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jeudi 5 février 2015

Il y a beaucoup d'inconnu dans la vie


- Mais qui sait ce qui se passe en fin de compte, lorsque les choses arrivent ?
- Vous êtes en train de me dire qu’il y a beaucoup d’inconnu dans la vie, autour de nous ?
- Regardez…
- En ce moment oui, c’est flagrant.
- Les choses sont reliées les unes aux autres, c’est comme un chapelet. Nous, nous voyons les petites boules, nous ne voyons pas la petite chaîne qui relie les boules, cet invisible qui travaille dans l’ombre. Dans ce mécanisme qui nous dépasse, le petit a autant d’importance que le grand car le tout ne peut marcher qu’avec la participation de chacun des éléments. Il n’y a pas de petit ni de grand en fait, il y a un ensemble. La boite d’allumettes fait partie de l’ensemble.
- Tout a de l’importance alors ?
- Oui, et en même temps, tout arrive, quoiqu’on fasse.
- Vous ne voulez pas goûter de ma compote ? Elle est arrivée aussi !
Ils rirent. Corinne servit et ils se mirent à manger dans le silence revenu. Soudain le téléphone sonna. Corinne alla répondre. Sylvie tourna son regard vers Michel. Leurs yeux se croisèrent un moment, quelques secondes pour un échange subtil, bien plus profond que des mots. Un regard qui n’est que le reflet de cette chaîne qui relie, telle une connivence. Les mots ont leurs limites.
- C’était ma fille qui me souhaite un bon Noël, dit Corinne. Elle est avec des amis.
Le téléphone avait rompu la conversation. Elle reprit différemment, de façon plus superficielle.
- Hier soir on était dans le noir à cette heure-ci.
- Et si on mettait des bougies ?
Bientôt la pièce ne fut plus éclairée que par quelques bougies ici et là, certaines sur des bougeoirs d’autres, plus grosses, posées sur des meubles.
- Le feu est une présence en soi !
- Oui, il est réchauffant pour le corps et l’âme.
- Cela dut être un réconfort quand vous avez réussi à allumer le feu dans les bois.
- Oui, ce n’était pas gagné d’avance, mais ce fut bon, très bon même, surtout après m’être traîné jusque-là.
- Mais comment avez-vous pu faire ?
- Je ne sais pas. On parle de l’énergie du désespoir, mais en fait c’est le contraire, c’était une sorte de dernier espoir, le choix ultime qui me restait. Si je restais, personne ne m’aurait trouvé, j’aurais eu froid et le risque était grand. Rester était baisser les bras, devenir passif, alors que j’avais encore de l’énergie. Me traîner jusqu’au bois était certes risqué car je n’avais aucune assurance d’y arriver, mais c’était pour moi la seule solution à court terme. Je me créais un futur possible que je renouvelais à chaque effort. C’était dur, mais c’était espérant parce que j’agissais.
- Mais vous auriez pu vous arrêter en plein milieu, à bout de forces, ou à cause de la douleur.
- Oui, et c’est justement cette fameuse énergie qui est notre moteur. Et puis l’action empêche de penser, sinon on est fichu. Je me fixais des paliers visuels, ou je comptais mes pas, enfin ce que l’on peut appeler des pas. Quand ce que l’on affronte parait long, il faut voir petit, cela devient essentiel pour ne pas se laisser déborder par l’ampleur.
- Mon Dieu, quelle aventure !
- Oui, à deux pas de chez soi…
- Vous avez eu peur ?
- Curieusement pas vraiment. Par contre lorsque j’ai vu les feux de la voiture dans la nuit, je me suis accroché à l’idée qu’elle devait me voir. Je n’ai pas eu le temps d’avoir peur, mais ce n’était pas loin, car je savais bien qu’il n’y a quasiment personne à passer par là de nuit.
- On ne vous avait pas vu au début.
- Je me suis mis à penser très fort au conducteur pour qu’il voit le feu et en soit curieux,  j’ai appelé de l’intérieur pour qu'il s'arrête.
- On était aussi tendu vers vous, car on s’inquiétait.
- Quelle histoire incroyable ! On est voisins, on ne se connaissait pas ou quasiment, et voici que ces évènements tout à fait improbables ont lieu. Je n’en reviens pas.
- Oui, je n’arrête pas d’y penser. Je n’ai pas retrouvé encore la tranquillité.
- C’est bien normal.

2 commentaires:

christiane a dit…

Et alors.....?

Yannick a dit…

Désolé, il y a eu un arrêt du blog, je vais reprendre.