Première nuit en mer. 2 H 1/2 du matin.
Nous sommes 4 à faire des quarts, chacun 3 heures. Faire un quart sur un bateau, cela veut dire être de veille tandis que les autres dorment, c'est donc une responsabilité. Il faut surveiller la route, le radar, veiller aux éventuels bateaux, surveiller les voiles et le vent afin de réagir. Au cas où cela se complique on réveille le skipper qui prend les décisions nécessaires. Je fais le quart de 3 H à 6 H du matin. Cela m'arrive de monter avant parce que je ne dors plus, et de rester avec l'autre équipier, ou de rester après pour voir le lever du soleil.
Au loin, un cargo va croiser la route. Derrière un disque argenté brille sur la mer noire. C'est le lever de la lune, cachée derrière les nuages. la nuit est plutôt claire, ce qui est plus agréable. Visibilité 10 milles (1 mille nautique = 1 852 m).
On m'explique le fonctionnement du radar sur l'écran. On peut y afficher tout un tas de choses.
On voit le cargo, son cap, on peut même avoir sa vitesse, et la distance à laquelle il se situe par rapport à nous. C'est un point qui bouge au milieu de cercles concentriques dont le centre est le bateau. Chaque cercle est réglé à 2 milles, et on en a 6 soit 12 milles quand un point apparait sur l'écran. Petit à petit je vais me faire mes calculs pour savoir le temps que met un bateau entre le moment où il apparait à l'horizon et le moment où on le croise. C'est en fonction de sa vitesse.
Mais pour être sur, il ne faut pas quitter la veile plus d'1/4 d'heure, 20 minutes.
Me voici pour 3 heures, seul sur le pont, à veiller sur la bonne marche.
Première demie heure, je chante, je suis bien.
Le temps est calme. On marche au moteur. C'est un convoyage, il y a des délais, une moyenne à tenir, c'est pas du bateau pour le plaisir. S'il y a trop peu de vent, le skipper met le moteur, c'est comme ça.
Vers 5 H un feu blanc apparait par intermittence.
En général, si le feu disparait, c'est que le bateau monte et descend avec la houle. Au large, la houle peut avoir des creux de 2 m, même avec très peu de vent. C'est la houle résiduelle.
Le feu apparait toujours dans la même direction, ce qui veut dire que l'on fait route de collision. Je pense qu'il s'agit d'un pêcheur car il ne va pas vite. Je regarde aux jumelles (on peut voir même la nuit) et je distingue une voile. C'est un voilier que l'on est en train de rattraper parce que l'on a le moteur. On va le passer à 200 m sous son vent. Je lui dis bonjour silencieusement. 2 voiliers qui se croisent en pleine mer, c'est toujours quelque chose.
4 commentaires:
oui, 2 voiliers qui se croisent seuls en mer, c'est quelque chose... la nuit, encore plus !
merci yannick de nous partager tout ça, c'est formidable. Je n'ai pas navigué cette année et te lire me fait tant plaisir ! MERCI
bisous, martine.
Merci de nous faire rêver avec ta réalité. Bonne continuation.
Vous risquez d'en avoir pour quelques jours de mes impressions...
Oui, c'est super intéressant ! Merci.
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