Pris par l’horizon à découvrir, ils se turent une bonne partie du chemin. Sylvie se laissait aller à la découverte du paysage que seule la marche à pied peut offrir. Le soleil avait réchauffé la terre, il faisait juste bon. Le silence troublé par quelques cris d’oiseaux, et le bruit des pas. En affinant sa perception, elle régla sa respiration sur ses pas. Le temps disparut. C’est ainsi que le croisement vers la maison de Corinne apparut, presque trop vite.
- Déjà !
- Vous voyez, tout s’est bien passé, ce n’était pas si loin.
- Oui, je me sens presque mieux maintenant, je sens de l’énergie dans le corps tout entier, sans aucune fatigue.
- Je vous souhaite un bon appétit, alors.
- Merci, on se revoit cet après-midi, n’est-ce pas ?
- Oui, je passe vers 17 heures.
Ils se quittèrent.
Michel
rentra chez lui et se prépara à manger. Cette rencontre le questionnait. Ce
n’était pas habituel. Il sentait une fraîcheur agréable, nouvelle, tentante,
qui s’emparait de lui. A la fois disponible et curieux de ce qui se passait.
Demain il devait aller passer Noël chez des amis à une centaine de kilomètres
d’ici, mais c’était comme si cette rencontre devenait plus intéressante, plus
aventureuse, plus réjouissante.
-
C’est l’attrait de la nouveauté, se dit-il, l’inconnu qui frappe à la porte, « l’inconnue »
à vrai dire dit une petite voix intérieure. Oui c’est vrai, l’inconnue, ce
féminin dont je manque certainement…Et si la vie était si bien faite qu’elle vient frapper notre part d’ombre, ou notre fragilité, au moment où on s’y attend le moins ! Comme si elle savait mieux que nous ce que l’on n’est parfois même pas capable de voir. Qui joue derrière tout ça, et qu’est-ce qui se joue en vérité ? N’est-ce pas une recherche d’équilibre dans notre vaste inconscient ? Peut-être que certains qui se posent la question plus fortement, l’attirent aussi plus visiblement ? Je n’en sais rien, je me sens dépassé. En tout cas c’est là en ce moment, à n’en pas douter. La vie joue à sa manière, et je dois dire que cela ne me déplait pas trop !
Il
prit le livre qu’il avait acheté à la librairie, « Le temps que l’on ne
voit pas », et l’ouvrit. Il lut : « Le hasard et l’ordre travaillent de concert. Ne serait-ce que la répartition hommes - femmes à la naissance. »
Ces
deux mots réunis, hasard et ordre, semblent une provocation. Et pourtant… Combien
de phénomènes arrivent que nul ne peut prédire, concevoir, décider, qui
semblent pourtant bien rééquilibrer une situation, ou lui donner une direction
qui a du sens. Le seul ordre serait de tenir compte du hasard, se dit-il en riant. Le hasard ne serait-il pas une façon féminine de proposer une forme d’ordre, une inclination ? Et tant pis pour ceux qui passent outre, les déséquilibrés de l’ordre à tout prix !
Il jubilait…
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