L'Europe était un vaste chantier. La religion catholique installait son pouvoir. Pélerinages, croisades se multipliaient, les ordres monastiques foisonnaient. La culture passait par le religieux. Le pouvoir temporel devait se faire reconnaître par le pouvoir religieux qui devenait pouvoir divin.
Si beaucoup de petites églises romanes étaient tout à fait rurales, d'autres très grandes devenaient l'édifice principal des villes naissantes. Cela demandait des sommes d'argent conséquentes, des masses d'ouvriers qu'on n'imagine plus aujourd'hui. Construites en quelques années ou en quelques dizaines d'années, elles faisaient partie de la vie des gens. Il y avait un élan porteur qui annonça des transformations, des découvertes, des échanges, la mise en place de nouvelles techniques.
L'art gothique n'est plus rural, il est citadin. Il n'est plus à l'échelle humaine mais à celle du pouvoir qui veut se faire reconnaître. Il est conquête.
Les bâtisseurs voyagent, comparent, essaient... Les commandes deviennent plus importantes, il y a une rivalité. On entre dans un essor économique dont l'église, la cathédrale, est l'emblême.
Pour construire plus grand, plus haut, il faut faire plus léger. Cela veut dire diminuer la masse des murs et augmenter les vides, donc faire entrer plus de lumière. "Dieu est lumière" dit l'abbé Suger. La découverte de la voute d'ogives et des arcs boutants est une véritable révolution qui va permettre de faire entrer cette lumière. On sait comment maîtriser les forces de poids et de poussée grâce à ces croisées d'ogives, à ces nervures que portent les piliers centraux. La technique du fer est utilisée pour ceinturer, celle du verre et du plomb permet des vitraux gigantesques et multicolores.
Ce n'est plus le dépouillement, c'est la démesure d'une nouvelle technologie, c'est l'orgeuil du pouvoir royal et des évêques.
De l'extérieur et à l'intérieur, la gothique n'a plus rien à voir avec le roman. Il ne signifie plus la même chose, il ne véhicule plus le même message, et l'ambiance est toute autre.
Il y a moins d'intériorité et plus de dispersion, donc moins d'unité, même si l'idée du centre est bien mise en évidence. On a perdu la simplicité. On cherche à émerveiller plutôt qu'éveiller à soi même.
L'intellect a pris le pas sur le sensible.
La grandeur, la hauteur, a tendance à créer l'éloignement et un sens de la séparation.
A chacun de sentir...
2 commentaires:
c'est bien beau mais à quand les vistes???
J'y pense fish-fish, il faudrait un week end de 3 jours. Mais pour l'instant cela ne m'est pas possible.
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