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lundi 29 novembre 2010

Carnets de voyages

Dans le métro, je tombe par hasard, bien sur, sur une affiche indiquant une exposition de carnets de voyages au Musée de la Poste à Paris dans le 15ème. J'adore les carnets de voyage, car ils sentent encore les lieux visités, et traduisent une ambiance plus vivante qu'une simple photo.
Nous y allons le lendemain. Y sont exposés environ 600 dessins d'une cinquantaine d'artistes, plus ou moins connus. Parmi eux Reno Marca est l'un de mes préférés. Je vous conseille son site et ses livres, pour découvrir son talent remarquable.





dimanche 28 novembre 2010

Monet au Grand Palais

Hier j'ai vu l'exposition sur Claude Monet au Grand Palais. Si vous êtes sensible à l'art, c'est à voir absolument. Monet a peint des centaines et des centaines de tableaux qui sont disséminés aujourd'hui à travers le monde. Le fait d'en voir autant réunis est unique et ne se représentera plus. Cela permet de rentrer dans son univers et dans la compréhension de sa démarche.
Monet est le peintre de l'instantanéité. C'est comme s'il voulait fixer la qualité de lumière de ce qu'il peint, qui sera différente à un autre moment, d'où les séries qu'il va faire.
Ce qu'il voit l'impressionne, pourrait-on dire, et il le rend sensible sur la toile. C'est vraiment ça le mouvement impressionniste. Je peux vous assurer que lorsque vous êtes devant ces tableaux, ça vibre de vie. C'est un véritable génie!
Vous vous approchez, tout semble flou, puisque ce ne sont que des touches, vous reculez vous voyez un ensemble vivant.
C'est absolument le contraire d'une peinture figée ou conceptuelle.
Il rend si bien l'instantané qu'il le fait durer pour l'éternité.



"Je lutte et travaille, lâchant, reprenant mes toiles au fur et à mesure que le temps change."
(Monet 1893)









"Je suis absorbé par le travail. Ces paysages d'eau et de reflets sont devenus une obssession."
(Monet 1908)











"Sans cesser, je regarde."
(Monet)
C'est une phrase que l'on pourrait appliquer au chemin!

Monet au Grand Palais


"Je m'entête à une série d'effets différents. Plus je vais, plus je crois qu'il faut beaucoup travailler pour arriver à rendre ce que je cherche : l'instantanéité." (Monet 1890)



















vendredi 26 novembre 2010

Faire semblant de choisir

Faire le bon choix peut sembler intéressant pour l'ego, mais que va t-il apprendre sinon que cela l'arrange?
Faire un mauvais choix est sans doute plus difficile à vivre, mais peut être plus enrichissant sur notre capacité d'adaptation.
Que sait-on de ce qui peut se passer au final?
Pratiquement ce n'est pas la peine de se compliquer l'existence, et donc choisir ce qui nous convient le mieux.
Mais la vie nous a choisi aussi pour expérimenter des choses, et on n'y échappera pas.
Quoiqu'on fasse ou ne fasse pas, il faut vivre ce qui se présente.
Une petite partie est envisageable, la majeure partie est complètement ouverte, inconnue.
C'est ce qui fait peur. Mais franchement se suffire du connu n'est-il pas lassant?
Rester ouvert en permanence, c'est ne rien retenir.
"Etre ouvert au deux bouts" comme dit Daniel Morin.

jeudi 25 novembre 2010

Spinoza

En écrivant "Dieu c'est à dire la nature" Spinoza identifie la divinité au tout du monde réel, contrairement à l'anthropomorphisme religieux classique qui fait de Dieu un créateur, distinct du monde, agissant selon un objectif. Le Dieu de Spinoza est impersonnel, ni créateur, ni bienveillant, ni malveillant, sans dessein particulier pour l'homme, sans morale (la morale est faite pour les hommes par les hommes). Cette vision de la divinité l'a fait de son vivant accuser d'athéisme.

L'Ethique, en 1677, l'oeuvre majeure du philosophe, est rédigée dans un souci de rationalisme absolu, comme un livre de mathématique. L'auteur y prône la recherche du salut par la connaissance, le Souverain Bien, qui apporte la joie, la béatitude, et sauve du trouble des passions.
Cet ouvrage, dit athée, qu'il renonça à faire publier de son vivant, ce qui lui aurait valu le bûcher, le fut à titre posthume avec d'autres.

Quelques citations :

"Dieu, cet asile de l'ignorance" que l'on peut rapprocher de la célèbre phrase de Marx : "La religion, c'est l'opium du peuple."

"Par Dieu, j'entends un étant absolument infini, c'est à dire une substance consistant en une infinité d'attributs, dont chacun exprime une essence éternelle et infinie."

"La Prophétie est donc inférieure à cet égard à la connaissance naturelle qui n'a besoin d'aucun signe, mais enveloppe de sa nature la certitude."

"Tout ce qui est contraire à la Nature est en effet contraire à la Raison; et ce qui est contraire à la Raison est absurde et doit être en conséquence rejeté."

mercredi 24 novembre 2010

Spinoza


Qui connait Spinoza? On sait tous que c'est un philosophe, mais pas beaucoup plus. J'ai fait philo, et ne l'ai jamais étudié. Peut être est-il dérangeant, à part? C'est possible. Pourtant quelqu'un comme André Comte Sponville le considère comme une référence.
Ne l'ayant jamais lu, je suis allé aux renseignements...

C'est aujourd'hui l'anniversaire de sa naissance, puisqu'il est né le 24 novembre 1632. Il est mort jeune, en 1677, agé de 45 ans. Comme quoi la valeur n'attend pas le nombre des années! Et l'on peut dire aussi que le potentiel de chacun est bien différent.

Spinoza est né à Amsterdam de famille juive d'origine portugaise. Il fut excommunié, exclus, de sa communauté pour cause d'hérésie. A cette époque on imagine que ce ne devait pas être simple de penser différemment. Il se rapprocha d'ailleurs de Franciscus Van den Enden, philosophe dont il fut l'élève, et qui fut exclus lui aussi d'une école de théologie (pour ses "erreurs" de pensée).

"En dedans penser ce qu'on veut, en dehors obéir à l'usage" était la devise de Van den Eden.

Ce qui est amusant, c'est que Spinoza, pour gagner sa vie, taillait des lentilles optiques pour lunettes et microscopes. De là à se pencher de près pour apprendre à voir la vie dans sa réalité, il n'y a qu'un pas.

Spinoza va aborder des thèmes fondamentaux comme déterminisme et liberté qui remettent en cause la croyance dans un libre arbitre.
Il va défendre l'idée d'action qui procède de l'entendement, c'est à dire de la vison juste de la réalité, alors que ce qui nait de la passion ou de l'imaginaire ne peut qu'engendrer une réponse inadéquate.
Il parle d'un droit naturel de chaque être lié à sa propre nature.
Ne pas avoir de libre arbitre n'empêche pas d'être responsable.

Il va rejeter le concept d'un Dieu personnel et transcendant le monde, mais l'identifie à la Nature, en tant que loi naturelle essentielle et parfaite. Le salut de l'homme consiste à se saisir clairement dans sa relation avec cette nature"divine".

"Les idées ne sont pas autre chose en effet que des récits ou des histoires de la nature dans l'esprit."

se prendre au sérieux

Peut être que si l'on ne vit pas à fond, c'est parce que l'on se prend au sérieux.

Qu'est-ce que cela veut dire : "se prendre au sérieux?"
Je sens derrière cette phrase qu'il y a en fait la peur, la peur d'être jugé par les autres et donc par soi même au final.
Un enfant se prend-il au sérieux? Non, il joue, il est lui même. Il n'y a rien d'autre. Quand il rit, il rit, si quelqu'un l'emmerde, il se plaint tout de suite, il pleure ou il tape, selon son tempérament, mais avec toute son énergie. En fait il est à fond tout le temps. Il joue jusqu'à épuisement, il s'endort dans la minute, il se réveille et le fait savoir.
Se prendre au sérieux, c'est se considérer comme ayant une image à donner, due à des influences psychologiques. C'est donc un système de défense. D'où les images précédentes.
Cela ne doit pas empêcher d'être sérieux quand il le faut. Mais le sérieux, le trop sérieux risque d'empêcher de rire, de se lâcher, de se détendre.

Je me souviens de deux anecdotes dans des lieux d'enseignement spirituel.

Lors de la première, j'étais en train de courir, pas pour jouer, mais j'avais quelque chose à faire et comme le lieu était vaste, je me suis mis à courir, ce que je fais facilement. Une personne ayant quelque responsabilité, ou pensant qu'elle avait un rôle à tenir, me vit, me fit signe, et me dit : "On ne courre pas dans un lieu comme celui ci!" Je repars donc en marchant.

La seconde se passe aussi dans un lieu d'enseignement spirituel. Il y avait une grande réunion avec beaucoup de monde. Je discutais avec un vieil ami, et l'on blaguait, le jeu étant d'en rajouter. On riait énormément. A un moment une femme qui était à côté nous fit une réflexion dans le genre : "On ne rit pas comme ça dans ce lieu, un peu de tenue!"

Et bien je dis que c'est de l'enfermement.

mardi 23 novembre 2010

habit or not habit, happy or not happy!


Quel habit choisir?

A donf

Vivre à fond finalement c'est accepter tout ce qui arrive.

Par exemple on fait un truc que l'on aime (dessiner, rigoler avec des amis, regarder un bon film, l'amour, travailler sur un projet qui nous tient à coeur, visiter une expo...), on ne se pose même pas la question d'accepter, on est plutôt pris dans un agir qui nous nourrit, qui nous donne l'impression, agréable, de vivre. Et même s'il n'y a pas forcément de présence, il n'y a pas d'opposition. Il y a une part en nous qui vit à fond ce qui se passe. Et aucune part qui refuse.

L'autre situation c'est d'être dans un truc que l'on n'aime pas (une agression quelconque, une difficulté à assumer, une peur...). Il y a donc une part en nous qui souffre, et qui pour ne plus souffrir voudrait supprimer la raison de cette souffrance, chose évidemment impossible. Et bien là, on ne vit pas à fond ce qui se passe, on évite. Au lieu de se laisse submerger par la souffrance, on la repousse, on la dénie, et on quitte la vie.

Si on regarde honnêtement ce que l'on vit agréablement, on risque de découvrir qu'il y a beaucoup plus de choses désagréables en fait. On pourrait dire alors que l'on vit très peu de choses à fond.
Si on a l'impression de choisir les choses agréables, c'est à dire les "vacances" que l'on s'offre, alors pourquoi ne pas s'en offrir plus?
L'évidence c'est qu'il y a beaucoup plus de choses qui arrivent, que de choses que l'on met en place.
Alors? Quelle est la solution?
De toute façon , j'ai déjà du en parler, vivre de l'agréable permet juste de se détendre, ce n'est pas de l'ordre de l'acceptation, c'est la satisfaction d'une attirance.

lundi 22 novembre 2010

amateur ou professionnel

Yehudi Menuhin à 7 ans

Quelle est la différence entre un amateur et un professionnel?
Un amateur fait quelque chose pour le plaisir, sans pression, sans objectif réel.
Un professionnel est dans un contrat. Il s'est spécialisé dans un travail, une occupation. Il doit rendre un résultat, a donc un devoir, une obligation. Et il est payé en retour.
C'est très différent.
L'amateur ne risque rien, car il ne s'engage pas.
Le professionnel risque de perdre son job s'il ne réussit pas ce qui lui est demandé.

Il y a encore autre chose : la motivation.
Pour l'amateur, qu'elle soit là ou pas, ce n'est pas un problème puisqu'il n'y a pas d'enjeu. Quelqu'un qui fait de la musique pour son plaisir, met son exigence où il veut. Un professionnel n'a pas le choix, il se doit de travailler.

Je viens de lire une histoire : Un acteur a étudié un instrument de musique pour un rôle au cinéma. Soit il faisait le rôle et il était crédible, sinon on s'en serait vite aperçu s'il n'avait pas un minimum de pratique.
Il a choisi d'étudier pendant 6 mois à raison de 3 heures par jour. Ce n'était pas de la flute, mais du violon. Il faut le faire.
Bien sur on peut rétorquer qu'il était payé pour ça! En réalité c'est le rôle qui le motivait.

Ce que je me suis dit, c'est que faire autant d'efforts pour se préparer à un tournage, c'est non seulement professionnel, mais c'est remarquable, c'est exemplaire. Il faut une sacrée détermination. Et même si cette personne arrête ensuite la musique, elle sera rentré dans un univers qui la touchera, dont elle ne ressortira pas indemne.
Six mois à 3 heures par jour, cela fait environ 540 heures de pratique.

J'ai transposé ça à la pratique de la méditation. Méditer de temps en temps (transposez en résultat sonore de violon) ne va pas donner grand chose. Méditer une demi heure par jour, il faut 3 ans pour arriver à la même durée. Méditer trois heures par jour pendant 6 mois!

Imaginez que nous ayons un rôle à jouer au cinéma, où le texte n'existe pas, mais par contre ce qui serait demandé serait seulement de dire ou de traduire ce qui est notre expérience après ces 6 mois. Il est évident que ce qui sortirait serait le résultat, inimaginable auparavant, de cette période là.

Et si on était payé, le ferions-nous?
Le problème n'est pas d'être payé ou pas, mais d'être motivé. La motivation c'est l'intention du coeur, de l'être.
L'acteur était motivé par le rôle, plus que par l'aspect financier.
Il faut déjà être touché pour s'engager à ce point.
Amateur ou professionnel?
Les cartes sont distribuées d'avance, il me semble...

dimanche 21 novembre 2010

Ca va

"- Ca va?
- Oui.
- T'inquiète pas, ça ne va pas durer!"

Cette phrase humoristique, de Daniel Morin, est imparable.
Puisque rien ne dure, puisque tout est impermanent, alors comment peut-on ne pas être d'accord avec ce qui est dit plus haut. Encore part-on de ce que tous les gens répondent à la question "ça va?", à savoir oui.
Mais si on répond : "non", alors la réponse est d'autant plus belle :
"Tinquiète pas, ça ne va pas durer!"

Bien sur, pour ceux qui sont établis dans la paix, il n'y a plus de "ça va" ou de "ça va pas", et il n'y a plus personne pour s'inquièter....

mercredi 17 novembre 2010

A Dieu Lee

C'était il y a une quinzaine d'années, à Paris. Je faisais une conférence tout près du Centre Pompidou. Au même endroit, le même soir, il y avait Lee Lozowick qui était là, pour une conférence aussi. J'avais découvert ça en arrivant, sur une affiche. Je trouvais ça pas mal.
Il était dans le hall à discuter, entouré de quelques amis.
Je me suis dirigé vers la salle qui m'était réservée. j'aurais préféré aller l'écouter. Après avoir commencé, quelqu'un a frappé et a demandé si c'était ici la conférence avec Lee. Je lui ai indiqué la salle, et ai poursuivi sur le Feng Shui!
Il y a eu d'autres rencontres, des vraies...
Lee Lozowick s'est éteint hier matin. Il sera enterré vendredi en Arizona.
Je pense à ceux qui le suivaient de près, qui ont perdu un ami, un compagnon, un maître.

mardi 16 novembre 2010

Rencontre avec une baleine


"J'ai percuté une baleine hier après midi. Le bateau filait entre 8 et 9 noeuds, j'étais dans la couchette quand le bateau a stoppé comme si j'avais talonné un banc de sable. Un grand crack. J'ai cru au début que j'étais en train de perdre le mât. Le bateau s'est couché, a dérapé et s'est redressé. Je suis sorti en catastrophe, et c'est là que j'ai compris en voyant cet animal agonisant juste à côté du bateau.
J'en aurais chialé tellement la vue était hors sujet par rapport à mon idée de la mer, du respect qu'on lui doit, et elle, blessée par ma faute dans cet océan bleu marine, sous ce soleil paradisiaque.
Je ne pouvais rien faire. Je n'ai rien fait.
Je savais qu'il fallait que je me dépêche d'inspecter le bateau. Mais je restais comme un con à lui parler, à m'excuser dans ma langue d'éternel prédateur humain. Elle a sondé, entraînant avec elle son sillage rougeâtre.
Je suis allé faire l'inspection du bateau : pas de voie d'eau, pas de fissure au puit de quille, les boulons n'ont pas bougé, pas de décollement de varangues, pas de jeu dans les safrans. Juste la gaine de la bastaque qui a pété dans son taquet. J'ai rangé tout ce qui avait volé dans le bateau et je suis reparti, le coeur meurtri, avec le sentiment d'être impuissant et lâche."

Je viens de lire ce témoignage sur le site de la Route du Rhum. Certains ont cassé leur étrave en tapant dans des OFNI (Objet Flottant Non Identifié) à grande vitesse, d'autres ont sans doute touché aussi une baleine. Il y en a deux qui sont rentrés de nuit dans des chalutiers...
La mer n'est pas sans danger, entre le vent, les vagues, les chalutiers non éclairés, les containers tombés des cargos (des centaines si ce ne sont pas des milliers chaque année), les baleines qui ne demandent rien...
Les voitures écrasent bien les chats, les chiens, et autres humains...
Bon, je rentre Allah Ram!

A découvrir

Je vous conseille d'aller voir le site de Valérie Bayod, naturopathe, conseillère en nutrition, réflexologue : http://valeriebayod.fr/

De plus elle met des conseils journaliers! Incroyable l'énergie et le don des jeunes!!!


lundi 15 novembre 2010

Un million d'étoiles

"Nous sommes tous maîtres de notre temps. Je crois que nous sommes conscients de la richesse que cela représente. La richesse de ceux qui ont si peu de besoins qu'ils finissent par trouver la liberté.

La vie continue. La vie commence. Aujourd'hui, c'est le premier jour du reste de ma vie.

Je vois les choses de l'extérieur. A partir de ce moi gavé de nuits solitaires. Je crois découvrir que presque tout le monde manque de courage. Le courage d'être ce qu'on voudrait être. Le courage d'être sincère. Et simple. Et fort.

Après avoir joui pendant plusieurs années de ma liberté de mouvement, en vivant sans forcer l'allure, face à face avec la lune, m'accordant tout le temps qu'il faut pour admirer la nature et pour vivre avec moi-même... je rentre en Europe, la surpeuplée, remplie de faux dieux et de vertigineuses ambitions.

Quand on a vécu seul, dans un monde où l'homme montrait son plus aimable visage; quand on a passé des mois et des mois en mer; quand on a découvert des vérités dans les bois, dans les rochers, dans les gestes, dans les regards, et lorsque ensuite on retourne vers l'univers de l'homme, on a peur..."

Julio Villar

samedi 13 novembre 2010

Un million d'étoiles


"On dirait que la vie veut se cacher, se joue de moi, s'ingénie à me démontrer que je ne suis pas aussi fort que je le prétends.

Je regarde, je regarde sans me lasser, et je m'enchante de sentir comment sans effort l'au delà de toute chose est à ma portée.

Mais j'ai confiance, car je me sens dans mon élément, qui est aussi le leur. Nos destinations aujourd'hui se sont données rendez-vous.

Il y a des choses, quand je suis seul, qui me troublent. Tout ce que je sais et tout ce que j'ai appris au cours de ma vie se dresse comme autant de barrières qui m'empêchent de parvenir à mon moi réel. Mon état idéal serait le vide. Rien. La dépossession de tout, et être tout sans être rien. Il faut que je parvienne à oublier ce que j'ai appris, que je perde mon bagage intellectuel et que je me retrouve dénudé, démuni.

Avancer sans aller nulle part, regarder sans voir, sentir sans souffrir ni jouir. En laissant passer les jours sans m'en apercevoir, parce que pour moi le temps n'existe plus, car il se mesure à l'éternité.

Mieux qu'avec qui que ce soit, mieux qu'avec moi même, je me sens en communauté avec mon néant, avec ce vide qui s'est fait en moi. je dois rester seul avec mes silences. C'est l'unique façon de vivre dans le présent et d'exister en équilibre."
Julio Villar

vendredi 12 novembre 2010

Un million d'étoiles



A l'heure où les premiers bateaux viennent de terminer cette fameuse route du rhum, avec son lot de joie et de déception, de chance et de malchance, je tombe sur un texte, que j'avais recopié, d'un navigateur espagnol, Julio Villar, tiré de son livre : Un million d'étoiles.
Né en 1943, il arrêta ses études juste avant l'examen pour se consacrer à l'alpinisme. Suite à un accident en montagne, il conçut le projet d'un tour du monde sur un petit voilier de 7 m, ce qu'il fit entre 1968 et 1972.
Son livre décrit deux aventures : le voyage extérieur et son propre voyage intérieur. Un livre rare, partageant une véritable aventure mystique.
" Je vais, et peu à peu je me libère de tout ce que j'ai vu et appris pendant mes années de collège. Sans m'en rendre compte, je me lave de ces péchés qu'on a semé en moi et me défais de ces terreurs et de ces scrupules absurdes pour revenir à la nature de l'homme que je dois être. Mais... qu'il est difficile de rester pur... pur, comme si rien ne s'était passé.
Je vais me libérant et je remarque que je me sens mieux. Et je découvre que la vie est une chose terriblement importante qu'il ne faut pas gâcher ni vivre à demi.
Je ne suis pourtant pas malade. Peu de choses me gênent. Maintenant quand je me réjouis, c'est sans craindre le châtiment; et quand je me promène, c'est sans peur des tabous; et quand j'écris, je ne peine plus sous le poids des règles et des traditions. Mes joies et mes tristesses courent sur le papier et je ne crains pas les jugements.
Mon âme se purifie. et quand je regarde en avant, je ne vois qu'un horizon nettoyé de toute tâche vers lequel il me plait d'aller pieds nus et libre, comme un oiseau. Libre de catéchisme, de grammaire et de géographie. Libre de péchés, car moi... je ne péche point. L'enfer ne me fait pas peur. Pourquoi aurais-je peur? Est-ce que par hasard il existerait?
Où vais-je? Par les chemins du globe? A travers le temps qui passe? Ou de par ce monde intérieur infini qui est mon moi?
Je vais avec moi-même. Je voyage à travers moi et personne ne m'embête et rien ne me distrait. Je suis moi-même mon propre chemin. Et mes océans. Et mes montagnes.
Mon voyage, je ne pourrais jamais le raconter. Je n'ai été nulle part."
A suivre...

jeudi 11 novembre 2010

Le visiteur et l'ermite



Le visiteur regardait étonné la grotte sur la montagne. Elle était aménagée simplement, mais elle était accueillante. Un coin pour dormir, un coin cuisine et une petite table pour manger ou écrire. Quelques objets de la vie quotidienne, mais aussi des livres, une icône, une sculpture au visage si paisible, et puis des fleurs. De plus le site était agréable, la vue magnifique...
Au bout d'un moment le visiteur dit à l'ermite qui le regardait, attendant les questions :
- C'est à vous ça?
- Que voulez-vous dire par à moi?
- Ben oui, vous vivez là, c'est vos affaires, c'est à vous quoi!
- Je suis là, je me sers de ces affaires, mais je ne m'en sens pas propriétaire. Je n'ai rien acheté, tout m'a été offert ou prêté.
- D'accord, mais vous les utilisez, donc c'est à vous.
- Vous voulez boire du sirop? proposa l'ermite.
- Volontiers.
- Alors prends ton verre, je vais te servir.
Le visiteur saisit un verre, intrigué.
- Mais ce n'est pas mon verre!
- Mais si, puisque tu vas t'en servir.
- Oui, mais je vais le laisser après.
- Moi aussi, on m'a tout prêté, et je vais tout laisser après.
- Mais vous êtes ici depuis 15 ans, c'est différent.
- Oui, seule la durée est différente, mais dans l'instant le principe est le même.
- Vous exagérez un peu quand même.
- Non, on est tous des invités.
- Oui, mais moi je paye les choses que j'utilise, et j'ai travaillé pour me payer ces choses.
- Ma monnaie n'est pas la même, mon travail n'est pas le même. La vie n'est qu'un échange, chacun utilise les moyens qu'il peut.

mercredi 10 novembre 2010

Vous êtes croyant?

"- Vous êtes croyant?
- Non, mais je suis dans la certitude!
- Comment ça?
- Celui qui croit n'est pas certain. C'est un doute éclairé. Une croyance n'est pas forcément sûre, ni sécure.
- N'est-ce pas prétentieux?
- Si, pour ceux qui doutent!
- Et ceux qui ne croient en rien?
- S'ils sont sûrs qu'ils ne croient en rien, il n'y a pas de problème pour eux. Si c'est aussi mou, ou alors aveugle, que ceux qui disent croire, ils sont à mettre dans le même panier."

mardi 9 novembre 2010

couleurs et envol


Si vous allez sur le site du Parc de Maulévrier, vous trouverez cette photo.
Pendant quelques jours, les arbres offrent leurs plus belles couleurs avec leurs feuillages rouge et or. Selon que l'on habite le nord ou le sud, c'est peut déjà fini, ou c'est encore féérique.
Par contre en quelques heures de vent fort allié à de la pluie torrentielle, dans notre région, la nature s'est chargée de dégarnir d'autant plus vite ce que les yeux aimeraient garder encore un peu.
Bientôt ce seront les feuilles à ramasser, à la pelle, et seuls les branchages nous tiendront compagnie pour cette période d'hiver qui commence.
Période où les nuits sont plus longues, où la lumière va manquer, où le moral peut baisser. Période de baisse d'énergie extérieure qui peut susciter plus de temps de repos et donc de silence. Les nuits d'hiver sont plus silencieuses que les nuits d'été.
Alors que la nature se dénude, l'homme a plus besoin de chaleur. C'est le féminin qui va ressortir.
Profitons-en...
Quant au Parc de Maulévrier, hormis le site, il y a le portfolio sur le blog de Dominique.

Vigilance

"Vigilance signifie être en état de veille. Si vous dormez, vous ne pouvez rien voir. Si vous veillez, si vous surveillez, vous pouvez voir. Aussi important sur le Chemin que le mot vigilance, est le mot voir par opposition à penser. Si vous n'êtes pas vigilant, le Chemin s'arrête. La vigilance vous donne la possibilité de voir et vous verrez d'abord tous les obstacles qui vous arrachent à cette vigilance."

Arnaud Desjardins "Au delà du moi".

lundi 8 novembre 2010

De l'effort et du non-effort

"Tout effort se situe dans la dualité, tout effort se situe dans la cause et l'effet, tout effort se situe dans le devenir.

Dans l'attention concentrée il y a inévitablement effort, tandis que la vigilance peut être assez vite un état de non-effort. Au début il y aura bien un certain effort pour ne pas oublier d'être vigilant, pour ne pas se laisser reprendre. Mais la vigilance étant un silence intérieur, une ouverture, un non-désir, elle relève du non effort.

Si nous sommes terriblement somnolents, il faut un certain effort pour nous éveiller mais ce n'est plus un effort dans la dualité. C'est un effort qui conduit tout droit vers la non dualité.

L'ego ne connait que l'effort. Ou il est paresseux, ou il fait des efforts. Mais cet effort spécial de non-effort est tout à fait étranger à l'ego. Il ne peut venir que d'une compréhension réellement juste qui nous touche dans le coeur et dans le sentiment."

Arnaud Desjardins : "Au delà du moi".

dimanche 7 novembre 2010

Vigilance

Dans le livre d'Arnaud Desjardins : "Au delà du moi" , il y a un chapitre sur la vigilance complètement essentiel. Tout est dit.

"Si vous êtes vigilant, c'est à dire le contraire de distrait, vous vous situez de mieux en mieux en vous même, dans ce qu'on appelle la position du Témoin. Et ce dont vous devenez conscient, et même peut être très intensément conscient, ne laisse pas de marque en vous, ne crée pas une empreinte de plus pour alourdir votre fardeau intérieur.
Tandis que dans la concentration, une impression se marque en vous. Parce que vous avez l'attitude d'un ego qui cherche à s'intéresser intensément à quelque chose d'autre, un samskara est créé. Il n'y a pas cette liberté, ce lâcher prise, cette ouverture propres à la vigilance. La vigilance nous rend semblable à un miroir qui voit tout mais sur lequel rien ne s'inscrit.
La vigilance juste est une prise de conscience de tout ce qui peut être perçu à un moment donné... Tout ce qui se passe en dehors de nous et tout ce qui se passe en nous....
La vigilance est la fonction qui permet d'éviter que les tensions s'accumulent.
S'il y a vigilance, il y a détente. S'il n'y a pas vigilance mais sommeil, il y a tension....
S'il y a vigilance, je ne me projette plus sur les objets, je ne me contracte plus inutilement, ni physiquement, ni émotionnellement, ni mentalement. Mais ce n'est pas l'attitude habituelle.
L'attitude habituelle est un mécanisme d'absorption par l'objet dans laquelle vous disparaissez complètement et il n'y a plus à l'oeuvre que des phénomènes d'attraction ou de répulsion, c'est à dire tensions."

Je cite ce passage parce que plus loin cela débouche sur le non effort et la non dualité...

samedi 6 novembre 2010

Dualité et non dualité

Je reviens sur ces termes puisqu'il y a une demande.
Tout d'abord je conseille vraiment le livre de Daniel Morin qui va au plus essentiel. Mais il y a bien sur d'autres livres, ou écrits de sagesse, qui parlent de cet aspect, et je pense notamment à Arnaud Desjardins, ou aux personnes citées dans plusieurs blogs dont : Eveil Impersonnel.

Quand je cite Daniel, il dit : "Pendant longtemps j'ai été piégé et déchiré par une apparente opposition entre l'approche duelle progressive.... et l'approche de la non dualité immédiate..."
Est-ce que c'est le cas pour nous, ou pour ceux qui demandent des explications?
Les mots sont forts. Le vivons nous ainsi?
Lorsqu'il dit "pendant longtemps" cela implique bien une durée, donc un cheminement forcément progressif, donc une dualité, quelque chose qui se trouve au bout, une distance entre celui qui cherche et le but.
Si on passe sa vie à chercher, c'est que l'on ne trouve rien.
Et si on cherche, c'est que l'on n'a pas compris.
On n'a pas trouvé les points d'appui d'un enseignement qui nous permettent d'avancer (idée de progression) et de moins souffrir, d'être moins dépendant.
Si l'on comprend vraiment, et c'est là toute la question, ce dont il s'agit dans un enseignement spirituel, alors il n'est pas possible de ne pas évoluer. La vraie pratique passe par une compréhension en profondeur, et de la persévérance.
Cela prend du temps, tout dépend d'où l'on part.

Il y a forcément dualité au début, moi et le monde, moi et les autres, "la vie m'en veut", "qu'est-ce que j'ai fait au bon Dieu pour mériter ça?", etc...
Tant qu'on se plaint, il y a deux, et pas de mise en pratique. Ce n'est même pas la peine de songer à la non dualité. Il faut tout d'abord apprendre à être un avec la dualité, ce qui à mon avis est déjà un grand pas. Avoir le courage de souffrir vraiment, d'accepter sa vulnérabilité, sa "petitesse", plutôt que de se plaindre, ce qui est un refus total de la réalité. Ensuite agir.
Agir, jouer son rôle, c'est notre aspect horizontal.

Si vraiment on s'intéresse au vertical, ce qui n'est pas donné à tout le monde, alors on va se poser la question de qui est ce moi qui souffre, qui espère, qui désire. On va sentir qu'il y a autre chose qui n'est pas du même ordre, qui n'est pas séparé, qui n'est pas dépendant.
Sentir cela veut dire que ce n'est pas croire à un concept uniquement avec la tête.
C'est quelque chose qui nous appelle et que l'on va attirer.
A un moment il va y avoir expérience. Ce qui est lu, ce qui est entendu, va devenir intégré, vécu.
Une expérience dont on ne prend pas possession. C'est après ce passage que la non dualité peut nous parler.
Le non deux c'est l'unité, le un. Quand Jésus dit : "Le Père et moi ne sommes qu'un", c'est du même ordre. On peut sentir que c'est possible, cela peut nous parler, mais il faut sans doute que cette recherche devienne obssessionnelle pour déboucher sur une réalité. Et quand je dis sans doute, j'en suis en fait convaincu.

Ce n'est pas grave de ne pas comprendre la différence entre horizontal et vertical, entre dualité et non dualité. Acceptons d'être là où nous en sommes, chaque chose en son temps. Tout ne peut pas se comprendre comme ça. Parfois aussi on peut vivre quelque chose que l'on ne peut expliquer.
En tout cas ce n'est pas de l'ordre d'un moi qui va mieux, ou qui s'améliore...

Plus on est déchiré de ne pas comprendre, comme dit Daniel, plus la compréhension s'approche de nous.

vendredi 5 novembre 2010

Tagore

"La foi est un oiseau qui sent la lumière et qui chante
quand le jour n'est pas encore levé."
"Je ne veux pas prier d'être protégé des dangers,
mais de pouvoir les affronter."
" La nuit, en secret, épanouit les fleurs,
et laisse le grand jour récolter les compliments."
Rabindranath Tagore

jeudi 4 novembre 2010

Dualité et non dualité

"Pendant longtemps j'ai été piégé et déchiré par une apparente opposition entre l'approche duelle progressive, qui implique l'idée d'une amélioration dans le temps en vue d'un aboutissement ultime, et l'approche de la non dualité immédiate, qui refuse toute idée de progression.

Dans la non dualité, c'est la verticalité qui prédomine, l'immédiateté.
Dans la dualité, c'est l'horizontalité qui prédomine, le temps et l'espace.
La conscience humaine se trouve à la croisée des deux, et la croisée n'est pas la représentation de deux lignes, mais un point qui est présence et qui ne peut pas être saisi par la pensée."

Daniel Morin : Eclats de silence

mardi 2 novembre 2010

La jeunesse

La jeunesse n'est pas une époque de la vie.
C'est un état d'esprit.
C'est une preuve de la volonté
Une qualité de l'imagination
Un état vigoureux des émotions
La prédominance du courage sur la timidité
Et la soif de l'aventure sur l'amour de la commodité.
Personne ne devient vieux parce qu'il a vécu un certain nombre d'années
Il ne le devient qu'en abandonnant ses idées.
Les années rident la peau
Mais faire fi de l'enthousiasme
Ride l'âme
Inquiètude d'être
Manque de confiance
Peur et désespoir
Voilà quelles sont les équivalences certaines
Des très longues années qui inclinent la tête
Et mènent notre esprit jusqu'à la poussière finale.
Que ce soit à 70 ans ou à 16 ans
On trouve dans tous les coeurs vivants l'amour du merveilleux
La douce admiration des étoiles
Et pour tout ce qui est étoilé, chose ou pensée.
On y trouve aussi le désir intrépide de défier les évènements
Et un inépuisable appétit enfantin pour le "Qu'est-ce qui vient après?"
On est aussi jeune que sa foi
Aussi vieux que ses doutes
Aussi jeune que sa confiance en soi
Aussi vieux que sa peur
Aussi jeune que son espérance
Aussi vieux que son désespoir.
Aussi longtemps que votre coeur reçoit la terre des hommes
Et l'infini des messages de beauté et joie,
De courage, de grandeur et de puissance
Vous êtes jeune.
Mais quand les ressorts se sont distendus
Et que tous les endroits vitaux de votre coeur se sont couverts de la neige du pessimisme
Et de la glace de l'impudence
Alors et alors seulement vous êtes vraiment vieux.
Et que Dieu ait pitié de votre âme!

Philippe Noiret

lundi 1 novembre 2010

Giono

Les sentiers battus n'offrent guère de richesse,
les autres en sont pleins.
L'innocence est toujours impossible à démontrer.
Jean Giono