Paysage d'hiver de Christine JORDIS (Albin Michel)
Romancière, essayiste, femme de lettres, Christine Jordis est avant tout une aventurière de l'esprit. L'aventure du désert, Une vie pour l'impossible, William Blake ou l'infini... Les titres de ses livres trahissent sa passion du voyage intérieur, et aussi de la peinture anglaise. Couronnée par de nombreux prix, membre de plusieurs jurys, notamment du Femina, elle n'est pas assouvie pour autant. Dans Paysage d'hiver, c'est une nouvelle quête qu'elle conte. A la suite de Kim Jeong-hui (1786-1856), elle entraîne le lecteur dans la Corée d'aujourd'hui et d'hier, sur les traces d'un homme qui l'a bouleversée. Ce maître de sagesse coréen est plus connu sous le nom de Chusa.
"Je ne pensais pouvoir jamais m'approcher d'un paysage et d'une culture aussi lointaine", confie Christine Jordis. C'est lors d'un déplacement en Corée que l'écrivain a découvert le lieu d'exil de Kim Jeong-hui. "Cet homme qui fut l'un des plus grands érudits de son siècle a eu une vie atroce de dépouillement, de douleur, de vieillesse et de maladie." Ce calligraphe a connu dans son immense détresse d'exilé, faite de pauvreté et de déshonneur, le seul bonheur de l'art. A partir des caractères chinois il a même créé une écriture spécifiquement coréenne, "faisant tous les jours ses exercices d'écriture comme une prière".
Il faut comprendre ce qu'était la Corée du XIXè siècle - une société extrêmement violente - pour savoir quel grand homme était Chusa. Sur le modèle chinois, ces grands lettrés penseurs, artistes, ascètes, calligraphes, étaient aussi des hommes d'action, des hommes politiques. Menant entre eux des luttes de factions sanglantes - luttes qui ont envoyé Chusa à l'exil. Kim Jeong-hui était issu de la noblesse. Il a gravi tous les échelons jusqu'à atteindre les plus hauts degrés du pouvoir. Il a été ministre de la Justice durant 20 ans. De quoi susciter de nombreuses jalousies...
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