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jeudi 6 janvier 2011

Jean et le miroir

Jean n'avait pas attendu longtemps pour venir le voir. Il était attiré par le regard de Luc. Il vivait seul. Mais son lieu était tellement vivant que l'on sentait la vie partout.
Jean en était étonné. Lui qui avait l'habitude de la forêt, des oiseaux, des petits animaux, il découvrit un univers qu'il n'aurait jamais imaginé. Luc avait construit une cabane en bois complètement ouverte sur la nature. Il y avait juste une petite pièce à l'ambiance plus intime qui était réservée au silence. Il lui avait dit que dans cette pièce il n'était pas autorisé de parler. Elle était construite avec des briques de terre crue, contrairement au reste de la maison, parce que la terre absorbe les ondes négatives et purifie l'ambiance. Plus on y fait silence, plus ce silence s'inscrit dans les murs et résonne. Luc riait en lui disant qu'il l'appelait sa petite "j't'appelle".

La nature semblait être partout, même à l'intérieur. Luc s'adonnait à la sculpture. Il travaillait le bois en respectant les formes des veines, si bien que l'on avait l'impression que les moindres objets avaient de la vie : les quelques meubles, les étagères, les poignées, comme du bois flotté usé par le vent et le sable.
Le jardin était à la fois un jardin et un espace sauvage. Des sentiers conduisaient, toujours par des voies détournées, à des parties aménagées, en côtoyant d'autres légèrement en friche mais non oubliées. Il y avait aussi un tout petit jardin japonais. Jean voulait tout voir et en même temps s'arrêter partout. Tout l'attirait. Des bancs très simples, ou juste une pierre, étaient placés à des endroits précis pour avoir une vue particulière, afin de s'arrêter et de contempler. Parfois ce qu'il y avait à voir était tout près, parfois le regard portait au loin.
Luc avait aussi fait des tas de pierres aux formes bizarres, comme des animaux. Il y avait aussi des panneaux en bois avec des phrases de sagesse, ou même une inscription sur un galet suspendu à une branche par une ficelle. Tout cela rendait le lieu vibrant. Il était impossible de se sentir seul.
Le soir, à la lueur de la bougie, Jean demanda s'il pouvait rester un peu.
- Bien sur, tu pourras même m'aider si tu veux, répondit Luc.
Et ses yeux brillèrent comme jamais.
Il est des êtres auprès desquels le silence s'installe de lui même, sans aucun effort. Il devient même difficile de le rompre. C'était le cas...

2 commentaires:

Dominique a dit…

J'aime beaucoup la petite "j't'appelle".

yannick a dit…

moi aussi.