Il y a quelques jours je recevais un mail des Amis de Chemin d'étoiles dont Sylvain Tesson est le président indiquant que ce dernier avait été victime d'une chute d'une dizaine de mètres en escaladant une maison à Chamonix dans la nuit du 20 au 21 aout. Il est à l'hôpital dans un état grave avec plusieurs fractures et un traumatisme crânien. Il a été plongé dans un coma artificiel. Depuis son état s'améliore, mais on peut imaginer que la guérison sera longue.
Une grande chaîne de solidarité, de pensées, de prières, s'est formée autour de lui de la part de ses amis et de tous ceux qui ont pu apprécier ses voyages et ses écrits. Chacun peut s'y joindre selon le mode qui lui convient.
Sylvain Tesson est un aventurier voyageur. Il aime grimper sur les toits, les clochers, la tour Eiffel, bref ce genre de choses absolument pas conventionnelle, voire interdites, dangereuses, mais tellement jouissives quand on le sent comme indispensable à réaliser.
Il n'en était pas à sa première maison à escalader, c'était presque un rite à ce que j'ai pu lire. Il était déjà tombé, mais là, dix mètres ça fait mal. Je lui souhaite de retrouver autant que possible ses moyens, pour assouvir ses passions dévorantes de voyage.
Mais je me suis dit, ayant une vingtaine d'années de plus que lui, qu'il y a un moment où il faut commencer à s'assagir, parce que le corps prend de l'âge et que les limites physiques se font plus tangibles. Cela dit à la quarantaine il y a encore de la marge. Le danger est de se sentir trop sûr de soi, ou d'être encore avec cette part d'inconscience qui est la marque de la jeunesse : "Tant que personne ne m'arrêtera, je ferais tout ce qui me passe par la tête..."
Je ne sais pas ce qu'il a fait, les risques qu'il a pris, comment il se sentait, et donc je ne vais pas lui faire la morale, car quelque part je l'envie d'avoir son âge. Moi aussi j'escaladais la maison parentale et jouais à me faire peur par ci par là, sans doute à moindre mesure, mais ne comparons pas.
Ce samedi justement, je faisais mon numéro de rollers sur les quais. Je tombe rarement, vraiment, malgré mes figures et demi tours sur un pied, mais je suis souvent aux limites du raisonnable.
Je ne sais pas comment cela est arrivé, mais je me suis retrouvé par terre, sonné, incapable de me relever, accusant le coup. Le menton saigne, j'ai mal, le choc contre le sol a été fort. Des personnes viennent, me passent des mouchoirs en papier pour éviter que ça coule de trop. Une voiture de police qui surveillait s'avance, ils me proposent d'appeler une ambulance, je refuse, dis que ça va... Au bout de quelques minutes je me relève, un peu fragile, mais je vais pouvoir regagner la voiture. Regard dans le rétro, histoire de voir les dégâts! J'ai eu de la chance de ne pas m'être cassé quelque chose. Le corps, la tête, le bonhomme ont été choqués, c'est sûr.
Rien de tel pour comprendre qu'il y a un moment où il faut s'arrêter, qu'il faut descendre d'un cran, bref qu'on n'a plus 20 ans, ni 40 d'ailleurs!
Cher Sylvain, je te souhaite de tout mon cœur le meilleur rétablissement possible. Continue d'être fou à la mesure du raisonnable si un jour tu retrouves tout ton potentiel, quand à moi je vais essayer aussi...
3 commentaires:
C'est une vraie question ! ...
qui peut être déclinée à l'infini ... avec une multitude de réponses aussi variées qu'il y a d'individus et d'histoires ...
et au delà de toutes ces formes,
peut-être un point commun possible ?
la question de fond:
comment je me situe par rapport à l'évènement ? que m'indique la situation ? qu'est-ce que cela empêche et qu'est-ce que cela permet ? ...
Merci de ton témoignage , Yannick.
"Être fou à la mesure du raisonnable"...
J'y reviendrais car je suis en plein dedans... Merci à vous.
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