Le curé vit arriver Jean avec son miroir sur le front. Il sourit.
Il lui raconta l'histoire avec l'homme.
- Tu vois, Jean, souvent les gens n'aiment pas voir la réalité qui leur est proposée. Ils finissent par imaginer que le monde devrait être comme ils pensent. Autant de personnes, autant de pensées, autant de mondes... Que d'incompréhension au bout du compte!
- Le miroir ne pense pas.
- Oui c'est cela même.
- Comment faire alors?
- Est-ce que le regard pense? demanda le curé.
- Non bien sur.
- Le monde apparaît d'abord dans nos yeux, ou à travers nos sens, qui eux ne pensent pas, comme dans un miroir. Si le miroir est bien propre, il y a juste ce qui apparaît d'instant en instant.
- Et personne n'est concerné, puisqu'il n'y a pas de pensées.
- Exactement. Moins il y a de pensées, moins il y a de problèmes, parce que personne ne se charge d'en faire un problème. Il y a juste ce qui se passe, et on fait avec.
- Je peux enlever le miroir alors?
- Oui, mais à condition que ta conscience devienne comme le miroir.
- Je dois faire très attention alors?
- Oui, c'est comme porter une coupe remplie à ras bord sur la tête, sans en faire tomber une seule goutte.
- Je préfère garder le miroir sur le front.
- On appelle ça le troisième oeil... Cela signifie l'oeil qui ne pense pas, ou plutôt le regard qui n'est pas suivi de pensées.
- Moins il y a de choses à voir, moins on pense alors?
- Dans la théorie, oui. La simplicité évite de se perdre. C'est pour ça qu'il y a toujours eu des lieux retirés, pour ne pas être distrait en permanence.
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