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mardi 22 avril 2008

De la souffrance

Est-ce que la souffrance est une aide, un tremplin, pour cheminer vers plus de conscience?

Il y a bien sur une partie de nous qui ne voudrait que des évènements heureux, qui voudrait que la vie nous épargne.
Et pourtant quand on demande à quelqu'un : "Comment ça va?" la plupart du temps il nous répond : "Bien!" Et puis si l'on discute un peu, au bout d'un moment, on va découvrir que cela ne va pas si bien que ça. Les soucis de la vie, les moments difficiles... bref la souffrance!

Est-on plus emporté par la souffrance que par le bonheur (vous savez, quand tout va bien, ça roule, c'est même super)? Je crois que ces états de bonheur, pour agréables qu'ils soient, nous aveuglent plus que les moments difficiles qui nous amènent à nous questionner, et donc à prendre du recul.
Aujourd'hui, quand tout va dans le bon sens (c'est une manière de dire), je me dis que c'est ainsi maintenant, mais que cela ne va pas durer, bref je relativise de plus en plus, et je vois que même si cela apporte des aspects agréables, je ne me sens pas plus comblé fondamentalement.
Les difficultés nous obligent à plus d'efforts, et en même temps à un peu d'humilité. Elles font partie de la vie, et sont donc inévitables. Elles ont des degrés divers selon chacun.

Je dis cela, parce que je le constate et ai eu mon lot, mais aussi parce que je viens de découvrir un passage y faisant référence dans le dernier livre de Véronique Desjardins. Elle parle à un moment d'une amie (même si c'est fictif) qui a un cancer et va mourir :
"Ce n'est pas tellement ma maladie qui importe; ce qui compte, toujours plus, c'est l'évolution qu'elle a déclenchée en moi, ce développement intérieur qui m'a saisie. Je me sens emportée et contenue dans cette lente transformation vers une dimension incomparablement plus vaste et essentielle."
Cela me fait penser aux derniers moments de Christianne Singer, mais aussi et surtout à ce que disait Yvan Amar de sa maladie. Il disait que pour rien au monde il aurait voulu éviter la maladie si cela ne l'avait pas amener au même état de conscience qu'il avait grâce à elle. Cette acceptation totale, cet abandon, cette soumission à ce qui est.

D'où l'intérêt, l'évidence, de s'exercer en permanence, sinon sur les choses faciles; car quand le difficile surgira, sans un minimum de travail on risque d'être complètement submergé.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Christiane Singer est un bel exemple effectivement de confiance et d'abandon face à la souffrance et à la mort qu'elle sentait arriver ; pire encore que la souffrance à priori, mais non, pas pour elle ! Son dernier livre est une lumière, une étoile, un soleil ; il est habité, elle était habitée... Elle avait compris avec son coeur qu'en acceptant la réalité de la souffrance et de la mort, en acceptant de regarder en face l'inaceptable, en toute tendresse (faut le faire !!!), elle s'est abandonnée et est ressucitée à elle même !
Bel exemple, entre tant d'autres bien sûr.

Espérer une vie sans souffrance est un leurre, n'est pas réaliste du tout. Mais comment vivre avec la souffrance !
Sincèrement, au plus profond de moi, tout est grâce pour se connaître, se retrouver, tout est grâce pour apprécier la vie qui est sacrée, tout est grâce pour comprendre que l'épreuve nous apprend à marcher, plus sûrement, plus tranquillement, et je sens l'épreuve être positive si elle reste transfigurée par l'Amour.

Nous avons tous eu notre lot, nous en aurons d'autres bien sûr.
Pour ma part, je me prépare à des épreuves plus difficiles encore (la souffrance physique, la mort de ceux qu'on aime et la nôtre aussi), et nous avons cette chance de pouvoir nous y préparer sur ce chemin de foi, de vie !

Je dis souvent que la vie est belle, que la vie est riche pour toutes ces raisons. Ne lui en demandons pas trop.... soyons accueillants et contentons nous de ce qu'elle nous donne !
Toutes les épreuves ouvrent de nouvelles portes, ailleurs ; chaque épreuve est un germe de vie, mais cela ne se fait pas en claquant des doigts ou par magie. Cela se fait par le travail, la foi, la joie, la paix et l'Amour inconditionnel.
Dieu avec nous tous !
Merci encore Yannick de me servir de ton blog et de tes posts, toujours très touchants, pour parler avec mon coeur. Cela me fait bcp de bien.

Anonyme a dit…

Allez donc voir Zorba le Grec chez Fish Fish et dansez la souffrance.....

Anonyme a dit…

Ca me touche et me fait plaisir de lire ce billet, Yannick, et aussi ton commentaire, Martine.
J'ai également eu l'occasion de sentir combien la souffrance m'avait apporté, et la grâce qui m'avait été faite, en m'amenant à traverser certaines épreuves.
Je me vois quand même toujours me crisper quand les choses ne me sont pas favorables, d'une attente trop grande, trop longue à mon (1er) sens, et de peur, il me semble.
Pourtant, c'est en recevant la douleur, et à l'usure, dirais-je, que je finis par m'abandonner un peu plus, lâcher enfin !
Conclusion : j'en veux moins (de la soufrance) mais il m'en faudrait peut-être / faudra probablement, plus !

Anonyme a dit…

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philippe a dit…

Merci pour ces partages.
Néanmoins,je me souviens d'une phrase d'Etty Hillesum ,où elle essaye de différencier,l'acceptation,la résignation et la soumission.Car,ces 3 mots se prêtent à confusion.

Julie a dit…

Trés en lien avec l'ici et maintenant pour moi... je tombe sur ce post comme il était prévu surement... Merci Yannick, j'aime beaucoup l'espace qu'offre ce blog...

Anonyme a dit…

Ces trois mots Philippe ont un sens très clair, très différent, dans lequel il est vraiment bon de ne plus se perdre pour se rassurer....
Merci.

Anonyme a dit…

Plus de conscience, moins de conscience, ou peut-être s'émerveiller d'Etre le fondement de Ce qui Est, la Conscience "pure" qui se sait être, hors du temps, de l'espace, la souffrance peut nous y ramener, la beauté aussi, la joie aussi, la vision aussi, etc.
J-P étoilo-petto

Dominique a dit…

Quand j’ai lu ce post, tout en étant évidemment d’accord avec ce que tu dis de la souffrance, je sentais qu’il se levait quelque chose à propos des émotions positives mais je n’arrivais pas à l’exprimer. J’ai donc attendu que cela mûrisse. Je ne suis pas sûr que ce soit encore très clair mais allons-y tout de même.
Les émotions négatives nous font progresser car la souffrance attise notre désir de s’en libérer et nous pousse à les étudier. Les émotions positives ne provoquent pas de rejet et, même sans essayer de les retenir, on en reste au stade du plaisir sans chercher plus loin. Mais ne devrait-on pas essayer vivre les émotions positives de la même manière que la souffrance ? N’est-ce pas se priver d’une moitié de notre expérience ? Il n’y a pas non plus à les bouder, je pense qu’on devrait pouvoir en jouir pleinement tout en en tirant ce qui peut nous être utile pour une meilleure connaissance de soi.