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mercredi 26 septembre 2012

Autres rencontres

En parlant avec ceux qui dorment dans le dortoir, j'apprend qu'ils ont rencontré un homme qui avait dormi dehors dans son duvet à la belle étoile. Seul dépassait son visage. Il a été réveillé brutalement par un renard qui lui mordait le nez! Décidément, il y a quelques animaux qui n'apprécient pas les continentaux en Corse.
Quelqu'un ajoute : "Peut être que c'est un unijambiste qui vous a piqué la chaussure. J'espère qu'il ne s'est pas trompé de pied!" J'éclate de rire.


Je repars le matin. Sixième jour, le sac est un peu moins lourd, je le sens. J'arrive dans une clairière où se vautre un troupeau de cochons sauvages. Certains dorment, d'autres sont déjà au travail, groin dans la terre à renifler et déterrer tout ce qu'ils détectent, des petits font mine de se battre. Il doit y en avoir une bonne vingtaine. Je passe au milieu le plus discrètement possible. J'en ai vu plusieurs fois, mais je préfère leur laisser l'espace. Ils sont chez eux, avant que de terminer en saucisson vendu à prix d'or aux touristes (jusqu'à 28 euros le kilo dans un refuge). Pour des animaux que personne ne garde, cela fait relativement cher! J'en ai même vu manger des feuilles sur les branches. Des cochons végétariens, c'est le comble... En tout cas ils sont vraiment sales.


Le chemin traverse un torrent sur un pont en bois. Puis je me perds avec les indications et tourne en rond pendant une dizaine de minutes. Après la grande descente d'hier, il faut bien remonter. Je trouve l'espagnol dont j'apprend qu'il est basque. Faisant une halte sous des arbres centenaires, à la bifurcation de deux chemins, je vois 3-4 personnes arriver, dont une femme. Ils ont leur camel-bag dans le dos, ce sont ces petits sacs à dos faits pour contenir une réserve d'eau souple avec un tube qui permet de boire sans s'arrêter. Tenue sportive car ils courent. Après quoi? Fuyant quoi? Pour leur seul plaisir aussi. Il en faut pour tous les goûts...


A la mi journée j'arrive à un refuge qui est en fait une station de ski, où il font des travaux. La montagne est abîmée de partout, littéralement éventrée, retournée, blessée. Les pierres ressortent de leur emplacement naturel, cela ressemble à un chantier, à une mine à ciel ouvert par endroits. Cela me fait mal. C'est peut être agréable en hiver, mais c'est horrible en été. Le passage de la nature sauvage au monde des hommes est brutal.

Je m'attable pour manger. A côté quelques marcheurs discutent. Ils parlent de triathlon que pratique l'un d'eux : nage, course, vélo. Il faut un entrainement redoutable. Il doit se balader sur le GR. Puis ils parlent de sac, du poids. L'un d'eux porte entre 18 et 20 kg, en disant qu'il a fait attention à ce qu'il prenait. Cela me semble invraisemblable. J'apprends que lui aussi emporte au départ 4 litres d'eau. Je rentre dans la conversation. Parlant de tente, je sors la mienne qui pèse 650 g avec piquets et sardines. Je lui lance au dessus de la table. La tente seule pliée est de la taille d'un livre. Il est abasourdi. J'adore! J'en suis pas peu fier. Ils disent que je devrais la breveter...
Je repars car je pense pouvoir faire une étape et demi dans la journée et arriver à Vizzavona, où passe le train, fin de la partie sud du GR.

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