Hier, après déjeuner, tout d'un coup l'envie me prit de regarder le livre "Grâce et courage" de Ken Wilber. Ce livre, écrit à deux voix, est le récit de l'histoire d'amour avec sa femme, Treya, depuis leur rencontre jusqu'à la mort de Treya, cinq ans plus tard, des suites d'un cancer du sein. Ken Wilber est un penseur visionnaire américain connu entre autres pour sa "pensée intégrative". Le livre parle de l'amour, de la maladie, de la mort.
J'ouvris le livre vers la fin, pour lire les derniers moments de la vie de Treya. Des moments exceptionnels... (j'ai fait une sélection).
Treya a décidé de tout arrêter au niveau médical pour ne plus prolonger une dépendance qui l'affaiblissait de plus en plus. Elle se sentait prête à mourir, elle était enfin en paix avec sa propre mort. Elle vit des moments quasi extatiques.
"Je pars, je ne peux pas y croire, je pars. Je suis tellement heureuse, tellement heureuse, tellement heureuse." Tel était le mantra de sa libération finale.
Puis de façon assez abrupte, elle dit : "Mais je ne veux pas te laisser. Je t'aime tellement. Je ne peux pas te laisser. Je t'aime trop." Puis elle se mit à pleurer. (Et lui aussi).
"Chérie, si c'est le moment de partir, alors c'est le moment. Ne t'inquiète pas, je te retrouverai. Je t'ai retrouvé une fois, je te promets que je te retrouverai à nouveau. Alors si tu veux partir, ne t'inquiète pas. Pars." "Tu promets que tu me retrouveras?" "Je te le promets"....
Je me mis à lui réciter certaines phrases clés de différentes traditions religieuses qu'elle considérait comme très importantes, des phrases qu'elle m'avait demandé de lui réciter jusqu'à la fin...
Son visage se détendit, et elle me regarda de façon directe et claire.
"Tu me retrouveras?"
"Je te le promets."
"Alors, il est temps d'y aller."
Il y eut une très longue pause, et la chambre me parut devenir entièrement lumineuse, ce qui était assez étrange, étant donné qu'elle était manifestement plongé dans l'obscurité. Ce fut le moment le plus sacré, le plus direct, le moment le plus simple qui me fut jamais donné de vivre. Le plus évident. Le plus parfaitement évident. Je n'avais jamais vécu quelque chose de la sorte. Je ne savais pas quoi faire. J'étais simplement présent, pour Treya....
La dernière chose qu'elle me dit : "Tu es l'homme le plus remarquable que j'aie jamais connu. Mon champion..."
Ken lui répondit des choses du même ordre, jusqu'à ce que sa voix s'étouffe, ne pouvant plus parler. Treya ferma les yeux, et ne devait jamais les rouvrir....
C'est à ce moment là que je commençai à remarquer que l'atmosphère était devenue très turbulente. Il me fallut plusieurs minutes pour réaliser que ce n'était du ni à ma détresse ni à mon chagrin, mais au vent soufflant sauvagement. Il y eut bientôt une tempête féroce.
Les journaux confirmèrent le lendemain des vents jusqu'à 185 km/heure uniquement sur Boulder et nulle part ailleurs dans le Colorado.
C'est alors que je me suis dit : c'est curieux nous sommes à la veille du vendredi saint, anniversaire de la mort de Jésus, et je lis ce passage de façon absolument inattendue. De plus il est dit dans les évangiles que lorsque Jésus mourût, les ténèbres se firent et la terre trembla, comme si les éléments signifiaient quelque chose à l'unisson, ce qui fit dire à ceux qui l'avaient tué : "Il est vraiment le fils de Dieu".
Puis je continuais la lecture. Il va se passer des choses tout à fait étonnantes.
"La personne la plus belle, la plus forte, la plus éveillée, la plus honnête, la plus inspirante, la plus vertueuse, la plus chérie que j'ai jamais connue venait de mourir. J'avais l'impression que l'univers ne serait jamais plus le même.
Cinq minutes exactement après sa mort, Michael nous dit : "Ecoutez, écoutez ça." Les bourrasques s'étaient complètement arrêtées, et l'atmosphère était devenue tout à fait calme.
Cela aussi fut rapporté par la presse du lendemain. Il y a un vieux dicton qui dit : "Lorsqu'une grande âme meurt, les vents se déchaînent." Plus l'âme est grande, plus le vent capable de l'emporter doit être fort. peut être que tout cela n'était que coïncidence, mais je ne pouvais m'empêcher de penser : une très, très grande âme est morte, et le vent a répondu à l'appel.
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