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dimanche 2 novembre 2008

Autour du monde




Dans 8 jours ils vont partir autour du monde.
Qui? Comment vous ne savez pas? Les marins, les 30 skippers du Vendée Globe...
Une course qui a lieu tous les 4 ans, dont les bateaux partent des Sables d'Olonne, puis descendent l'Atlantique, passent le cap de Bonne Espérance, le cap Leeuwin (sous l'Australie), le cap Horn, et remontent vers la France, tout ça sans escale et en solitaire.

Des courses autour du monde il y en a plein, en solitaire, en équipage, avec et sans escales.
La première eut lieu il y a 40 ans en 1968.
C'est là que Bernard Moitessier se fit connaître. Avec son bateau en acier, Joshua (ce qui veut dire sauvé en hébreu), il partit mais ne revint pas... Alors qu'il naviguait en tête, au lieu de remonter l'Atlantique après le horn, il poursuivit vers Bonne espérance, puis Leeuwin et finit par arriver à Tahiti après 10 mois de mer environ et 70 000 km sans toucher terre : un tour du monde et demi.
Il continue "parce qu'il est heureux en mer et aussi peut être pour sauver son âme", comme il dit.

"Et quand je monte sur le pont à l'aube, il m'arrive de hurler ma joie de vivre en regardant le ciel blanchir sur les longues trainées d'écume de cette mer colossale de force et de beauté, qui parfois cherche à tuer. Je vis, de tout mon être. Ce qui s'appelle vivre. Et peut être faut-il aller plus loin encore en regardant la mer..."

A cette époque personne ne savait vraiment ce qu'il allait trouver. Certains ont abandonné sur casse, un a fait un faux voyage avec un faux carnet de bord et a fini par se suicider, un seul est revenu en Angleterre et a empoché le prix.
Moitessier a vécu une expérience quasiment mystique, de communion entre la mer, son bateau et lui même. Son livre "La longue route" écrit avec ses tripes raconte merveilleusement cette aventure, et en a fait rêver plus d'un, sinon convaincu un bon nombre que le bonheur était sur la mer...
Il naviguait avec un compas, une montre et un sextant, et des cartes bien sur. Il ne savait rien de la météo à l'avance, juste une carte avec des cases indiquant selon la saison la moyenne du vent en force et direction. L'aventure...

Aujourd'hui, c'est non seulement une course, mais une régate. La plupart sont des bateaux affutés, extrêmement rapides et puissants, construits pour cette course. Ce sont des professionnels qui ne pensenr qu'à une chose : aller le plus vite possible et gagner. Il y a de l'électronique partout, de la technologie, tout est en carbone, tout est pesé pour gagner du poids, une quille basculante, des ballasts... Ils peuvent faire près de 500 miles en 24 heures (plus de 900 km). Ils vont affronter le froid, les tempêtes, les vagues énormes qui font dévaler leurs pentes dans des surfs sauvages et bruyants... Ils dorment en moyenne 5 heures par 24 H par tranches d'une demie heure... Bref de la démesure. Comme tout à notre époque d'ailleurs, qui est arrivé à un summum de technologie. On est aux extrêmes de la performance. On ne peut pas faire plus. On met déjà des limites. Il faut éviter les icebergs qui dérivent.
Ils ont le téléphone par satellite, ils naviguent par ordinateur, GPS, reçoivent la météo par fax, l'ordi analyse tout ça et indique la route en fonction du potentiel du bateau. Certains ont des caméras permettant de filmer l'extérieur sans sortir!
Moitessier n'avait ni radio, ni nouvelles d'aucune sorte.
Cela reste une aventure, mais à un niveau de stress démentiel. Certains ont arrêté à cause de ça, parce que le stress l'emportait sur le plaisir.

Sur une trentaine, il est vraisemblable qu'une dizaine n'ira pas jusqu'au bout, peut être y aura t'il un mort (tombé à l'eau, c'est déjà arrivé). Et pourtant ils font rêver, parce qu'ils font quelque chose d'invraisemblable, ils prennent des risques, font monter l'adrénaline comme peu dans le monde pourrait le faire un jour.

Rien à voir avec le calme intérieur que cherchait Moitessier. Allant 4 fois moins vite, il était heureux. Il parlait aux oiseaux, aux dauphins, à son bateau. Il parlait à la mer, aux nuages et au ciel. Il était près de lui même. C'est tout simplement beau. Merci.

4 commentaires:

martine a dit…

Effectivement, Moitessier fait rêver encore, "la longue route", un livre dicté par l'encre des tripes oui....
Rien à voir avec tout ce que tu racontes là concernant notre folle époque et cette course...!
Le tour du monde, vu par la lorgnette d'une course ! bof !
Enfin, chacun sa quête, chacun son chemin...

Une phrase qui m'a marqué de Soeur Emmanuelle :
"la vie est un risque, qui ne prend pas de risque dans sa vie, ne la vit pas !"
Je retiens celle que tu cites de BM :
"Je vis, de tout mon être. Ce qui s'appelle vivre."
Un grand merci Yannick pour ce nouveau post.

philippe a dit…

Bernard Moitessier est enterré à 10 km de chez moi sur la commune du Bono près d'Auray.Tiens une idée photo pour le partage.
Devine ce qu'il y a écrit sur la pierre tombale?

Anonyme a dit…

Je l'ai peut être lu, mais je ne m'en souviens pas. Alors?

philippe a dit…

C'est écrit: SALUT ET FRATERNITE.