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vendredi 18 juillet 2008

Shantivanam

Avoir du temps devant soi...
Prendre le temps d'aller à la rencontre de soi même.
Ce n'est pas si évident. Pourtant c'est indispensable.
On peut passer la majeure partie de sa vie dans la précipitation, dans le faire, et passer à coté de l'essentiel.
S'arrêter de faire, mais rester vigilant, ce que Swami ji nomme "être activement passif" permet au subtil de prendre racine à notre insu.
Dans cette forme d'abandon, tout est un guide, c'est Dieu qui nous parle par la voix de l'inconnu qui se présente. On n'est plus dans un désir que quelque chose arrive, on n'a plus de projet, plus de projection sur le futur, plus d'appropriation de notre idée de devenir.
On écoute, c'est tout.
Si quelqu'un nous dit : va voir telle personne, cela peut être intéressant pour toi, on y va; ou : lis tel livre, on le lit.
C'est laisser l'intelligence de la Vie s'occuper de nous, prendre soin de nous en fait. Ce que l'on ne laisse jamais faire. Par peur bien sur.

Shantivanam était un lieu de rencontre. Des êtres de qualité passaient, des pélerins, des ermites, des instructeurs, des moines ou moniales, des êtres qui sortaient de l'ordinaire ai-je envie de dire, des êtres qui avaient entendu l'appel en eux et le suivaient, qui avaient quitté la sécurité habituelle.
Par un concours de circonstances, dont la Vie a le secret, j'allais sympathiser avec un garçon, Guillaume, devenu Shantiradjah, qui avait vécu 6 mois aux Camaldules, monastère et ermitage en Italie, qui connaissait soeur Brigitte et l'eremo près d'Assise (dont j'ai déjà parlé).
Juste en face de l'ashram guidé par Bede Griffiths (Saccinanandashram), il y avait un autre ashram dont était responsable une soeur indienne : Marie Louise.
Cet endroit était fait pour les gens qui restaient plus longtemps. Il y avait des huttes. Guillaume en avait une, Thérèse aussi.
Marie Louise était douce et bonne comme une mère. Elle m'accueillit en souriant et dit :
"- Depuis combien d'années êtes vous en Inde?
- Oh non, répondis-je, à peine deux mois!
- Et bien vous donnez l'impression d'être là depuis plusieurs années, extérieurement. C'est votre calme apparent."
J'étais décontenancé. Je ne sais plus ce que j'ai répondu, mais mon apparent calme intérieur en avait pris un coup...

3 commentaires:

Madeleine a dit…

J'aime bien : "l'intelligence de la vie s'occuper de nous".
Merci pour tes témoignages.

philippe a dit…

C'est ce qui nous attend,Yannick,à Encaltat.
Bon chemin.

martine a dit…

Oui Madeleine, c'est la phrase que je retiens aussi.
La première partie de ce récit fait vraiment écho dans mes profondeurs ; être proche de son âme, prendre le temps d'écouter la Vie, se laisser conduire par les rendez vous qu'elle nous propose, sans rechigner, sans rien choisir ou décider, reconnaître le divin en toutes rencontres, se laisser parfumer par ses épices sucrées mais pimentées quelques fois aussi...
Merci Yannick pour la suite de ce récit savoureux et chargé de signes aussi....
J'adore ces rendez vous de Vie, j'y suis aussi très sensible.
Plus on y goûte en conscience, plus le vent nous y pousse.
Vaya con Dios amigos !