ouvert, laisser faire, rester tranquille, être dans ce non-effort d'obtenir quelque chose, lâcher, lâcher, lâcher. Cela part de notre nudité primordiale, pas de l'ego, pas de l'intellect. Cette liberté qui nous attend quand plus rien ne demande en nous...

vendredi 10 mars 2023

mardi 7 mars 2023

Oser

 Oser, c'est perdre l'équilibre un instant.

Ne pas oser, c'est se perdre soi-même.

Soren Kierkegaard

dimanche 5 mars 2023

Si "enseignant spirituel"...

Je rejette toute spiritualité qui ne nous permet pas d'être aussi pleinement humains.

Si "enseignant spirituel" signifie quelqu'un qui a transcendé son humanité maladroite, vulnérable, juteuse et désordonnée, je souhaite n'avoir rien à voir avec l'étiquette. Cela n'a aucun sens pour moi et c'est un mensonge terrible et destructeur.

Si « enseignant spirituel » signifie quelqu'un qui voit la « grâce féroce » dans les fosses de la souffrance, et la beauté indescriptible dans nos endroits blessés et tendres, et la non-dualité qui brille de mille feux dans le maudit chaos de la dualité, et l'existence toujours présente d'un amour si vaste qu'il ne peut être compris par l'esprit, un amour qui ne fait pas honte à notre honte, ou ne craint pas notre peur, ou ne tente pas de purifier nos «impuretés» - un amour qui aime nos imperfections et nos erreurs et les embrasse dans une conscience aimante en chacun et chaque instant de nos vies - alors inscrivez-moi !

Si "enseignant spirituel" signifie quelqu'un qui nous rappelle de faire confiance à la nuit, et de faire un doux amour à l'obscurité à l'intérieur, et de supporter l'insupportable dans chaque nouveau Maintenant, et de s'éveiller au sacré dans l'ordinaire et le banal, alors comptez sur moi.

Comptez carrément sur moi.


Jeff Foster

I reject any spirituality that doesn’t allow us to be fully human too.

If “spiritual teacher” means someone who has transcended their awkward, vulnerable, juicy, messy humanity, I wish to have nothing to do with the label. It is meaningless to me, and a terrible, destructive lie.

If “spiritual teacher” means someone who sees the “fierce grace” in the pits of suffering, and the unspeakable beauty in our wounded and tender places, and the nonduality shining brightly in the damn chaos of duality, and the ever-present existence of a love so vast it cannot be understood by mind, a love that does not shame our shame, or fear our fear, or attempt to purify our “impurities” - a love that loves our imperfections and mistakes and embraces them in loving awareness in each and every moment of our lives - then sign me up!

If “spiritual teacher” means someone who reminds us to trust the night, and make sweet love to the darkness inside, and bear the unbearable in every new Now, and awaken to the sacred in the ordinary and the mundane, then count me in.

Count me fucking in.

jeudi 2 mars 2023

C'est toujours la dernière fois

« Nous devrions serrer plus fort dans nos étreintes, embrasser plus calmement, longuement, dire ce que l'on ressent aux personnes aimées qui peuplent nos vies. Intensément. Donner du temps, consacrer nos vies à l’autre.

Et peut être même se quitter chaque fois comme s'il s'agissait de la dernière; sûrs de ne pas avoir oublié un regard tendre, un mot bienveillant, un geste, un mot d'amour.
On ne sait jamais quand ce sera vraiment la dernière fois. »


                                              Federico isaahq Dainin joko sensei

jeudi 23 février 2023

La bonté humaine

J'ai déjà parlé de mon handicap, non pas que je veuille m'étaler dessus, mais partager ce qu'il m'a fait découvrir : la bonté humaine. Rien que çà! C'est si facile de se replier sur soi-même, d'être méfiant, d'échapper au contact, par peur sans doute, par manque d'ouverture, puis par habitude. On partage le monde, mais en vérité on vit séparé, chacun dans sa bulle, la plupart du temps. Le fait de ne plus pouvoir utiliser ma main droite, ou presque, les muscles qui ont disparu et le manque flagrant de forces dans les bras, une démarche mal assurée, limitent forcément mes capacités. Je me débrouille autrement, et ça reste vivable. J'ai appris à demander de l'aide, mais il arrive que je n'ai même pas à demander...

L'autre jour, j'avais décidé de mettre des chaussures à lacet, histoire de changer, au lieu de mes tennis à scratch qui sont si pratiques pour moi. Je pars en voiture, les lacets serrés avec un noeud tout simple ne tenant pas. Je devais me rendre à la gare routière pour ensuite prendre un bus. Je m'assieds sur un banc et commence à faire un noeud à la chaussure gauche, plus facile pour moi. J'arrive à en faire un à une boucle et me mets à la chaussure droite, plus difficile. Au bout d'un moment, une femme que je n'avais pas vue venir, s'accroupit pour faire un vrai noeud à deux boucles. Je n'en reviens pas, et la remercie. Elle refait du coup la chaussure gauche. Elle est avec une amie, elles parlent catalan ou espagnol. Encore un merci, un sourire, et au revoir. Alors là, quelle leçon de bonté humaine! Je n'en reviens pas. A côté de moi sur le banc, il y avait un jeune homme, à qui je n'avais rien demandé bien sûr, mais qui n'avait pas bougé. Vraiment ce geste m'a touché, car il faut se baisser pour faire un noeud, c'est une forme de simplicité, ce n'est pas comme aider à porter un sac par exemple, on touche à "l'habillement".

Quelques jours plus tard, je me trouve faisant plusieurs courses et terminant dans un super marché au moment de la fermeture. Je profitais de réduction pour acheter deux sacs de terreau de 40 litres. Je demandais à la vendeuse de les mettre dans le caddie, à la verticale pour que je puisse les sortir. Il fait nuit, il n'y a presque plus de voitures sur le parking, et je commence à vider mes courses. Restent les deux sacs. J'essaie de soulever le premier, mais c'est trop lourd. C'est alors qu'un homme, allant ranger son caddie vide, passe juste à côté de moi et me propose son aide. J'accepte évidemment, notant bien que malgré le parking quasi désert, il arrive pile au bon moment. Au merci que je lui dis, il ajoute un "Bonne soirée". Encore un exemple d'aide sans demande de ma part. Toute cette bonté gratuite dont je ne me doutais pas avant mon accident. Cela m'a ouvert les yeux et le coeur.

dimanche 12 février 2023