J'arrivais un matin à l'ermitage situé sur les flancs du Subiaso, cette montagne qui domine les alentours d'Assise, et qui fut parcourue par Saint François.
Après avoir un peu cherché, car il n'y avait pas de route pour y accéder, j'arrivais à un grand portail en bois. Il y avait une poignée qui activait une cloche située 100 m plus loin au bout du parc, près de l'entrée du bâtiment. Deux énormes chiens accoururent en aboyant. Ils me firent vraiment peur. Puis une soeur traversa le parc, les chiens se turent. Elle ouvrit le portail et m'accueillit avec un grand sourire. Les chiens étaient devenus aussi calmes qu'ils avaient pu montrer leur puissance quelque temps auparavant.
Cette petite communauté de soeurs (6 ou 7) ne dépendait d'aucune église en fait. Elle avait été créé par une soeur italienne qui avait remis ce petit ermitage en état. Elle reposait maintenant dans le petit cimetière où les quelques tombes étaient en terre entourées d'un berceau de branches, c'était d'une simplicité !
La responsable, Brigitte, était française, ce qui facilita la rencontre.
Cet ermitage était tout petit mais d'un calme, d'un charme, d'une paix!
Il n'y avait pas d'électricité, juste le téléphone. C'était donc très simple, sans doute austère, mais d'une beauté nourrissante.
Il y avait 4 ou 5 petites chambres, avec une salle d'eau, certaines donnant directement dans le bâtiment, d'autres accolées et accessibles par l'extérieur, disposées de telle manière que les résidents étaient indépendants pour ne pas se croiser à l'intérieur, afin de préserver le recueillement.
J'eus la chance d'avoir une chambre comme une petite tour avec une terrasse sur le toit d'où je pouvais contempler la vallée au loin.
Elles ne recevaient que de Pâques à la Toussaint pour retrouver le silence pendant l'hiver.
Elles ne recevaient que de Pâques à la Toussaint pour retrouver le silence pendant l'hiver.
Soeur Brigitte avait été en Inde auprès de divers sages et avait rencontré Arnaud alors qu'il tournait ses films.
Ce fut vraiment comme un choc de retrouver encore Arnaud sur mon chemin alors que j'avais demandé d'être guidé en partant de France. Ce fut, entre la rencontre avec frère Antoine et celle de Brigitte, comme si une confiance inébranlable s'était installée dans mon âme : quoiqu'il arrive je me sentais dans les mains d'un grand Mystère qui s'occupait de moi si je m'orientais vers Lui.
Je passais quelques jours dans cet ermitage.
Soeur Brigitte m'emmena dans une grotte située sous terre au centre de l'eremo, où étaient aménagés des creux dans la roche pour méditer dans le noir et le silence le plus complet. Il était dit que Saint François y avait résidé à son époque...Elle y était resté des heures et des heures. Retrouver la lumière du cloitre après avoir médité là était déjà quelque chose.
Il y avait une chapelle, elles lisaient surtout la bible, mais c'était un lieu ouvert à tous sans obédience particulière. Seule Soeur Brigitte avait cheminé par l'Inde et avait cette ouverture sur d'autres traditions.
Mais à voir ces visages si souriants, si humbles, malgré l'âge et le dépouillement du lieu me laissa un sentiment dans le coeur que je garde encore. Leurs voix, leurs chants, leurs discrétions, leurs attentions... Quelle leçon!
C'est elle qui me conseilla de rentrer en contact avec Arnaud, ce qui me semblait évident maintenant; tous ces signes convergeaient.
Je suis repassé plusieurs fois par l'eremo au fil des années, car un véritable lien s'était noué entre soeur Brigitte et moi. On s'écrivait régulièrement.
Elle est morte en novembre 2006 et j'en suis encore ému.
Je remercie la Vie pour cette rencontre.
2 commentaires:
Et dire que j'aimerais bien aller à Assise,...
Sr Brigitte est près de toi, tu le sais ; ton émotion est forte, alors, appelle là... !
Enregistrer un commentaire