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mardi 29 mars 2022

Cherchez d'abord le royaume de Dieu

 Une des plus grandes qualités intérieures est la confiance, se sentir dans les mains de plus grand que nous et se laisser guider, quoiqu'il arrive.
J'avais lu une histoire, il y a très longtemps, d'une communauté religieuse qui n'avait plus rien à manger. Le responsable dit de mettre la table comme si de rien n'était. Puis ils se mirent autour de la table et prièrent comme d'habitude avant le repas. A la fin de la prière, on entendit frapper à la porte. Une personne venait d'arriver avec sa voiture pleine de victuailles.
Une autre histoire qui se passait en Italie dans un ermitage près d'Assise. Une histoire administrative liée à de la jalousie faisait qu'on demandait à des soeurs, vivant chichement, une assez grosse somme, pour elles en tout cas. Disons 13 000 euros. Certaines soeurs commençaient à avoir peur, disant : "Mais on n'aura jamais cette somme, qu'allons nous devenir?" La responsable leur demandait d'avoir confiance en Dieu, qu'elles avaient juste à prier, et de ne pas s'inquiéter. Un jour elles reçurent un courrier avec un chèque du montant exact qui leur était demandé.
Frère Antoine m'avait raconté plusieurs histoires du même ordre, que l'on trouve dans ses livres. J'en ai fait aussi l'expérience à plusieurs reprises.


"Recherchez d'abord le royaume et la justice de Dieu, et tout cela (la nourriture et l'habit) vous sera donné en plus. Ne vous inquiétez donc pas du lendemain, car le lendemain prendra soin de lui-même. A chaque jour suffit sa peine." (Saint Matthieu 6 - 33)
N'est-ce pas une promesse extraordinaire? Il y a des lois subtiles qui nous dépassent complètement, mais quand on les vit de l'intérieur, la confiance s'installe. De la confiance à l'abandon, c'est le pas suivant.
C'est si facile de perdre confiance. Oui, au début. C'est un entrainement, une graine à entretenir. On peut demander de l'aide, avec le coeur, simplement. "Si tu ne m'oublies pas, je ne t'oublierai pas (dit Dieu dans un dicton soufi)."

mercredi 23 mars 2022

PRESQUE


C'est l'histoire d'une amitié improbable entre un handicapé au grand coeur et un directeur de pompes funèbres plutôt coincé. Il y a certainement quelques scènes tirées de leur propre histoire entre Alexandre Jollien et Bernard Campan, ne serait-ce que la dernière quand ils se jettent à l'eau nus.
Ils voulaient faire un film ensemble, mais l'écriture a pris du temps. Bernard a soumis un scénario de 60 pages à Alexandre, qui lui a répondu que c'était de la merde! Ca commençait bien. Finalement l'amateur philosophe et l'acteur pro ont fini par s'entendre et sortir quelque chose. Mais je devine que beaucoup de
situations ont du être écrites par Jollien, car il faut être dans la peau d'un handicapé pour les montrer.
Il y a quelques moments drôles, d'autres émouvants, une scène d'amour inattendue mais touchante, et aussi des longueurs. Ce n'est pas le genre "Intouchables", il y a un côté amateur, mais c'est authentique.
Si la différence vous interpelle, allez voir ce film : Presque (normal).

vendredi 18 mars 2022

Rosy - une aventure de vie par Marine Barnérias


A 21 ans elle apprend qu'elle est atteinte de sclérose en plaques. C'est une véritable déflagration. Elle décide de s'écouter et entreprend un voyage pour sauver son corps, son esprit et son âme. Cela fera l'objet d'un livre : Seper Hero, puis d'un film : Rosy (qui est sorti en janvier). Sa nature spontanée et bienveillante a attiré les gens qu'il fallait pour entreprendre tout ça. Un véritable voyage initiatique.

mercredi 16 mars 2022

Perdre son identité (suite)

 29 juin 2015, date à jamais marquée dans ma mémoire. Il y a un avant et un après. J'en ai déjà parlé.
Je rentre dans l'eau avec précaution pour me baigner, je la trouve très fraîche. Puis un grand blanc... et je me réveille dans une chambre d'hôpital.
Heureusement je n'étais pas seul. L'amie avec qui j'étais me  voit flotter dans l'eau sans bouger. Inquiète, elle finit par s'approcher. Heureusement encore des sauveteurs tout proches accourent, et me tirent de l'eau. J'ai du en boire car ils me retournent pour évacuer l'eau. Je perds connaissance, ils me font un massage cardiaque pour me réanimer. Je demande ce qui s'est passé, personne ne sait. On appelle un médecin en urgence. Au bout d'un moment il me demande de bouger mes membres. Aucune réaction. Il comprend que la moelle épinière doit être atteinte et que c'est plus que grave. Il appelle un hélicoptère pour l'hôpital le plus proche. J'étais en maillot de bain, j'imagine qu'ils ont mis une couverture sur mon corps. Ils ont demandé ma carte d'identité, et l'appareil s'est envolé. C'est ce que mon amie m'a raconté, car je n'ai aucun souvenir.

Avec le recul, je pense que j'ai vraiment failli mourir, il s'en est fallu de peu. J'ai eu deux vertèbres cervicales cassées, et donc la moelle épinière atteinte. A l'hôpital, alors que je ne peux absolument pas bouger, on m'annonce que je suis atteint de tétraplégie. Ils diagnostiqueront plus tard que ce n'est pas le niveau ultime, encore une fois heureusement. Sur le moment je ne me rends pas vraiment compte. Mon corps est touché à différents niveaux, dont un poumon, et je vais rester dix jours en réanimation. Il n'y a que le présent qui tout d'un coup s'impose. Le futur, c'est sans doute une vie en fauteuil roulant, si je m'en sors.
Une partie de moi est morte, c'est évident, et mon approche de la mort a bien changé depuis.

Mais la vie a continué de me jouer un tour à sa manière. On ne savait pas où était passée ma carte d'identité. Personne n'a pu me dire, et bien sûr n'a vraiment cherché. Pas de responsable... Elle ne sera jamais retrouvée.
Je trouvais le symbole, ou le message, un peu fort. Ce n'était pas encore mourir à soi-même, mais ça allait laisser des traces. J'y voyais un clin d'oeil de la vie. J'ai eu la  chance de retrouver progressivement une réelle autonomie. Et je me dis aussi que je ne comprends que mieux, depuis cette aventure, ce qu'est la désidentification. Quoiqu'il arrive, la conscience est bien au delà de tout ce qui est physique, qui de toute façon se dégrade et finit par mourir.
La liberté c'est de ne rien regretter! Ca prend du temps...


dimanche 13 mars 2022

Perdre son identité

 

Il y a deux jours m'est revenue en mémoire une histoire à propos de ma carte d'identité.
C'était en 1981 en Inde. J'étais parti six mois, avec trois fois rien, à la rencontre de sages dont j'avais vu la photo dans l'ashram d'Arnaud Desjardins. J'avais d' abord été rejoindre Ma Anandamayi qui se trouvait à Hardwar au bord du Gange. Très vite je me suis mis à pratiquer le japa, la répétition d'un mantra, que préconisait Ma. Je suis resté une quinzaine de jours avant de repartir vers le sud. J'avais un petit livre de Ma que je lisais dans le bus. A un moment nous arrivâmes dans une ville où le bus fit une halte dans une gare routière, une grande place poussiéreuse avec des bus partout. A priori on s'arrêtait un moment, et j'avais le temps de prendre un chaï. Je descends, laissant mon sac dans le filet, ne gardant que mon porte monnaie. Depuis l'endroit où je buvais le chaï, en me dépêchant quand même, je ne pouvais plus voir le bus en question, caché par d'autres. Une fois fini, je rejoins le bus... qui n'était plus là.
Je me dis que je ne suis pas au bon endroit, tellement ça me semblait impossible, pourtant j'étais sûr que c'était là. Je cherche, retourne sur mes pas, reviens, rien. Le bus est parti. Avec lui mon sac, mon passeport, mon portefeuille, de l'argent, le billet de retour... Je n'avais plus sur moi que mon porte monnaie avec quelques roupies. C'est alors que je vois arriver le fameux bus, dont je reconnais le chauffeur, il s'arrête, ouvre la porte, je monte, et repart. Je retrouve ma place, mon sac est toujours là, dans le filet. En fait le bus s'est arrêté très peu de temps (en Inde on est sûr de rien), et c'est un indien qui ayant repéré mon sac au dessus du siège, mais sans moi, a dit au chauffeur que je n'étais pas remonté. Ce dernier a donc fait demi-tour pour me récupérer...
Je n'ai pas eu le temps d'être envahi par l'émotion, mais très vite je remerciai Ma en me disant que le japa m'avait sauvé. Comment ne pas être marqué par cet espèce de miracle, comme on en voit souvent dans le monde spirituel?
Mais l'histoire à laquelle je pensais en est une autre encore...

Cela faisait plus de deux mois que j'étais en Inde. Après être resté quelque temps à l'ashram de Ramdas, j'étais à Shantivanam l'ashram fondé par le père Le Saux, tenu à l'époque par un père anglais, Bede Griffiths. Ayant lié connaissance avec une femme ermite, qui m'avait soigné, je m'intégrais au rythme de cet endroit très agréable au bord d'une rivière en partie asséchée.
Un jour, sans doute pour une vérification administrative, l'indien, qui tenait lieu aussi de gardien à l'entrée de l'ashram, me demanda de lui confier mes papiers d'identité. Ce que je fis, apparemment je n'étais pas le seul. Il devait y en avoir pour trois ou quatre jours. Mais quand je redemandais mes papiers, il me dit alors qu'il ne les retrouvait pas. Je ne sais pas si on avait déjà eu un différend entre nous, je ne me souviens plus, mais toujours est-il que je me suis fâché cette fois ci, le sommant de faire le nécessaire auprès de la police pour retrouver mes papiers. On les retrouva quelque temps après.
Sur le moment, je ne vis qu'une anecdote désagréable, mais se terminant bien heureusement, malgré quelque tension.

Ce n'est que ces jours derniers que j'y découvrais un éclairage nouveau. Symboliquement les papiers d'identité représentent bien notre fichage identitaire, qu'il date ou pas. Et bien sûr ils ont une certaine utilité. Mais si on fait le lien avec la spiritualité, qu'en est-il? 
Le grand but d'un cheminement spirituel, c'est de découvrir la conscience impersonnelle non affectée au delà de tous les personnages en nous auxquels on d'identifie. C'est donc apprendre à se désidentifier, quitter le personnel.
Perdre par deux fois ses papiers était alors un jeu divin, ou céleste, pour me faire comprendre quelque chose dont le symbole m'avait complètement échappé à cette époque.
Mais il y a encore une autre histoire... (à suivre).

mardi 8 mars 2022

Vous avez dit : Oui Mars

C'est quand même tout un symbole, non? Car phonétiquement le 8 mars se prononce bien : Oui Mars!
La journée internationale des droits de la femme a une date particulière, il me semble...

J'ai regardé sur Internet pour voir l'historique. Une mouvance concernant les droits des femmes nait en 1909 dans le mouvement socialiste. Dans les années 1910 - 1915 des journées internationales de la femme sont célébrées dans plusieurs pays (dont l'Allemagne, Autriche, France, Russie). Le premier 8 mars date de 1914, date choisie apparemment au hasard. Je prend note, c'est aussi l'année du début de la première guerre mondiale. Mars, dieu de la guerre pour les Romains, est associé à la force, à l'action, à la puissance, au combat en astrologie (associé au bélier). Mars c'est aussi les forces du printemps qui s'éveillent. Le jour lié à mars est le mardi (comme aujourd'hui).

Qu'en dire? Bien sûr, le parallèle du Oui martial, oui guerrier, oui à la guerre, ne se trouve qu'en français, et ne reste qu'un jeu de mots. 
Toujours est-il qu'il faut se battre pour défendre ses droits, il faut du yang pour rééquilibrer l'égalité. Les femmes ont commencé ce combat il y a plus d'un siècle maintenant, et si bien des choses ont changé, bien d'autres n'ont pas tant bougé non plus. De plus en plus de choses se dévoilent, pas très belles en général, mais nécessaires pour un changement progressif en profondeur. Les fonctionnements inconscients, les mémoires collectives accumulées depuis des siècles, voire des millénaires, ne s'effacent pas comme çà.
Combien d'hommes prennent en compte ce que disent les femmes dont combien osent s'exprimer vraiment? Il y a un vrai travail personnel pour voir la réalité de la relation Homme - Femme (ou Femme - Homme, vous voyez le côté pernicieux du langage), un travail d'écoute, comme dans la Communication NonViolente. On a vu ces derniers temps que la parole a été retenue pendant des dizaines d'année parfois avant de pouvoir exprimer, dénoncer. Il est évident que viser la liberté, quelle qu'elle soit, est avant tout un combat intérieur. Toute naissance passe par un effort pour traverser vers le monde nouveau.
En ces temps où Mars semble tout puissant, gardons confiance dans le grand rééquilibrage en cours suite à un alignement Mars Vénus (yang et yin) tout à fait exceptionnel le 6 mars.