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dimanche 4 mai 2014

De la fraternité

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Parfois je repense à l'histoire, à moins qu'elle se rappelle à moi, et je me dis que j'ai, que l'on a, beaucoup de chances par rapport à d'autres époques, à d'autres pays.
Il y a deux jours je regardais un documentaire qui parlait de l'île de Gorée, d'où sont partis des millions d'africains pour devenir des esclaves en amérique. Comment cela est-il concevable? Quel irrespect pour l'être humain! Quelle époque monstrueuse! J'en avais les larmes aux yeux. J'ai honte de l'histoire des blancs. Je me sens parfois redevable vis à vis des noirs, comme s'il fallait rattraper quelque chose. Il y a encore tellement de racisme, tellement d'intolérance.

Le week end dernier, alors que je participais à un salon de la Nature (enfin, nommé ainsi), avec un temps incertain, puisque par moments la pluie tombait, et que nous étions dehors, moi avec juste un grand parasol, je commençais à me dire que j'aurais mieux fait de rester chez moi. Je me disais même que je m'ennuyais.
Je ne sais pas si le ciel m'a entendu, mais toujours est-il qu'un africain est venu me voir et a commencé à engager la conversation. Il semblait très intéressé par ce que je faisais, les matériaux naturels, la terre, etc... Prenant de l'assurance, mais en avait-il vraiment besoin, il commençait à parler avec son corps, avec ses yeux, comme rarement un blanc sait ou peut le faire. Il me racontait son expérience de la construction avec des moyens d'un simplicité désarmante. Sa manière de raconter était tellement imagée que je voyais la maison se monter. J'étais complètement avec lui, et il devait le sentir. A un moment il m'a parlé d'une technique dont je ne connaissais pas le nom. Il me l'expliqua. Puis il regardait les panneaux que j'exposais, avec explications et photos, et il partait sur autre chose. C'est comme s'il trouvait un support qui lui permettait de s'exprimer.
Je lui ai demandé de quel pays il était originaire. Du Togo, me dit-il. Je lui demande où c'est précisément. Je sors une feuille de papier, dessine grossièrement une carte de l'Afrique, et indique l'endroit où je vois le Togo. Il me dit que c'est exactement là, et le voilà me racontant en quelques mots l'histoire de son pays, avec les Anglais, Français et autres Allemands, qui colonisaient cette région, et comment cela s'est passé ensuite en partageant ce pays en deux, avec des habitants togolais partagés entre deux pays voisins depuis. Il m'a parlé de son village...
On a du parler au moins une heure, comme deux amis qui partagions une même passion, la simplicité des moyens que peut nous offrir la nature, pour qui met la main à la pâte.
Au moment de se quitter, il m'a dit des choses tellement gentilles, que je ne peux les répéter. Qu'il aimerait bien me revoir pour continuer à parler et à apprendre...
Je m'appelle Ferdinand, me dit-il. Je lui dis mon prénom en mettant mon bras autour de son épaule.
Je venais de vivre un moment tellement incroyable, improbable, et en même temps une simple rencontre de deux êtres humains, frères sur la même terre...
Et dire que je m'ennuyais quelques instants auparavant.
La vie est vraiment surprenante...

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci de partager ce moment avec nous. Je suis touché.....

Acouphene a dit…

Oui merci !
Partir un moment ensemble et se laisser aller... (to go)

Jeanmi a dit…

Au XVIIIe siècle, pourtant siècle des Lumières, tant Voltaire que Rousseau, avaient des actions dans des compagnies maritimes qui pratiquaient le commerce triangulaire. Il a fallu 1789 pour que l'esclavage soit aboli une première fois. Ce tueur de masses de Napoléon le rétablit. Ce n'est qu'en 1848 qu'il est presque complètement aboli. Je dis "presque" puisqu'il resta en vigueur dans les colonies française d'AOF et d'AEF jusqu'en 1925...

Yannick a dit…

Certains pans de l'histoire sont pure folie des hommes, ou de quelques uns entraînant tous les autres. Histoire qui se répète comme tout problème non traité. On n'a pas fini de recommencer. Reste ce que chacun peut faire de sa vie, de son histoire, de son vécu du présent. Merci de votre passage Jeanmi, je suis aller jeter un coup d'oeil sur votre blog.

Dominique a dit…

Voilà qui fait chaud au cœur.