J'avais dans la tête de rallier la Gallice en bateau, et même de faire le tour de l'Espagne...
Mais seul sur un petit bateau, il faut bien se préparer, avoir une bonne météo, avoir du temps surtout. Enfin il faut être suffisamment sur de soi, ou être inconscient. Cela veut dire 48 H minimum sans dormir ou très peu pour traverser le golfe de Gascogne, cela veut dire un pilote automatique que je n'ai pas, ou barrer tout le temps, ce qui est impossible, ou amarrer la barre avec un bout (une corde) ce qui risque de faire faire des zigzags au bout d'un certain temps. Ou avoir un coéquipier bien sur.
L'an dernier une proposition de rallier la Gallice sur un autre bateau s'est faite, mais au moment de quitter le bassin d'Arcachon, l'hélice est tombée à l'eau et le moteur ne pouvait donc être d'aucun secours, demi tour.
Cette fois, c'est comme si le ciel avait entendu cette demande languissante.
Partir des Sables d'Olonne pour rallier la Turquie, ce n'est pas rien, c'est plus que traverser l'Atlantique depuis les Canaries, c'est en gros 2 500 miles soit entre 4 500 et 4 800 km, 25 jours de mer avec les escales. C'est vivre une expérience que j'attendais depuis des années.
Etudiant j'avais eu une proposition de partir de France pour les Antilles; après un premier départ raté, la femme du capitaine était malade (de peur en fait), lors du deuxième c'est moi qui posa des conditions de retour qui ne furent pas acceptées.
Quand on a qu'une seule chose en tête, on y va, quand on est partagé entre plusieurs choses, alors c'est un peu la loterie, la vie nous laisse vivre certaines choses mais pas toutes parce que le désir est noyé avec d'autres demandes, et puis il y a les peurs inconscientes, les contraintes familiales, professionnelles, financières...
A un moment il faut savoir ce que l'on veut vraiment, et faire un choix. Faire un choix c'est lâcher autre chose, inévitablement. C'est surtout quitter la tranquillité de son monde habituel. C'est oser affronter l'inconnu qui nous attire, sur lequel on mise quelque chose.
Ce n'est pas si simple, chacun avec ses désirs, ses peurs, son histoire, sa confrontation incessante avec lui même. De quoi suis-je capable? Jusqu'où puis-je aller? Il vaut mieux tenter et se casser la figure que de se donner des mauvaises raisons de ne pas agir, et le regretter tout le reste de sa vie. Chacun à son niveau.
C'est vraiment une question qui me taraude par rapport à certaines envies qui sont peut être au delà de mes capacités. J'y reviendrais sans doute.
En tout cas je ne suis pas parti d'un coup sans penser à rien, j'ai bien vu ce qui m'aurait fait passer à côté d'une telle opportunité, les soi disant bonnes raisons de ne pas partir.
2 commentaires:
tout simplement, super !
je suis tout près de ton ressenti, tes mots sont fors et tellement justes !
encore bravo d'avoir osé ! on ne regrette JAMAIS d'oser....
bisous à toi, martine
Merci Martine. Ceux qui partagent la passion du bateau comprennent sans doute un peu mieux ce que je peux ressentir. Quoique...
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