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mardi 30 décembre 2014

Laissons faire ce qui vient

Le vent avait fini par chasser les nuages. Les étoiles étincelaient. Pas de panne au niveau du ciel, se dit Michel en souriant intérieurement. Il retrouva sa maison avec quelques lampes allumées, comme s’il était attendu. C’est incroyable comme c’est rassurant finalement de rentrer chez soi, dans un univers que l’on connaît bien, que l’on a créé avec le temps. Il y a une relation entre l’aménagement intérieur, à sa propre convenance, les objets que l’on a acheté, chiné, puis posé avec un ordre, ou un désordre, qui nous convient. Les mêmes choses dans un ordre différent bouleverseraient à n’en pas douter notre climat intérieur. Pourtant ce ne sont que des objets, mais qui ont parfois un semblant d’âme tant ils deviennent imprégnées de notre propre vie. Ils vibrent à l’unisson d’une partie de nous-mêmes.
Il alla se coucher.

Le lendemain le ciel était dégagé. Cela appelait la promenade, mais il avait encore des choses à finir et à envoyer. Il ralluma le feu avec les cendres de la veille, prit un thé et se mit devant son bureau. De là il avait une vue sur le soleil levant et surtout l’horizon. Au loin des collines avec des bois. Des bois qu’il atteignait après deux heures de marche environ, sa seconde propriété comme il aimait dire. De fait il s’était même mis à construire une petite plate-forme dans un grand châtaigner, sans rien demander à quiconque. De là, il observait les oiseaux, les écureuils, la vie toute simple de la forêt.

Il devait finir une lettre qu’il calligraphiait pour un ami. Il aimait les enluminures anciennes, et inventait les siennes autour de la première lettre. Cela donnait un univers dans lequel on se perdait un moment, où l’imaginaire du lecteur rejoignait celui du créateur, comme une rencontre à distance totalement indépendante du temps. Ainsi sont les œuvres, éternelles…

Une fois son travail terminé, il s’habilla pour aller à la poste. Le village était à environ une heure à pied. Le temps s’était un peu refroidi, le soleil faisait ce qu’il pouvait pour réchauffer l’atmosphère, marcher redonnerait de l’énergie. Il ferma le portail, descendit le chemin et retrouva la route. Il arriva bientôt à l’endroit même où il avait trouvé Sylvie et sa voiture. La mémoire se mit en marche, reliant tous ces évènements en quelques secondes. Il se sentait plutôt à l’aise quand il parlait comme il l’avait fait hier soir, mais il sentait bien aussi que ces rencontres ravivait son besoin de relations. Il pouvait passer du silence obligé de sa situation personnelle au dialogue passionné sur ces sujets chers à ses yeux. Qui provoquait la demande de l’autre ? Qui commençait ? A quel moment passait-on du factuel au personnel ? Au diable ces questions, tout se passe comme cela doit se passer. Etre trop mesuré peut être un frein et un manque d’audace, laissons faire ce qui vient, sans en faire trop non plus. Mais qui décide de tout ça ? Ha, vivre avec soi-même, finir par s’accepter complètement, sans discuter, quelle aventure !
Il en était là de ses pensées quand il vit Sylvie apparaître sur le sentier à côté de la route.
Cette fois il sentit un petit pincement au cœur, comme une joie sourde et inattendue. Rester avec ça, ne rien interdire.
- Bonjour Michel, vous vous promenez aussi ?
- Hello Sylvie, oui je vais au village, vous voulez m’accompagner ?
Ils se saluèrent par un sourire enjoué.
- Il y a environ 4 kilomètres, ça vous dit ?
- Je ne sais pas si je vais tenir, sinon je ferais demi-tour.

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