Le lendemain de Noël, les enfants jouent avec leurs jouets, heureux comme des enfants qui jouent. Les adolescents mettent leur musique favorite et ont déjà allumé leur portable pour rester en contact avec leurs copains, on ne sait jamais, on n'a peut rien à se dire, mais il vaut mieux se le dire quand même, ça tient chaud...
Les parents? Il y en a qui travaillent, et oui ça existe! Une reprise de travail après avoir bu, sans doute trop, mangé, certainement trop aussi, cela veut dire de la lenteur, c'est normal, c'est le lent demain...
Les autres sont en vacances, chez eux, chez la famille, à la montagne, au bord de la mer dans un pays ensoleillé...
Ils regardent leurs enfants jouer, jouent avec eux, se remémorent leurs souvenirs d'enfance avec les cadeaux que leur avaient offerts leurs propres parents. Nostalgie et lenteur, après tous ses préparatifs, tous ces achats, la pression retombe.
Dans un monastère, au milieu de la forêt, le moine médite imperturbablement. Il n'a pas changé une once à l'organisation de la journée le jour de Noël. Il sait que c'est un jour comme un autre. Extérieurement il y a une fête reconnue, intérieurement il ne s'occupe que du présent. Son cadeau? A vrai dire il n'attend plus rien. Il a dépassé l'exaltation des attentes. Il observe son esprit à longueur de journée. S'il se réveille la nuit, c'est dans cette conscience de l'esprit. Le matin, à midi, le soir, c'est cette veille permanente qui domine. Le monde peut s'agiter, consommer, dépenser, ou fêter, il reste avec lui même, répondant au nécessaire. Il a vécu cette naissance il y a bien longtemps, et depuis il reste avec elle. Il ne peut oublier ce qui est né vraiment, cette présence intime qui nourrit son quotidien. C'est son pain quotidien. Il habite cette maison du pain : Bethléem.
Dans la rue, un SDF à genoux fait l'aumone, comme chaque jour. Il a vu passer les gens les mains chargées de paquets. Il sait qu'aujourd'hui sera un jour difficile, pas beaucoup de monde dans les rues, peut être plus qu'hier. Hier, c'était un jour terrible, personne de personne, sauf le matin devant les boulangeries. Tout était fermé. Il a bien cherché à aller à la porte d'une église, mais il y avait déjà d'autres mendiants comme lui, certains qui ont leur place depuis si longtemps, qu'il est resté à l'écart. "Pourquoi ai-je une vie comme ça?" se dit-il. "Pourquoi moi?" C'est alors qu'une petite fille s'est approchée, timidement, et lui a donné une poche de chocolats. Elle le regardait sans comprendre. "Pourquoi y-a-t-il des gens dans la rue qui tendent la main?" se disait-elle. Leur regards se sont croisés. Le SDF l'a regardée comme si c'était le bon dieu en personne. La petite fille a baissé la tête. Puis elle est repartie. Lui l'a regardée s'éloigner. Il s'est dit que la bonté vient des enfants. Malgré sa faim, il s'est senti nourri, malgré le froid, il a eu chaud au cœur.
Hier, aujourd'hui, demain....
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