Le
chemin de la vie
par
Christiane Singer
De
notre conception à notre mort, la vie est conçue comme un chemin
d’initiation, un cycle d’expériences successives. La roue qui va
tourner son grand tour est à chaque point où son cercle ferré
touche le sol à son point de départ. Chaque instant est le début,
chaque nouveau jour, chaque nouveau livre, chaque nouvelle rencontre.
A chaque moment nous commençons du neuf. […] La vie ne commence de
faire mal, très mal, que lorsque nous ne nous laissons pas porter
par son courant […]. Retenir le flux de l’existence, c’est
oublier que la vie est l’art de la métamorphose. La femme que vous
avez devant vous a déjà enterré un enfant, l’enfant qu’elle a
été ; joyeux, il chantait et dansait ; puis une adolescente
embarrassée de ses jambes. J’ai enterré aussi une jeune femme,
une jeune mère. J’ai enterré une femme mûre. Je viens même
d’enterrer la femme féconde que j’étais ; c’est-à-dire que
je suis entrée dans ma seconde fécondité. Et j’enterrerai cette
femme mûrissante que je suis en devenant la femme vieille qui est en
moi ; puis la très vieille femme ; puis, la morte et celle qui fera
le passage vers l’autre rive.
Ainsi, chaque fois que j’ai quitté un espace, je suis entrée dans un autre. Ce n’est pas facile. C’est dur de quitter le pays de l’enfance ; c’est dur de quitter le pays de la jeunesse ; c’est dur de quitter l’épanouissement féminin, de quitter la fécondité. D’un pays à l’autre, d’un espace à l’autre, il y a le passage par la mort. Je quitte ce que je connaissais et je ne sais pas où je vais. Je ne sais pas où j’entre. Traiter ce passage comme s’il allait de soi ? Bien sûr que non : ce serait légèreté. Mais, puisque plusieurs fois déjà j’ai fait l’expérience qu’en quittant un " pays " j’entrais dans un autre d’une égale richesse sinon d’une plus grande richesse, pourquoi donc hésiterais-je devant la vieillesse ?
Ainsi, chaque fois que j’ai quitté un espace, je suis entrée dans un autre. Ce n’est pas facile. C’est dur de quitter le pays de l’enfance ; c’est dur de quitter le pays de la jeunesse ; c’est dur de quitter l’épanouissement féminin, de quitter la fécondité. D’un pays à l’autre, d’un espace à l’autre, il y a le passage par la mort. Je quitte ce que je connaissais et je ne sais pas où je vais. Je ne sais pas où j’entre. Traiter ce passage comme s’il allait de soi ? Bien sûr que non : ce serait légèreté. Mais, puisque plusieurs fois déjà j’ai fait l’expérience qu’en quittant un " pays " j’entrais dans un autre d’une égale richesse sinon d’une plus grande richesse, pourquoi donc hésiterais-je devant la vieillesse ?
5 commentaires:
Quelle justesse ! et pas seulement dans les mots , quand on sait de quelle magnifique manière elle est partie pour ce temps encore plus inconnu que les autres ...!!
Bonne semaine !
c'est très beau ,merci Yannick
Très bel article, merci !
J'ai trouvé ce texte en faisant du tri dans ma conserverie!
Qu'on serve. Ris!
Merci de servir en déposant dans ce blog des lucioles sur le chemin spirituel.
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