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jeudi 7 mai 2015

Dormir sous les ponts

Deux jours à Paris où je découvre à différents niveaux la violence du monde moderne en particulier dans la métropole.
Longeant les quais, je passe sous un pont, et je découvre un logement, un squat, enfin une occupation privée d'un espace publique, avec un minimum de confort.
Je vous laisse découvrir : à droite le coin repas, à gauche le siège et la valise qui font office de rangement, entre les deux : deux vrais matelas avec des duvets. En regardant bien on voit que les têtes sont au centre, et les pieds en périphérie. Cela veut dire que la table et la valise servent de protection vis à vis de l'extérieur, et que la tête, la partie la plus craintive, celle qui a le plus besoin  de protection, est au centre.
En m'approchant, alors qu'il n'y avait personne, je sentais que cette  forme d'aménagement ou de rangement, avec ce qu'il comporte d'ordre ou de désordre, faisait vraiment penser à une habitation dont les occupants étaient momentanément absents. Il y avait une barrière invisible à ne pas franchir, car ils avaient su instaurer un aspect privatif alors qu'ils sont sur un espace public.
Je regardais le tableau, représentant Paris, avec ses monuments symboles pour les touristes. C'est leur lieu de vie, leur quotidien, là où ils vont faire la manche sans doute. La chaussure à côté représente pour moi le fait de marcher dans Paris, le rapport symbolique là encore entre leur corps et le monde extérieur. Elle n'est pas cachée, elle est à côté du tableau, en hauteur, protégée aussi.
Enfin sur un côté il y a un balai récupéré. Autre symbole, qui signifie qu'ils ont bien un espace à eux et qu'ils veulent le garder propre. L'espace public est sale, mais l'espace privé se veut propre.
On est passé du sans domicile fixe à un domicile un tantinet durable.
Et surtout à une certaine confiance dans le fait de tout laisser en plan, ouvert à tout vent, alors qu'on sait bien qu'il y a souvent de la violence entre ces bannis de la société.
Quelle vie!


 
 
 

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