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jeudi 28 février 2013

Insécurité et intensité


Suite à un week end en Ardèche, au milieu de la neige, la route du retour me proposait deux solutions : la sécurité sur les grands axes ou l'insécurité sauvage sur les routes enneigées. J'avais déjà goûté l'aventure en arrivant de nuit lorsque les flocons apparaissaient sous les phares comme des fils de laine blancs, quand la route se rétrécissait à force de neige qui s'accumule vierge sur les bas côtés, quand les roues commençaient à patiner dans les côtes ou à chasser un peu dans certains virages.
Cela demande une extrême vigilance. Je roulais au ralenti, allongeant le temps de voyage, l'incertitude d'un horaire devenait évident. Mais de la même manière le temps disparaissait, il n'y avait plus que les quelques dizaines de mètres devant moi que je découvrais à chaque instant. Dans la durée c'était long, dans l'instant c'était magique, c'était unique, c'était parfait. J'imaginais que je pouvais partir sans contrôler, glisser un peu trop, et roulais en conséquence. J'avais les chaines dans le coffre au cas où. Mais quel plaisir en fait.


Au retour je choisis de joindre Privas au Puy en Velay par la route du Mont Gerbier des Joncs. La route monte à près de 1 400 m jusqu'à un plateau. Personne. Le vent, la neige, la nature si forte...
C'est là que je sentis que l'insécurité est porteuse de vie, d'intensité, parce que je risque quelque chose.
Je ne dis pas qu'il faut vivre en permanence ainsi, mais y goûter de temps en temps est extraordinaire comparé à la fadeur du quotidien sécurisé. Ce n'est pas que de la sensation, c'est une acuité, et en même temps une nourriture. C'est le contraire du sommeil programmé.
Dans ces moments il n'y a que la vie et rien d'autre, aucun ennui, aucune attente, aucun âge, rien d'autre que sa propre disparition dans la découverte de l'instant.
Peu importe que le voyage soit long puisque je vis sans regret de quoique ce soit d'autre. Tout s'est éteint par ailleurs. Aujourd'hui c'est Vacances à fond!


Petit ruisseau deviendra grand. Oui, même le plus grand fleuve de France prend sa source quelque part, comme tous les autres. Si on pense à la Loire, on ne pense pas forcément à un filet d'eau comme ça.
Alors ne peut-on se poser la question de qui est la Loire en vérité? Il n'y a que de l'eau, sans nom, sans attribut...

3 commentaires:

soisic a dit…

Nous ressentons cette intensité en regardant tes photos Yannick..quel calme...moments parfaits..merci pour le partage

Stéphane a dit…

c'est rock'n roll quand même !!!
...sur fond de silence et de beauté.

Stéphane a dit…

...au travail j'ai aussi parfois cette curieuse sensation de patiner dans les côte et de chasser dans les virages ! ;-)
en famille aussi d'ailleurs.