Le
vent avait fini par chasser les nuages. Les étoiles étincelaient. Pas de panne
au niveau du ciel, se dit Michel en souriant intérieurement. Il retrouva sa
maison avec quelques lampes allumées, comme s’il était attendu. C’est
incroyable comme c’est rassurant finalement de rentrer chez soi, dans un
univers que l’on connaît bien, que l’on a créé avec le temps. Il y a une
relation entre l’aménagement intérieur, à sa propre convenance, les objets que
l’on a acheté, chiné, puis posé avec un ordre, ou un désordre, qui nous
convient. Les mêmes choses dans un ordre différent bouleverseraient à n’en pas
douter notre climat intérieur. Pourtant ce ne sont que des objets, mais qui ont
parfois un semblant d’âme tant ils deviennent imprégnées de notre propre vie.
Ils vibrent à l’unisson d’une partie de nous-mêmes.
Il
alla se coucher.
Le
lendemain le ciel était dégagé. Cela appelait la promenade, mais il avait
encore des choses à finir et à envoyer. Il ralluma le feu avec les cendres de
la veille, prit un thé et se mit devant son bureau. De là il avait une vue sur
le soleil levant et surtout l’horizon. Au loin des collines avec des bois. Des
bois qu’il atteignait après deux heures de marche environ, sa seconde propriété
comme il aimait dire. De fait il s’était même mis à construire une petite plate-forme
dans un grand châtaigner, sans rien demander à quiconque. De là, il observait
les oiseaux, les écureuils, la vie toute simple de la forêt.
Il
devait finir une lettre qu’il calligraphiait pour un ami. Il aimait les
enluminures anciennes, et inventait les siennes autour de la première lettre.
Cela donnait un univers dans lequel on se perdait un moment, où l’imaginaire du
lecteur rejoignait celui du créateur, comme une rencontre à distance totalement
indépendante du temps. Ainsi sont les œuvres, éternelles…
Une
fois son travail terminé, il s’habilla pour aller à la poste. Le village était
à environ une heure à pied. Le temps s’était un peu refroidi, le soleil faisait
ce qu’il pouvait pour réchauffer l’atmosphère, marcher redonnerait de l’énergie.
Il ferma le portail, descendit le chemin et retrouva la route. Il arriva
bientôt à l’endroit même où il avait trouvé Sylvie et sa voiture.
La mémoire se mit en marche, reliant tous ces évènements en quelques secondes.
Il se sentait plutôt à l’aise quand il parlait comme il l’avait fait hier soir,
mais il sentait bien aussi que ces rencontres ravivait son besoin de relations.
Il pouvait passer du silence obligé de sa situation personnelle au dialogue
passionné sur ces sujets chers à ses yeux. Qui provoquait la demande de l’autre ?
Qui commençait ? A quel moment passait-on du factuel au personnel ?
Au diable ces questions, tout se passe comme cela doit se passer. Etre trop
mesuré peut être un frein et un manque d’audace, laissons faire ce qui vient,
sans en faire trop non plus. Mais qui décide de tout ça ? Ha, vivre avec
soi-même, finir par s’accepter complètement, sans discuter, quelle aventure !
Il
en était là de ses pensées quand il vit Sylvie apparaître sur le sentier à côté
de la route.Cette fois il sentit un petit pincement au cœur, comme une joie sourde et inattendue. Rester avec ça, ne rien interdire.
- Bonjour Michel, vous vous promenez aussi ?
- Hello Sylvie, oui je vais au village, vous voulez m’accompagner ?
Ils se saluèrent par un sourire enjoué.
- Il y a environ 4 kilomètres, ça vous dit ?
- Je ne sais pas si je vais tenir, sinon je ferais demi-tour.
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