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dimanche 16 janvier 2011

le miroir de Jean

Ils allèrent au jardin. Le dessin des allées, des plantations, donnaient une présence inhabituelle à l'ensemble des légumes, parmi lesquels se mêlaient des fleurs.
- La forme informe, dit Luc, tout est nourriture, pour le corps, pour l'oeil, pour l'oreille, pour l'esprit...
Aller dans le sens du vivant le renforce, et touche le vivant en nous. C'est juste du respect. La terre, les plantes me nourrissent. Elle sont là pour nous, apparemment dociles, le moins que je puisse faire c'est mettre ma sensibilité pour créer une certaine harmonie. En faisant attention, j'élève mon intention. Les plantes le sentent et poussent mieux. Elles grossissent ou grandissent un peu plus pour rester plus longtemps entre elles, et aussi avec moi, et donnent plus. C'est un échange subtil. Plus c'est subtil, plus c'est puissant en réalité. Et lorsque je mange ce que je récolte, je sens tout ça, ce qui me nourrit encore plus. Au final, je mange moins.
- Que puis-je faire?
- Prends ton temps d'abord. Regarde. Trouve le rythme qui te convient. Ensuite tu pourras éclaircir les carottes.
Il y avait le soleil, les arbres, les oiseaux, les plantes. C'était le bonheur pour Jean.
Le travail fini, ils ramenèrent des légumes au coin cuisine, puis partirent se promener.
- Je te propose un jeu, dit Luc, nous allons écouter le bruit de nos pas. D'abord on écoute les siens, puis on écoute ceux de l'autre. D'accord?
- Oui.
Le sentier était à la fois pierreux, avec des racines aussi, et des brindilles, sinon la terre qui était visible était plutôt sèche. En écoutant ses pas, Jean sentit qu'il faisait plus attention à l'endroit où il posait les pieds. Cela dura quelques minutes, puis Luc dit : Maintenant on change de personne.
Il esayait de dissocier les bruits de ses propres pieds de ceux auxquels il devait faire attention maintenant. L'exercice était très difficile. Au bout d'un moment, il sentit que le rythme de chacun était bien différent. Puis il découvrit que pris par l'exercice, il ne marchait pas vraiment détendu. Il finit par distinguer le bruit des pas de Luc, les siens propres, puis qu'il se détendait.
- Alors, dit Jean, qu'en dis-tu?
- Si j'étais trop dans l'écoute, je perdais l'allure naturelle et détendue. Cela m'a pris du temps d'y revenir.
- Oui, c'est un point, mais il y en a un autre...
- Je n'ai pas eu de pensées autres que cette attention à la marche et au bruit.
- Voilà qui est intéressant!
- Etonnant...

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