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mardi 28 février 2017

Retrouver le monde

Samedi : grand beau temps, c'est décidé, je vais en ville.
La commune où j'habite n'est pas relié par bus, mais il y a le train. C'est plus compliqué d'y monter avec les marches, et il ne s'agirait pas que le train démarre pendant mon escalade. Dans ma situation j'envisage tous les possibles. J'ai déjà pris un escalator, cela devient vite l'aventure!
Heureusement il y a deux personnes sur le quai, je n'aurais pas à ouvrir la porte.
Il y a trois marches hautes et serrées, avec une rampe à droite. Je n'ai que ma main gauche de valide. Je mets la canne dans la main droite, elle peut rendre ce service, et tiens la rampe de l'autre main en me tournant presque en arrière pour monter. Une dame me propose de l'aide, mais j'y arrive. Je m'assieds et redeviens comme tout le monde, un simple passager.

Prendre le tram est plus simple, il est conçu pour les fauteuils roulants, d'ailleurs j'en vois un.
Sortir de la maison me permet de changer d'horizon. Cela fait un bien fou. Le tram se fiche des embouteillages, il est roi, il glisse sans heurts, De nouvelles voies pour lui seul, voilà de quoi enrichir le regard.
La ville continuait de vivre et je ne la voyais pas, comme si elle n'existait plus, sinon en mots vides de sens. Je regardais les immeubles avec un oeil neuf. O innocence retrouvée!




Après m'être rendu dans une librairie de livres d'occasion, je me dirige maintenant vers les quais. Je respecte évidemment les feux, le petit bonhomme vert, pour traverser les avenues. Plus de risque inutile... Un samedi après midi, avec le soleil qui plus est, attire les gens dehors. Cela sent le printemps. De loin je vois les trois mats du Belem. Je m'en approche et trouve un banc pour reposer mon corps.



Je détaille les mâts, en acier, faits en deux parties, un tube fixé contre l'autre à une certaine hauteur. On n'est pas à une tonne près. Tout l'ensemble est lourd, vu de trop près. Les voiles sont rangées pour cause d'hivernage. Je contemple les cordages. C'est d'une complexité sans nom, entre ceux qui tiennent les mâts, les haubans, ceux qui servent à hisser et diriger les voiles, les drisses et les écoutes, cela représente 2 500 m de longueur... Ce genre de bateau devient élégant sous voiles, tel que je l'ai croisé en mer il y a des années.


Nombre de personnes s'arrêtent pour le prendre en photo, et se prendre en même temps. Ainsi deux jeunes femmes déclenchent leur sourire de parade avant d'appuyer sur le bouton, puis retrouvent leurs traits de tous les jours. Plus loin une femme prend la pause, appuyée nonchalamment sur la rambarde. Elle est avec deux hommes mais n'en regarde qu'un. Celui-ci porte un chapeau, immobile et tenant aussi la rambarde. C'est le lien. L'autre est debout dans le vide. Je le vois de dos. Cinq minutes plus tard la scène est toujours la même. La jeune fille subjugue, elle le sait.
Puis ce sont deux femmes avec un homme. Décidément les trios... Bientôt un bel appareil est sorti et le garçon croque la fille mince en bas et jupe sous tous les angles. Elle roucoule. Puis c'est le tour de l'autre fille de prendre le "pas encore couple ensemble". Ca pose. Soudain le garçon la soulève dans les bras, voulant la poser sur la rambarde. C'est un peu haut. Finalement il se tourne vers l'appareil, la sirène dans les bras, qui se détend. L'homme montre sa force, et la femme s'abandonne. En cela elle dirige.
Dommage que je n'ai pas mon appareil, moi aussi!
Il s'en passe des choses quand je sors de chez moi...

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