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samedi 31 janvier 2015

S'il n'y avait pas eu hier, sans doute qu'aujourd'hui eut été différent!

Il remonta son pantalon mais ne put atteindre le genou. Décidément il lui fallait encore de l’aide. Elles l’emmenèrent sur un lit, lui donnèrent une couverture.
- Voulez-vous que je vous passe la pommade ? proposa Sylvie.
- Je suis entre vos mains jusqu’au bout.
- C’est le soir de Noël, on va dire que c’est le dépouillement, après la lumière du feu dans la nuit. Vous fêtez ça à votre manière.
- Je ne visais pas si haut, enfin, je veux dire si bas !
- Oui, mieux vaut ne pas viser.
- Vous me dites si ça fait mal.
Ella avait les mains douces, elle savait manifestement y faire. Michel sentit son genou, puis sa jambe se détendre de plus en plus. Cela faisait à peine mal, mais surtout du bien en profondeur. L’os avait cogné dur, mais peut-être y avait-il quelque chose au niveau du ligament. On verrait demain…
- Comment ça va ?
- Mieux, vraiment mieux, je vous remercie.
- Voulez-vous que je regarde le dos ?
- J’ai l’impression que vous vous y connaissez un peu.
- Un peu, j’ai quelques notions de massage. Votre genou a été endolori, tout n’est pas détendu, mais je pense qu’il n’y a rien de grave. Il faut du repos absolu.
Il se tourna lentement. Elle mit un coussin sous la hanche pour ne pas faire peser le genou sur le lit, puis lui massa le bas du dos aussi délicatement que si c’était de la porcelaine, pour sentir où étaient les contractures. Michel se laissait faire une fois de plus. Ne pas penser…

 Ils se retrouvèrent un peu plus tard auprès d’un repas chaud.
- Vous avez de la famille à prévenir ?
- Non pas pour le moment, autant leur laisser une soirée tranquille. Demain j’appellerais mes amis pour décommander ma venue.
- Vous voyez, je me sentirais quand même plus en sécurité dans une ville que tout seul à la campagne.
- Oui, vous avez raison, et pourtant vous m’avez retrouvé.
- Parce que vous aviez fait du feu et qu’il faisait nuit. Heureusement que vous aviez des allumettes, sinon vous passiez la nuit dehors !
- Oui c’est une chance, c’est complètement vrai.
- Vous vous  rendez compte que si on ne s’était pas rencontré, personne n’aurait su quoique ce soit et vous auriez pu rester là longtemps ?
- On peut refaire toute l’histoire différemment, mais à quoi bon. Dorénavant je garderais mon portable avec moi, c’est la leçon que j’en tire. Mais je crois que la vie est une suite de circonstances sur lesquelles nous ne pouvons rien. Si l’on regarde comment les choses sont arrivées, il faut louer notre rencontre puisque c’est ce qui a déclenché la suite. S’il n’y avait pas eu hier, sans doute qu’aujourd’hui eut été différent.
- C’est vrai, et je me sens troublée par tous ces faits qui se sont enchaînés.
Sylvie regarda Michel, ils se sourirent, presque timides.
- Je vous remercie de vous être inquiétées et de m’avoir cherché. Je mène une vie retirée, que j’ai choisie à priori, et là, au soir de Noël qui plus est, deux inconnues me tirent d’un mauvais pas dans la nuit, me sauvent en quelque sorte. J’ai été un idiot.
- Bienheureux les idiots ! dit Corinne en souriant.
- Peut-être faut-il faire quelques bêtises pour se faire aider à y voir plus clair ? ajouta Sylvie.
- Vous n’aviez pas assez marché ce matin ?
- Le corps oui, mais mon esprit non !

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