Parmi les grandes phrases de sagesse, il y en a deux ou trois basiques, très simples, comme :
"Rien ne dure, tout ne fait que passer!"
Il s'agit de s'y arrêter justement sur cette fameuse phrase... Dire des grandes phrases c'est facile, je m'en suis délecté au début, mais les vivre c'est autre chose. Pourtant, on ne peut remettre en question ce genre d'affirmation. C'est impossible, parce que c'est d'une évidence flagrante.
Mais dites à quelqu'un qui souffre que ça va passer, il risque de vous regarder d'un sale œil ou de vous envoyer balader. Et pourtant, même dans la souffrance, il y a des moments de répits. Par exemple : un enfant qui tombe, se fait mal, hurle, puis on le soigne, il pleure moins, et une heure après ira déjà beaucoup mieux. Oui c'est vrai, ce n'est pas très grave! Quelqu'un qui perd son travail, ou vit une séparation, ou perd un enfant, voilà des choses plus graves, sans parler de la découverte d'une maladie comme un cancer... Qu'en est-il?
Bien sûr que la plupart des gens sont atteints par ce genre de fait. La question est : combien de temps? Et dans le temps où il n'y a plus identification à ce fait, il y a une autre énergie qui s'installe et qui peut nous faire aller de l'avant. Même si la souffrance physique ou la pensée de se sentir perdu revient, il y a des moments où "on n'y pense pas". Car tout est là, dans ces pensées, ces projections, cet imaginaire, cet état de broyer du noir... Bien sûr que c'est difficile d'en sortir si on est complètement absorbé, mais cela n'empêche pas cette loi de fonctionner : rien ne dure. C'est plus ou moins long. Cela dépend en fait de notre état d'esprit.
Si on se voit perdu, on se perd. Si on accepte la situation parce que c'est la réalité, mais sans en rajouter, la durée sera moins longue, voire très courte. C'est aussi une loi. Plus on en rajoute, plus c'est lourd à porter, moins on en fait, plus ça part vite. C'est une histoire de colle en quelque sorte. Dés qu'on saisit les choses, elle collent. C'est simple ça aussi, mais combien de temps avant de s'en rendre vraiment compte.... On peut s'en rendre compte avec l'âge, c'est à dire avec l'expérience, on devient de plus en convaincu en observant sa propre vie que cela se passe bien comme ça.
Mais on peut aussi essayer sur le moment où ça arrive. Par exemple : on décide de jeuner. Sauter le petit déjeuner, c'est facile. Arrive le moment du repas, la faim qui se fait sentir. Si on mange, la faim va disparaître. Mais si on a décidé de jeuner, il y a un moment délicat à passer, d'environ une à deux heures, et la faim va passer aussi. Elle reviendra peut être le soir, mais passera aussi. Il y a donc bien une réalité même physique.
Prenons l'exemple d'une pensée disons difficile, quand je dis difficile cela veut dire évidemment que vous n'acceptez pas le moindre contenu de cette pensée. Je mets quiconque au défi d'observer vraiment cette pensée, ou ces pensées si elles sont du même ordre, sans s'apercevoir qu'au bout d'un moment, une autre pensée d'un tout autre ordre va surgir, peut être même agréable qui sait?
Tout passe. Observer cela, c'est se sortir de ce manège incessant, c'est fréquenter le tranquille.
D'aucuns diront : oui mais si c'est agréable, cela vaut quand même mieux! C'est pareil. Tout va bien, pas de soucis financiers, la santé va, la famille va, le boulot... OK, jusqu'à quand? Peut être qu'un voisin s'achète un chien demain et que les aboiement vont devenir quotidiens, ou que la voiture se fait abimer, ou qu'un enfant se blesse, ou que sais-je encore? Tout peut arriver, n'importe où, n'importe quand, et il n'a jamais été dit qu'il n'y aura que des bonnes nouvelles jusqu'à la fin de sa vie. En général, le confort, de n'importe quel ordre, endort. C'est agréable pour les sens, mais qu'en est-il au niveau de l'être, de la conscience? Rien la plupart du temps!
Après la pluie le beau temps, après le soleil les nuages... C'est ainsi. Après l'été, l'automne, puis l'hiver. L'état amoureux ne dure pas, la jeunesse non plus, le bon repas se finit, tout passe.
Les bons moments, comme les mauvais. Rien n'est linéaire.
Ca prend du temps de réaliser cela, sinon il n'y aurait jamais de problèmes très vite. Ca prend surtout du temps parce qu'on se laisse absorber par l'extérieur. Un jour on découvre vraiment que l'extérieur a de moins en moins de prise sur nous. Ca ne colle plus. On n'y croit plus en quelque sorte. On trouve le tranquille bien plus intéressant, juste le fait de contempler le mouvement...
2 commentaires:
Oui tout cela est vrai et je me suis demandé pourquoi parfois on s'accrochait à ses souffrances, n'y a t-il pas là une sensation d'exister...au-moins c'est souvent dans ces moments qu'on se rappelle qu'on est vivant et puis...si on ne soufre plus...vient l'ennui ou bien le face à face avec le vide et là...il faut avoir la foi non ? Qu'est-ce qui va remplacer tout ce plein d'émotions, de joies et de tristesse, tous ces films qu'on se fait et qu'on se repasse ? Si on largue les amarres, si on coupe les attaches où va-t-on ???
Yvette, il y aurait beaucoup à dire. Je fais court. Qui s'accroche aux souffrances? Il y a juste identification parce qu'il n'y a personne qui prend du recul, pas encore du moins.
Oui il y a un face à face avec le vide. Cela s'apprivoise en quelque sorte, mais c'est une expérience personnelle à découvrir. Tant qu'on ne la vit pas, on projette et on ne sait rien en fait. La foi n'est pas de l'ordre de l'avoir. Le vide fait peur c'est évident, c'est pour cela qu'on parle d'une mort. Il faut découvrir ou plutôt se laisser découvrir par l'abandon.
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