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samedi 30 novembre 2013

Perdre

Il y a perdre et perdre. Perdre une broutille, perdre une occasion, perdre de l'argent... mais aussi perdre quelqu'un, un proche, un amour, un parent ou un enfant. Ou encore la santé...
La perte nous confronte au manque. Le manque fait référence d'une façon générale à l'avoir. Si les pertes ne sont pas essentielles pour vivre, on peut dire que ce n'est pas si grave, hormis l'impact psychologique qu'elles peuvent entrainer.
Par exemple quelqu'un qui se fait voler son porte feuille, ou qui se fait dévaliser pendant son absence, peut être moins gêné par la perte matérielle que par la sensation d'avoir été "violé" quelque part. Tout dépend de l'attachement à ce qui a disparu.

L'attachement c'est bien ce qui crée la souffrance liée à la perte.
Il y a des attachements nécessaires parce que constructifs. Il est évident que la perte d'un parent, lorsque l'on est enfant, va créer un manque qui sera difficile à combler, et demandera réparation. De même d'un parent qui perd son enfant. Ce genre d'attachement est normal, humain, et le dépasser, si cela arrive, demande un travail conséquent.

Il me semble que le poids de la perte d'un proche dépend aussi de la qualité de la relation que l'on entretenait avec lui.
Une relation est une nourriture. Cela comble notre besoin fondamental de l'autre, notre besoin d'amour, de communiquer, de communier, et aussi notre incapacité face à la solitude. L'objet de l'éducation est normalement de faire grandir l'enfant, de lui donner progressivement une certaine autonomie, si bien qu'à terme, il pourra se passer de ses parents. Dans une relation de couple, quel est le but, quel est l'enjeu? Au delà de l'envie de créer une famille, il y a cette nourriture que l'autre nous donne et que nous donnons à l'autre, une co-création en quelque sorte, et un grandir ensemble (pour ceux qui ont cette recherche).

Perdre une relation qui n'a pas eu de profondeur, qui a été inexistante, n'est pas très grave en soi. Par exemple un parent qui n'a pas joué son rôle vis à vis de son enfant, et s'il ne le joue jamais, est moins grave lorsque la mort arrive que si une relation aimante et constructive s'était installée. Peut être que l'enfant, devenu grand, ira chercher la profondeur ailleurs, et vivra le deuil d'une absence, de façon constructive, avant que celui du corps n'arrive. Il y a une clarté à mettre dans la perte, qui n'est pas forcément ce que l'on croit être.

Pour revenir à la relation de couple, je retiens cette phrase de Christian Bobin dans son livre "La plus que vive" : "Tu veux savoir qui tu es pour moi, eh bien voilà : tu es celle qui m'empêche de me suffire."
Le livre à son amie décédée à 44 ans m'avait particulièrement touché. Bien sur, avec sa poésie touchante, il me rendait nostalgique, étant moi même seul à ce moment là. Avaient-ils eu le temps de se nourrir suffisamment, lui pour continuer à vivre après cette perte? Cela ne nous regarde pas. Combien de temps faut-il pour retrouver un certain non manque, une forme de sérénité, être de nouveau complètement disponible à la vie? Je ne m'inquiète pas pour lui qui semble apaisé.

De même j'avais vu l'an dernier un reportage sur Michel Onfray, qui à un moment faisait allusion à sa compagne atteinte d'un cancer. Il disait qu'il était prêt à tout donner : travail, célébrité, en échange de cette perte quasi inéluctable ou de changer cette destinée si difficile. On peut imaginer là aussi, dans son exigence, à une relation hors norme. Il y a deux jours, dans l'émission "La grande libraire", il était fait allusion à la disparition de sa compagne en aout dernier.
J'imagine que la perte est alors plus que grande pour paraphraser Bobin.

(à suivre)

jeudi 21 novembre 2013

le garagiste de Dieu


Le soir, je retrouve Giannozzo au dernier étage d’un bâtiment à une centaine de mètres du Duomo. En réalité c’est un ancien palais de cette ville. Il fait partie d’une vieille famille florentine, mais il a pris des chemins de traverse, et s’est retrouvé responsable d’une petite communauté rurale sur le chemin de la non-violence. C’est ainsi que je l’ai rencontré. Son père n’a jamais compris ni accepté sa démarche. Ce dernier, très âgé, vit ses derniers moments accompagné par son fils. Nous parlons de nos vies depuis tout ce temps, deux amis qui se retrouvent dans la nuit…

 
Hier j’étais un peu sous le choc d’une voiture en panne au bord de la route, ce soir je suis sur une splendide terrasse sur un toit de Florence, à quelques mètres du Duomo illuminé, le touchant presque tant la vue est inhabituelle. Comme la vie est changeante, comme la vie est étrange. Jamais je n’aurais imaginé ça quelques heures avant.
Le lendemain je retrouverais le lieu où il vit toujours dans cette campagne de collines florentines, une ancienne maison de paysan, toute simple, au milieu des oliviers.

Le laissant à son travail la journée, je vais faire le touriste à Florence. Je n’ai que ça à faire. Et là encore, au fil de ces ballades parfois avec un but, parfois sans, je vais découvrir des lieux où je n’avais jamais été. Comme ce jardin des roses qui offre une vue superbe sur la ville au soleil couchant. Il y a même un petit jardin japonais, moi qui les adore. O hasard béni !
Je vais aussi voir une église superbe pour ses fresques de Giotto, où je vais retrouver des scènes de la vie de Saint François. Comme si le cycle autour de François devait s’accomplir jusqu’au bout. Assise, les ermitages, La Verna et l’église Santa Croce, l’une des plus anciennes basiliques franciscaines d’Italie.
Il y a un cloître superbe et la chapelle des Pazzi, chef d’œuvre de Brunelleschi. Je m’y arrête pour dessiner.

Malgré moi, ces quelques jours de vacances supplémentaires m’ont permis de boucler un pèlerinage déjà riche, et de retrouver un vieil ami.
Comment peut-on imaginer ce que la vie nous réserve de par ses détours que l’on préférerait éviter si l’on devait maîtriser tout ? La vie est un mystère. Il faut s’y laisser perdre.
 
 
Je vais aussi découvrir une statue de Jean Baptiste très réaliste au bord d’un quai. En réalité, c’est le saint protecteur de la ville. D’où les fresques de sa vie aussi dans cette église Santa Croce.
Rester en la compagnie de tels saints n’est pas si mal. J’ai toujours eu un faible pour Jean Baptiste, et pleurait enfant quand je lisais qu’une femme avait demandé sa tête.
Jean baptisait dans les eaux du Jourdain. Je me sens baptisé à ma manière dans ce lâcher-prise d’un accident bienfaiteur, sur les bords de l’Arno. Pardon ? Tu as dit quel nom ? L’Arno… comme Arnaud. Encore une coïncidence, un clin d’œil du ciel !

Le dernier, s’il y en a un, c’est la découverte sur un meuble d’un texte intitulé « Why worry ? »

mercredi 20 novembre 2013

Le garagiste de Dieu

Entretemps j’avais eu un appel du garagiste pour rapatrier la voiture. Son garage est à 15 km de Florence et l’on doit s’y retrouver à 10 H. Chiara me laisse à une gare assez proche sur la direction. Elle est prise tout le dimanche  et rentrera tard, elle ne pourra me loger. Quelque temps après j’ai Giannozzo au téléphone. Il peut m’accueillir. Pour moi cela devient presque incroyable. Je ne l’avais pas vu depuis si longtemps, bien qu’étant repassé sur les lieux où l’on avait vécu il y pas mal d’années, et c’est un accident mécanique qui me fait le retrouver. Comme quoi, la vie est si mystérieuse, je m’en étonne toujours.

Le fait de vivre ces enchainements d’évènements complètement imprévus et indépendants de ma volonté me renvoie à cette notion d’abandon. Me posant des questions sur le pourquoi de ce qui se passe depuis hier, j’y vois une confirmation de ce que je pressens. Il y a toute une part de la vie où l’on gère ce que l’on a à faire, avec la responsabilité qui nous incombe, mais il y a une autre part où l’on ne maîtrise absolument rien, où l’on est mené, conduit, dépendant en tout cas, et qui est une forme d’apprentissage au lâcher prise, en tout cas une opportunité. Ces moments sont peut être plus importants dans la subtilité de ce que l’on peut y vivre que tous les autres.

Je me retire dans un petit jardin, en attendant l’heure du rendez-vous. Je me sens envahi d’une profonde sérénité, au-delà de toute contingence…
Je repense au songe de Saint François où il lui est proposé des trésors en remplacement du Royaume des cieux, et à son renoncement à tout cet or. O oui, rien ne peut remplacer cela.
Oui à tout ce qui arrive, y compris les ennuis de voiture ou les pertes d’argent. Ce que j’ai vécu, et ce que je vis là, tout de suite, lorsque j’écris ces mots sur mon carnet, est en dehors d’un prix quelconque.
Etre dans la vulnérabilité de l’inconnu et garder confiance, offrir sa pauvreté…
Cette fragilité soudaine de la vie qui semble trébucher, c’est le contact avec cette insécurité que l’on ne peut éviter. Elle nous révèle à notre vérité de l’instant, afin de nous faire découvrir l’humilité, cette petitesse nécessaire pour fréquenter la simplicité. Y a-t-il un autre moyen ? C’est dans le bas terrestre que l’âme peut s’élever. Le Très Bas comme dit si bien Christian Bobin en parlant de François.
Quand on commence à sentir la confiance paisible qui est là quoiqu’il arrive, alors plus rien n’a d’importance. Le vivant à l’œuvre en nous est une nourriture silencieuse qui se suffit à elle-même. Les demandes meurent d’elles-mêmes aux portes de ce temple. Il n’y a rien à changer à ce qui arrive. Quoiqu’il arrive, rien ne manque. L’esprit tranquille.

A cet instant où j’écris, une ambulance passe avec son bruit strident reconnaissable. Cela apparait dans le silence ineffable et disparait. Rien n’est troublé car rien ne peut troubler ce qui n’est pas de ce monde. L’au-delà de tout non affecté. Alors si les apparentes difficultés étaient nécessaires pour en arriver là ! Il n’y a rien à changer, rien à regretter. Tout est parfait.
 

Le jour suivant dans l’escalier qui monte au Duomo, mes yeux s’arrêtent sur une phrase écrite sur le mur : « Give more than you get and be blessed ».

Qui a besoin d’être soigné? La voiture ou le bonhomme?

lundi 18 novembre 2013

Le garagiste de Dieu


 
Je téléphone à l’eremo (l'un des ermitages où nous sommes passés et que je connais bien) pour expliquer la situation, et surtout demander le téléphone de cet ami Giannozzo qui est sur Florence. Je l’appelle ensuite et laisse un message. Je vais appeler trois fois d’ici la fin de la journée. Personne. Bon. Je suis dans une des villes les plus touristiques au monde, absolument pas seul, mais je ne sais où je vais aller dormir.

La première réparation a déjà coûté assez cher (juste après mon arrivée à Assise),, il va y en avoir une deuxième, et je ne me vois pas dépenser cent euros ou je ne sais combien pour une nuit d’hôtel qui reste à trouver. Il semble que je sois abonné aux problèmes de voiture en allant vers des lieux de spiritualité (c'est le cinquième). 
Je marche, je regarde les animations, les artistes qui peignent, les musiciens qui jouent, les gens qui mangent des glaces. La nuit est là. Je prends une direction, puis une autre, comment trouver un hôtel libre et pas cher quand on ne sait pas où aller ?
 
Il est dix heures et demi. Soudain le téléphone sonne. Par bonheur je l’ai laissé allumé. C’est Daniela Maria de l'eremo qui m’appelle, alors qu’elle devrait être couchée, vus leurs horaires. Elle me demande si j’ai eu Giannozzo au téléphone, et où j’en suis. Si ce n’est pas de l’amour!
Il est vrai que j'avais passé deux jours à réparer le câble de la cloche qui sert de sonnette et traverse leur cour. Mais un autre câble nous relie, invisible celui là!
Elle me dit qu’elle va essayer de joindre une amie à Florence pour lui demander si elle peut m’héberger. Au bout d’un moment cette amie me rappelle directement, me dit que c’est possible, et m’indique quel bus prendre pour arriver chez elle. Je rejoins la gare et attends un bus une demie heure. J’arrive finalement à minuit chez cette femme qui vit seule. Je vois tout de suite dans son regard qu’il y a de la bonté, de la simplicité. Je la remercie. Un lit est prêt. Quel bonheur !

Le lendemain au petit déjeuner, nous parlons un peu. Je lui demande comment elle s’appelle : Chiara. Découvrir ce prénom après avoir côtoyé Saint François et Sainte Claire, c’est pas mal. La vie devient miraculeuse par moments. Mais à quoi bon s’inquiéter ? Apprendre, découvrir, et faire confiance. On ne conduit pas, on est guidé. L’accident, les rencontres, tout se fait à notre détriment. La seule solution c’est de lâcher. Plus vite cela se fait en nous, plus vite la vie œuvre à notre insu…

dimanche 17 novembre 2013

Le garagiste de Dieu


Un type un peu bizarre, éméché apparemment, veut prendre les choses en main, pour se faire du fric sans doute, et emmener la voiture chez un ami mécano dans un petit village en arrière.
Je n’ai pas confiance.
Je téléphone à l’assurance, pas de réponse, on est samedi. L’assistance est injoignable depuis l’Italie. Que faire ? C’est alors qu’Isabelle a l’idée de faire appeler le numéro depuis la France par quelqu’un. Je n’y aurais jamais pensé tout seul. J’ai mon fils, qui heureusement est là, et lui explique la situation. Il me rappelle cinq minutes après pour me dire que l’assistance va me rappeler d’ici une heure, mais que le processus est en marche.
Je prends quelques affaires dans la voiture, avec l’ordinateur, par précaution, et décide de rejoindre Florence avec les autres où il devrait être possible de téléphoner à des amis.


Les adieux se font sur un trottoir. Ils reprennent la route. Je me sens mieux. Je connais la ville puisque j’y ai vécu, dans un village tout proche, durant une année, il y a 35 ans.
Une nouvelle aventure commence, pas du tout prévue bien sûr. Première chose : trouver un bar et recharger le portable, dont la batterie s’épuise à vue d’œil. Je prends un thé et écris.

Ce que j’ai vécu cette semaine avec le groupe, fut quelque chose d’incroyablement évident, fluide, auquel je ne m’attendais pas, avec aussi ce vécu de chacun qui rejoignait la totalité dans le partage, la tranquillité, la profondeur, la qualité des lieux que tous pouvaient ressentir. Bien sûr j’avais préparé au mieux ce voyage, mais mon intention était de me préparer intérieurement à ce pèlerinage. Je sentais que le plus important était d’offrir l’authenticité de ce que je vis, de ce que je ressens, et de me donner totalement au groupe. Cela s’est fait tout seul, je n’ai jamais forcé. C’est venu progressivement. Une évidence de chaque moment. Rester dans ce que je sentais capable de faire. « Les lieux feront le reste » m’avait dit Alain ! Oui.
Les lieux de Dieu. Les Dieux du lieu. L’un après l’autre.

Quand je repense à cet incident, je vois combien je suis chanceux. L’embrayage était en piteux état, comme me le montrera le mécanicien,  il devait donc céder à un moment. Si je n’avais pas été avec les « Perpignanaises », je me serais retrouvé je ne sais où, en difficulté, et bien plus seul. En fait c’est grâce à Johan qui a proposé ce rendez-vous en ce lieu. Je le bénis et le remercie.

Mais derrière tout ça c’est la vie qui joue avec nous. Ce n’est qu’un contre temps me dira Isabelle. Oui, mais je vais le vivre différemment en fait. C’est à ton niveau me dit Sandra. Oui, sans doute, mais tout ce qui nous arrive est à notre niveau, j’en suis persuadé. Le tout est de ne pas détourner la tête, de ne pas devenir une victime, mais un disciple comme dit l’enseignement. Cela m’aura pris quelque temps. Ne pas être dans l’émotion qui englue tout est une chose, être dans l’abandon en est une autre.

On ne fréquente pas les chemins de Saint François sans risque, histoire de faire le point. Enfin je le sens un peu comme ça. Je sens de plus en plus que sur le chemin, il n’y a pas de planque. J’y pensais vraiment ces jours ci. Dans le café, j’ouvre le livre d’Yvan Amar « Les nourritures silencieuses », et tombe sur ces mots tels quels : il n'y a pas de planque!
Quel que soit ce que je vis, j’y suis attentif, depuis quelque temps plus qu’avant.
C’est alors que la vie va continuer de jouer avec moi…

A suivre...

samedi 16 novembre 2013

Le garagiste de Dieu

Retour d'Assise

 
Initialement j’avais prévu de passer par Ravenne au retour pour aller voir les mosaïques uniques au
monde que je ne connais pas. Je m’étais donné 3 jours pour rentrer
Mais cette semaine en groupe avait modifié certaines choses en moi. Je n’avais pas peur de retrouver la solitude, mais je me sentais en contact plus étroit avec moi-même, et fonctionnais à l’instinct, à l’intuition. Se rapprocher du présent, et sentir ce qui vient…
Lorsque j’appris que les « Perpignanaises » devaient retrouver Johan à La Verna, lieu que je connaissais de réputation, mais sans y avoir été, je me suis dit que cela me tenterait bien d’y aller aussi, ce qui prolongeait le pèlerinage, et donc cette ambiance que nous avons connue et partagée.
Après une méditation à la Portioncule, et un petit déjeuner à Santa Maria degli Angeli, où j’ai dégusté un chocolat chaud dans lequel la cuiller tient toute droite, je propose à Sandra un peu à l’impromptu de venir avec moi en voiture. C’est quand même plus sympa de faire de la route à deux.
 
A La Verna nous retrouvons Johan qui nous fait visiter les lieux. C’est en hauteur avec une vue magnifique, des arbres centenaires, et un beau silence chargé dans la forêt et les grottes. Par contre l’endroit où François a reçu les stigmates a été tellement transformé qu’il ne présente aucun intérêt.
On pique nique avant de repartir, et je décide finalement de rentrer avec eux pour dormir dans le monastère orthodoxe où ils s’étaient arrêtés à l’aller. Changement de programme donc.
Cette fois ce sont Sandra et Marion qui montent dans la voiture. Décidément j’ai de la chance.

Au bout d’un moment, parmi les centaines de virages, la troisième ne passe pas. Tiens, ce n’est pas normal.
Puis si, puis non, puis plus aucune vitesse. La voiture s’arrête dans une côte après un virage. J’essaie, mais rien n’y fait. Je ne peux plus passer de vitesses. C’est comme si quelque chose de complètement imprévu arrivait. De même que l’imprévu était de rentrer avec elles, l’imprévu suivant était « le voyage s’arrête ».
Je sentais que c’était grave, et ne voyais pas comment m’en sortir. Heureusement un hôtel à quelques dizaines de mètres offrait un parking. Je vais chercher de l’aide pour pousser la voiture, car à trois c’était impossible dans une côte. Quelque temps après l’autre voiture, ne nous voyant plus, nous rejoint après avoir fait demi-tour, .

Je me sens désolé pour mes compagnes de voyage, pour avoir provoqué du retard dans leur retour. Je me sens tout petit tout d’un coup, comme si face à la vie, je devenais plus rien, dépendant de nouvelles décisions à prendre, alors que tout semble bouché devant moi. Je me sens complètement démuni, pas en colère, mais avec un fond de tristesse. Tout d’un coup quelque chose de très beau s’arrête, et je ne vois pas comment donner une suite.
 
A suivre...

jeudi 14 novembre 2013

Notre Père




Le Notre Père

 selon la traduction à partir des textes araméens de Neil Douglas Klotz


O Toi qui donnes vie, Père-Mère du cosmos

Dirige ta lumière à l’intérieur de nous, et rends-la utile

Pour que ton nom y vive pleinement,

Crée en nous maintenant ton règne d’unité

Ton seul désir alors agit avec les nôtres, dans toute lumière et toutes formes.

Accorde-nous ce dont nous avons besoin chaque jour en pain et en conscience,

Efface les traces que nos échecs ont créées en notre cœur

De même que nous nettoyons notre cœur du poison de la rancune.

Ne laisse pas la surface des choses nous maintenir dans l’illusion,

Mais libère nous de ce qui nous entrave.

De toi naissent toute volonté et le pouvoir d’accomplir,

Et le chant qui donne de la beauté à toutes choses

Et qui à chaque instant renaît.

En toute vérité, ces paroles sont puissantes

Qu’elles soient la terre où mes actions s’enracinent pour grandir.

 
In « Prayers of the Cosmos : Méditations on the Aramïc Words of Jésus »
 
Merci Pascale pour nous avoir fait découvrir cette traduction du Notre Père à Assise cet été.

mercredi 13 novembre 2013

lundi 11 novembre 2013

Reflets




 
Reflets du soir à Florence

dimanche 10 novembre 2013

Dans une chambre d'hôpital

Près de deux heures de route pour aller voir mon père à l'hôpital. Depuis plus de deux mois, son visage a bien changé pour devenir maigre, pâle, et il y a huit jours j'ai vraiment senti la mort proche.
J'apprivoise ce qui se passe, là devant mes yeux, en moi à l'intérieur, face à la vie, ce grand mystère.
Cette semaine les choses s'aggravant, je reprends la route m'attendant à arriver peut être trop tard. Imaginer le pire, mais qu'est-ce que le pire sinon un jugement, est une façon de se préparer à ce possible, puisque tout est possible par principe. Rester dans le rassurant du non changeant peut sembler confortant pour qui a peur de l'inconnu, mais c'est à un moment ou à un autre être confronté brutalement à ce que l'on ne voulait pas voir. La mort est très intéressante à vivre pour se situer face à cet inéluctable.

Sa chambre se situe au bout du couloir. La première fois, par les portes entrouvertes, j'ai pu voir un certain nombre de visages d'un autre monde. Des visages de fin d'automne, de remontées d'images concentrationnaires, de décharnement, de fragilité indicible, de regards absents... Je me demandais comment faisaient les infirmières et autres médecins dans cet univers si particulier.
A notre époque la plupart des gens meurent à l'hôpital disait Bernard Giraudeau.
C'est un navire immobile pour une dernière croisière.

Il était là, sur son lit, à moitié endormi. Je lui dis bonjour, l'embrasse, il ouvre les yeux, me regarde.
Je reste proche, le touche. Il ne parle plus, juste les lèvres qui bougent à peine, mais les yeux font parfois un signe. Un signe d'impuissance. La mort c'est affronter son impuissance totale.
Je vis des choses particulières que je garde pour moi.
Peut être est-ce la dernière fois que je le vois, je ne sais pas. C'est toujours la première fois, c'est toujours la dernière fois.
Je parle avec l'infirmière dans le couloir. Puis je reviens et reste un peu avec ses yeux fermés et sa respiration, seul élément de vie. Ma main sur sa tête...

Je repars. Alors que je finis de traverser le couloir, le téléphone sonne m'annonçant un SMS.
Je l'ouvre et regarde.
Une amie que je n'ai pas vue depuis une douzaine d'années, je ne m'en souviens plus, me dit que son père vient de mourir et qu'ils vont vendre la maison, si je connais quelqu'un, etc...
Encore cette incroyable synchronicité, me dis-je. Une apparition complètement inattendue, impensable, au moment juste, à propos de la mort....
Un signe, une forme d'entraide, un soutien, un message... Peu importe.
La vie ne s'arrête pas. Rester ouvert, toujours et partout.

vendredi 8 novembre 2013

Tout va de plus en plus vite

On peut dire sans se tromper que tout va de plus en plus vite, il y a une accélération des changements en quelque sorte. Ce qui entraine des excès au bout du compte.
Si on regarde la météo, le climat, l'économie, la politique, les révoltes, le surgissement de certains pays en voie de modernisation, le développement de la technologie, l'exploitation des richesses, la pollution et ses effets irréversibles, la sophistication des produits, les vitesses atteintes dans les compétitions, mais aussi la tromperie, les mensonges, le profit de certains, la pauvreté d'autres, et bien sur l'information, la communication....

Le changement est à l'œuvre. On pourrait dire que cela change trop vite même, mais dire trop c'est juger, et sur la base de quoi? Le monde s'affole quelque part, mais ça aussi c'est juger. Il y a un changement de rythme dans le changement. Il y a un déséquilibre en cours, c'est sur. Un déséquilibre qu'il semble difficile de gérer. Une maladie en quelque sorte. Y a t-il un médicament? Pour trouver le médicament, il faut d'abord un diagnostic, un bon diagnostic. A ce point de gravité il faut tout reconsidérer.
Sans doute que grandir démesurément est le problème, un problème d'ego à n'en pas douter. Un ego dans le besoin permanent qui n'est jamais satisfait.

Dans ce mouvement général de croissance excessive, on ne peut que constater le développement d'un mouvement spirituel de même ampleur. Spirituel n'est peut être pas le bon mot, car trop connoté, peut être que parler d'une recherche de paix intérieure serait mieux.
La méditation par exemple est considérée sérieusement, scientifiquement, non remise en cause, quand elle est pratiquée sans croyances et sans dogme. Les cours de Yoga, de Tai Chi, pullulent. Les stages de développement personnel, les retraites, sont monnaie courante. On découvre que de plus en plus de gens souffrent au travail, stressent. Le malaise est flagrant, et les réponses au malaise sont recherchées.

Est-ce à dire que ce mouvement vers une recherche de paix intérieure s'accélère aussi? La réponse est oui.
Il y a quelques dizaines d'années, les enseignants, guides spirituels étaient cachés, en tout cas quasiment inconnus en occident. Aujourd'hui il en éclot à droite à gauche. Ce n'est plus réservé à l'Inde ou à une tradition solidement ancrée. Dans de nombreux pays, et en particulier dans notre monde occidental, des personnes de qualité proposent des enseignements qui sentent le vécu. Les élèves des premiers chercheurs ont fait eux mêmes des petits. Sans parler des "éveillés" sauvages.
Il y a toujours des personnes qui en profitent, cela fait partie du jeu. A chacun d'être clair.

On peut vraiment dire que tout va de plus en plus vite à tous les niveaux, ce qui est normal, car si c'est une loi, ou un état momentané de l'évolution, alors elle ou il ne peut pas laisser certains aspects de côté. Toutes les parties du vivant sont concernées. En cela la maîtrise de l'homme est dépassée.
Dans la même continuité, on ne peut que constater que les façons d'être en relation changent aussi, les gens se connaissent et se quittent plus vite...
Est-ce que cela peut jouer dans sa propre évolution intérieure? Je vous laisse la réponse.

jeudi 7 novembre 2013

Y a t'il un chemin sans souffrances?

Y a t-il un chemin sans souffrances?
Non!
Quand ce qui arrive dans notre vie est déplaisant, que se passe t-il en général? On peut nier, on peut réagir en compensant, fuir, ou on peut affronter.

Nier est l'anti pratique par excellence, c'est ne pas reconnaître ce qui se passe en se branchant sur une autre situation qui aurait du être là, mais qui n'est pas là. C'est aussi ne pas reconnaître ce qui se passe en nous, et ne pas laisser vivre l'émotion que cela suscite. Derrière cette attitude, c'est continuer de croire à sa puissance, à sa maîtrise des choses, pour ne pas affronter sa petitesse et par là la souffrance que cela engendre.

Compenser, c'est une sorte de vengeance sur le mauvais sort que l'on ressent, c'est nourrir la victime en nous. OK tu as mal, mais pour pas que ça fasse trop mal je vais te donner le truc qui va te faire du bien. Et hop, on ne vit pas la souffrance.
Bien sur toutes ces attitudes sont des attitudes de survie, d'auto défense, car derrière il y a une sorte de peur de la mort. La situation semble tellement impossible à vivre tel que je fonctionne que des mécanismes se mettent en place pour éviter de souffrir.

Fuir, c'est à la fois nier et compenser, c'est la protection par excellence.

Affronter c'est souffrir. Affronter ce qui dérange, c'est mourir à son désir du différent de ce qui est.
Il y a deux jours, quelqu'un me parlait de ses conditions de travail difficiles en entreprise, de la concurrence, de la délation, du surcroit de travail, de la jalousie.... Ce qui montre bien que son désir c'est que tout se passe bien avec des gens aimables, gentils, coopérants, etc... Mais qui nous a dit que le monde devait être absolument comme cela?
Il faut arrêter de mythifier une réalité qui n'arrive jamais, de fonctionner avec l'imaginaire, le rêve, l'idéal, c'est de la pollution mentale. C'est pur infantilisme.
Quand ça bouscule, quand ça appuie là où on n'aimerait pas, cela fait mal. C'est normal. Il n'y a pas d'échappatoire. Reconnaître ce qui se passe en nous est la seule attitude juste pour changer les choses, avant de passer à la suite. Cette souffrance, légère ou conséquente, est porteuse de libération, aussi étrange que cela puisse paraître.

On pourrait croire que quand on se lance sur un chemin de connaissance de soi, on va moins souffrir. C'est faux, et ce n'est pas possible. Tout devient au contraire plus vrai, plus intense. Les joies sont des vraies joies, les souffrances sont des vraies souffrances, les fausses émotions deviennent des vraies. Ce qui a été laissé derrière, mal vu, évité, va revenir. Pourquoi? Parce que on devient de plus en plus vrai, on est de plus en plus tolérant, permissif, vis à vis de tous les possibles en nous. On ne veut plus se voiler la face sur le dérangeant, sur ce que notre morale jugeante gardait la tête sous l'eau. Donc on vit plus les choses.
La connaissance de soi, c'est l'apprentissage de la reconnaissance du vrai.
Peu importe ce qui fait mal, c'est vivre surtout ce qui se passe en nous qui importe, dans la mesure où on peut le vivre bien sur. En cela il y a progression. On ne peut pas se libérer de la souffrance en un instant, mais on peut être vrai en un instant.
Ensuite il ne faut pas se laisser embarquer par l'émotion que suscite la souffrance, ce qui demande un peu d'entrainement. Chaque chose en son temps.
Je crois vraiment qu'il y a un mythe sur une possibilité de cheminer sans souffrances, parce que c'est en quelque sorte la bonne cause. C'est archi faux.

mardi 5 novembre 2013

lundi 4 novembre 2013

La santé sexuelle



La suite de cette émission bien nommée : Bonheur total.

dimanche 3 novembre 2013

samedi 2 novembre 2013

Une religieuse sexologue


Marie Paule Ross est une religieuse, sexologue clinicienne et infirmière.
Lors de missions en Amérique latine, elle vit tant de jeunes filles abusées, violentées, puis certaines mourir à cause d'avortement ratées, qu'elle décida de leur venir en aide en donnant des cours d'éducation sexuelle. N'ayant pas vraiment l'image d'une religieuse, l'église la déplaça ailleurs où elle se consacra de nouveau au même travail...
Convaincue que la santé est liée à la façon de vivre sa sexualité, et le faisant savoir, elle fut rapatriée vers le Québec par l'église, où elle commença des études de sexualité humaine et de sexologie...
Munie de ces formations elle retourna en Amérique Latine où elle fonda un centre de formation de thérapeutes basé sur son expérience, et la vision qu'elle avait d'une santé globale. C'est quand elle commença à s'occuper de la formation de jeunes novices à la vie religieuse que l'église commença à s'inquiéter sérieusement. Elle dénonçait en effet les écarts des membres de l'église au célibat.
Ses études auprès de différents groupes dans de nombreux pays lui permirent de conclure que 80 % des hommes ou des femmes ayant un rôle clé au sein de l'église ont des écarts au célibat!
En 2003 elle fonde un Institut de Développement Intégral pour aider toutes sortes de personnes.
Elle a écrit plusieurs livres sur le sujet dont : "Je voudrais vous parler d'amour ... et de sexe", le dernier étant sur la sexualité des jeunes, destiné aux parents.

J'ai eu l'occasion de la découvrir lors d'une émission télé l'an dernier. Elle est convaincante, naturelle, le regard clair, parlant avec assurance de sujets souvent tabous.
Voici une vidéo sur son parcours.