La dernière fois que j'ai atterri à New Delhi, c'était en 81. Trente trois ans après, que de changements! Un aéroport moderne, comme tous les aéroports internationaux, puis on passe directement dans une station de métro toute aussi moderne, c'est à dire grande, spatieuse, avec escalators, beaux matériaux, propre, sculptures, des rames du dernier cri. Ce n'est que sorti des souterrains que la campagne apparait, avec des immeubles, où l'on découvre alors que l'on est dans un autre pays. Une demie heure après on arrive dans la station de ce métro direct liant l'aéroport au centre de Delhi près de la vieille gare (old station). Toujours dans un espace moderne et grandiose, toujours très propre. Presque décevant ai-je envie de dire, tant cet aspect est aseptisé.
Enfin la sortie... Et là c'est la rencontre avec l'Inde millénaire, le monde partout, à touche - touche, les embouteillages, les klaxons, les couleurs, la saleté, les gens accroupis, cette cacophonie vivante, bigarrée, ö combien humaine. Traverser une voie demande une attention à laquelle nous ne sommes plus habitués, surtout avec la conduite à l'anglaise. C'est un exercice, un art, un risque à prendre qui nous ramène tout de suite à la réalité du présent : arriver de l'autre côté sans anicroche. Vous allez me dire que j'exagère, la suite à venir (dans un autre post)vous montrera que non. Ceux qui ont fréquenté l'Inde, ou l'Asie, le savent déjà.
Ici on est dans le chacun pour soi, il n'y a pas de règles. La seule étant de se faire annoncer en klaxonnant. On ne voit pas de clignotants fonctionner, mais vous avez intérêt à regarder partout et à faire attention aux klaxons incessants.
D'ailleurs on prend un rickshaw, ces petits triporteurs noirs et jaunes. En Inde, pour les transports, on peut mettre le double de personnes de ce qui est autorisé en occident. On est quatre avec sac à dos en plus, ça va le faire : trois derrière et moi devant à côté du chauffeur, un bras derrière lui, le reste de mon corps à la limite de dépasser vers l'extérieur. Nous voici partis pour une véritable aventure, un gymkhana où l'improvisation est permanente; on peut passer n'importe où du moment qu'il y a quelques centimètres de marge à gauche ou à droite, quitte à faire dégager le voisin en le serrant de plus en plus, évitant les piétons de justesse.
L'inde c'est cette proximité, ce frôlement, cet espèce d'espace à minima entre chacun, quand ce n'est pas le toucher réel avec la respiration de l'autre, son odeur. Cela témoigne d'un bulle d'ego tellement plus infime que celles des occidentaux. C'est une intimité sociale, un immense corps dans lequel l'individu se noie. Il n'y a pas de frontières, on ne cache rien, c'est emprunt d'une souplesse infinie, comme les nuages en perpétuelle transformation dont les formes changent et s'entrelacent avec le plus grand naturel, comme les branches des arbres s'écartent le l'obstacle jusqu'à trouver une place pour s'épanouir, même si elles y perdent un peu.
La vie n'est pas rigide, enfermante, cloisonnée, elle est mouvement permanent, y compris dans ce qui peut apparaître comme des nœuds inextricables, mais qui se dénouent comme par miracle.
J'adore cette ambiance, ce bouillonnement de vie incontrôlable mais qui fonctionne. Lorsque nous sommes arrivés à Main Bazar pour trouver un hôtel, autant dire que l'on avait déjà gouté avec joie à ce quart d'heure en rickshaw comme un enfant sortant d'une montagne russe à Disneyland. Une impression qui va rester à jamais et que je conseille à tout débutant dans un tel pays. Surtout devant!
L'Inde est sale et bruyante. Ce n'est pas un jugement, c'est une constatation. Mais l'Inde est autre chose de bien plus grand de par sa tradition spirituelle. La plus grande pureté, la subtilité, peuvent se côtoyer si on s'y ouvre.
Sculptures de mudras à l'aéroport de New Delhi
5 commentaires:
Bonjour Yannick
Sourire :)
Bon séjour Yannick
Tu as le bonjour de André Martin qui est passé par la maison après avoir assisté au concert que j'avais organisé avec sa fille.
Moi je fais venir l'inde à moi, c'est plus sur !
pranam !
Bonjour à tous les deux.
Oui Acouphène, tu choisis la sécurité. Oserais-je dire que je suis plutôt dans l'insécurité, acceptée bien sur?...
Je vous embrasse.
Ta description est si vivante que j'ai un peu l'impression de voyager à tes côtés.
Merci Dominique.
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