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On s’est croisé trois fois hier de façon fortuite, je l’ai recroisé ce matin,
et voilà qu’au moment d’un rendez-vous la rencontre ne se fait pas. C’est à n’y
rien comprendre !
-
Si la vie a un peu forcé les choses, alors nous devons à notre tour y mettre du
notre.- Mais que faire ?
- Il habite ici plutôt en solitaire, il doit avoir l’habitude de partir marcher dans les environs. Je propose d’aller à sa recherche. Il ne peut être loin.
- Mais où aller ?
- Ecoute on va prendre la voiture, on va suivre la petite route qui continue vers sa maison, et ensuite on ouvrira grand nos yeux et nos oreilles.
Elles reprirent la route en sens inverse. Arrivées devant la maison de Michel, elles continuèrent doucement tout en scrutant de part et d’autre ce que la nuit arrivant laissait entrevoir.
Michel
peinait. Le sol était humide et froid. Par moment il était las, à bout de
forces, à d’autres ses forces étaient décuplées de par sa volonté d’y arriver.
Il avançait vers le bois qui n’était plus qu’à une cinquantaine de mètres. Au
loin, il pouvait voir quelques lumières, venant de hameaux par delà les
collines. Sa préoccupation était à propos de feu. Trouverait-il des branches
suffisamment sèches au sol pour l’allumer? Avec la nuit qui s’était installée,
ses yeux étaient devenus progressivement plus perçants. Il voyait les masses,
les ombres, sentait les odeurs, tout son être était aux aguets avec une acuité
rare. Soudain il entendit un bruit de voiture au loin. Il s’arrêta pour tenter
de deviner la direction. Cela venait de la petite route qu’il avait quitté pour
prendre le chemin qui venait vers le bois. Un bon kilomètre. Mais impossible de
se faire repérer. Et crier ne servirait sans doute pas à grand-chose. Il fallait
atteindre ce bois coûte que coûte. Cela lui prit encore dix minutes.
La
nuit n’était pas trop sombre, bien que la lune ne soit pas encore levée. Par contre
dès qu’il fut dans les sous-bois, l’obscurité monta d’un cran. En s’appuyant
sur un arbre il essaya de se lever. Ce fut laborieux mais il y arriva. Marcher
était cependant impossible sans soutien. Il regarda autour de lui s’il y avait
des branches à récupérer. Il en vit une. Il s’en approcha, de nouveau à terre.
La branche était sèche. Il commença à casser progressivement tous les rameaux.
Il trouva quelques feuilles au sol qui lui serviraient à démarrer le feu. Il
avait toujours deux ou trois petits bouts de papier dans son portefeuille qu’il
avait par bonheur conservé dans sa veste. Il fit un petit tas de feuilles, mit
quelques brindilles dessus et craqua une allumette près du papier qui s’enflamma.
Les
feuilles se mirent à fumer. Il ajouta un autre papier. Tout d’un coup une
feuille se mit à brûler, puis une seconde. Il resserra les brindilles sous les
flammes. Tout son cœur était avec le feu, il fallait qu’il prenne, c’était l’unique
chose importante au monde. Les feuilles prirent vraiment. Il rajouta d’autres
brindilles qui prirent également, puis des plus grosses. Il ne fallait surtout
pas l’étouffer. Au bout d’une minute cela brûlait vraiment. Il sentit une
douce chaleur revigorante envahir ses mains. Petit à petit le feu prit de l’ampleur,
il put ajouter les premières branches un peu plus grosses. Il fallait trouver d’autre
bois. Il s’éloigna de quelques mètres. Il trouva une autre branche qu’il tira
jusqu’au feu. Il pouvait dorénavant se réchauffer le corps. Il prit deux
minutes pour en profiter, avant que d’aller chercher de nouveau des branches.
Le feu faisait maintenant une vraie lueur dans la forêt, apportant comme par magie
une nouvelle dimension réconfortante à ce qu’il venait de vivre.De nouveau un bruit de voiture se fit entendre.
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