Une prière est un texte qui s'adresse à plus haut que soi, à Dieu si on l'appelle ainsi, mais à l'innommable en vérité.
Elle a été écrite par quelqu'un qui vit ce qu'il dit, il ne peut en être autrement.
Il s'agit d'un texte qui peut être dit mécaniquement, comme n'importe quel texte, mais il est fait pour être dit avec le cœur.
Dire avec le cœur ne s'apprend pas.
J'ai été élevé dans la tradition catholique où l'on récite des prières. Non seulement je les ai répétées enfant, adolescent, puis ai arrêté, mais en ai appris d'autres finalement. Au bord des routes, dans la solitude, avec d'autres, j'ai dit et redit des prières.
Je lisais bien qu'il fallait prier avec le cœur, mais comment faire? Comment être en totale union avec ces mots si purs? Comment être neuf à chaque fois? Une fois sur cent peut être! Dans ce cas ce n'est même plus moi qui priait mais plutôt la prière qui s'élevait en moi.
Parmi les techniques de méditation, il y en a une qui consiste à répéter un mantra (un mot sanskrit) donné par le maître, avec conscience autant que possible. Il y a aussi la japa, qui est la répétition incessante d'un nom de Dieu. Ramdas en est un parfait exemple (voir les carnets de pèlerinage).
Il est toujours bien dit de faire cet exercice avec le cœur, consciemment, autant que possible. Ceux qui l'ont tenté savent que ce n'est pas si facile. Il faut du temps, mais cela peut s'incruster en nous.
Ces techniques si simples en apparence, ne sont pas possibles pour tout le monde. Pourtant, la prière, la répétition d'une formule, du nom de Dieu, est un classique de toutes les religions.
Peut être avez-vous entendu parler de la prière de Jésus ou prière du cœur : "Seigneur Jésus Christ, fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur." C'est la traduction du Kyrie Eleison (Seigneur, aie pitié). Cette prière est très pratiquée dans la tradition orthodoxe, en particulier au mont Athos. Je vous conseille à ce propos la lecture des "Récits d'un pèlerin russe". C'est l'équivalent des carnets de pèlerinage de Ramdas. Ce pèlerin qui a lu dans Saint Paul "Priez sans cesse" va chercher dans les églises et monastères comment faire pour prier sans cesse. Un livre merveilleux!
Comment prier sans cesse?
C'est un sujet en soi, un sujet d'importance.
Pour ceux qui ne sont pas attirés par la prière, on pourrait dire aussi : Comment être présent sans cesse? Bien sur c'est impossible, au début c'est rigoureusement impossible, même une minute d'affilée. Il faut donc s'entrainer. Pour s'entrainer il faut être attiré, il faut une appétance, un appel.
Prenez un domaine où vous êtes bon par exemple. Vous êtes bon parce que vous le pratiquez, et vous le pratiquez parce que vous aimez, il y a une attirance naturelle au départ. Non sans effort, mais avec plaisir, avec joie. On ne peut rien faire contre son gré. Mais pour avancer, il faut s'entrainer.
La marche est énorme entre s'entrainer de temps en temps et régulièrement, sans parler du "sans cesse".
A suivre
Partager des moments de vie, des petits riens, des grands tout, oser l'authentique...
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vendredi 28 février 2014
Prière
Ô Seigneur,
Refuge du sans refuge,
Maître suprême de cet univers,
Que le monde entier soit heureux,
Que le malveillant devienne bienveillant,
Que chaque être vivant désire le bonheur de l'autre,
Que nos cœurs soient animés par l'amour mutuel et un esprit d'entraide,
Et, libre de tout égoïsme, que notre cœur se tourne spontanément vers Toi.
Ô Seigneur suprême,
Devant Toi qui es toute pureté,
Qui es l'incarnation d'une puissance infinie,
Qui es la source inépuisable de la Connaissance et de la Joie,
Qui es Amour et Lumière intarissables,
Du plus profond de mon amour
Je me prosterne respectueusement encore et encore.
Ô Seigneur des seigneurs,
Qui es à la fois immanent et transcendant,
Et Un sans second, je prends refuge en Toi.
Je t'en prie, prends-moi en Toi; attire-moi toujours plus près de Toi;
Accorde-moi l'entière protection de Ta main bienveillante.
Mon Dieu! Je suis à Toi, je suis à Toi, je suis à Toi.
Quoi que je sois, je suis à Toi;
Qui que je sois, je prends refuge en Toi.
Ô Seigneur de tous les êtres,
Par Ta grâce, que mon corps reste sain,
Que mon cœur devienne pur et limpide,
Que ma compréhension soit claire et pénétrante,
Que mon esprit soit stable et paisible.
Mon Dieu, par Ta grâce, que ma vie entière, purifiée et transformée,
Soit totalement consacrée à Ton souvenir,
A ton service et à Ta contemplation.
Ô Seigneur miséricordieux,
Donne-moi la force de Te chercher et de Te voir,
Donne-moi la force de me chercher et de me voir,
Donne-moi la force de voir la Vérité et de vivre la Vérité.
Ô Toi qui es parfait,
Transforme mes imperfections en perfection,
Mes infirmités en totalité
Et, m'absorbant en Toi Seigneur, rends moi parfait.
Je Te salue mille et mille fois.
OM shantih, shantih, shantih.
(OM Paix, Paix, Paix.)
Shri Chandra Swamiji Udasin
Cette prière est dite en hindi et en anglais avant la méditation.
jeudi 27 février 2014
Chandra swami
Juste avant le thé nous sommes présentés à Swami ji. Il prend Yohan dans ses bras en riant de bon cœur. Voilà, quinze ans après je retrouve Chandra swami, toujours aussi impressionnant, aussi beau, paisible, peut être plus souriant, d'une douceur infinie comme j'allais le sentir progressivement.
On dit qu'être sur une voie spirituelle est déjà une chance, rencontrer un sage une bénédiction, rester quelque temps auprès de lui est "énorme" comme allait le dire un ami français quelques jours plus tard. Vraiment c'est un mot qui est revenu dans la bouche de plusieurs, à savoir la chance d'être dans ce lieu auprès de lui.
Les repas se prennent dans un hall ouvert, couvert d'une terrasse. Tout est fait pour la chaleur qui est bien plus longue que le froid. Mais début février, il fait froid. Il faut une couverture, une polaire, bref se couvrir, car la température tombe vite. Certains ne quittent pas leur bonnet, y compris pour méditer, comme Swami ji.
Dans ce grand hall, où nous sommes assis sur des petits matelas disposés en longueur, nous avons vue sur les montagnes. C'est magique. En fond le bruit de la rivière qui court sur les rochers.
A la méditation du soir, dans la salle non chauffée, j'ai froid aux jambes. Je comprends pourquoi tout le monde médite avec des couvertures sur les jambes. c'est ce que je vais faire à partir du lendemain.
En sortant je vais passer un deuxième pantalon pour descendre ensuite au repas.
C'est la nuit, nous mangeons en présence de Swami ji, après avoir chanté. La montagne, le calme du lieu, la douceur qui s'installe, palpable... Je suis radieux, quelque chose monte, la fatigue ne compte pas, il y a ce lieu vibrant, auprès d'un maître... Je le partage avec ma voisine de voyage.
Awake
Un dernier petit village, puis le taxi s'engage sur une rue à droite. Sur la gauche les montagnes se découpent dans le ciel, juste à côté une rivière : la Yamuna, un des fleuves sacrés de l'Inde qui va rejoindre le Gange des centaines de kilomètres plus loin. Quelques centaines de mètres après, Sadhana Kendra Ashram. Je reconnais les bâtiments, par les photos que j'avais consultées sur le site.
On se gare devant une grande porte métallique peinte en jaune, entourée de rouge, les couleurs que l'on va retrouver partout dans ce lieu. Il est un peu plus de 14 H.
Une femme, nommée Karuna, est juste à l'entrée, et reconnaissant Yohan lui fait un accueil fraternel avec un beau sourire. Cette française vit ici huit mois par an, nous dira t-elle plus tard. Une fois à l'intérieur de la cour c'est un disciple indien, qui prend littéralement Yohan dans les bras en débordant de rires joyeux. Il lui prend longuement les mains. Je ne peux traduire en mots ce que je ressens en voyant cette scène qui va durer quelques dizaines de secondes. C'est innocent, pur, touchant, intense...
Puis, étant présentés, il va aussi nous prendre les mains, prenant son temps. Arrive ensuite une autre française, Ma Vidya Jhoti, engagée ici depuis de nombreuses années, qui nous accueille tout aussi chaleureusement.
On nous sert un repas dans la cuisine, puis prenons nos affaires pour aller dans nos chambres. Après deux nuits sans beaucoup de sommeil, nous aspirons au repos. On nous dispense de méditation qui est dans moins d'une heure. Je dis quand même à Yohan, que je me sens prêt à y aller, lui aussi, et qu'il vienne frapper à la porte. Je m'écroule littéralement sur le lit. Une demie heure après des coups frappés à ma porte me réveillent. C'est dur, mais je suis ici pour ça, je me lève et le suis.
Le hall de méditation est une très grande salle, aves des tapis et coussins devant et des sièges derrière.
Hormis les reproductions des maîtres de la lignée de Chandra swami, il y a une phrase écrite sur le mur :
Le mot sadhana signifie la pratique spirituelle. Cela sous tend une notion d'efforts sur le cheminement. Lorsque Chandra swami, s'était retiré, jeune, pour pratiquer assidument, il commençait sa journée à 2 H du matin! Il dit que la meilleure heure pour méditer est 3 H avant le lever du soleil. Cela est du même ordre que les horaires monastiques qui commencent de nuit avec les matines.
Ce lieu est une véritable confrontation à soi même.
On se gare devant une grande porte métallique peinte en jaune, entourée de rouge, les couleurs que l'on va retrouver partout dans ce lieu. Il est un peu plus de 14 H.
Une femme, nommée Karuna, est juste à l'entrée, et reconnaissant Yohan lui fait un accueil fraternel avec un beau sourire. Cette française vit ici huit mois par an, nous dira t-elle plus tard. Une fois à l'intérieur de la cour c'est un disciple indien, qui prend littéralement Yohan dans les bras en débordant de rires joyeux. Il lui prend longuement les mains. Je ne peux traduire en mots ce que je ressens en voyant cette scène qui va durer quelques dizaines de secondes. C'est innocent, pur, touchant, intense...
Puis, étant présentés, il va aussi nous prendre les mains, prenant son temps. Arrive ensuite une autre française, Ma Vidya Jhoti, engagée ici depuis de nombreuses années, qui nous accueille tout aussi chaleureusement.
On nous sert un repas dans la cuisine, puis prenons nos affaires pour aller dans nos chambres. Après deux nuits sans beaucoup de sommeil, nous aspirons au repos. On nous dispense de méditation qui est dans moins d'une heure. Je dis quand même à Yohan, que je me sens prêt à y aller, lui aussi, et qu'il vienne frapper à la porte. Je m'écroule littéralement sur le lit. Une demie heure après des coups frappés à ma porte me réveillent. C'est dur, mais je suis ici pour ça, je me lève et le suis.
Le hall de méditation est une très grande salle, aves des tapis et coussins devant et des sièges derrière.
Hormis les reproductions des maîtres de la lignée de Chandra swami, il y a une phrase écrite sur le mur :
Réveillez-vous! Le temps passe. Souvenez-vous du divin.
Réalisez la vérité avant que la vie ne se termine par la mort.
Cela a le mérite d'être clair. A bon entendeur, salut!
Les méditations durent une heure. Il y en a quatre par jour. La première est à quatre et demi du matin.
On le sait avant de venir. Cela me faisait peur. Est-ce que je tiendrais, comment vivrais-je le rythme, le réveil matinal?Le mot sadhana signifie la pratique spirituelle. Cela sous tend une notion d'efforts sur le cheminement. Lorsque Chandra swami, s'était retiré, jeune, pour pratiquer assidument, il commençait sa journée à 2 H du matin! Il dit que la meilleure heure pour méditer est 3 H avant le lever du soleil. Cela est du même ordre que les horaires monastiques qui commencent de nuit avec les matines.
Ce lieu est une véritable confrontation à soi même.
mercredi 26 février 2014
Impressions de voyage
Le soir tombé, je retrouve mes compagnons et nous mangeons sur le toit de l'hôtel où il y a une terrasse. Il y a Yohan, un moine ermite, disciple de Chandra Swami depuis plus de quinze ans, et deux amies qui étaient avec moi à Assise, et qui habitant près de sa chapelle, le voient régulièrement. Je commence à sentir l'Inde, à sentir que j'ai réellement changé de pays, à me sentir chez moi quelque part. Ce pays à la fois bruyant et tranquille, agité en apparence et immobile en profondeur.
Sur les toits les antennes et autres paraboles, les fils électriques, les escaliers qui conduisent aux terrasses, le non fini permanent, le laissé pour compte, le bricolage qui suffit, les corbeaux, la grisaille d'un ciel voilé par la pollution, la pauvreté partout c'est un fait. Et pourtant quelque chose dans l'air, une ambiance si particulière, quelque chose de vivant, de non séparé. Tout est dans une interdépendance si étroite que j'ai l'impression d'être minuscule dans une fourmilière. Dans cette inclusion le sens de séparation devient infime. Tout l'espace est à tout le monde. je m'y sens bien.
Premier lassi (sorte de yaourt avec de l'eau et un ou des fruits mixés), premier repas indien, premières brûlures de gorge avec les épices, premiers chapatis...
Après une nuit inconfortable dans l'avion, où l'on s'endort par bribes jusqu'à ce que l'inconfort d'un siège nous réveille, nous allons passer une nuit que je n'ai jamais connue aussi bruyante. Les bruits de la rue ne cessent pratiquement pas : moteurs, klaxons, gens.... à croire qu'ils ne dorment pas. Je serais curieux de chronométrer les laps de temps sans aucun bruit, sans doute quelques minutes au plus sombre de la nuit. Avec Yohan, on estime notre temps de sommeil à deux heures maximum. On s'est écouté ne pas dormir...
Le train est à 7 H pour Dehradun. Réveil à 5 H 20, un tchaï bien chaud, une toilette de chat et nous nous rendons à la gare à pied au milieu d'une ville déjà réveillée. Nous sortons indemnes d'une traversée de voie et atteignons la gare. Les billets sont réservés.
Un petit déjeuner nous est servi dans le train, avec le thé. C'est le grand luxe, car je n'avais jamais vécu ça encore. Il y a ceux qui amènent les plateaux, ceux qui amènent le thé, ceux qui ramènent les plateaux, et au final un homme qui ramasse dans un sac ce qui reste : les bouteilles d'eau qu'on nous a distribué au départ, les gobelets, et autres détritus. Il a une grande poche dans laquelle il met les bouteilles parfois encore assez pleines. A un moment sa poche craque et le contenu s'étale par terre. Sans une seule parole, sans marque d'étonnement, dans le plus grand calme, il laisse tout sur le sol du compartiment et va chercher une autre poche j'imagine. En fait il va revenir, fera des nœuds sous la poche pour refaire le fond et ramassera le tout. Nous sommes bien en Inde, tout peut encore servir, et réparer est une chose normale, le tout dans le calme. Imaginez la scène en France, où des gros mots suivis d'un énervement certain auraient vite fusés.
Le voyage se terminera en taxi pour rejoindre l'ashram. Une heure et demie de route indienne. Le miracle est qu'il n'y ait pas plus d'accidents! Nous nous arrêtons pour acheter des pommes pour Swami ji.
Sur les toits les antennes et autres paraboles, les fils électriques, les escaliers qui conduisent aux terrasses, le non fini permanent, le laissé pour compte, le bricolage qui suffit, les corbeaux, la grisaille d'un ciel voilé par la pollution, la pauvreté partout c'est un fait. Et pourtant quelque chose dans l'air, une ambiance si particulière, quelque chose de vivant, de non séparé. Tout est dans une interdépendance si étroite que j'ai l'impression d'être minuscule dans une fourmilière. Dans cette inclusion le sens de séparation devient infime. Tout l'espace est à tout le monde. je m'y sens bien.
Premier lassi (sorte de yaourt avec de l'eau et un ou des fruits mixés), premier repas indien, premières brûlures de gorge avec les épices, premiers chapatis...
Après une nuit inconfortable dans l'avion, où l'on s'endort par bribes jusqu'à ce que l'inconfort d'un siège nous réveille, nous allons passer une nuit que je n'ai jamais connue aussi bruyante. Les bruits de la rue ne cessent pratiquement pas : moteurs, klaxons, gens.... à croire qu'ils ne dorment pas. Je serais curieux de chronométrer les laps de temps sans aucun bruit, sans doute quelques minutes au plus sombre de la nuit. Avec Yohan, on estime notre temps de sommeil à deux heures maximum. On s'est écouté ne pas dormir...
Le train est à 7 H pour Dehradun. Réveil à 5 H 20, un tchaï bien chaud, une toilette de chat et nous nous rendons à la gare à pied au milieu d'une ville déjà réveillée. Nous sortons indemnes d'une traversée de voie et atteignons la gare. Les billets sont réservés.
Un petit déjeuner nous est servi dans le train, avec le thé. C'est le grand luxe, car je n'avais jamais vécu ça encore. Il y a ceux qui amènent les plateaux, ceux qui amènent le thé, ceux qui ramènent les plateaux, et au final un homme qui ramasse dans un sac ce qui reste : les bouteilles d'eau qu'on nous a distribué au départ, les gobelets, et autres détritus. Il a une grande poche dans laquelle il met les bouteilles parfois encore assez pleines. A un moment sa poche craque et le contenu s'étale par terre. Sans une seule parole, sans marque d'étonnement, dans le plus grand calme, il laisse tout sur le sol du compartiment et va chercher une autre poche j'imagine. En fait il va revenir, fera des nœuds sous la poche pour refaire le fond et ramassera le tout. Nous sommes bien en Inde, tout peut encore servir, et réparer est une chose normale, le tout dans le calme. Imaginez la scène en France, où des gros mots suivis d'un énervement certain auraient vite fusés.
Le voyage se terminera en taxi pour rejoindre l'ashram. Une heure et demie de route indienne. Le miracle est qu'il n'y ait pas plus d'accidents! Nous nous arrêtons pour acheter des pommes pour Swami ji.
mardi 25 février 2014
Baha'i House of worship
Je n'avais pas encore vu en vrai ce temple en forme de lotus, et voulais y aller. Je laissais mes compagnons et pris le métro, car il est assez éloigné du centre de Delhi.
Le métro en Inde est aussi une nouvelle chose. Il y a deux changements. Lors d'un arrêt à une grande station, il y a des sortes d'agents à chaque porte des rames du métro qui obligent les gens à se mettre à la queue leu-leu en attendant que les voitures arrivent. Il faut un minimum d'ordre pour gérer cette foule, et cela se passe plutôt bien. On est les uns derrière les autres, très serrés bien sur. Les premiers se précipitent sur les sièges quand il y en a. Une demie heure plus tard je descend à la station conduisant au temple.
Il y a beaucoup de monde à venir le voir. Comme c'est dimanche, je suppose que c'est un but de promenade. Là aussi il faut faire la queue pour rentrer. Une autre demie heure d'attente. Tout le long des marchands de nourriture, d'objets divers en plastique, ou de colliers et bracelets faits main sous nos yeux par des femmes de tous âges, assises par terre.
Ce temple Baha'i a été construit par un courant religieux initié par un prophète : le Bab (1819 - 1850) et ses deux messagers : Baha'u'llah (1817 - 1892) et Abdu'l - Baha (1844 - 1921). Il est le dernier d'un ensemble de 7 édifices religieux à travers le monde dédiés à ce mouvement.
Il invite les peuples de toutes religions et races à adorer le créateur et à exprimer l'amour entre Dieu et les hommes.
Sa forme de lotus est un symbole de pureté en Inde. Le lotus prend ses racines dans la boue de l'eau et s'ouvre à la lumière. Il y a 9 côtés et 9 plans d'eau tout autour. Neuf est le nombre de l'aboutissement symbolisant la compréhension et l'unité. Il y a 27 pétales faites en béton, blanc, recouverts à l'extérieur par des panneaux de marbre blanc venant de Grèce. Le diamètre fait 70 mètres et il culmine à un peu plus de 34 mètres. L'espace intérieur est rempli de bancs aux piètements en bois et à l'assise en marbre, chose tout à fait exceptionnelle. Je peux dire que cela fait froid aux fesses au bout d'un moment. Il peut contenir 1 300 personnes.
Nous entrons après quelques explications en anglais et en Hindi par plusieurs portes. Tout est organisé pour que cela reste ordonné, et pas un hall de gare où la foule irait en tous sens. Auparavant on laisse ses chaussures dans un vestiaire à l'extérieur, ce qui est une forme de respect, de dépouillement, de silence. Les gardiens un peu partout canalisant les groupes sur un itinéraire à respecter. Il reçoit environ 3,5 millions de visiteurs par an.
Je m'assied et regarde la structure. Comme c'est une forme à partir d'un cercle et symétrique, il n'y a pas de fond, de dos, d'appui. C'est un peu déstabilisant. Je vous conseille d'aller voir le site où vous pourrez vous rendre compte de l'intérieur.
http://www.bahaihouseofworship.in/virtual-tour (petit film pour voir l'extérieur et l'intérieur).
http://www.p4panorama.com/panos/lotustemple/index.html (il y a une visite virtuelle que l'on peut gérer à sa guise).
Des prières de différentes religions sont dites à certaines heures. C'est un espace œcuménique pourrait-on dire. La forme est plus intéressante vue de l'extérieur que ce que j'ai pu ressentir à l'intérieur. Je pense que le nombre de personnes qui y passent trouble le silence, mais aussi les grandes ouvertures en forme d'arche ne retiennent pas l'énergie, avec en plus une ouverture en forme de lotus en son centre. Il y a une sorte de dispersion de l'énergie au lieu d'une retenue ou d'une focalisation. A voir quand même...
lundi 24 février 2014
Arrivée en Inde
La dernière fois que j'ai atterri à New Delhi, c'était en 81. Trente trois ans après, que de changements! Un aéroport moderne, comme tous les aéroports internationaux, puis on passe directement dans une station de métro toute aussi moderne, c'est à dire grande, spatieuse, avec escalators, beaux matériaux, propre, sculptures, des rames du dernier cri. Ce n'est que sorti des souterrains que la campagne apparait, avec des immeubles, où l'on découvre alors que l'on est dans un autre pays. Une demie heure après on arrive dans la station de ce métro direct liant l'aéroport au centre de Delhi près de la vieille gare (old station). Toujours dans un espace moderne et grandiose, toujours très propre. Presque décevant ai-je envie de dire, tant cet aspect est aseptisé.
Enfin la sortie... Et là c'est la rencontre avec l'Inde millénaire, le monde partout, à touche - touche, les embouteillages, les klaxons, les couleurs, la saleté, les gens accroupis, cette cacophonie vivante, bigarrée, ö combien humaine. Traverser une voie demande une attention à laquelle nous ne sommes plus habitués, surtout avec la conduite à l'anglaise. C'est un exercice, un art, un risque à prendre qui nous ramène tout de suite à la réalité du présent : arriver de l'autre côté sans anicroche. Vous allez me dire que j'exagère, la suite à venir (dans un autre post)vous montrera que non. Ceux qui ont fréquenté l'Inde, ou l'Asie, le savent déjà.
Ici on est dans le chacun pour soi, il n'y a pas de règles. La seule étant de se faire annoncer en klaxonnant. On ne voit pas de clignotants fonctionner, mais vous avez intérêt à regarder partout et à faire attention aux klaxons incessants.
D'ailleurs on prend un rickshaw, ces petits triporteurs noirs et jaunes. En Inde, pour les transports, on peut mettre le double de personnes de ce qui est autorisé en occident. On est quatre avec sac à dos en plus, ça va le faire : trois derrière et moi devant à côté du chauffeur, un bras derrière lui, le reste de mon corps à la limite de dépasser vers l'extérieur. Nous voici partis pour une véritable aventure, un gymkhana où l'improvisation est permanente; on peut passer n'importe où du moment qu'il y a quelques centimètres de marge à gauche ou à droite, quitte à faire dégager le voisin en le serrant de plus en plus, évitant les piétons de justesse.
L'inde c'est cette proximité, ce frôlement, cet espèce d'espace à minima entre chacun, quand ce n'est pas le toucher réel avec la respiration de l'autre, son odeur. Cela témoigne d'un bulle d'ego tellement plus infime que celles des occidentaux. C'est une intimité sociale, un immense corps dans lequel l'individu se noie. Il n'y a pas de frontières, on ne cache rien, c'est emprunt d'une souplesse infinie, comme les nuages en perpétuelle transformation dont les formes changent et s'entrelacent avec le plus grand naturel, comme les branches des arbres s'écartent le l'obstacle jusqu'à trouver une place pour s'épanouir, même si elles y perdent un peu.
La vie n'est pas rigide, enfermante, cloisonnée, elle est mouvement permanent, y compris dans ce qui peut apparaître comme des nœuds inextricables, mais qui se dénouent comme par miracle.
J'adore cette ambiance, ce bouillonnement de vie incontrôlable mais qui fonctionne. Lorsque nous sommes arrivés à Main Bazar pour trouver un hôtel, autant dire que l'on avait déjà gouté avec joie à ce quart d'heure en rickshaw comme un enfant sortant d'une montagne russe à Disneyland. Une impression qui va rester à jamais et que je conseille à tout débutant dans un tel pays. Surtout devant!
L'Inde est sale et bruyante. Ce n'est pas un jugement, c'est une constatation. Mais l'Inde est autre chose de bien plus grand de par sa tradition spirituelle. La plus grande pureté, la subtilité, peuvent se côtoyer si on s'y ouvre.
Sculptures de mudras à l'aéroport de New Delhi
dimanche 23 février 2014
vendredi 7 février 2014
Partir
C'est rare que je prépare mon sac la veille de partir, sauf si je pars très tôt, ce qui n'est pas le cas.
J'ai commencé par faire une liste de ce que je comptais emmener afin de ne rien oublier. D'un côté les habits, de l'autre les choses pratiques, billets, appareils, divers...
Faire un sac c'est choisir, évaluer, programmer en quelque sorte, l'indispensable, l'utile, mais pas plus. Mettre trop de choses est facile, mais encombrant. Mettre au plus juste est un calcul entre ce que j'aime, ce qu'il me faut et pas trop de poids. Je change de climat, donc il faut penser au temps du départ comme à celui du séjour. Du coup je sors plein d'habits et je trie.
J'ai bien fait de faire ça la veille, car cela prend toujours un peu plus de temps que j'imagine.
Reste à choisir le sac, l'un est trop petit, l'autre un peu trop grand. Je ne veux pas un sac à mettre en bandoulière mais un sac à dos. C'est quand même plus pratique pour marcher. Non pas que je vais marcher beaucoup, mais les transports, traverser quelques lieux, est plus facile avec un sac à dos.
Juste à ce moment j'entends un avion s'élancer dans la nuit, quand les réacteurs sont à fond pour prendre de l'altitude. Demain à cette heure ci, ce sera moi dans l'avion qui naviguera dans la nuit noire. Vers où? Vers l'Est. Mais encore!
Un retraite aux pieds de l'Himalaya. Le dépaysement total.
Je pourrais aller à New York, ce serait aussi le dépaysement, mais dans un environnement qui resterait celui du monde en marche, avec le bruit en plus sans doute. Là bas, ce sera plutôt le monde en arrêt, en tous cas dans un rythme ô combien différent du monde habituel. Le bruit de la rivière sans doute. Je ne sais pas. A vrai dire je n'en sais rien. J'ai juste entendu dire...
C'est très curieux cette période avant de partir. Je me sens depuis quelques jours comme happé par ce lieu, comme si une partie de moi était déjà là bas. Et ce soir, c'est déjà le départ, l'entre deux. Un ailleurs qui s'approche. En même temps c'est très loin, ça me semble très loin, inaccessible. La première fois que j'ai envisagé de partir en Inde, j'ai regardé la route, les moyens de transport, le bateau. Je n'imaginais pas d'autre moyen pour voyager, pour voyager vraiment. Mais quel est le but : voyager, ou se rendre quelque part pour quelque chose de précis? Ce fut et c'est encore la deuxième solution.
Demain est autre jour...
jeudi 6 février 2014
Etre vrai
Etre
vrai, c’est reconnaître tout ce qui nous traverse, pourrait-on dire. Encore
faut-il reconnaître! C’est curieux, si on se penche un peu sur le sens de ce
mot, de constater qu’il signifie une sorte de retour. On reconnaît ce que l’on
a oublié, ou on reconnaît ses erreurs par exemple, c’est-à-dire le fait que
l’on avait mal vu, mal apprécié, mal connu, mais cela peut aussi vouloir dire
que l’on n’avait pas vu du tout ou ne pas avoir voulu voir.
Qu’est-ce
qui nous fait ne pas vouloir voir, ne pas vouloir reconnaître ? La
peur assurément !
La
peur de souffrir, d’être détruit. On peut rester dans la peur tant que l’on
se prend pour l’image de soi qui a peur. Une image qui colle pendant longtemps
parfois. D’ailleurs qu’est-ce qui fait qu’un jour elle se décolle sinon le fait
qu’on n’y croit plus. Elle tombe. Que reste-t-il alors, où est passé celui ou
celle qui avait peur ? C’est une question à se poser vraiment.En voilà un mot curieux : « vraiment » ! Vrai - ment, une association d’opposés.
On
peut dire qu’être vrai c’est le simple fait de ne pas mentir, ou que mentir
c’est ne pas dire vrai, ne pas dire la vérité.
La
peur est donc la seule chose qui nous empêche d’être vrai.Que désire-t-on finalement : être vrai ou rester dans la peur en se protégeant. Car on peut être vrai en « avouant » (reconnaissant) sa peur. Où est le problème ?
Le seul problème c’est l’image que l’on a de soi, ce pour qui on se prend, et l’image que l’on veut renvoyer à l’autre.
C’est une forme de tricherie en vérité. Mais une attitude de survie aussi. Dans un monde où l’image domine, l’apparent, quitte à le fausser en permanence; il faut être courageux pour ne pas tomber dans ce courant. Le fameux « look ».
Etre
vraiment soi même n'est pas si simple, vis-à-vis de soi et vis-à-vis des autres, avec
son conjoint, ses enfants, ses parents…
Etre
simplement vrai est difficile. Reconnaître vraiment ce qui se passe en nous, à
chaque moment, s’ajuster à son ressenti, ne pas mentir. Souvent le fait de dire
« ne pas », semble plus juste. La vérité en soi est évidente, mais
essayer de ne pas mentir montre le cheminement, l’effort, vers sa propre
intégrité. Il y a tellement de couches parfois, qu’il peut être difficile de
savoir vraiment ce qui se passe en nous et ce qui veut ou peut sortir. La
vérité peut être ce flou.
Oser
dire sa peur, ses doutes, ses hésitations, sa perte de repères, avec ce
sentiment en arrière-plan : « Mais qu’est-ce que je vais
devenir ? Dans quoi je m’embarque ? »
Accepter
ses incapacités, ses faiblesses, ses émotions, les larmes…L’acceptation se vit d’autant plus facilement que l’on prend une certaine distance avec ce qui arrive. La vérité c’est aussi qu’il y aura plus d’émotions qu’avant. Tout simplement parce que l’on sait bientôt qu’on n'en meurt pas, que ce n’est pas mal ou dévaluant, qu’on se protège moins, et que l’on voit d’autant mieux qu’elles passent en nous sentant allégés au final.
C’est
incroyable comme on peut découvrir que cette fameuse vérité qui a pu nous
paraître si dérangeante auparavant va devenir progressivement si libératrice.
Ne
plus avoir une image de la pureté, de l’absolu, de la sagesse. Ne plus y
associer de mots, de concepts, de notions, de phantasmes.Ne plus qualifier, pour rester avec sa vérité du moment. Pas facile. L’habitude, les habitudes, sont tellement là. Il y a des habitudes qui nous sauvent, quand elles sont réflexes, mais beaucoup d’habitudes nous tuent aussi. Par manque d’ « êtretude » sans doute. Encore que associer l’être à la durée semble un contresens.
dimanche 2 février 2014
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