Un
type un peu bizarre, éméché apparemment, veut prendre les choses en main, pour
se faire du fric sans doute, et emmener la voiture chez un ami mécano
dans un petit village en arrière.
Je
n’ai pas confiance.
Je téléphone à l’assurance, pas de réponse, on est samedi.
L’assistance est injoignable depuis l’Italie. Que faire ? C’est alors
qu’Isabelle a l’idée de faire appeler le numéro depuis la France par quelqu’un.
Je n’y aurais jamais pensé tout seul. J’ai mon fils, qui heureusement est là,
et lui explique la situation. Il me rappelle cinq minutes après pour me dire
que l’assistance va me rappeler d’ici une heure, mais que le processus est en
marche.
Je
prends quelques affaires dans la voiture, avec l’ordinateur, par précaution, et
décide de rejoindre Florence avec les autres où il devrait être possible de
téléphoner à des amis.
Les
adieux se font sur un trottoir. Ils reprennent la route. Je me sens mieux. Je connais la ville puisque
j’y ai vécu, dans un village tout proche, durant une année, il y a 35 ans.
Une
nouvelle aventure commence, pas du tout prévue bien sûr. Première chose :
trouver un bar et recharger le portable, dont la batterie s’épuise à vue d’œil.
Je prends un thé et écris.
Ce
que j’ai vécu cette semaine avec le groupe, fut quelque chose d’incroyablement
évident, fluide, auquel je ne m’attendais pas, avec aussi ce vécu de chacun qui
rejoignait la totalité dans le partage, la tranquillité, la profondeur, la
qualité des lieux que tous pouvaient ressentir. Bien sûr j’avais préparé au
mieux ce voyage, mais mon intention était de me préparer intérieurement à ce
pèlerinage. Je sentais que le plus important était d’offrir l’authenticité de
ce que je vis, de ce que je ressens, et de me donner totalement au groupe. Cela
s’est fait tout seul, je n’ai jamais forcé. C’est venu progressivement. Une
évidence de chaque moment. Rester dans ce que je sentais capable de faire. « Les lieux feront le
reste » m’avait dit Alain ! Oui.
Les
lieux de Dieu. Les Dieux du lieu. L’un après l’autre.
Quand
je repense à cet incident, je vois combien je suis chanceux. L’embrayage était
en piteux état, comme me le montrera le mécanicien, il devait donc céder à un moment. Si je
n’avais pas été avec les « Perpignanaises », je me serais retrouvé
je ne sais où, en difficulté, et bien plus seul. En fait c’est grâce à Johan
qui a proposé ce rendez-vous en ce lieu. Je le bénis et le remercie.
Mais
derrière tout ça c’est la vie qui joue avec nous. Ce n’est qu’un contre temps
me dira Isabelle. Oui, mais je vais le vivre différemment en fait. C’est à ton
niveau me dit Sandra. Oui, sans doute, mais tout ce qui nous arrive est à notre
niveau, j’en suis persuadé. Le tout est de ne pas détourner la tête, de ne pas
devenir une victime, mais un disciple comme dit l’enseignement. Cela m’aura
pris quelque temps. Ne pas être dans l’émotion qui englue tout est une chose,
être dans l’abandon en est une autre.
On ne
fréquente pas les chemins de Saint François sans risque, histoire de faire le
point. Enfin je le sens un peu comme ça. Je sens de plus en plus que sur le
chemin, il n’y a pas de planque. J’y pensais vraiment ces jours ci. Dans le café, j’ouvre le
livre d’Yvan Amar « Les nourritures silencieuses », et
tombe sur ces mots tels quels : il n'y a pas de planque!
Quel
que soit ce que je vis, j’y suis attentif, depuis quelque temps plus qu’avant. C’est alors que la vie va continuer de jouer avec moi…
A suivre...
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