Etendu
sur la civière, Michel ne pouvait voir le paysage défiler, seulement le plafond
banal de l’ambulance. Il n’y avait qu’à attendre. Mais en réalité il pouvait
voir les pensées qui défilaient à la place du paysage. Ces deux derniers jours
semblaient bien mystérieux, comme si la vie avait décidé de l’emmener dans un
voyage dont il ne savait pas la destination, ni le parcours. Une rencontre qui
se répète, une ballade qui se termine en calvaire, et maintenant direction l’hôpital.
Il revoyait le visage de Sylvie. Une attirance qui se renforçait chaque jour,
chaque demi-journée,… Mais comment cela pouvait-il se faire ? Qu’est-ce
qui était en jeu ? Quelles énergies méconnues se mettent tout d’un coup en
branle pour en arriver là ? Pourquoi cette chute, ce genou qui lâche, … ce
je-nous qui lâche ? Il resta perplexe.
La
ville, la sirène pas indispensable, mais que les ambulances utilisent si
facilement, l’hôpital, le déchargement, puis le roulement dans les couloirs
jusqu’à une chambre d’attente. La visite d’un médecin, l’auscultation, la radiographie…
Il raconte comment c’est arrivé, puis comment il s’est trainé. Le médecin n’en
croit pas ses oreilles. Le diagnostic est sévère : lésion au ménisque,
tendon abimé. Il faut du repos, du repos, du repos !
-
On va vous garder deux jours, et on verra après.
Puis
il est conduit dans une chambre, seul, heureusement se dit-il. Pas de repas de
Noël, pas de réunion chaleureuse, juste une chambre d’hôpital, quelconque comme
on sait les faire ici, mais efficace pour la gente médicale et ses normes hygiénistes.
On lui donne des médicaments. Puis il s’endort.
Il
est réveillé par la sonnerie du téléphone. Le temps d’émerger, de découvrir qu’il
n’est pas chez lui, puis de comprendre qu’il est dans un hôpital, de chercher
le téléphone…
-
Allo, Michel ?
-
Oui…
-
C’est Sylvie ! Alors comment ça va ?
-
Je suis bloqué pour deux jours minimum, le genou est abimé.
-
On peut passer vous voir, n’est-ce pas ?
-
Vous êtes sûre que vous n’avez rien de plus intéressant à faire ?
-
Si j’étais à votre place, une visite me ferait bougrement plaisir !
-
J’ai du mal à vous dire oui, mais cela me ferait plaisir c’est vrai.
-
Je viens après manger, avec un dessert.
-
Ohhh…
-
A tout à l’heure.
-
Oui, merci.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire