Perdre fait référence à une
complétude, inévitablement.
La famille est complète avec les
parents et tous les enfants. Si l’un d’entre eux disparait, il y a un manque à
la complétude initiale. La question se pose alors : la complétude est-elle
appelée à durer ? Non bien sûr ! Un certain temps, plus ou moins long,
selon ce que donne ou prend la vie. Il est des parents qui perdent un enfant
dans le tout jeune âge, il est des enfants qui perdent leurs parents coup sur
coup, il est des familles qui durent, d’autres qui se déchirent…
Il y a deux jours j’entendais
Mathieu Ricard répondre à une question d’une dame lui demandant comment il
avait renoncé à la vie que tout le monde mène. Il s’est expliqué sur le sens
que l’on mettait en général sur ce mot : renoncement. Il a dit qu’il avait
renoncé à la souffrance. Renoncer n’est pas se priver, mais se tourner vers
quelque chose de plus grand au dépens de choses moins essentielles qui n’apportent
rien au final.
Est-ce que perdre diminue l’être ?
C’est dans la même veine.
Se nourrir d’avoir sans faire
grandir l’être témoigne d’une pauvreté intérieure.
Il y a des pertes, apparentes, qui
font grandir. Rien ne nous est donné définitivement. Il n’y a rien de stable
sur quoi s’appuyer : une situation peut changer, un être peut mourir, un vol, un
accident, la santé peut flancher. C’est ainsi. Ne rien prendre pour acquis. Il
vaut mieux se préparer à la perte, ou l’envisager, que de chercher ou s’attendre
à accumuler toujours plus. Ce qui n’empêche pas les belles choses d’arriver,
comme un changement dans le travail, une nouvelle rencontre enrichissante, une
demande enfin entendue…Pour surmonter une perte, il semble indispensable de ne pas se sentir perdu. Et pour ne pas se perdre il faut se trouver soi même. La perte nous renvoie inévitablement à ce que nous sommes réellement. Si je me suis appuyé sur ce qui s’effondre, alors le passage risque d’être difficile.
La perte d’un maître nous renvoie par exemple à notre propre pratique. Avons-nous institué une pratique du grandir, ou substitué un remplacement d’un super parent ?
La perte est un miroir.
Vive la disparition de l’enfant
perdu…
5 commentaires:
Merci Yannick! Cela m'aide... Sabine (Perpi)
Ce que l'on reconnait en le lisant, c'est comme si cela venait de nous même. Hello Sabine.
il y a plus de vingt-cinq ans j'écrivais une Complainte de l'enfant perdu !! Tu me donnes envie de la relire et de faire le point ;-))
merci Yannick pour ces réflexions.
Tiens nous au courant, Mabes.
"Ce que l'on reconnait en le lisant, c'est comme si cela venait de nous même"...oui..merci de ce rappel..
J'ai beaucoup aimé, en particulier, " le maitre, super parent " et si notre maitre intérieur était ce super parent ?
Francine C.
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