La mémoire fait partie de nous, de notre fonctionnement, de nos capacités, c'est un fait.
Et elle est bien pratique, voire indispensable, dans le cadre de notre vie. Si je cherche mes clés pour fermer la porte de ma maison, ou celles de ma voiture pour partir quelque part, je fais bien appel à la mémoire, pour prendre un exemple simple.
Mais la mémoire grave énormément de choses, à notre insu souvent, et nous renvoit ensuite des images. Si bien que par la suite, nous ne voyons plus la réalité que par rapport à ces images. Nous devenons alors incapables d'avoir un regard neuf, vierge, sur ce qui se présente. Il y a un mécanisme qui nous fait comparer le nouveau avec une image qui s'y rapporte.
Ce qui peut sembler extraordinaire à vivre c'est justement le fait de partir à l'aventure, car tout semble neuf, c'est de l'imprévu en permanence, et c'est très excitant. C'est certainement parce que cela sort de notre quotidien, de nos habitudes. Nous sommes du coup beaucoup plus présents à ce qui se passe. L'aventure ce peut être un voyage, mais aussi de nouvelles rencontres, un nouveau travail, etc...
Le risque c'est bien sur de se perdre dans cet extérieur qui se renouvelle et ne pas être présent à soi même.
Yvan Amar racontait une histoire :
Après avoir vécu 3 ans auprès de son Maître Chandra Swami, il est rentré en France, et peu de temps après (je crois), il a passé une année avec Jean Klein, chez lui.
Un jour, au bout de plusieurs mois, Jean Klein lui proposa un exercice qui avait l'air de rien comme ça. Il avait enlevé tout ce qu'il y avait sur les murs d'une pièce, y amène Yvan, et lui demande : "Qu'est-ce que tu vois?" Et Yvan de répondre : "Il n'y a plus de photos, de tableaux (je ne sais) sur les murs!"
Jean Klein lui dit : "Non, quand tu dis ça, tu compares, mais ce n'est pas ce que tu vois. Ce qu'il y a à voir c'est un mur blanc!"
Voir vraiment, c'est ne pas comparer. Et la mémoire nous brouille souvent la vision, nous empêche de poser un regard neuf. Dans ce cas elle nous dessert.
Ces rares moments de réveil auxquels je faisais allusion étaient sans mémoire.
Ce qui est difficile, mais possible, c'est de voir quand la conscience fait appel à la mémoire, ou plutôt quand la mémoire s'introduit dans la conscience et prend toute la place. Voir ce mécanisme est déjà un grand pas. C'est la vigilance.
La mémoire nous renvoit à du connu. La vie à venir à chaque instant est complètement inconnue.
8 commentaires:
oh que oui, que oui : une avec ce que tu écris Yannick, c'est si rare, bon ça y est je suis repartie dans la comparaison ou non après tout en ce qui me concerne c'est une constatation, ressentie peu, mais ressentie quelques fois, c'est une expérience qui donne envie... "se rééduquer c'est se déséduquer" comme le dit Alain !
impossible de retrouver mon téléphone sans fil, batterie vide...tu crois que je suis sur la bonne voie, Yannick...;-))
Have a nice day !
c'est étonnant Yannick,Daniel comme vos deux sujets du jour s'accordent:reveil et mémoire et les mythes du labyrinthe ;j'aime beaucoup,merci à vous
Soisic
Ah oui effectivement... ça m'aide beaucoup de le lire écrit comme ça... merci !
Merci Yannick !
Toutefois, Chandra Swami reconnait ses disciples, se souvient des textes sacrés, etc.. C'est ce que je voulais dire : tandis que lorsque nous faisons cette expérience au réveil, il n'y a pas de souvenir du tout (dans mon expérience en tout cas), et donc pas de "moi". D'où mon commentaire sur la présence de la mémoire dans cette conscience non-identifiée.
Non ? j'ai rien compris ??
hiiiiiii
Oui Vincent, c'est cette expèrience du réveil sans aucune mémoire, sans aucun souvenir, mais qui n'est pas celle de la conscience pure (au vu de ma propre expèrience).
ok !
J'ai lu votre mot .
Je vous remercie de tout mon coeur .
Je reprends donc mes commentaires .
Hier , je relisais une page d'Atmananda .
Elle disait qu'elle ne voyait aucun lien entre la personne qu'elle était à 16 ans et ce qu'elle était au moment où elle écrivait .
J'avais souvent pensé à celà .
Pourquoi avons nous la sensation d'une continuité?
C'est encore notre mémoire qui nous trahit !
L'apparente continuité est une fabrication illusoire de notre mémoire !
Je sais que je ne vous annonce rien de nouveau .
Mais le rôle d'échanges , de partages entre compagnons est aussi d'exprimer en phrases ce qu'on ressent instinctivement .
Que je puisse vous écrire ce que je ressens est une sorte de cadeau que vous me faites .
Bien entendu , j'accepterai avec joie la réciproque .
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