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jeudi 31 décembre 2015

L'année fut-elle bonne ?

Cette année qui se termine, on me l’a souhaitée bonne et heureuse, mais le fut-elle ?
Ai-je su vivre moi-même ce que j’ai souhaité aux autres ?
Ce soir, serais-je suffisamment ouvert aux autres, ou replié sur moi-même ?
Saurais-je ouvrir mes bras, ouvrir mon cœur, juste pour la joie d’être ?
Et si je n’y arrive pas, saurais-je m’aimer encore ?
Saurais-je prendre du recul pour voir venir la vie sans me l’approprier ?
Et si je suis seul, saurais-je être d’accord, et ne rien reprocher à la vie ?
Saurais-je être humble, dans ma juste vérité ?

Allez, on s’embrasse, que la fête soit joyeuse…

mercredi 30 décembre 2015

Le maître et l'élève

Au début, dans ma chambre d'hôpital, le mental allait bon train. Je me racontais l'accident et je constatais que je ne discutais rien. Un jour, sans le chercher, je me suis raconté une histoire que j'inventais au fur et à mesure.

Cela se passe dans un hôpital. Un jeune élève sur la voie de l'éveil a eu un accident grave et se retrouve hospitalisé dans une chambre. Un jour il est convenu que son maître vienne le voir. Le maître arrive dans le couloir, demande où est la chambre de son élève, et en profite pour avoir des nouvelles auprès de l'infirmière. Celle-ci lui répond que tout va bien pour lui. Rassuré il la remercie et se dit : "Si tout va bien, il n'a pas besoin de ma visite!" Il fait demi-tour et s'en va.
Pendant ce temps, l'élève attend en se demandant ce qui se passe. Sa patience est mise à rude épreuve.
Au bout d'un long moment, il comprend que son maître ne viendra pas.
Quelques jours plus tard, le maître décide de venir voir son élève. Il arrive dans le couloir et se dirige vers la chambre. Il frappe à la porte...
Exactement à ce moment de l'histoire, j'entend frapper à la porte!
Un moment, je ne sais plus ce qu'il en est. Je dis : "Entrez", mais personne ne répond. Je reste perplexe devant cette coïncidence "frappante".
Il n'y avait personne, sinon une réponse à mon histoire...

jeudi 24 décembre 2015

jeudi 17 décembre 2015

Intouchables...

Une fois le fauteuil roulant livré, je pus l'utiliser pour aller en salle de kiné et d'ergothérapie. J'avais une minerve rigide pour maintenir le cou, qui me faisait mal au bout d'un moment. Rester sur le fauteuil était fatigant aussi. On ne passe pas de l'état couché à celui d'assis si facilement avec des lésions médullaires, c'est à dire lorsque la moelle épinière est touchée.

Ce n'est qu'en septembre, une fois rentré sur Bordeaux, que j'ai pu récupérer l'ordinateur, et que j'ai pu me renseigner sur ce genre de lésions.
Lorsque ce sont les vertèbres cervicales qui sont touchées, il y en a sept, c'est là que c'est le plus grave. Plus c'est haut, plus c'est grave. Pour ma part, ce sont C2 et C3 qui furent cassées, donc les premières! Cela va impacter les quatre membres, d'où le terme de tétraplégie. 
Mais c'est la partie visible de l'iceberg! Lorsque je voyais des personnes en fauteuil roulant, je ne voyais que leur handicap de jambes ou de bras, sans imaginer plus... Au niveau interne, le système respiratoire est touché, et tout ce qui concerne le transit aussi, les sphincters ne marchent plus...  Cela peut être plus ou moins grave, et durer toute la vie.
La gravité dépend de l'impact sur la moelle épinière, selon qu'elle est  coincée, mâchée, tordue, etc... et de la hauteur de la vertèbre dans la colonne.

Ensuite il y les dorsales, au nombre de douze. Une lésion à ce niveau provoque une paraplégie, c'est à dire la paralysie des deux jambes. Il n'y a que des cas particuliers; moins on a de sensibilité moins on a de chance que la vie revienne, et le sexe n'est pas épargné! Certains jeunes ne connaîtront plus de vie sexuelle normale. Je vous laisse imaginer...
Enfin l'hémiplégie concerne une paralysie sur un côté seulement.

Sans rentrer dans le détail j'ai une tétraplégie de forme incomplète (il y a plusieurs niveaux). Pour une tétraplégie complète on ne bouge rien, juste un peu la tête. C'est le cas dans le film "Intouchables".
La chance que j'ai, c'est que mon corps est sensible partout. Il y a donc un potentiel.

jeudi 10 décembre 2015

Je bougeais juste le bout des pieds...

Au début on m'a juste dit que j'avais deux vertèbres cassées : la troisième et la quatrième cervicales. Rien de plus! N'ayant pas d'ordinateur, je ne pouvais aller à la pêche aux renseignements. De toute façon c'eut été impossible, je ne bougeais pas les bras
Au début je bougeais juste le bout des pieds. Mais il y avait des progrès visibles tous les deux, trois jours. Je me souviens avoir essayé de bouger les bras pour que mes mains se touchent. Il y avait cette grosse pendule sur le mur qui égrenait les heures, les minutes. J'ai mis plus de vingt minutes à rapprocher mes deux mains...

Quand j'ai commencé à travailler en kiné et en ergothérapie, les progrès se sont vraiment fait sentir. Tout d'abord on m'a donné un fauteuil roulant à ma taille. Mais il fallait que je rejoigne le siège depuis mon lit. Pour cela on utilise un levex, c'est comme une petite grue, qui sert à soulever les patients dans un filet. La première fois il y avait quatre personnes dans la chambre. Le risque étant, après trois semaines au lit, que je fasse une chute de tension, et que je tombe dans les pommes. On est surveillé de près dans ces cas là. On me leva doucement, ponctué de "Ca va ?" toutes les dix secondes. Et je me suis retrouvé assis, sans aucun problème. Ce fut une première étape. Ensuite on me mit sur le fauteuil roulant. Il n'y avait plus qu'à se laisser pousser!
La seule chose désagréable : je devais porter une minerve rigide pour me tenir le cou.


Une chute de tension est liée au fait qu'en se levant, le sang va descendre et le cerveau ne sera plus irrigué suffisamment. On le sent par exemple dans les bras. Pour les jambes on porte des bas de contention.
Parmi les exercices que l'on est amené à faire, il y a la verticalisation. On nous met sur un plateau, auquel on nous attache avec des sangles, et qui va être levé progressivement. Pas plus de 30° la première fois. Je voulais plus, bien sûr, mais on ne prend pas de risques dans un hôpital! Il suffit qu'une personne mente sur son état, la réaction est rapide : chute de tension et évanouissement! Les blouses blanches paniquent un peu en général. Alors on y va tranquille...



samedi 5 décembre 2015

Demain c'est maintenant...





DEMAIN est sorti mercredi et nous avons la chance qu’il soit diffusé dans 154 salles de cinéma, grâce à notre distributeur. C’est une occasion formidable de sortir des réseaux purement militants et de faire passer notre message au grand public. Mais si nous ne sommes pas assez nombreux à aller le voir cette semaine, il disparaitra progressivement, dès la semaine prochaine.

J’ai travaillé à créer cet outil pour nous tous. Pour qu’il soit le plus utile possible à tous les colibris. Alors, si vous en avez l’élan, allez le voir ce week-end avec votre famille et vos amis. Faisons mentir tous ceux qui croient que la plupart des gens se fichent de ces sujets et qu’ils ne s’intéressent qu’à Star Wars et James Bond. Nous sommes plus nombreux que ce que nous croyons. Nous n’avons pas pu marcher pour le climat, alors faisons de ce film le succès inattendu de ce mois de décembre.
Un immense merci à tous,

dimanche 22 novembre 2015

Je sens que je vais mourir

Deux jours avant l'accident, à un moment nous marchions derrière un couple : elle sur un fauteuil roulant, lui n'avait pas de bras. Je faisais la remarque à mon amie à propos de l'équilibre à tenir quand on est sans bras, sans parler de la dépendance... Je les regardais un moment traverser la rue, puis disparaître. J'ai toujours considéré ces personnes d'une façon particulière, comme si c'était la pire chose qui puisse m'arriver...

Je suis resté deux semaines et demi en réanimation. Il s'agissait de me tirer d'affaire, effectivement, chose que j'ai réalisé bien plus tard. Je faisais des exercices de kiné respiratoire car j'avais une déficience au poumon droit. Si cela ne marchait pas, on me faisait une trachéotomie! Inutile de dire que j'ai fait le maximum pour éviter cette opération. Un jour on me dit que le cap était passé, et que j'allais pouvoir quitter la "réa". Ouf! Ce furent les jours les plus difficiles, suite à la mauvaise ambiance et au manque de respect général.

Une nuit, au tout début, alors que je devais être bourré de médicaments, je me réveille, je vois une bougie avec une flamme rouge, puis la flamme s'éteint. Je me dis que c'est moi, moi,je sens que je vais mourir, ma respiration est en train de s'arrêter. Je pense très fort à mon amie. Je réalise vraiment que si je ne fais rien, c'est fini. Je me mets à respirer en forçant les inspirs et les expirs. Cela a duré à peine une minute. Puis la respiration a repris son cours. 
Je crois que je suis resté longtemps éveillé ensuite. Je n'étais pas prêt à mourir, s'il s'agissait bien de cela. Mais j'ai senti que c'était le cas...

dimanche 15 novembre 2015

Nudité et abandon

Une phrase qui se dit dans un hôpital, en tout cas c'est là que je l'ai entendue pour la première fois, est : " Dans un hôpital, votre corps ne vous appartient plus."
Cela a commencé tout de suite en réanimation, où je me suis découvert avec des tubes dans le nez à la fois pour me nourrir et pour m'injecter des médicaments. Puis ce furent les soins du corps, à commencer par la toilette de la tête aux pieds, y compris les parties intimes. Plus tard, j'allais découvrir l'habillage, les repas toujours servis avec l'aide d'une personne, puis la douche, et j'en passe...
Très vite on est confronté à la nudité, que ce soit devant une ou plusieurs personnes,sachant qu'il y a essentiellement des femmes dans les équipes de soins. Ce passage obligatoire peut être vécu de différentes manières selon chacun.

A un moment je me suis senti nu, dépouillé, à la merci de mains étrangères, et j'ai eu la vision du Christ en croix dans l'abandon à la situation, d'une toute autre ampleur en ce qui le concerne. Quelque part je me sentais effectivement dans cet abandon, absolument nu, sans aucune référence personnelle, et dans l'incertitude la plus complète quant à mon avenir. Je me suis même senti  dans une parfaite sérénité. Je ne dis pas que cela m'arrivait tous les jours, mais l'ayant vécu assez vite,ce fut certainement une aide pour la suite.

Je fais partie des patients à charge lourde, c'est à dire complètement dépendant.
En quelques secondes, passer d'une vitalité et d'un bien être tout à fait réel, puis échapper de justesse à la mort, pour finir dans un hôpital, assisté jour et nuit, pour un temps indéfinissable.
Tout cela contribue à rogner l'ego de façon efficace, et à s'accorder sur le fait que l'on ne maîtrise pas grand chose.
En même temps, j'allais découvrir une sorte d'évidence dans ce que l'on peut considérer comme une situation vraiment difficile, à savoir que je n'ai pas le choix. C'est plutôt quand la vie est facile que l'on peut sentir que l'on a le choix, ou du moins y croire. Plus la situation devient difficile, plus le choix devient évident, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de choix.
Où le choix pourrait-il se faire? Il y a une dépendance complète à une situation pour le moins peu ordinaire. Je dis que c'est plus facile d'accepter le non-choix que de songer à négocier un choix hypothétique. Dans le même ordre d'idée, je considère qu'il est plus facile de pratiquer quand "ça va mal", que lorsque tout va bien, où il est si facile de dormir!
La difficulté peut être une opportunité...

mercredi 11 novembre 2015

Esclave du saut, je suis un sot...

Avec l'âge on voit mieux ses fonctionnements, ses constantes, enfin pour qui regarde un peu.
Dans ma chambre d'hôpital, outre le fait de m'être refait la scène de l'accident des dizaines de fois, alors que je n'en ai aucun souvenir, me sont revenus en mémoire des souvenirs d'enfance où je jouais les casse - cous. 
J'adorais grimper aux arbres et faire le cochon pendu sur les branches les plus hautes. Sur la plage, au club Mickey, je me balançais le plus haut possible avec le trapèze, puis me jetais en arrière pour finir en cochon pendu. Le professeur de gymnastique me grondait, de peur que je me casse la figure. Puis à 13 - 14 ans, à force de faire des roulades de plus en plus hautes, je réussissais à faire mes premiers sauts périlleux. Dès lors je n'ai jamais arrêté. Acrobaties en vélo, moto cross en mobylette, sauts sur le sable à des hauteurs interdites, cheval d'arçon, sauts en parachute, à l'élastique, comme si la vie commençait lorsque j'étais entre terre et ciel...
Adolescent je voulais être cascadeur! Disant cela à mes parents, ils m'en dissuadèrent aussitôt, car "ce n'était pas un métier". Ils avaient raison bien sûr. Je continuais de sauter à skis, en patins à glace, en planche à roulettes, en rollers, toujours assez proche de mes limites.
A quarante ans, je me suis dit qu'il était temps de m'arrêter de faire des sauts périlleux dans les dunes.
Mais je ne pouvais pas, c'était plus fort que moi, je prenais trop de plaisir. J'étais comme un gamin, avec un corps qui répondait toujours. A soixante ans passés, je continuais encore...
De la folie, de l'inconscience, le désir de vouloir rester jeune... Peut être, ou bien plus!
Quand doit-on s'arrêter? Y a t'il un coup de semonce? J'avais fait une chute en rollers, il y a un an, qui aurait du m'alerter. Mais non, il a fallu que je refasse peu après la même figure, pour ne pas finir sur un "échec". Quelle arrogance!
Un jour l'accident arrive...

Faisant de l'astrologie chinoise, et ayant déjà analysé quelques cas d'accidents mortels et de suicides, mettant en évidence l'influence de la destinée, je me suis dit qu'une fois rentré à Bordeaux je regarderais dans mon calendrier chinois.
J'en parle entre temps à un ami "Feng Shui" qui prenait de mes nouvelles au téléphone. Lui même en parle à une autre amie qui se trouvait être auprès de notre maître chinois. A la vue du thème, il dit : "Dans cette destinée, il ne peut pas ne pas y avoir d'accident!"
La cause en est à deux éléments : le feu et l'eau, que l'on retrouve souvent associés dans mon thème, qui signifient donc ce risque. Je suis actuellement dans une période feu - eau, le jour de l'accident était pareil, c'était à une heure feu, au sud de la France, région feu, et dans l'eau! Il y a encore d'autres aspects que je ne peux expliquer, mais cela reste flagrant pour qui s'y connait un peu...
Je n'avais pas revu mon thème depuis des années, et n'avais pas toutes les données à l'époque.
Je doute que cela eut changé grand chose.

.Pour ceux qui prennent vraiment du recul, les choses arrivent, on ne maîtrise rien!

samedi 31 octobre 2015

A l'hôpital

Je me réveille progressivement, et découvre que je suis dans une chambre d'hôpital. N'ayant aucun souvenir de quoique ce soit , j'imagine avoir eu un accident de voiture! Je ne peux bouger les membres, hormis les pieds, et pense au coup du lapin.
Il y a dans mon nez des tubes qui m'injectent un mélange insipide à l'odeur douteuse qui me deviendra vite insupportable.C'est en fait une injection à la fois de nourriture, de médicaments, ou qui sert à m'hydrater.Je demande la composition de ce mélange, disant que je suis végétarien, mais n'obtiens pas de réponse satisfaisante. L'important pour eux est que ce soit protéiné.
La chambre n'a pas de fenêtre, mais comporte deux portes. Une porte pleine qui donne sur un couloir et qu'empruntent des gens de passage, l'autre porte étant toujours ouverte et communiquant avec une pièce centrale dans le service de réanimation. Le résultat étant de la lumière électrique jour et nuit , et le bruit incessant des bavardages de l'équipe médicale ou de ce qui se passe dans les autres chambres. Ce non respect d'un minimum de calme me deviendra de plus en plus difficile à vivre, surtout la nuit. Je ne vais pas dormir les quatre premières nuits regardant la pendule toute les demi heures. Je ne rêve qu'à m'échapper de ce lieu bruyant, mais n'arrive jamais à me lever. J'attends le matin dans cette incapacité complètement nouvelle et quasiment insupportable pour moi.

Ce n'est que le lendemain que Sandra viendra me voir et m'expliquera ce qui c'est passé sur la plage. J'apprends aussi que j'ai deux vertèbres cervicales de cassées. Je ne me rend pas vraiment compte de mon état, vu le manque d'explications, ce qui vaut mieux parfois. Etonnamment, je ne discute pas ce qui m'arrive, attitude que je dois à la pratique de l'enseignement, ce qui va me sauver d'un imaginaire du passé qui n'existe plus. Je vais vivre au jour le jour comme jamais cela m'est arrivé. Une véritable aventure dont je ne connais ni la durée ni la porte de sortie.

lundi 26 octobre 2015

Le dernier saut

Nous sommes fin Juin, il fait déjà très chaud et nous décidons de nous arrêter au bord de la Méditerranée pour se baigner. Ce ne sont pas encore les vacances, et les parkings prés des plages dans les environs de Sète sont déserts. Nous garons la voiture près de l'accès à la plage. Il n'y a quasiment personne et nous nous installons au bord de l'eau.
Nous filons nous baigner. J'ai beaucoup de mal à entrer dans l'eau. Mon amie se baigne et revient vers moi alors que je n'ai de l'eau que jusqu'aux cuisses, bloqué par le contraste entre la chaleur extrême et la température de l'eau.
A partir de là, je n'ai aucun souvenir de ce qui va se passer. C'est mon amie qui me racontera tout, au fur et à mesure de ses souvenirs entachés par l'émotion.

Il parait que j'ai fini par entrer dans l'eau, et que j'ai nagé assez loin. Puis je suis revenu vers elle, allongée sur sa serviette. J'avais l'air en forme. Deux minutes plus tard, en levant les yeux, elle me voit flotter étendu dans l'eau comme je l'ai décrit précédemment. Que s'est il passé entre temps? Personne ne m'a vu.
Etant habitué à faire des sauts périlleux sur la plage pour entrer dans l'eau, j'imagine facilement avoir sauté ainsi, mais avec un manque de tonicité si bien que je suis retombé sur le cou. Cela expliquerait le fait de m'être cassé la troisième et la quatrième vertèbre cervicale, accident très grave s'il en est!
J'ai été amené sur un brancard, dans l'ambulance restée sur le parking, où le médecin m'ausculta.
Je n'arrêtais pas de demander : " Sandra, qu'est-ce qui s'est passé? " Elle me racontait que j'étais tombé dans l'eau. Je lui redemandais la même chose, et elle me répondait également la même chose. Cette situation que je vivais dans un autre monde ajoutait à son émotion déjà grande.
Puis l'hélicoptère est venu, et m'a embarqué direction l'hôpital. Je n'en aurais même pas profité!


samedi 24 octobre 2015

Le dernier saut

Mon corps flotte dans trente ou quarante centimètres d’eau. Mon amie, inquiète, se lève pour venir voir ce qui se passe. Il y a du sang sur la tête. Deux femmes, qui étaient près de nous sur la plage, s’approchent aussi. Ne pouvant bouger, elles me tirent sur le sable. Par chance nous sommes près d’un poste de secours, et deux secouristes accourent rapidement. Ils me posent des questions: nom, date … auxquelles je réponds. Je leur dis de se calmer. Ils me tournent sur le côté, pour enlever l'eau que j'ai déjà ingurgité, sans savoir que j'ai des cervicales cassées. Les femmes leurs disent qu'il ne faut pas bouger un blessé. Je perds connaissance et fais un arrêt respiratoire. Du coup, ils me font un massage cardiaque. Mes yeux semblent vides comme si la vie s'en était allé. Ils finissent par me récupérer. Un temps qui sembla infini pour mon amie. Ils continuèrent le massage jusqu'à ce que les urgentistes arrivent avec un médecin. Après le massage cardiaque, les sauveteurs constatent que mes bras ne répondent plus. Le médecin me demande de bouger une main, ce que je ne peux faire. Les sauveteurs se regardent d'un œil entendu, laissant présager du pire. Puis l'hélicoptère arrive pour m'emmener vers le CHU de Montpellier.
Mon amie reste sur la plage, seule face à sa détresse, ne sachant pas ce qu'il en est, ni si elle va me revoir. Elle ne sait absolument pas comment j'en suis arrivé là. Elle va reprendre la voiture, dans un état que je vous laisse imaginer. Rentrer chez elle devient alors un voyage en soi...

Je me réveillerai le lendemain après midi dans une chambre d'hôpital, sans aucuns souvenirs de ce qui s'est passé. Aucuns membres ne peut bouger. Dans ma tête, j'imagine avoir eu un accident de voiture en rentrant, et me demande ce qu'il en est de mon amie. Ce n'est que le lendemain que je saurai le fin mot de l'histoire.



jeudi 22 octobre 2015

Reprise du blog

Cela va faire quatre mois que le blog est arrêté,
ce n'était pas voulu, 
c'est la vie qui m'a arrêté. 
Un autre voyage m'attendait, 
un voyage pas vraiment préparé, 
quoique...
Je me propose de vous en parler un peu à partir du prochain post, 
en tout cas de reprendre le blog!

jeudi 25 juin 2015

Préparation d'un voyage

Depuis des années je pense à un petit périple à pied : longer la côte depuis l'embouchure de la Gironde jusqu'à la frontière espagnole. A part les derniers kilomètres, il n'y a que du sable, une plage infinie bordée de dunes plus ou moins hautes. Je suis né dans cet univers et le connais bien sans m'en lasser une seule fois. Alors le rêve de "descendre" cette côte, plus ou moins déserte, sauvage, qui en porte même le nom par endroits, s'est installé progressivement. Il faut compter environ 250 km, soit entre huit et dix jours de marche. J'en ai déjà fait des petits bouts, histoire de me laisser happer par cet horizon sans cesse renouvelé. Histoire de découvrir que la marche dans le sable n'est pas aisée, car si cela va encore sur le sable dur, mouillé, c'est vite fatigant sur du sec, du sable mou, ou plus ou moins. A cela quand on ajoute un sac à dos, pendant des heures, on a vite compris qu'il faut sans cesse chercher le meilleur endroit pour ne pas se fatiguer inutilement. Un sentier donne un certain rebondi au pied, mais dans le sable, dès que ça enfonce, même légèrement, la cheville travaille, puis la jambe, les hanches, et cela devient vite pénible.

Il faut deux ou trois jours pour s'installer dans le rythme de la marche, pour découvrir ce rythme de la lenteur, de l'autonomie vagabonde, qui rétrécit le monde à nos vrais moyens, modestes mais bien réels, que faussent complètement les moyens de transport habituels. La notion du temps et des distances qui changent, tout qui change en fait, car c'est aussi un nouveau rapport à soi même.
Il faut un temps de vacances suffisamment long pour entreprendre ce petit voyage, il faut aussi une météo agréable, pas de grosse chaleur... A priori j'excluais l'été, où je privilégie autre chose. Alors quand? Les années passaient et l'idée restait dans la tête. Je me suis dit ensuite que faire de la Gironde à Arcachon ou au Cap Ferret serait plus facile, en temps, et déjà pas mal.
Je commence à regarder la carte, à estimer des étapes pour savoir où faire le ravitaillement, en particulier l'eau, car c'est le point clé de toute marche même en autonomie, regarder les horaires de train, de cars, pour accéder au départ puis rentrer à la maison. Partant avec une amie, il faut acheter une tente ultra légère, car le poids est déterminant pour le confort de la marche à pied.
J'adore faire cette recherche de matériel de randonnée, évaluer le côté pratique, le poids, l'encombrement... Je me rends à Décathlon où j'essaie tous les matelas proposés en les mettant par terre, m'allongeant au milieu de l'allée. Je cherche une solution plus confortable que le matelas mousse que j'utilisais jusqu'à présent. Je regarde les sacs à dos, je voudrais changer le mien pour un plus petit et ultra léger. J'en sélectionne deux, les remplis, les charge, les teste pour savoir lequel prendre, rentre chez moi, compare avec le mien... Que vais-je emporter exactement? Ma référence étant le GR 20 en Corse où il faut appréhender la montagne et ses changements de temps. Là je vais faire plus léger. Déjà il n'y aura pas de grosses chaussures, juste des pieds nus de marche. Je reçois la tente juste avant de partir, et nous la montons dans le jardin pour voir à quoi elle ressemble et le confort qu'elle offre. Elle fait à peine plus que deux kilos. Cela sent le voyage!

mardi 23 juin 2015

du vrai et du pas vrai...

Mieux vaut être trouveur de mensonges
que chercheur de vérité!
 
C'est plus facile!

mercredi 17 juin 2015

Les chemins de pélerinage

Forum des chemins de pèlerinage
samedi 20 juin au Forum 104 à Paris
Pour tout savoir :
 
 
 
Film : Compostelle, le chemin de la vie vendredi 19 juin à 19 H 30
 
Film : Il était une voie samedi 20 juin à 20 H
 


lundi 15 juin 2015

le bout du chemin

Parfois sur le chemin il faut savoir faire le grand écart...
Mais quand on arrive au bout du chemin...
C'est là que tout commence, non?


vendredi 12 juin 2015

Mouvement

Le vent agite l'eau du fleuve
qui laisse à son tour le végétal en mouvement.
Pourtant le vent est immatériel!

mercredi 10 juin 2015

Ce soir j'enlève les murs

La tente est plantée dans un décor unique, dans un léger creux, mais suffisamment haut pour voir l'horizon, en face du banc d'Arguin. Les bateaux sont partis, on les a croisé en traversant cet après midi en canoë. Il ne reste plus que nous et le vent qui se calme avec la marée haute. On entend les rouleaux sur les bancs de sable au large, mais ils ne nous empêcheront pas de dormir. Le phare du Ferret envoie son signal vers la mer, l'étoile du Berger nous tient compagnie. La soupe chauffe. Les couleurs passent du bleu à l'orangé, puis au rose violacé. La fin du jour s'éternise.
Demain matin, cette même beauté accompagnera notre premier regard.

jeudi 4 juin 2015

La non paix, c'est le bruit du refus

La paix, la sérénité, l'unité, le silence intérieur....
Tous ces mots pour parler d'un certain état au delà de l'état habituel plus ou moins agité face aux pensées ou au monde extérieur. On peut approcher, voir vivre assez durablement, une tranquillité intérieure, qui est de moins en moins troublée par les évènements. A force (quel mot!) de pratique, de patience, d'expérience accumulée, qui usent progressivement les mécanismes mentaux. A force de détachement, de discernement entre ce que je peux faire et ce que je ne peux pas faire, de lâcher sur ses propres faiblesses, de ne plus vouloir systématiquement, de ne plus discuter la réalité du moment, de ne plus rêver d'un ailleurs ou d'un autre...

L'une des choses qui se passe, pour ma part, est de ne plus attendre d'arriver au bout du "dit chemin". Si on pense chemin, on pense distance, éloignement, but... En même temps, toutes les pratiques nous ramènent au présent. N'est - ce pas paradoxal avec l'idée d'un chemin? Si on quitte le présent et que l'on est emmené par le mental, il n'y a plus de chemin en vérité. Si on est dans l'imaginaire pendant deux jours, et que tout d'un coup on redevient présent, on est au même endroit que l'on était la dernière fois que l'on était présent. Et si quand on redevient présent, on se juge pour ne pas avoir été présent, alors on "avance" pas plus. On peut passer des années à se comporter ainsi, qui font qu'à un moment on découvre que l'on stagne vraiment et que l'on peut "perdre espoir". Je mets des parenthèses parce que c'est une façon de voir les choses qui est fausse, qui est une projection. L'espoir sert juste à remplacer une passivité (au sens négatif) de notre part.

Dans la pratique, j'ai envie de dire constructive, la conscience change progressivement jusqu'à ne plus se poser des questions sur le chemin, le but, et tout ce qui va avec. On attend plus rien d'un plus tard. On est dans le tout de suite sans questions. Le "que ce qui est", et je me débrouille avec. Si ce n'est pas le grand OUI, au moins je ne discute pas. Si quelque chose monte, je le vois, et je ne discute pas. Et si rien ne monte , je ne me prends pas pour plus avancé pour autant. A force de voir ce qui se passe, le plus souvent possible, le plus longtemps possible, s'opère le détachement inévitable, puisque celui qui voit n'est pas celui qui est identifié à l'entité corps - esprit, ou corps - mental. Ce détachement progressif amène une tranquillité. Le monde bouge, inévitablement, mais à l'intérieur c'est stable, de plus en plus stable. Cette tranquillité fait disparaître la notion d'un chemin, car on ne cherche pas à avancer dans le sens où on est d'accord avec ce que l'on vit. On n'est plus dans un espace séparé, moi ici et le grand but là bas, non, juste l'espace du maintenant qui nous contient, l'espace du sans limite parce qu'il n'y a pas d'autre. Et si l'espace proposé me quitte, il n'y a pas de problème. C'est ce qui en fait la paix. La non paix, c'est le bruit du refus.

Alors me revient cette fameuse phrase de Daniel Morin : "Quoiqu'il arrive rien ne manque!"
Pour paraphraser et dire ce que je sens : "Quoiqu'il arrive, rien ne me comble". Dans le sens où je sens intérieurement que rien ne peut combler ma demande humaine. Il y a toujours les désirs du moment, mais qui sont de passage, car au fond ce qui est recherché n'est pas de cet ordre. Et si ce n'est pas le non manque total, ce n'est pas l'attente perpétuelle ou la croyance, même infime, que quelque chose va arriver qui sera la solution.
Le "je", le personnage pour lequel on s'est pris pendant si longtemps, fait de moins en moins de bruit. On le laisse faire, mais on y croit de moins en moins... Ce personnage qui est dans la perpétuelle recherche de la satisfaction, tandis que l'autre, celui qui n'en est pas un en fait, ne vit que le non manque.

mardi 2 juin 2015

Danse au bord de l'océan

Anniversaire d'une amie au bord de l'océan. Après le repas préparé en commun, direction les plages sauvages et désertes face à l'océan derrière le bassin d'Arcachon. On pourrait dire que c'est une plage ininterrompue qui va du Verdon à l'embouchure de la Gironde jusqu'à l'embouchure de l'Adour avant Biarritz. En fait cela va jusqu'à l'île d'Oléron au nord.
Nous garons les voitures au près d'une barrière dans les bois, puis marchons un quart d'heure environ pour rejoindre l'océan. Il y a seulement quatre ou cinq personnes à l'endroit où débouche le chemin, et l'horizon infini du sable et de la mer. Chacun se met en tenue légère direction l'eau, à vrai dire encore fraîche. Environ une demie heure plus tard, alors que nous commençons à goûter vraiment l'atmosphère du lieu, l'amie dont c'est l'anniversaire nous propose de la danse contact. C'est le fait de bouger, danser, si l'on veut, librement, en touchant le corps d'un autre ou le corps des autres. Une création improvisée sur le sable.
Et nous voici bientôt, six hommes et femmes, dans ces mouvements de corps qui s'emmêlent, tantôt par couple, tantôt à plusieurs. On termine par une sorte de défi grimaçant comme des bêtes sauvages.
Il y avait un homme qui repartait et s'était arrêté en haut du chemin, sur la dune, à une trentaine de mètres de nous. Je voyais nettement qu'il était en train de dessiner ou de peindre. Je trouvais cela sympathique.
Nous finîmes bientôt, freinés dans nos élans par le sable qui s'incrustait un peu partout, à force de se rouler et d'en faire profiter le ou les voisins.
Entretemps les nuages avaient envahi le ciel et le vent rafraichissait d'autant la fin de soirée. Il était temps de repartir. M'étant arrêté un moment, je me retrouve un peu en arrière du groupe. Soudain je le vois qui m'attend. La fille d'une des amies, qui se nomme Fleur, me tend un papier. Elle dit que c'est un homme qui a laissé ça sur le chemin, et qui s'est mis à courir en la voyant arriver.
C'est un dessin qui représentait des corps en mouvement, nous apparemment...
Il y avait une signature et un mot gentil derrière pour nous remercier du spectacle.
Hé bien pour un cadeau d'anniversaire, c'en est un qui n'est pas banal!

dimanche 31 mai 2015

L'Hermione arrive

L'Hermione à Bordeaux cet automne
 
L'histoire remonte à la guerre d'indépendance des Etats Unis (1775 - 1783), qui opposa les 13 colonies d'Amérique du Nord au Royaume Uni de Grande Bretagne. La France s'engagea auprès des Américains, avec en particulier un certain La Fayette. Celui ci fait un premier voyage, non officiel, pour aller défendre les droits de l'homme, contre les colons anglais, animé qu'il était par l'esprit des Loges Maçonniques dont il faisait partie. Il deviendra ami avec George Washington, futur premier président des Etats Unis et Franc maçon aussi (dont l'influence fut importante dans la création des Etats Unis).
La Fayette repartira une deuxième fois vers le nouveau monde (en 1780), cette fois officiellement, sur un navire de guerre français : l'Hermione, construit à l'arsenal de Rochefort, en moins d'un an!
C'est en l'honneur de cet homme, La Fayette, surnommé le héros des deux mondes et citoyen d'honneur des Etas Unis, qu'une association décida de reconstruire à l'identique ce fameux navire : l'Hermione. surnommée "La frégate de la liberté". C'est un trois mats carrés de 66 m de long, pesant 1 200 tonnes, avec plus de 2 000 m2 de voilure.
Il fallut 17 ans à l'association pour reconstruire l'Hermione à l'identique. Après des essais en mer et la prise en main du trois mâts par des marins professionnels et un équipage en majorité bénévole, les gabiers, le bateau est parti fin avril pour les Canaries. Après une étape de quelques jours, ce fut le grand départ pour la traversée de l'Atlantique direction Yorktown aux Etats Unis.
Ils approchent actuellement des côtes américaines où ils devraient arriver aujourd'hui ou demain.
Je vous conseille d'aller visiter le site : http://www.hermione.com/accueil/
ou le blog qui raconte la traversée au jour le jour avec photos et vidéos : http://www.hermione.com/blog-de-l-hermione/
La voute arrière du bateau
70 marins pour manoeuvrer la toile
Tout est refait à l'identique, il y a 1 000 poulies...
Les haubans qui servent à tenir les mâts font une toile d'araignée,
les cordages en travers servent à monter sur les vergues.
Les bosses de ris qui servent à ferler ou réduire la voilure.
Il y a 25 km de cordages.
Le mât de beaupré à la poupe du navire, direction l'horizon...



jeudi 28 mai 2015

Le paradoxe du poisson rouge

Dans un monde désormais multipolaire et interdépendant, l'heure est venue d'échanger non seulement nos marchandises, mais aussi nos sagesses. Il y a chez les Chinois des idées et des façons de faire dont nous gagnerions à nous inspirer à la fois pour notre développement personnel et notre pratique en affaires. Le poisson rouge, ou plutôt la carpe koï est un symbole très fort pour les Chinois.
La culture populaire lui prête huit vertus, toutes inspirées de la sagesse chinoise :
 
Ne se fixer à aucun port
Ne viser aucun but
Vivre dans l'instant présent
Ignorer la ligne droite
Se mouvoir avec aisance dans l'incertitude
Vivre en réseau
Rester calme et serein
Remonter à la source.
 
Ce livre s'appuie sur les écrits de Lao Tseu, de Confucius, du Bouddha, du Yi King, et d'autres maîtres de sagesse. Il met en évidence deux conception de la vie, celle venant de l'Orient, et celle de l'Occident, si tenté est que les occidentaux ont une conception de la vie.
Ce que l'Occident appelle le monde réel, la Chine l'appelle "le monde flottant". Cela signifie onduler sur la vague, utiliser comme le surfeur le potentiel de la vague pour progresser.


dimanche 24 mai 2015

my old lady

 
Une histoire tout à fait étonnante d'un homme arrivant de New York pour récupérer à Paris un appartement, héritage de son père décédé. L'appartement est habité par une vieille dame qui va lui apprendre que c'est un viager. Mais elle va lui apprendre plein d'autres choses qu'il n'imaginait pas...
C'est un film charmant, plein d'humour, très bien filmé, avec des acteurs remarquables (Kevin Kline, Maggy Smith et Christin Scott Thomas). C'est un film rare dont on sort léger et nourri. Je vous le conseille vraiment.
Pour en savoir plus et voir la présentation :

http://www.cinemas-utopia.org/bordeaux/index.php?id=2993&mode=film

samedi 23 mai 2015

A propos de l'hésichasme

Hésichasme vient du grec hésichya qui évoque la tranquillité et le silence, la paix du cœur au final. "C'est la voix d'un silence subtil" comme Dieu le fait comprendre à Elie.
Jean Climaque (moine au monastère Sainte Catherine au VI ème siècle) écrit : "Le commencement de l'hésichya est d'éloigner tout bruit, parce que le bruit trouble les profondeurs de l'âme. Et sa perfection est de craindre aucun trouble et d'y demeurer insensible."
Il y a deux sortes de bruit : les bruits extérieur et le bruit du mental (dans l'absolu, le mental fait aussi partie de l'extérieur). Pour s'éloigner des bruits extérieurs, et des distractions en général, il suffit de quitter le monde, ce que firent les ermites aux premiers siècles, ou le mouvement monastique par la suite. L'un des sens de l'hésichya est aussi la vie solitaire.
Une fois retiré du monde extérieur, il reste à affronter son monde intérieur, c'est à dire celui de ses pensées, ou du mental, ce que la tradition chrétienne nomme le diable.
L'hésychasme est un mouvement spirituel de l'Eglise d'Orient marqué principalement par la répétition du nom de Jésus. Il connut un renouveau important au XIV ème siècle dans l'empire byzantin, en particulier au mont Athos, et fut adopté par les Orthodoxes.
L'hésichasme est la répétition de la prière de Jésus. Il s'agit d'une phrase courte comme par exemple : 'Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de nous pécheurs". C'est l'équivalent du Kyrie eleison chez les catholiques : "Seigneur, aie pitié".
Mais ce n'est pas une technique, c'est avant tout une attitude. Il faut que cela vienne du cœur.
Le but est de combattre, d'apaiser, le mouvement des pensées. Autant dire qu'il faut être déjà préparé, même si cela reste un cheminement.
Dans les monastères, les moines égrènent leur chapelet tout en priant.
Ainsi aux Météores, bien que le bruit du monde vienne de plus en plus les confronter la journée.
Mais il est des ermitages un peu à l'écart qui sont dans l'esprit des premiers ermites.
Ceux là, on ne les visite pas...

 
 

mercredi 20 mai 2015

Grotte à saisir

Chaque année, des grimpeurs escaladent le rocher pour mettre un drapeau flottant au vent.
Les Météores sont truffées de grottes potentielles.
Certaines semblent inaccessibles, hors d'atteinte, pourtant des ermites s'y installèrent.

Des échelles en bois branlantes, des échafaudages douteux, sans doute y eut-il quelques accidents...
 
 
On pense que des ermites se sont installés là dès le XI ème siècle. Ces grottes permettaient d'être à l'abri des intrusions de toute sorte. Puis ce fut Athanase (dont le nom grec signifie "privé de mort"), qui, fuyant le mont Athos régulièrement attaqué par les pirates Turcs, vint s'installer aux Météores, d'abord près d'une chapelle taillée dans le roc, se retirant 5 jours par semaine dans une grotte. C'est là que fut établi le premier monastère dit de la transfiguration, avec quelques moines. C'était au XIV ème siècle. Ce sont de véritables ascètes qui pratiquent l'hésychasme (je vais y revenir).

mardi 19 mai 2015

Les Météores

Monastère de la Sainte Trinité
 
Ce monastère qui reçoit moins de monde est véritablement comme une île dans le ciel. Son église est particulièrement silencieuse et comporte des fresques comme toutes les autres. Il y a un petit jardin potager et une citerne, comme la plupart, afin d'avoir une certaine autonomie, bien que toute relative aujourd'hui. L'accès se fait par un escalier taillé dans le roc que l'on peut voir sur la première photo à gauche.


lundi 18 mai 2015

Les Météores

 
Le monastère de Varlaam
Les Météores sont un des grands lieux touristiques de Grèce. Il y a beaucoup de monde notamment dans les plus grands monastères. Il y a de nombreux cars qui déversent leur flots de visiteurs. Sur les parkings il y a les marchands du temple avec moult souvenirs. Pour y être à peu près tranquille il faut y être tôt le matin de préférence, sinon hors saison. Il faut prévoir trois jours pour profiter du site exceptionnel. J'avais pris en stop deux japonaises qui faisaient tout ou presque dans la journée. Il y a six monastères officiels (sur les 24 d'origine), plus quelques églises et ermitages retirés.

vendredi 15 mai 2015

Les Météores


Le monastère de Roussanou

 Roussanou est un monastère de femmes, le plus petit des Météores.


jeudi 14 mai 2015

Ascension

En ce jour de l'Ascension quelques photos du voyage aux Météores de l'été dernier. Je rappelle que Météores signifie aérien, au delà de l'air (météoros en grec, qui a donné météo). l'Ascension représentant la montée du Jésus au ciel, c'est à dire le fait de rejoindre son Père ou l'union à Dieu.

Monastère Saint Nicolas
 
 
Exposition d'icônes faites main sous une terrasse ombragée
Pas de ciel sans échelle!


mercredi 13 mai 2015

Ralentis ta vie

"Ecoute, c'est un secret :
ralentis ta vie au point qu'elle devienne tienne.
Ensuite, prend ton élan, et mets y ta passion."
Yvon Le Corre
 
 

mardi 12 mai 2015

Alexandre Jollien


Alexandre Jollien sur Radio Classique cet après midi ou ce soir dans Passion Classique.
http://www.radioclassique.fr/player/progaction/initPlayer/podcast/2015-05-12-18-02-34.html

vendredi 8 mai 2015

Subtil est un mot subtil


Arnaud Desjardins faisait souvent la comparaison avec les différentes peaux d'un oignon que l'on enlève une à une, pour comparer avec les niveaux de conscience. Autant l'image est compréhensible, car on a au moins pelé un oignon au niveau de ses peaux extérieures de protection, et l'on sait bien que l'on peut continuer comme ça jusqu'au cœur, autant le vécu au niveau de la conscience dépend bien de la seule expérience et non d'une compréhension intellectuelle. Les comparaisons sont des images, pour imaginer justement, mais ne donnent en rien un soupçon d'expérience.

Pourtant le plus important est bien l'expérience. Mille lectures sur la spiritualité ne valent rien par rapport à un vécu qui restera gravé en nous. Et nul ne décide de faire l'expérience. Cela arrive quand cela arrive. On peut par contre viser ce qui aide à l'enlèvement des couches, tout en ne croyant pas à la réalité des couches... On est dans la subtilité.

Subtil vient du latin tela qui veut dire toile avec le suffixe sub qui signifie sous, dessous (du grec ancien umo qui a donné hypo). Tela vient de texo qui vient de l'indo-européen tekp qui signifie travailler (le bois, le tissu), tramer, assembler. Cela a donné tékhné en grec ancien (faire, produire et par suite charpentier), mot d'où est dérivé technique.
Subtil c'est quelque chose qui est tissé fin, mais c'est aussi ce qui est dessous la toile, dessous la trame. On pourrait dire que c'est ce qui est caché derrière l'apparent, ce qui nous montre bien que la référence à l'oignon que l'on pèle est parlante.

Au moment où j'écris tout ça, tout d'un coup la souris ne répond plus, l'écran devient blanc, les fenêtres ouvertes sur le net apparaissent, ainsi que Skype, puis plus rien. Quelques secondes après le blog réapparait sur un écran devenu beaucoup plus lumineux (comme jamais).... Plus une autre petite chose que je garde pour moi. Tout ça alors que je parle de subtilité.... Ne parle t-on pas de la toile à propos d'internet?

Enlever les différentes couches, c'est découvrir progressivement que la vie est dans le relié, et pas dans la séparation. C'est découvrir qu'il n'y a pas quelqu'un, nous en l'occurrence, qui dirigeons dans un sens ou un autre, qui maîtrisons ci ou ça, mais qu'il y a une énergie qui dépasse toute notion de différenciation, qui s'exprime à travers tout ce qui vit. Les couches sont en quelque sorte des couches d'appropriation, et par là de méconnaissance. Tout d'abord il y a l'inconscience, puis la découverte de soi même, des mécanismes, la connaissance de ses fonctionnements, puis de plus en plus finement le détachement du sentiment, de la sensation même, d'être l'auteur de tout ce que l'on a découvert. Notons au passage que découvrir, c'est bien enlever ce qui couvre. On est bien dans le dessous de l'apparence.

C'est là où cela devient de plus en plus subtil. Celui qui croit maîtriser est dans le grossier, il est incapable de voir toutes les interactions, les causes et leurs effets, il est entraîné dans son fonctionnement et ne voit pas grand chose, il est trop dans l'action. Quand progressivement on prend du recul, sur le monde et sur soi même, on voit le dessous de la trame, pas tout, mais l'œil, ou l'espace d'accueil et de silence dans lequel on se situe, permet de voir combien plus de choses sont en œuvre à notre insu, et combien la vie prend en charge dans un mystère inimaginable tout ce qui apparait. Il y a même une perception si fine que l'on est en contact avec le non apparent, le non arrivé, le non maîtrisable.  C'est comme si le subtil en nous vibre avec le subtil de la vie, parce qu'il n'y a plus de séparation, parce qu'il n'y a plus opposition à quoique ce soit, et que le grossier a disparu pour laisser la place au lisse dans lequel le subtil se reflète. On ne peut pas en dire grand chose, car parler fait appel à des mots concepts enfermants.

C'est un peu comme cette autre phrase que disait Arnaud Desjardins : "Vous êtes déjà nus sous vos vêtements". Oui, il suffit de les enlever alors, comme les couches... Mais qui enlève?
Il y a une incompréhension sacrée à respecter.

jeudi 7 mai 2015

Dormir sous les ponts

Deux jours à Paris où je découvre à différents niveaux la violence du monde moderne en particulier dans la métropole.
Longeant les quais, je passe sous un pont, et je découvre un logement, un squat, enfin une occupation privée d'un espace publique, avec un minimum de confort.
Je vous laisse découvrir : à droite le coin repas, à gauche le siège et la valise qui font office de rangement, entre les deux : deux vrais matelas avec des duvets. En regardant bien on voit que les têtes sont au centre, et les pieds en périphérie. Cela veut dire que la table et la valise servent de protection vis à vis de l'extérieur, et que la tête, la partie la plus craintive, celle qui a le plus besoin  de protection, est au centre.
En m'approchant, alors qu'il n'y avait personne, je sentais que cette  forme d'aménagement ou de rangement, avec ce qu'il comporte d'ordre ou de désordre, faisait vraiment penser à une habitation dont les occupants étaient momentanément absents. Il y avait une barrière invisible à ne pas franchir, car ils avaient su instaurer un aspect privatif alors qu'ils sont sur un espace public.
Je regardais le tableau, représentant Paris, avec ses monuments symboles pour les touristes. C'est leur lieu de vie, leur quotidien, là où ils vont faire la manche sans doute. La chaussure à côté représente pour moi le fait de marcher dans Paris, le rapport symbolique là encore entre leur corps et le monde extérieur. Elle n'est pas cachée, elle est à côté du tableau, en hauteur, protégée aussi.
Enfin sur un côté il y a un balai récupéré. Autre symbole, qui signifie qu'ils ont bien un espace à eux et qu'ils veulent le garder propre. L'espace public est sale, mais l'espace privé se veut propre.
On est passé du sans domicile fixe à un domicile un tantinet durable.
Et surtout à une certaine confiance dans le fait de tout laisser en plan, ouvert à tout vent, alors qu'on sait bien qu'il y a souvent de la violence entre ces bannis de la société.
Quelle vie!