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dimanche 22 novembre 2015

Je sens que je vais mourir

Deux jours avant l'accident, à un moment nous marchions derrière un couple : elle sur un fauteuil roulant, lui n'avait pas de bras. Je faisais la remarque à mon amie à propos de l'équilibre à tenir quand on est sans bras, sans parler de la dépendance... Je les regardais un moment traverser la rue, puis disparaître. J'ai toujours considéré ces personnes d'une façon particulière, comme si c'était la pire chose qui puisse m'arriver...

Je suis resté deux semaines et demi en réanimation. Il s'agissait de me tirer d'affaire, effectivement, chose que j'ai réalisé bien plus tard. Je faisais des exercices de kiné respiratoire car j'avais une déficience au poumon droit. Si cela ne marchait pas, on me faisait une trachéotomie! Inutile de dire que j'ai fait le maximum pour éviter cette opération. Un jour on me dit que le cap était passé, et que j'allais pouvoir quitter la "réa". Ouf! Ce furent les jours les plus difficiles, suite à la mauvaise ambiance et au manque de respect général.

Une nuit, au tout début, alors que je devais être bourré de médicaments, je me réveille, je vois une bougie avec une flamme rouge, puis la flamme s'éteint. Je me dis que c'est moi, moi,je sens que je vais mourir, ma respiration est en train de s'arrêter. Je pense très fort à mon amie. Je réalise vraiment que si je ne fais rien, c'est fini. Je me mets à respirer en forçant les inspirs et les expirs. Cela a duré à peine une minute. Puis la respiration a repris son cours. 
Je crois que je suis resté longtemps éveillé ensuite. Je n'étais pas prêt à mourir, s'il s'agissait bien de cela. Mais j'ai senti que c'était le cas...

dimanche 15 novembre 2015

Nudité et abandon

Une phrase qui se dit dans un hôpital, en tout cas c'est là que je l'ai entendue pour la première fois, est : " Dans un hôpital, votre corps ne vous appartient plus."
Cela a commencé tout de suite en réanimation, où je me suis découvert avec des tubes dans le nez à la fois pour me nourrir et pour m'injecter des médicaments. Puis ce furent les soins du corps, à commencer par la toilette de la tête aux pieds, y compris les parties intimes. Plus tard, j'allais découvrir l'habillage, les repas toujours servis avec l'aide d'une personne, puis la douche, et j'en passe...
Très vite on est confronté à la nudité, que ce soit devant une ou plusieurs personnes,sachant qu'il y a essentiellement des femmes dans les équipes de soins. Ce passage obligatoire peut être vécu de différentes manières selon chacun.

A un moment je me suis senti nu, dépouillé, à la merci de mains étrangères, et j'ai eu la vision du Christ en croix dans l'abandon à la situation, d'une toute autre ampleur en ce qui le concerne. Quelque part je me sentais effectivement dans cet abandon, absolument nu, sans aucune référence personnelle, et dans l'incertitude la plus complète quant à mon avenir. Je me suis même senti  dans une parfaite sérénité. Je ne dis pas que cela m'arrivait tous les jours, mais l'ayant vécu assez vite,ce fut certainement une aide pour la suite.

Je fais partie des patients à charge lourde, c'est à dire complètement dépendant.
En quelques secondes, passer d'une vitalité et d'un bien être tout à fait réel, puis échapper de justesse à la mort, pour finir dans un hôpital, assisté jour et nuit, pour un temps indéfinissable.
Tout cela contribue à rogner l'ego de façon efficace, et à s'accorder sur le fait que l'on ne maîtrise pas grand chose.
En même temps, j'allais découvrir une sorte d'évidence dans ce que l'on peut considérer comme une situation vraiment difficile, à savoir que je n'ai pas le choix. C'est plutôt quand la vie est facile que l'on peut sentir que l'on a le choix, ou du moins y croire. Plus la situation devient difficile, plus le choix devient évident, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de choix.
Où le choix pourrait-il se faire? Il y a une dépendance complète à une situation pour le moins peu ordinaire. Je dis que c'est plus facile d'accepter le non-choix que de songer à négocier un choix hypothétique. Dans le même ordre d'idée, je considère qu'il est plus facile de pratiquer quand "ça va mal", que lorsque tout va bien, où il est si facile de dormir!
La difficulté peut être une opportunité...

mercredi 11 novembre 2015

Esclave du saut, je suis un sot...

Avec l'âge on voit mieux ses fonctionnements, ses constantes, enfin pour qui regarde un peu.
Dans ma chambre d'hôpital, outre le fait de m'être refait la scène de l'accident des dizaines de fois, alors que je n'en ai aucun souvenir, me sont revenus en mémoire des souvenirs d'enfance où je jouais les casse - cous. 
J'adorais grimper aux arbres et faire le cochon pendu sur les branches les plus hautes. Sur la plage, au club Mickey, je me balançais le plus haut possible avec le trapèze, puis me jetais en arrière pour finir en cochon pendu. Le professeur de gymnastique me grondait, de peur que je me casse la figure. Puis à 13 - 14 ans, à force de faire des roulades de plus en plus hautes, je réussissais à faire mes premiers sauts périlleux. Dès lors je n'ai jamais arrêté. Acrobaties en vélo, moto cross en mobylette, sauts sur le sable à des hauteurs interdites, cheval d'arçon, sauts en parachute, à l'élastique, comme si la vie commençait lorsque j'étais entre terre et ciel...
Adolescent je voulais être cascadeur! Disant cela à mes parents, ils m'en dissuadèrent aussitôt, car "ce n'était pas un métier". Ils avaient raison bien sûr. Je continuais de sauter à skis, en patins à glace, en planche à roulettes, en rollers, toujours assez proche de mes limites.
A quarante ans, je me suis dit qu'il était temps de m'arrêter de faire des sauts périlleux dans les dunes.
Mais je ne pouvais pas, c'était plus fort que moi, je prenais trop de plaisir. J'étais comme un gamin, avec un corps qui répondait toujours. A soixante ans passés, je continuais encore...
De la folie, de l'inconscience, le désir de vouloir rester jeune... Peut être, ou bien plus!
Quand doit-on s'arrêter? Y a t'il un coup de semonce? J'avais fait une chute en rollers, il y a un an, qui aurait du m'alerter. Mais non, il a fallu que je refasse peu après la même figure, pour ne pas finir sur un "échec". Quelle arrogance!
Un jour l'accident arrive...

Faisant de l'astrologie chinoise, et ayant déjà analysé quelques cas d'accidents mortels et de suicides, mettant en évidence l'influence de la destinée, je me suis dit qu'une fois rentré à Bordeaux je regarderais dans mon calendrier chinois.
J'en parle entre temps à un ami "Feng Shui" qui prenait de mes nouvelles au téléphone. Lui même en parle à une autre amie qui se trouvait être auprès de notre maître chinois. A la vue du thème, il dit : "Dans cette destinée, il ne peut pas ne pas y avoir d'accident!"
La cause en est à deux éléments : le feu et l'eau, que l'on retrouve souvent associés dans mon thème, qui signifient donc ce risque. Je suis actuellement dans une période feu - eau, le jour de l'accident était pareil, c'était à une heure feu, au sud de la France, région feu, et dans l'eau! Il y a encore d'autres aspects que je ne peux expliquer, mais cela reste flagrant pour qui s'y connait un peu...
Je n'avais pas revu mon thème depuis des années, et n'avais pas toutes les données à l'époque.
Je doute que cela eut changé grand chose.

.Pour ceux qui prennent vraiment du recul, les choses arrivent, on ne maîtrise rien!