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vendredi 16 janvier 2009

Arunachala


C'est très curieux comme la vie s'occupe de nous.
Juste après avoir trouvé une petite chambre tranquille chez une indienne très gentille qui me proposait des repas, je suis tombé malade. Il valait mieux que ce soit là qu'à l'ashram.
Après trois jours de repos, me préparant à la solitude, j'étais prêt pour séjourner dans cette fameuse grotte où le Père Le Saux avait séjouné quelques mois et dont Thérèse avait la clé.

Cette grotte était sous un amas rocheux, des blocs énormes, et elle avait été aménagée pour y vivre bien à l'abri. Il y avait une petite entrée fermée par une porte, mais l'accés se faisait entre deux gros rochers qui empéchaient toute vue vers l'extérieur. Il fallait s'éloigner de quelques mètres pour avoir la vue sur la campagne et la ville au dessous. Le problème était que là où il y avait la vue, il y avait une autre grotte occupée par un vrai ermite, et que je ne voulais pas profiter de "son domaine".

Je m'installais donc dans cette grotte sans vue!
C'était bien différent de mon expèrience avec Frère Antoine, où l'on pouvait rester assis à contempler la nature.
J'organisais mes journées avec des moments très précis pour la méditation, la lecture, le yoga, les repas. Et puis il y avait les promenades sur la montagne. En général j'allais vers le sommet, d'où je pouvais contempler à loisir le paysage dans la solitude complète.
J'allais quelque fois parler avec Thérèse, mais peu, puisque ce n'était pas le but.

Sur Arunachala, il y a des serpents dont la morsure peut être mortelle. Thérèse m'avait bien prévenu afin que je fasse attention. D'ailleurs un jour une femme indienne a fait irruption dans la grotte, affolée, en me faisant comprendre qu'elle venait d'être mordue (j'en ai déjà parlé).
Une autre particularité de cet endroit sont des sortes de fourmis énormes qui se chargent de nettoyer de tout excrément les abords de la montagne. Je pus le vérifier plusieurs fois.

Je ne suis resté que dix ou douze jours, mais je dois avouer que ce fut difficile.
Je n'étais qu'un tout jeune débutant qui tentait une expèrience.
Je dormais sur une natte à même le sol; l'ambiance écrasante du rocher au dessus de moi, sans vue vers l'extérieur, n'était pas aidante. La confrontation à moi même jour après jour ne fut pas évidente.
J'ai rencontré l'ermite à coté, mais on ne pouvait communiquer, et je n'ai pas senti le courant passer.
Une fois Thérèse m'a emmené auprès d'un autre ermite, un vieux disciple de Ramana, qui vivait comme lui à moitié nu, avec un gobelet pour toute possession!

Vivre sans rien n'est pas donné au premier venu. Pendant ces quelques jours de silence, je pus vivre à la fois un désir et constater mes limites. J'étais arrivé aux miennes.
Un jour il devint évident que je devais arrêter et repartir. Après 4 ou 5 mois d'ashrams, j'avais besoin de vacances...

3 commentaires:

Daniel a dit…

Vivre à la manière d'un saddhu n'est pas à la portée d'un jeune européen, même rempli des meilleures intentions. Mais quelle expérience!

martine a dit…

oui, vive les vacances....

expérience peut être pas à la portée d'un jeune européen, ni même d'un vieux...
sommes nous faits pour ça ?
super expérience tout de même.

merci Yannick.

Dominique a dit…

Riche expérience.