Le soir tombé, je retrouve mes compagnons et nous mangeons sur le toit de l'hôtel où il y a une terrasse. Il y a Yohan, un moine ermite, disciple de Chandra Swami depuis plus de quinze ans, et deux amies qui étaient avec moi à Assise, et qui habitant près de sa chapelle, le voient régulièrement. Je commence à sentir l'Inde, à sentir que j'ai réellement changé de pays, à me sentir chez moi quelque part. Ce pays à la fois bruyant et tranquille, agité en apparence et immobile en profondeur.
Sur les toits les antennes et autres paraboles, les fils électriques, les escaliers qui conduisent aux terrasses, le non fini permanent, le laissé pour compte, le bricolage qui suffit, les corbeaux, la grisaille d'un ciel voilé par la pollution, la pauvreté partout c'est un fait. Et pourtant quelque chose dans l'air, une ambiance si particulière, quelque chose de vivant, de non séparé. Tout est dans une interdépendance si étroite que j'ai l'impression d'être minuscule dans une fourmilière. Dans cette inclusion le sens de séparation devient infime. Tout l'espace est à tout le monde. je m'y sens bien.
Premier lassi (sorte de yaourt avec de l'eau et un ou des fruits mixés), premier repas indien, premières brûlures de gorge avec les épices, premiers chapatis...
Après une nuit inconfortable dans l'avion, où l'on s'endort par bribes jusqu'à ce que l'inconfort d'un siège nous réveille, nous allons passer une nuit que je n'ai jamais connue aussi bruyante. Les bruits de la rue ne cessent pratiquement pas : moteurs, klaxons, gens.... à croire qu'ils ne dorment pas. Je serais curieux de chronométrer les laps de temps sans aucun bruit, sans doute quelques minutes au plus sombre de la nuit. Avec Yohan, on estime notre temps de sommeil à deux heures maximum. On s'est écouté ne pas dormir...
Le train est à 7 H pour Dehradun. Réveil à 5 H 20, un tchaï bien chaud, une toilette de chat et nous nous rendons à la gare à pied au milieu d'une ville déjà réveillée. Nous sortons indemnes d'une traversée de voie et atteignons la gare. Les billets sont réservés.
Un petit déjeuner nous est servi dans le train, avec le thé. C'est le grand luxe, car je n'avais jamais vécu ça encore. Il y a ceux qui amènent les plateaux, ceux qui amènent le thé, ceux qui ramènent les plateaux, et au final un homme qui ramasse dans un sac ce qui reste : les bouteilles d'eau qu'on nous a distribué au départ, les gobelets, et autres détritus. Il a une grande poche dans laquelle il met les bouteilles parfois encore assez pleines. A un moment sa poche craque et le contenu s'étale par terre. Sans une seule parole, sans marque d'étonnement, dans le plus grand calme, il laisse tout sur le sol du compartiment et va chercher une autre poche j'imagine. En fait il va revenir, fera des nœuds sous la poche pour refaire le fond et ramassera le tout. Nous sommes bien en Inde, tout peut encore servir, et réparer est une chose normale, le tout dans le calme. Imaginez la scène en France, où des gros mots suivis d'un énervement certain auraient vite fusés.
Le voyage se terminera en taxi pour rejoindre l'ashram. Une heure et demie de route indienne. Le miracle est qu'il n'y ait pas plus d'accidents! Nous nous arrêtons pour acheter des pommes pour Swami ji.
3 commentaires:
Je souhaite à vous 4 un riche pélerinage !!!! Mes pensées vous accompagnent.
Je vous embrasse. Isabelle
Merci Isabelle, mais j'écris de chez moi, on est rentré ce week end.
Ahhhh, je comprends mieux ! j'étais décalée dans vos dates de voyage....
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