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lundi 27 février 2012

Oui, ça fait mal!

La vie vient toujours nous frapper une petit coup par ci ou un gros coup par là. Une lettre, un coup de fil, une dispute, une perte, un imprévu dit fâcheux, chacun ses exemples...
Il ne s'agit pas de prendre de trop haut ces choses là, mais bien de se laisser toucher, si c'est possible au moment où ça arrive, sinon d'y revenir. Pas de s'y embourber en les niant, non, d'observer ce que ça nous fait et de reconnaître que ça fait mal. Pas d'accepter bêtement et de vouloir passer à autre chose, plutôt d'accepter le fait qu'on n'arrive pas à accepter. Cela nous semble aller en arrière, mais ce chemin là est inévitable. Dire oui à ce qui fait mal. C'est cela offrir sa souffrance à Dieu dans le langage chrétien.
C'est découvrir l'humilité.
Pour grandir il faut que tous nos aspects "petits" apparaissent, et surtout qu'on les laisse vivre. Pas de ségrégation, comme on fait souvent, comme j'ai souvent fait. Pas de mise en avant spectaculaire qui cache sans doute quelques autres parties misérables. On ne peut pas aller bien loin comme ça.
On ne peut pas accueillir plus l'autre que ce que l'on est capable d'accueillir de petit en nous.
Dans diverses traditions, les mouvements du corps sont parlants : s'agenouiller, ou la génuflexion, se prosterner, se mettre à genoux face contre terre, se mettre à plat ventre les bras en croix, baiser les pieds de celui que l'on reconnaît, ou simplement baisser la tête et le regard... c'est appeler le simple en nous, l'humble. Etre le dernier comme disait un certain Jésus.
Ce n'est pas facile de descendre, alors que tout nous pousse à monter le plus haut, vers les lumières.
Le coeur grandit quand le corps s'abaisse, en particulier la tête (symboliquement).
Il n'y a pas de mal à avoir mal. C'est toute une déséducation. La reconnaissance la moins facile est celle de tous nos composants si difficiles à admettre au début, et le début peut durer longtemps...
Quand quelqu'un pleure, il se cache la plupart du temps les yeux, comme si non seulement il ne veut pas se monter aux autres dans cet état, mais aussi à lui même finalement, il y a une retenue. Un bébé, un petit enfant n'est pas ainsi, hormis le fait d'essuyer les larmes. C'est très facile de retenir ses larmes, c'est justement bloquer l'émotion, c'est s'empêcher de côtoyer une vérité à un moment de notre vie.
Dire oui, c'est permettre à la vie sous toutes ses formes de passer, de nous traverser. Apprendre à se laisser traverser. Il y a tant à découvrir...

3 commentaires:

croukougnouche a dit…

Merci ...

Anonyme a dit…

Bonjour Yannick,
Témoignage :
Peut-être peut-on observer que ,
encore aujourd'hui, malgré la "déséducation"(pour reprendre ton mot), les hommes ont plus de mal à accepter leur vulnérabilité ?
La soit-disant faiblesse qui ferait qu'un homme n'a pas le droit d'avoir mal , ni de pleurer est un véritable
empêchement aussi dans la relation homme/femme ( c'est ce que j'observe en thérapie)...

yannick a dit…

Oui Marie, ce sont les restes d'une carapace ancestrale. Il y a la thérapie et ses découvertes essentielles, et le chemin qui passe par l'humilité inévitablement. Je parlais plutôt du chemin. De toute façon les deux passent par cette reconnaissance de la souffrance.
Mais les femmes sont plus ouvertes bien sur, et sans doute en manque de "vrais" hommes. Et les hommes sont en manque total de discernement. La rencontre est rare, oui.