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jeudi 6 février 2014

Etre vrai


Etre vrai, c’est reconnaître tout ce qui nous traverse, pourrait-on dire. Encore faut-il reconnaître! C’est curieux, si on se penche un peu sur le sens de ce mot, de constater qu’il signifie une sorte de retour. On reconnaît ce que l’on a oublié, ou on reconnaît ses erreurs par exemple, c’est-à-dire le fait que l’on avait mal vu, mal apprécié, mal connu, mais cela peut aussi vouloir dire que l’on n’avait pas vu du tout ou ne pas avoir voulu voir.

Qu’est-ce qui nous fait ne pas vouloir voir, ne pas vouloir reconnaître ? La peur assurément !
La peur de souffrir, d’être détruit. On peut rester dans la peur tant que l’on se prend pour l’image de soi qui a peur. Une image qui colle pendant longtemps parfois. D’ailleurs qu’est-ce qui fait qu’un jour elle se décolle sinon le fait qu’on n’y croit plus. Elle tombe. Que reste-t-il alors, où est passé celui ou celle qui avait peur ? C’est une question à se poser vraiment.
En voilà un mot curieux : « vraiment » ! Vrai - ment, une association d’opposés.

On peut dire qu’être vrai c’est le simple fait de ne pas mentir, ou que mentir c’est ne pas dire vrai, ne pas dire la vérité.
La peur est donc la seule chose qui nous empêche d’être vrai.
Que désire-t-on finalement : être vrai ou rester dans la peur en se protégeant. Car on peut être vrai en « avouant » (reconnaissant) sa peur. Où est le problème ?
Le seul problème c’est l’image que l’on a de soi, ce pour qui on se prend, et l’image que l’on veut renvoyer à l’autre.
C’est une forme de tricherie en vérité. Mais une attitude de survie aussi. Dans un monde où l’image domine, l’apparent, quitte à le fausser en permanence; il faut être courageux pour ne pas tomber dans ce courant. Le fameux « look ».

Etre vraiment soi même n'est pas si simple, vis-à-vis de soi et vis-à-vis des autres, avec son conjoint, ses enfants, ses parents…
Etre simplement vrai est difficile. Reconnaître vraiment ce qui se passe en nous, à chaque moment, s’ajuster à son ressenti, ne pas mentir. Souvent le fait de dire « ne pas », semble plus juste. La vérité en soi est évidente, mais essayer de ne pas mentir montre le cheminement, l’effort, vers sa propre intégrité. Il y a tellement de couches parfois, qu’il peut être difficile de savoir vraiment ce qui se passe en nous et ce qui veut ou peut sortir. La vérité peut être ce flou.

Oser dire sa peur, ses doutes, ses hésitations, sa perte de repères, avec ce sentiment en arrière-plan : « Mais qu’est-ce que je vais devenir ? Dans quoi je m’embarque ? »
Accepter ses incapacités, ses faiblesses, ses émotions, les larmes…
L’acceptation se vit d’autant plus facilement que l’on prend une certaine distance avec ce qui arrive. La vérité c’est aussi qu’il y aura plus d’émotions qu’avant. Tout simplement parce que l’on sait bientôt qu’on n'en meurt pas, que ce n’est pas mal ou dévaluant, qu’on se protège moins, et que l’on voit d’autant mieux qu’elles passent en nous sentant allégés au final.

C’est incroyable comme on peut découvrir que cette fameuse vérité qui a pu nous paraître si dérangeante auparavant va devenir progressivement si libératrice.
Ne plus avoir une image de la pureté, de l’absolu, de la sagesse. Ne plus y associer de mots, de concepts, de notions, de phantasmes.
Ne plus qualifier, pour rester avec sa vérité du moment. Pas facile. L’habitude, les habitudes, sont tellement là. Il y a des habitudes qui nous sauvent, quand elles sont réflexes, mais beaucoup d’habitudes nous tuent aussi. Par manque d’ « êtretude » sans doute. Encore que associer l’être à la durée semble un contresens.

 

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