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dimanche 24 juillet 2011

Les deux amis

Après l'échange, Isabelle proposa une pause à l'extérieur où chacun devait rester en silence.
Il y avait un petit parc. Cela permit de décompresser pour certains. Après être resté entre quatre murs et entre quatre yeux pendant environ une heure, marcher, regarder les arbres, écouter les oiseaux, faisait du bien. Qu'allait-il se passer ensuite? Nul ne savait. Ils étaient tous à la découverte de ce genre d'exercice.
Philippe pensa à son ami Eric. Allait-il lui en parler? Pouvait-il imaginer ce genre de démarche? Que pourrait-il échanger d'aiileurs, puisque pour l'instant le principal était une question à propos de laquelle il n'avait pas de réponse... Il s'assit et réalisa qu'il pensait plus que tout à l'heure dans la salle.

Lors de la reprise, Isabelle proposa un autre exercice, mais seul cette fois. Ils se mirent en cercle, chacun tourné vers l'extérieur.
-"Je vous propose de rester en silence quelque temps en vous posant la question : Pour qui je me prenais auparavant et qui a disparu? Cela peut être depuis l'enfance jusqu'à il y a peu. Faites-le sincèrement. Ce n'est pas un exercice à finir avec un rendu de copie, mais une question à approfondir."

Cette question était bien sur la prolongation de la précédente. En songeant à l'enfance, on s'apercevait aisément que l'on avait grandi, que l'on était différent, moins dépendant, plus responsable, ce que l'on appelle couremment un adulte.
"Qu'est-ce qui perdure en moi? se demanda Philippe. Si l'enfant a disparu, qu'est-ce qui reste à la place? L'adolescent, je le sens encore. L'adulte? Non, assurément je ne me sens pas comme un adulte! Je me sens insatisfait, je ne sais pas ce que je cherche, j'ai plein de désirs. Finalement j'étais plus heureux enfant car je ne me posais pas toutes ces questions... Quand est-ce que ça a changé? Y a t-il eu un avant et un après? Ou est-ce une continuité, et à un moment, quand on se retourne, on découvre que l'on a changé, que l'on n'est plus le même. Une partie de nous n'existe plus, mais il y en a tant d'autres. Suis-je un amas changeant? Qu'est-ce qui est mort définitivement en moi? Pas la pensée en tout cas, je pense tellement plus que lorsque j'étais petit... "

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