Vous avez sans doute entendu parler de l'exposition sur Camille Claudel au musée Rodin.
Peut être savez-vous aussi qu'elle fut l'élève et la maîtresse de Rodin pendant une dizaine d'années, puis qu'elle se sépara de lui pour s'émanciper dans sa création (plus libre), mais que ce fut dans la douleur, et qu'elle devint peu à peu rejetée et finit internée pendant 30 ans.
Hormis son rapport passionnel et difficile avec Rodin, son absolu besoin d'amour et de liberté, il y a à la base (comme souvent) son rapport avec sa mère.
J'ai entendu hier (par hasard bien sur) un bout d'émission de radio où une actrice parlait de Camille Claudel (qu'elle joue en ce moment). Et elle disait que sa mère était une femme très dure, qui n'avait donné aucune tendresse à ses enfants (3 enfants dont Paul Claudel). Elle avait perdu le premier (un garçon) et donc fut déçue d'avoir ensuite une fille, qu'elle nomma Camille, du nom de son frère qui s'était suicidé - vous imaginez un peu- mais ne donna jamais l'amour qu'un enfant est en droit d'attendre. Puis elle mourût jeune.
Et cette actrice disait : "On peut se poser la question si dans son besoin d'amour, de tendresse, d'être touchée, ce n'est pas ce qui poussa Camille à être dans ce contact permanent avec la matière, la glaise, la main qui passe et repasse sur la matière..."
Je trouve ça extraordinaire!
Mais l'autre chose, c'est le talent , la liberté, l'élan, le coeur qu'elle va mettre dans son oeuvre.
Regardez cette sculpture : La valse. Ce toucher, cette délicatesse et en même temps cette ferveur, cette pression retenue de l'homme, cet abandon de la femme, ce délié du corps...
Jules Renard en a dit que l'on a l'impression que le couple va s'étendre à terre pour faire l'amour.
Et c'est bien ça. C'est beaucoup plus un tango qu'une valse.
Au départ la sculpture comportait moins de vêtements, mais la morale l'obligea à...
C'est la demande infinie de Camille, et en même temps tout ce qu'elle est capable de donner d'elle même.
Vous sentez ce qui passe?
11 commentaires:
C'est beau de voir que cette beauté est ce que je suis aussi...
J-P Gepetto
Entre" la valse" et "le baiser", mon coeur balance.
Ce qui passe , par Camille , par cette actrice , puis par toi , est terriblement beau...Merci de laisser passer celà...
Une de mes plus belles émotions artistiques...et révolte ; il faut aussi parler de l'effet destructeur et funeste du catholicisme corseté de Paul Claudel, oui, le grand écrivain, ahuri par la puissance, la liberté sans borne de sa sœur, qu'il n'a jamais aidée matériellement après sa séparation de Rodin...et qu'il a fini par faire interner à vie, car c'est bien une trentaine d'années qu'elle a passé à tricoter dans son H.P....
Le livre d'Anne Delbée est passionnant.
Créatrice, talenteuse, amoureuse de sa vie, de la vie, à en mourir de folie (ce n'est pas rien !), pure, passionnée, acharnée, divine, donnant tout à son art et à son grand Amour, nous laissant ainsi sa sensibilité dans ses oeuvres, fines, taillées dans la passion avant tout !
Au travers de tes mots Yannick, tu nous fais vivre ses sculptures, tu fais passer de l'émotion, une grande sensibilité aussi !!
C'est un tout qui fait frémir... de plaisir !
Merci.
Merci Mabes ; tu me donnes envie de découvrir ce livre !
Le fils de Bruno Nuyteen "Camille Claudel", interprétée par Isabelle Adjani, avec Gérard Depardieu et François Berléand, n'est pas mal non plus.
Oui Mabes, Paul a certainement manqué de courage, à l'image de l'église comme tu dis!
Daniel, le baiser est de Rodin, et revisitant l'un et l'autre, si je trouve que Rodin a beaucoup de force, Camille est à mon avis nettement plus vivante, plus libre, ce qui a certainement géné l'ego de son pygmalion.
Merci pour vos commentaires.
Je sens ce qui ce passe Yannick,car depuis peu de temps,je suis en contact avec l'argile,la sculpture devient pour moi une passion;j'ai éssayé dernierement de faire le visage de Camille,je dis bien éssayé de capter l'infinie tristesse de son regard....
Soisic
Tout à fait d'accord avec toi Yannick, je ressens une intensité vitale bien plus importante chez Camille que chez Rodin et ce dernier lui a emprunté beaucoup...
Il s'est tenu une exposition Camille Claudel au château de Lavardens, dans le Gers (beau pays), il y a quelques années. Quelle énergie ! Je suis tout à fait d'accord, il se dégage de ses œuvres une dimension que les hommes qui l'entouraient n'ont pas eu l'humilité (et la grandeur) d'accueillir ...
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