Membres

jeudi 11 juillet 2024

Caché dans les nuages

 


J'ai demandé au garçon sous les pins.
Il a dit, "Le maître est parti seul
cueillir des herbes quelque part sur la montagne,
caché dans les nuages, on ne sait pas où il se trouve."

Chia Tao (777-841)

samedi 6 juillet 2024

Bib-lit


 Pour ceux qui aiment lire au lit...

jeudi 4 juillet 2024

Une belle rencontre imprévue

 


Suite à un petit séjour en urgences à l'hôpital, me voici avec un traitement antibiotique par intraveineuse.
Au total 14 jours de traitement, commencé à l'hôpital, et se poursuivant maintenant chez moi.
Nouvelle infirmière aujourd'hui, une dame d'un certain âge comme on dit.
En préparant le matériel sur la commode en face de mon lit, elle me demande si je suis allé en Inde.
- Oui, plusieurs fois!
- Pour faire du tourisme, pour des raisons spirituelles?
- Oui, pour l'aspect spirituel.
Un moment après je lui demande si c'est la photo, ou plutôt l'aquarelle, qui lui fait dire ça.
- Oui, je l'ai déjà vue lors d'un stage, elle était sur un mur, et je sentais une énergie particulière, très forte.
- Vous savez comment elle s'appelle?
- Non.
- Ma Anandamayi.
- Elle me touche.
Je lui dit que moi aussi j'avais été touché par sa photo, et que j'étais parti en Inde (en 81) pour la voir.
Elle me dit qu'elle aurait aimé aller en Inde, mais que cela n'a pas été possible avec les enfants.
On parle de choses et d'autres, mais de celles qui intéressent assez peu de gens en vérité.
Voyant sa sensibilité et la qualité de la rencontre, je sens de lui donner une photo de Ma, en ayant plusieurs dans un tiroir. Je reviens dans le séjour et lui en présente deux.
- Prenez celle que vous voulez.
Elle en choisit une, et me remercie.
- J'ai la chair de poule.
Elle me remercie encore. Je la raccompagne à la porte. On se dit au revoir. Ce n'est pas elle qui viendra finir le traitement.
Elle doit être tout autant étonnée que moi. Je vis seul, vois très peu de monde, et tout d'un coup la vie me démontre que, même sans bouger, des rencontres intéressantes peuvent se faire... Et elle loue peut être le ciel de ce qu'elle a vécu. Il n'y a pas de hasard, n'est-ce pas!

mercredi 3 juillet 2024

Ne pas se prendre au sérieux

Inévitablement les choses ont un début et une fin, inévitablement les choses passent.
Qui peut retenir quoi que ce soit?
On est actuellement confronté à l'affrontement de forces qui proposent chacune leur solution miracle.
Qui a raison, qui a tort, qui est réaliste, qui est démagogue, qui est respectueux?
Qui veut le pouvoir, qui veut vraiment aider les gens?
Comment ces gens croient ils encore à leurs sempiternels discours?
Comme s'ils géraient vraiment l'ouverture et la fermeture des portes du ciel.
L'arrogance de l'humain à son comble.
La situation est telle qu'elle est. Ce qui est dépend de tellement de choses en interdépendance.
Garder son calme dans un tel brouhaha est déjà un défi.
La sagesse dit que le bonheur véritable ne dépend pas des conditions extérieures.
On ne sait rien de ce qui va advenir, par principe.
L'inquiétude n'est que pensée à laquelle on s'identifie.
Le monde n'est plus comme avant, pourquoi croire à une pérennité qui n'a jamais existé?
Aller avec le changement, quel qu'il soit.
Rester debout tout en étant souple.
Ne pas se prendre au sérieux...

samedi 15 juin 2024

Bon Espoir 6

Il y a des rencontres où la banalité n'est plus nécessaire pour faire du lien, où seul l'essentiel demeure, où les silences approfondissent les paroles échangées, silence dont il devient parfois difficile de sortir pour ne pas abîmer ce que le cœur ressent, des rencontres qui nous renvoient à notre propre rapport à la vie. Eric en était là, songeur, pris entre le désir de poursuivre et celui de ne pas abuser.
- Vous avez des amis qui pensent comme vous ?
- Oui, quelques-uns bien sûr ! Vous savez, on fréquente les gens qui nous ressemblent. C'est d'autant plus évident avec l'âge, enfin je veux dire la maturité. Un tri s'opère naturellement. On devient plus exigeant, mais la vie ne nous lâche pas pour ça. Elle répond en fonction de ce que l'on porte. Il est vrai que les mailles du filet qui retiennent les occasions de rencontres ne sont plus les mêmes. Mon mari est plus sociable que moi, j'ai besoin de solitude pour créer, pourtant si on considère les amis les plus proches, ils viennent plutôt de mes rencontres. C'est étrange, il n'y a aucun vouloir particulier. On ne peut pas dire le matin : « Il faut que je me trouve un ami pour ce soir ! » Je ne parle pas des gens qui noient leur solitude dans le café du coin, quoique le lien se fasse partout.
C'est étrange comment les rencontres se font. On s'en rend compte après, mais en fait il n'y a pas à se préoccuper.  
- Pourtant certaines personnes sont dans la détresse, ou la solitude.
- Oui, c'est vrai, mais on ne sait pas ce qui se passe en elles, ce qu'elles portent. La part cachée de nous-même peut parfois peser bien plus lourd dans la balance de nos agissements.
- C'est à dire ?
- Tant que l'on ne se connaît pas vraiment, on est mené par son inconscient, on est contraint par ses peurs. On peut très bien attirer des rencontres qui nous font du mal, nous rendent malheureux, car c'est lié à une part de nous méconnue, ou que l'on ne veut pas voir. Tout le monde souhaite le meilleur, mais la réalité qu'ils attirent est souvent bien différente.
- Je ne me rends pas bien compte de tout çà encore. Pourtant je sens bien que mes amis de jeunesse ne se posent pas autant de questions.
- Vous êtes à un tournant dans votre vie. Restez avec vos questions, les réponses vont apparaître...
 

jeudi 13 juin 2024

Bon Espoir 5

Le soir nous retournâmes à la fraternité partager une heure de silence. Le moine vu le matin nous mit en contact avec un couple habitant ce village et faisant chambre d'hôtes. Quelques semaines après nous avons entendu parler d'une maison à vendre. C'est celle-ci.
- Quelle belle histoire !
- Oui, nous sommes persuadés maintenant que la vie nous guide.
- Je ne suis pas encore dans cette certitude.
- Je crois que la vie nous envoie des messages, des signes, de temps en temps, que nous décryptons ou pas, c'est selon chacun. Si on est ouvert, cela devient de plus en plus clair, flagrant.
Au départ nous voulions juste de la tranquillité, un rythme plus respectueux de nos aspirations, mais nous n'imaginions pas ce que la vie allait nous proposer.
- Je me sens disponible envers ce que vous dites, mais je ne connais pas encore mes aspirations. Je ne suis pas sûr de ce que je veux.
- Vous nous avez dit que vous alliez voir un ami...
- Oui, on se connaît depuis l'adolescence. Il a fait des études, puis a trouvé un travail rapidement. Ce qui n'est pas mon cas. Du coup notre rapport à la vie a changé. J'ai un peu travaillé, mais je ne me sens pas prêt à m'installer quelque part.
- Vous avez peur de perdre votre liberté ?
- Oui, certainement. Je ne veux pas faire un choix que je regretterais ensuite, ou ne pas choisir et me sentir prisonnier.
- Pour l'instant vous pouvez vivre ainsi, restez à l'écoute de vous-même. Vous aurez des réponses.
- Peut être que mes questions ne sont pas assez claires !
- Si je considère que notre histoire est une aide, alors notre rencontre est fortuite.

mercredi 12 juin 2024

Bon Espoir 4

Le soir nous trouvions un hôtel nommé : « A la belle étoile ». Après le livre, cela semblait de bon augure. Nous ne savions pas où aller le lendemain, mais on se sentait accompagné. Après une nuit tranquille et un bon petit déjeuner, on demanda s'il y avait des lieux intéressants à voir dans la région. On nous donna un dépliant sur papier glacé énumérant les lieux touristiques. Parmi ceux-ci était cité un men-hir. On décida d'y aller. L'hôtelier connaissait et nous indiqua la route à suivre. Il fallut bien une heure avant d'admettre qu'on s'était perdu. Ni l'un ni l'autre n'avions la moindre idée pour retrouver le bon chemin. C'est alors que nous vîmes un panneau indiquant la Fraternité de Sainte Espérance. Ce fut comme un choc. Nous nous regardâmes, en connivence complète. On va aller voir, c'est pour nous ! On prend le chemin, on gare la voiture, on sonne. Un moine nous ouvre, avec un regard bienveillant. On lui explique notre histoire, en s'excusant de déranger pour si peu. Il sourit et nous explique. Nous lui demandons alors qui est cette communauté. Il nous répond et nous emmène dans une pièce contiguë, qui est leur espace de vente. Nous jetons un œil entre objets pieux, cartes, CD, livres... Et je tombe sur le livre acheté la veille : Espoir et certitude. Décidément ! J'en parle au moine. Il sourit encore et dit :
- Oui, nous connaissons l'auteur qui vient régulièrement ici, et a écrit quelques chapitres dans sa chambre lors de retraites. C'est une belle personne.
- Nous avons l'impression que depuis quelque temps, l'espoir se manifeste à nous de façon bien réelle.
- Alors le village d'à côté devrait vous parler.
- Vous nous intriguez.
- Il y a quelques personnes qui ont même déménagé pour venir vivre ici.                                                        - Justement, nous cherchons un lieu tranquille.
- Nous ne sommes pas des agents immobiliers, mais nous pouvons transmettre des messages. Nous proposons aussi des temps de silence. Prenez un papier si vous voulez.
Nous le remerciâmes et partîmes. C'est ainsi que nous arrivâmes dans ce petit village de Bon espoir. Imaginez notre étonnement.

mardi 11 juin 2024

Bon Espoir 3

 - Votre maison est calme, c'est un bonheur.

- Oui, c'est l'avantage des vieilles maisons, les pierres vibrent. Nous voulions une ambiance qui nous corresponde.

- Comment êtes-vous arrivés dans ce lieu au nom évocateur ?

- On voulait quitter la grande ville et vivre à la campagne. On n'avait pas d'idée particulière, mais on souhaitait un coup de cœur. C'est à ce moment que Philippe fit un reportage sur le Père Jaouen. Vous connaissez ?

- Oui, il s'occupe de jeunes en difficultés qu'il accueille sur des bateaux, je crois.

- C'est cela. Et l'un des bateaux se nomme « Le bel espoir », nom tout à fait symbolique et porteur pour ces jeunes.

- Je suis resté une semaine avec l'association qui se situe en Bretagne nord sur l'Aber Wrach. Une particularité géographique est que l'on voyait le phare de l'ile Vierge, qui est le plus haut d'Europe. J'y voyais un signe très fort à propos de la lumière sur cette île Vierge, qui accueillit entre autres des druides, puis des frères cordeliers, c'est à dire franciscains. Je crois à la puissance de l'évocation des lieux, et j'en ai d'ailleurs parlé dans mon article où je citais ces jeunes en "vrac" qui reprenait une lueur d'espoir, illuminés chaque nuit par un feu dans les étoiles. L'île vierge qui nettoie notre chaos intérieur en quelque sorte... 


Ce séjour me marqua pour diverses raisons, et ce mot, espoir, prit une nouvelle dimension dans mon esprit, même si je n'étais pas perdu, quoique... Aujourd'hui je me dis qu'on peut être perdu sans le savoir.

- Nous partîmes quelques jours, sans but précis, comme vous peut être, sans contrainte, à l'écoute de nous-mêmes et de la vie. Le lendemain, passant devant une librairie, je vis un livre intitulé « Espoir et certitude ». On rentre, on feuillette et on l'achète. L'auteur explique que le sens de la vie est de passer de l'espoir à la certitude. L'espoir fait partie de l'homme, c'est la notion d'idéal portée par la jeunesse, une croyance absolue dans un monde meilleur en quelque sorte. Pourtant, combien d'espérances déçues. Peut-on s'appuyer sur des certitudes ? C'est toute la question ! Quelles sont-elles et comment les trouver? C'est le cheminement qu'il explique.

- Je vois ce que vous voulez dire, et je me reconnais dans ce questionnement.

lundi 10 juin 2024

Bon Espoir 2

Après avoir quitté la nationale, ils prirent une petite route à travers une campagne qui se couvrait de collines. Un croisement, un panneau indiquait la Fraternité de Sainte Espérance, ils tournèrent.

- Le nom du hameau et cette fraternité sont reliés, dit Véronique, il semblerait que des habitants précédèrent l’installation d’une communauté. Il n’y a rien d’écrit. On ne sait d’où vient le nom.

Ils passèrent devant le chemin qui conduisait à la fraternité, le village était à deux kilomètres. Assez de maisons pour que subsistent une épicerie et une école. Leur maison était en pierres, avec des fenêtres hautes, aux belles proportions, une sorte de tour dépassait du rez de chaussée, un beau jardin avec de grands arbres qui ajoutaient à la sérénité du lieu, de la vue vers la nature environnante. Un endroit enchanteur réservé à ceux qui prennent les chemins de traverse.

- Venez, je vais vous montrer votre chambre. Je vais m’occuper du repas, ce sera simple, on va manger dans une heure. Faites comme chez vous.

Eric se posa un moment. Il avait rencontré bien des gens sympathiques en stop, mais c'était la première fois qu'il était invité. Saurait il faire la même chose avec des inconnus ? Il ne savait pas. Il n'avait pas de voiture et ne pouvait se projeter. Offrir l'hospitalité est si peu courant dans notre culture égoïste et peureuse. Il était un peu gêné et en même temps attiré. La vie avait-elle quelque chose à lui dire ? Il rejoignit ses hôtes dans le séjour.

dimanche 9 juin 2024

Bon espoir

Si je ne mets pas grand chose sur le blog depuis quelque temps, c'est parce que j'écris par ailleurs un roman sur le cheminement d'un jeune homme. Je l'ai commencé il y a plusieurs années avançant au grès de mon inspiration. Il y eut de longs arrêts, et puis ayant bien avancé ces derniers mois, je me suis dit que je m'efforcerais de le terminer d'ici l'été. C'est un défi, car j'ai essayé depuis le début de rester proche de ce que je ressentais, et pas de remplir du papier.
Alors je me propose de vous mettre quelques pages du premier chapitre, qui s'intitule : Bon espoir.


BON ESPOIR

Il se souvient de ce jour, alors qu’il voyageait en stop, où il fut pris par un couple très étrange. Ils allaient dans la bonne direction, et le lâcheraient une centaine de kilomètres plus loin. La femme se retournait vers lui pour lui adresser la parole, très accueillante. Il y eut bien sûr les questions habituelles : où allait-il, que faisait-il, pourquoi voyageait-il ainsi, pour créer le contact. Lui était journaliste, elle faisait de la sculpture et exposait. Il était passionné de poésie, et cita quelques vers de sa composition, comme ça, en toute simplicité. Cela parlait de l’homme à la recherche de sa nature perdue.
 
Je m’enfuis toujours plus loin
Dois-je courir ou bien rester?
Je suis l’esclave de ce besoin :
Aller au-delà de mes pensées…
 
- Ecoutez, c’est bientôt la fin de la journée, si cela ne vous bouscule pas, on vous propose de passer la nuit chez nous, on vous remettra sur la route demain. Nous habitons à une vingtaine de kilomètres d'ici dans un petit village qui se nomme Bon espoir.
Eric resta abasourdi. Un couple aussi gentil habitant Bon espoir, c’était tout bonnement incroyable. Son cœur basculait vers le oui, sans aucun doute.
- Vous habitez Bon espoir, et vous m’invitez, j’ai l’impression de rêver !
- Non c’est bien réel, c’est une part de notre histoire. Si vous voulez, on vous la racontera.
- Si je me laisse inviter ainsi, sans doute aurais-je à rendre un jour…
- Ne projetez pas trop, laissez-vous surprendre. La vie est surprenante, bien plus qu’on imagine.
- Je vous remercie.
Ils rirent, comme s’ils avaient joué un bon tour à un inconnu qu’ils avaient reconnu, sans qu’il s’en doute lui-même. Reconnaître une âme sœur. Avec l’âge, cela était sans doute plus aisé, à condition de ne pas dévier d’une certaine intuition, d’une proximité avec sa profondeur.

samedi 25 mai 2024

Le présent

Lorsque l'on franchit les portes du monde "spirituel", on découvre assez vite ces expressions : Ici et maintenant, et  Vivre le présent.
Le présent c'est maintenant. Un point c'est tout!
Si on se penche sur le sens exact, on se rend compte que c'est indéfinissable. C'est un espace entre le passé et le futur. Le passé c'est ce qui n'existe plus, hormis dans la mémoire, le futur c'est ce qui n'existe pas encore, hormis dans l'imagination. Et il semble bien plus facile de repenser au passé, quitte à le refaire, ou d'imaginer le futur, plutôt que de se satisfaire de ce qui est déjà là. On devient présent quand on constate qu'on ne l'était pas. Mais, si ce moment arrive, ou lorsqu'il arrive, ne tombons pas dans le piège de croire que l'on va y rester, car c'est déjà le quitter et se projeter dans le futur.
Le présent est insaisissable, à la limite il n'existe pas. On ne peut pas le rechercher sans cesse puisqu'il s'enfuit tout le temps. Il ne fait que passer, il est l'éternel changeant, il est la vie qui s'écoule.
Tant que nous pensons notre vie, nous passons à côté. Vivre au lieu de penser. Facile à dire...
Vous vous souvenez à l'école? On se présente, bonjour je m'appelle untel, puis on répond "Présent" quand on nous appelle... Mais cela n'a rien à voir avec le présent. D'ailleurs quand on se présente, on se passéise en fait. Une fois, il y a bien longtemps, en Italie, on m'a demandé ce que je faisais. On était en train de déjeuner, et j'ai répondu : "je mange". J'ai du me reprendre car la réponse n'était pas acceptée.
Le présent coupe toute question, tout commentaire. Il est.

mercredi 22 mai 2024

Etre là, enfin.


Être là, enfin.

Au présent.
Quand reflue ma conscience, ne laissant que l’instant jaillir comme une source. Être comme un brun d’herbe parmi d’autres brins d’herbe, malmené par l’hiver, bruni par la neige, secoué par le vent. Être là, sans plus de quand ni de pourquoi.
M’échapper à moi-même.
Et mystérieusement, me rejoindre.

dimanche 5 mai 2024

C'est quoi la pratique?

 

   

A - C'est quoi alors la pratique?

D - Mais pratiquer quoi? La pratique n'a de sens que pour obtenir quelque chose. Pour être ce que l'on est? On l'est déjà!

A - On pratique pour être quelqu'un d'autre.

D - Absolument. Mais vouloir être quelqu'un d'autre à la place de celui que nous sommes déjà sous-entend qu'il y a quelque chose qui ne va pas dans la Totalité. C'est comme si on disait : Dieu, refais ta copie! De toute façon, on sera obligatoirement autre, de par la loi du changement. Certains iront beaucoup mieux, d'autres auront un accident, d'autres auront un cancer, etc..

A - Il n'y a rien à changer, alors?

D - Il n'y a pas besoin de notre faux pouvoir pour changer, les choses vont changer d'elles-mêmes. Qu'as-tu à faire, là, pour que les choses se fassent?

A - Rien.

D - Quand les gens n'adhèrent plus à l'idée du libre arbitre, il y a souvent un malentendu qui leur fait dire : alors, je n'ai plus rien à faire? Les choses continuent de se faire à travers nous. Nous sommes conducteurs du changement, nous l'accompagnons, mais nous n'en avons pas le contrôle.
Pour répondre à ta question de tout à l'heure, la pratique est un moment de non pratique parfaite. C'est la vie qui pratique en moi. Je ne veux rien, je ne demande rien, je m'offre totalement, dans le sens du mot sacrifice. Comme le dit cette phrase chrétienne : C'est Dieu qui vit en moi.

Dialogue entre Alexandre Jollien et Daniel Morin dans "Maintenant ou jamais".

jeudi 25 avril 2024

L'EVEIL dans le Yogavasistha

 


Le Yogavāsiṣṭha est un très long poème écrit en sanskrit aussi volumineux que la Bible en format équivalent. Sa date de composition reste très incertaine (entre -300 avant notre ère et 600 après ?), même si les personnages qu'elle met en scène, à savoir le prince Rāma et le sage Vasiṣṭha, sont beaucoup plus anciens (environ -2 000 av. J.-C.). Son auteur supposé serait Vālmīki, le poète qui aurait rédigé le Rāmāyaṇa.

Ce livre est un des plus beaux textes de la littérature spirituelle de l'Inde ; il présente sous forme d'histoires les plus profondes vérités de la philosophie et de la non-dualité indienne. Le Yogavāsiṣṭha indique le chemin qui mène à la vraie vie, c'est-à-dire à la connaissance de soi ; il nous conduit de ce monde d'apparences, d'illusions et de souffrances à la vie éveillée.
Ce grand texte est divisé en six livres et l'extrait traduit ici appartient à la toute fin du sixième et dernier livre traitant de la libération et de l'éveil. Il s'agit d'un dialogue entre le sage Vasiṣṭha et le prince Rāma, qui précède l'éveil du prince, puis qui décrit l'éveil final.

On trouvera donc dans ce livre une description de l'éveil et l'exposé de la pratique pour l'atteindre. Cette pratique est fondée sur un choix délibéré et conscient de détourner notre attention des objets physiques et mentaux (objets matériels et pensées diverses) pour l'orienter vers le seul fait d'être conscient. C'est le point commun à toutes les formes de méditation, prêter attention à la conscience qui est en nous et qui ne demande qu'à se révéler.
Ce texte admirable n'a qu'un seul but : éveiller son lecteur.

Yves Rémond est né en 1956 et a exercé le métier d'ingénieur agronome en France et à l'étranger. Passionné par la spiritualité, il a principalement été l'élève (depuis l'âge de 20 ans), puis le collaborateur, pendant quinze ans, d'Arnaud Desjardins dans son centre en Ardèche. Il a étudié le sanskrit et s'est passionné pour le Yogavasishta, que Swami Prajñânpad, le maître d'Arnaud Desjardins, recommandait fortement de lire.

Le livre sortira le 7 mai (Editions Almora)

dimanche 21 avril 2024

Tout peut arriver

 

Vous avez peut être vu les images, il y a quelques jours, de ces pluies torrentielles tombées à Dubaï durant 24 H représentant l'équivalent de deux années de pluie. On voit des centaines de voitures bloquées sur les routes à 4 voies, flottantes, emportées, l'aéroport noyé... Des images d'inondation comme on est habitué à en voir régulièrement maintenant, sauf que ça se passe à Dubaï en plein désert au bord du golfe Persique.

Je suis allé deux fois à Dubaï (invité pour un travail) il y a près de quinze ans, je connais donc un peu les lieux, et n'aurai jamais imaginé un tel spectacle. Cette ville est entourée des sables du désert où vont pique niquer les habitants, ou jouer dans les dunes avec leur 4 x 4. Cette ville qui est devenue comme Manhattan en une génération, mais en plus grandiose. Les grattes ciel les plus hauts, les plus nombreux, les plus étonnants, vraie débauche du luxe pour millionnaires en mal de paraître. Sa piste de ski couverte, le plus grand centre commercial au monde, la plus grande marina, ses îles artificielles en forme de palmier ou des continents... Un monde réservé aux riches où tout est importé, le symbole même du gaspillage et de ce qu'il ne faut surtout pas faire. Pétrole et écologie ne vont pas ensemble, les hommes en blanc ne se salissent pas les mains non plus, ils utilisent des indiens, pakistanais, chinois pour leurs constructions démesurées dont le sable vient d'Australie (vous imaginez!). L'argent permet tout, ou presque, sauf que l'homme qui se croit plus fort que tout ne sera jamais à l'abri d'un grain de sable pour enrayer la machine ou d'une goutte d'eau qui fait déborder le vase. Il y a déjà eu une dizaine d'incendies dans ces fameuses tours, semant la panique.
Maintenant c'est la pluie, le déluge! L'eau monte parce qu'ils n'ont pas prévu d'évacuations, vu qu'il pleut rarement. Pour qu'il y ait un mètre d'eau ou plus, cela veut dire qu'il y a des zones en cuvette qui forcément retiennent l'eau. Les bureaux d'inginierie occidentaux y avaient-ils réfléchi, avaient-ils reçus des ordres de faire des économies? Cela coûte plus cher d'agir après coup.
Qu'en est-il exactement des procédés d'ensemencement des nuages, pour les transformer en pluie, et de leurs conséquences?
Les inondations c'est une chose, mais il faut manger, boire. Les gens bloqués jusqu'à trois jours dans le plus grand aéroport du monde, car plus d'avitaillement, plus d'accès. On ne rentre pas dans les détails, mais on peut imaginer le pire. Encore une fois la vie nous montre que tout peut arriver!
Bien sûr, tous ces phénomènes font partie du dérèglement climatique.

Un petit clin d'oeil pour terminer : Dubaï est la plus grande ville des Emirats Arabes Unis, ou l'EAU!
Le mot Dubaï me fait penser à la baille qui signifie l'eau, la mer...

Vue satellite montrant les poches d'eau en bleu (plusieurs km).
(Les 2 photos viennent du site de BFMTV)


mercredi 10 avril 2024

Sourire

D’où viennent les sourires ? Qui apprend à sourire ? La maman comblée qui vient d’enfanter et découvre cette partie d’elle-même qui sort de son vagin pour rejoindre son sein ? Il y a des bébés, qui les yeux fermés, ressemblent à des petits bouddhas, au sourire béat, parfois les yeux ouverts aussi. Ils ont l'air si paisibles, si au delà de tout.
Et si c’était les anges, avec qui ils vivaient jusqu’à leur naissance, qui leur avait transmis leur propre sourire ? En témoignent l’ange au sourire et l’ange de l’annonciation en la cathédrale de Reims.


Quel bonheur d’accueillir un sourire, quelle joie d’en offrir. Quel mystère aussi...


Peut-on imaginer ce que vivait l'artiste en élaborant de telles sculptures?

dimanche 31 mars 2024

Que l'éveil touche nos coeurs!

 Oui, bien sûr c'est Pâques, alors on se dit "Joyeuses Pâques"... Mais qui ça? Les chrétiens, il y en a de moins en moins, les croyants non affiliés, les juifs? Ou ceux qui sortent du magasin avec des tonnes de chocolat? Le chocolat se porte bien, c'est déjà ça! 
A Rome le vieux pape François commence à fatiguer, mais il peut encore semer un message de paix. A Jérusalem il n'y a plus de touristes sur les lieux saints, guerre oblige, et les professionnels commencent à s'inquiéter, quoiqu'ils risquent quand même bien moins que les civils dans la bande de Gaza. 
Une précision au passage, shalom veut dire paix et on traduit souvent Jérusalem par ville de la paix, mais quand on regarde l'hébreu, la traduction "état de paix", état de paix intérieure, semble plus juste.


N'est-ce pas le sens de Pâques aussi, ou plutôt de la résurrection, terme qui signifie revenir à la vie, se réveiller. De quelle vie s'agit-il? Celle dont parle Jésus quand il dit : "Je suis la vie". L'éveil de la conscience par rapport à la réalité de l'homme inconscient, esclave de ses mécanismes. C'est bien plus difficile de s'éveiller que de porter la croix (pour ceux qui jouent encore à çà)!
Le grand but de la vie, comme le disent tous les sages, c'est de s'éveiller. Encore faut-il le porter suffisamment fort en soi-même. Mais pratiquer à sa mesure et avec constance apaisera le mental, assurément. Nous ne pouvons influencer la marche du monde, d'autant plus qu'il semble y avoir des pics de violence. Il est plus facile de s'entraîner à la désidentification, au détachement, même si ça prend des années, des dizaines d'années, des vies...

Que l'éveil touche nos coeurs.

lundi 25 mars 2024

Rencontre

 J'ai pris le bateau à Trapani pour l'île de Favignana à l'ouest de la Sicile. Une petite heure à regarder la mer, à regarder la côte s'éloigner, puis une autre côte s'approcher. C'est magique d'être immobile et d'observer la scène d'un paysage apparaître, surtout quand on ne le connaît pas. Ce goût de la première fois! Tout le monde débarque, il fait très chaud et l'ombre est rare. Les ruelles débordent des mêmes chinoiseries que l'on trouve partout où les touristes prolifèrent, des mêmes vêtements d'été à la sauce new âge, d'objets aussi chers qu'inutiles... En deux ou trois rues on a fait le tour des lieux, que reste t-il à voir? Y a t-il encore un peu d'authenticité derrière ce décor de cinéma pour touristes? Il faut chercher un peu à l'écart pour redécouvrir des rues, des murs, des fenêtres, qui respirent encore le savoir faire de l'homme qui ne s'est pas trahi. 
Je mange un couscous sur le trottoir, puis échoue sur une place où je m'attable pour prendre un verre à une terrasse couverte. A côté de moi, il y a une jeune femme seule qui lit. Elle a un beau regard, et je ne peux m'empêcher de la regarder discrètement. Plus loin, un groupe de jeunes se lèvent pour se préparer à partir. Bien qu'ils soient ensemble, ils ne bougent pas en même temps, comme si certains semblaient rester. Parmi eux un garçon regarde la fille à côté et lui fait un sourire, elle répond. Bien qu'étant avec ses amis en partance, il se retourne plusieurs fois vers la fille pour la regarder. Puis, sans hésiter, il vient vers elle et engage la conversation. Ca me sidère un peu, il n'a pas peur, il faut dire qu'il est plutôt beau gosse. Il se montre curieux vis à vis du livre, elle répond, le courant passe. J'assiste à une scène improvisée qui passe très bien. Tout semble naturel, le charme opère de part et d'autre. La rapidité du contact et son évidence me fascinent. J'ai envie de dire "Chapeau"! Au bout de deux ou trois minutes, il lui dit au revoir et part rejoindre ses amis qui ont cette fois-ci quitté les lieux. Il se retourne encore pour la regarder. La fille reste là, tout sourire, dans une sorte de détente béate, se touchant les cheveux, révélant sa sensualité en émoi, comme touchée par ce contact éphémère qui a réveillé ce qui se passe entre un homme et une femme quand le courant passe. Je trouve ça très beau. Je la regarde.  Elle ne s'est aperçu de rien. Elle mettra du temps à reprendre son livre, toute à ses pensées, à son ressenti, de ce qu'elle vient de vivre...
Cela aurait pu être une scène de film, mais ce fut le réel, une seule prise et c'est dans la boite des souvenirs. Magnifique!

La scène se passe sur la terrasse couverte à gauche...


samedi 16 mars 2024

Anecdotes en voyage

L'été dernier, je suis allé en Sicile. Parti de Barcelone en ferry direction Civitavecchia (au nord de Rome), je prenais ensuite la route pour le sud de l'Italie. Dans ce genre d'aventure, seul qui plus est, il y a toujours des anecdotes que l'on remarque sans doute plus facilement que dans la vie courante, vue notre disponibilité. En voici quelques unes.

Palerme, je suis dans un beau parc derrière le palais des Normands. Il y a des tables pour consommer parmi les arbres et plantations. A côté de moi deux hommes, très bien habillés, attirent mon regard. L'un ne quitte pas des yeux son portable, l'autre lui parle. Le premier lui répond parfois, sans lever les yeux. Ce manège dure quelques minutes. Je suis très étonné de cette indifférence et manque de respect. C'est en contradiction avec leur élégance vestimentaire. Au bout d'un moment celui qui parlait finit par prendre aussi son portable. Puis il se lève et s'en va, l'autre n'a pas levé la tête...

Je me plains intérieurement d'un jus d'ananas qui m'a été servi directement dans un verre, sans m'apporter la bouteille comme d'habitude. Il n'est pas bon et provient certainement d'un brick du commerce. Pourtant on est dans un lieu qui se veut sélect. Je ne dis rien, ce n'est pas la même personne qui m'a servi et à qui je paye.

En me levant, je vois 2 euros sur le siège à côté. Je les prends estimant que ça rembourse la mauvaise qualité du jus d'ananas.

mardi 12 mars 2024

Chandra Swami Udasin

 

"L’univers entier émerge du Silence et retourne au Silence.

Le Silence est cet état permanent et essentiel de l’être dans lequel le “quoi”, 
le “pourquoi”, le “où” et le “quand” disparaissent."

lundi 11 mars 2024

Chandra Swami

 


Chandra Swami a quitté son corps...
Rarement un sage m'avait autant impressionné.
Je renvois ceux que ça intéresse à son livre : Le chant du silence (éd. du Relié)



jeudi 22 février 2024

Rumi


 Sois vide de tout soucis

pense à qui créa la pensée !

Pourquoi rester en prison

La porte est grande ouverte !

Sors du labyrinthe des peurs.

Vis en silence.

Rumi



lundi 12 février 2024

mercredi 31 janvier 2024

Combien de pensées par jour?

Vous savez le nom de ces fleurs, j'imagine...

Je suis allé voir sur internet si on abordait le sujet du nombre de pensées journalières que l'on pouvait avoir. J'ai trouvé deux réponses générales à travers plusieurs sites.
Sur les sites de Science et Vie ou de Science et Avenir, des études de psychologues indiquent plus de 6 000 pensées (6 200) par jour.
Si on compte 8 heures de sommeil, cela fait 16 heures de veille, ce qui fait 387 pensées par heure, soit 6,5 pensées à la minute, ce qui voudrait dire que le temps moyen d'une pensée est de 10 secondes environ.
Si je peux me permettre un premier commentaire, cela peut sembler beaucoup et peu à la fois. Une pensée en entrainant une autre cela semble très difficile déjà de définir ou de cerner ce qu'est une pensée et sa durée. Des commentaires entrainent d'autres commentaires et nous font perdre le sujet initial. Il y a des pensées extrêmement courtes qui doivent être de l'ordre de la seconde.

Sur d'autres sites (RIME, Psychologie), d'autres chercheurs évoquent 60 000 pensées par jour.
En faisant le même calcul, on obtient 3 750 pensées par heure et 62 à la minute, soit une pensée par seconde! Autant dire que ça n'arrête pas.
Je lis aussi que le professeur Daniel Amen (ça ne s'invente pas) de Californie aurait démontré que 80 % des pensées étaient négatives (48 000) et 95 % étaient les mêmes que la veille.
Ces études ont été faites sur des centaines de personnes que je vais qualifier de communes. Je veux dire par là que si on fait le même genre d'études avec des personnes pratiquant la méditation depuis plusieurs années, ou l'observation de soi, les résultats vont forcément changer.

La pratique de la vigilance permet de prendre du recul, d'observer ce qui se passe en nous et à l'extérieur. Ce travail (passivement actif comme disait Swami Prajnanpad) permet de ne plus alimenter le mental, qui va donc progressivement baisser d'intensité. Le silence entrainant le silence, on devient de moins en moins troublé ou emporté aussi bien par le monde extérieur que par celui de nos pensées.
Un exercice qui peut nous montrer nos limites, ou notre potentiel, consiste à se brancher exclusivement sur notre respiration : J'inspire, je sens l'air qui rentre, je ne fais que sentir l'air, rien d'autre, sans forcer, puis j'expire, je laisse sortir l'air, il n'y a que l'air, je suis l'inspir, je suis l'expir. Si on est totalement présent à ce mouvement naturel, il n'y a pas de pensées, et si on déconnecte on recommence dès que possible. On peut essayer une minute pour voir. Combien je tiens? Ne pas juger, on rentre encore dans les pensées, juste essayer et voir ce qui se passe. Le but n'est pas d'arriver à un résultat, quelqu'il soit, mais de prendre conscience.

Les pensées viennent de ce que l'on vit, entre autres, je ne parle pas des peurs, des traumas, mais du quotidien; essayons de mettre le plus de qualité dans ce qui nous entoure et nous nourrit (fréquentations, discussions, informations, lectures, etc...). 

dimanche 28 janvier 2024

Pour une naissance sans violence - Frédérick Leboyer

Au début de mes études la vie m'a fait rencontrer plusieurs personnes dans un cheminement dont je n'avais pas encore conscience, en particulier un étudiant en médecine qui m'initia au végétarisme, aux idées de Rudolf Steiner, et à la démarche de Frédéric Leboyer. Son livre "Pour une naissance sans violence" est sorti en 1973 et cet ami me le prêta. J'ai été très touché par ce livre tellement ça me semblait évident, naturel et simple. Quelque temps après nous sommes allés écouter Leboyer en conférence à Paris devant un parterre d'étudiants en médecine. Il montra le film qu'il avait fait sur la naissance, et exposa sa pratique, suite à son cheminement personnel en Inde auprès de Swami Prajnanpad (gourou de plusieurs français dont Arnaud Desjardins). 

Son propos était de maintenir autant que possible l'ambiance qu'avait connu le foetus dans le ventre de sa mère, au moment de sa naissance. Il a vécu 9 mois dans le noir, le quasi silence sinon les battements du coeur de la mère, l'aqueux, la douceur, la respiration par le cordon, bref un univers complètement différent de l'après naissance. La naissance classique, à l'époque, c'était : on sortait le bébé, on le tenait par les pieds, on lui tapotait les fesses, on coupait le cordon, faisant exploser les alvéoles pulmonaires qui n'avaient jamais fonctionné, d'où les cris (entre autres), il passait de la nuit à la lumière froide d'une salle d'hôpital, on le posait sur une table dure, etc... Il proposait la douceur, le contact, mettre d'abord le bébé sur la mère, pour qu'il retrouve le bruit du coeur, attendre que la respiration se fasse naturellement, puis ensuite couper le cordon...

A ma grande surprise il y eut beaucoup de réactions négatives de la part de ces étudiants qui étaient éduqués dans la non prise en considération du bébé en tant qu'être vivant (hyper) sensible. Je ne comprenais pas leur manque de conscience à ce sujet. Au bout d'un moment, Frédéric Leboyer, qui était resté d'un calme olympien tout du long, ayant compris qu'on ne fait pas changer d'avis des gens obtus et agressifs, clôtura la conférence. Son attitude calme et respectueuse m'ébranla. Comment faisait-il pour rester lui-même, tranquille, patient, non perturbé par ces ignorants imbéciles? C'était la première fois que je voyais un être dont je sentais une telle qualité. J'avais commencé à lire les livres d'Arnaud Desjardins, mais ne l'avais pas encore rencontré.

Dans sa démarche auprès de Swamiji, Leboyer revécut sa naissance, avec des forceps, ce qui l'aida d'autant mieux à comprendre le processus. Je suis aussi né avec des forceps, et ai revécu ma naissance. Ceci explique cela...
Cet ami vécut avec sa femme la naissance de leur première fille à la maison avec une sage femme pratiquant cette méthode.
Quelques années plus tard j'eus la chance d'assister à la naissance de notre fils dans l'eau, avec un médecin qui proposait ce type d'accouchement dans un hôpital. Lumière tamisée, musique douce à laquelle on avait habitué le bébé, pose sur le ventre de sa mère, grand calme, pas un pleur...
   

Il a été à l'initiative d'un autre regard sur la naissance et d'un changement dans la pratique auprès de certains collègues dans le monde. Il a aussi fait des films sur le sujet.
Frédéric Leboyer a écrit une bonne douzaine de livres pour partager et transmettre ce qu'il a reçu de l'Inde. Le plus connu est "Pour une naissance sans violence", mais il y a aussi "Shantala" sur le massage des bébés, "L'art du souffle", etc... Il a écrit des livres de poésie et sur son expérience avec Swami Prajnanpad. 




samedi 27 janvier 2024

jeudi 25 janvier 2024

Du personnel à l'impersonnel

 Le développement personnel a connu un succès fou depuis les années 70, d'abord aux USA, puis en Europe, ou en Europe d'abord si on l'associe à la psychanalyse. C'est une démarche essentielle pour apprendre à mieux se connaître, dépasser ses peurs et vivre son potentiel. En un mot : oser! 
C'est certainement nécessaire dans le questionnement de soi qui peut conduire à la spiritualité. Le risque étant de rester au niveau de l'ego. On va mieux, c'est déjà énorme, mais on restera toujours dans la dualité du j'aime - je n'aime pas, pour faire simple, et donc de la dépendance. Si on est encore insatisfait, si on cherche autre chose, si on a un pressentiment d'un "au de-là de", la démarche devient toute autre. 
Il ne s'agit plus de développer ce qui est du niveau de la personne, ni même développer quoi que ce soit. L'ego aime développer, grandir, se prendre au sérieux, devenir quelqu'un, mais en agissant ainsi il se conforte, ce qui n'est pas le but. Il n'y a pas un super ego qui bénéficie d'une réussite totale, ou qui est libre et s'en réjouit. On peut le lire, l'entendre, mais sans le comprendre vraiment, car c'est de l'ordre de l'expérience. 


Mais alors c'est quoi cette expérience, ce passage de l'autre côté? Pas d'inquiétude, pas d'empressement, ça viendra quand ça viendra. Ce n'est pas de l'ordre de la réussite, comme un examen, c'est de l'ordre de l'abandon total, du lâcher, du non-vouloir. Je ne veux rien pour moi, ou plutôt il n'y a plus rien en moi qui demande ou veut quelque chose. Ce qui arrive arrive et je ne discute pas. Une absence de je en fait, pour discuter, d'où le terme utilisé "d'impersonnel". Il y a eu un épuisement de l'ego en quelque sorte, avec de moins en moins de désirs, et de moins en moins d'identification. C'est subtil, ce n'est pas nous qui décidons, ça se fait. Un jour le je disparaîtra, peut être, ou peut être pas, c'est ok. 
Avoir un OUI d'avance comme dit Daniel Morin.

Je recommande le blog https://eveilimpersonnel.blogspot.com/ pour aller plus loin, et si vous ne le connaissez pas.

samedi 20 janvier 2024

Dire OUI

Dans beaucoup d'enseignements, une des bases est d'apprendre à voir, à reconnaître et de dire Oui, Amen, Que ta volonté soit faite, Inch Allah (si Dieu le veut).
Dire Oui, c'est être complètement d'accord avec ce qui est. Cela est évident quand ce qui est correspond à ce que l'on aime. Il n'y a aucun effort, voire aucune présence au début du chemin, c'est du pur automatisme
entre notre fonctionnement et ce qui arrive. C'est juste une attirance, on ne décide pas d'aimer telle ou telle chose, c'est déjà là, en nous. Par exemple certains hommes préfèrent les blondes, d'autres les brunes, ou bien le sucré ou le salé, ou le vert ou le rouge... Il a pu se passer quelque chose dans la petite enfance, ou avant, qui a fait que, mais on n'a pas décidé un jour d'aimer ou de ne pas aimer telle ou telle chose.

Apprendre à dire Oui n'est pas évident du tout car on ne voit rien au début, on ne voit pas comment on fonctionne, on a aucun recul sur nous même, il y a juste action - réaction. Il faut déjà reconnaître cet aspect : il n'y a personne qui dirige! 
Ensuite, lorsque la vigilance commence à s'installer, on commence à freiner notre mécanicité, à voir tout ce à quoi on dit Non. On développe l'observateur en nous, le disciple pourrait-on dire. Le but n'est pas de dire Oui, c'est impossible, mais de voir en nous comment ça se passe, et d'être au fur et à mesure de plus en plus d'accord avec ce comment. C'est cela, passer du sommeil à l'éveil. C'est inévitablement progressif.
Les mécanismes en jeu sont trop puissants pour être modifiés en un instant, c'est ainsi, c'est la vie. Tout est la vie, nous ne sommes pas indépendants de la vie qui nous dépasse.

Dire oui n'est pas si facile, c'est lié à notre ego. L'ego n'est pas dans le compromis, il est très binaire au début : j'aime, je n'aime pas. Avec le temps le recul s'installe, et donc le calme, la tolérance, l'écoute, la compassion (comme disent les Bouddhistes Tibétains). C'est parce que l'ego diminue que le Oui s'installe.
On va sentir qu'il n'y a personne pour dire Oui, il n'y a plus que "C'est". Le "Oui à ce qui est" devient évidence car il n'y a plus personne pour discuter quoi que ce soit.


Je ne vois rien de moi-même
Je découvre que je ne vois rien
Je prends du temps pour apprendre à voir
Je quitte progressivement le sommeil
Je refuse de moins en moins ce qui arrive
Je suis de plus en plus ouvert
Je ne cherche plus l'excitation du monde extérieur
Je suis dans la compagnie de ce qui n'est plus moi
Dans le silence du coeur apaisé

jeudi 18 janvier 2024

Esclave du portable

 Il y a toujours des expositions à Paris, et mon fils, qui a la fibre artistique, m'avait averti de certaines comme celles sur Modigliani, Van Gogh, Rothko, entre autres... Il y a aussi Berthe Morisot à Marmottan.
J'ai un petit avantage, j'ai une carte d'handicapé, ce qui veut dire Entée gratuite dans les musées publics, avec un accompagnateur en plus, et passage prioritaire ce qui évite de faire la queue. L'air de rien on peut gagner une à deux heures selon les endroits.

Le musée d'Orsay propose une expo sur la dernière année de Van Gogh à Auvers sur Oise en 1890.
Qui ne connaît pas Van Gogh aujourd'hui? Personne en tout cas à son époque! Cet homme à la sensibilité exacerbée, au talent fulgurant, n'a malheureusement pas été reconnu, à en pleurer de désespoir. J'ai étudié son thème et on voit une créativité folle, mais aucune reconnaissance sociale. Comme quoi on n'échappe pas à sa destinée. 

A l'intérieur du musée, pour rentrer dans les salles de l'expo, une queue de près d'une heure environ. Je passe évidemment sans attendre. A l'intérieur pas mal de monde aussi. Il y a deux spectacles : les tableaux de l'artiste, et les gens. C'est amusant de voir le comportement de certains, parfaitement égoïstes, se mettant devant et gênant les autres, ou prenant des photos... 
Bien sûr il n'est pas interdit de prendre des photos, mais c'est tout ce qu'il y a autour qui m'a surpris. Déjà les photos ne seront pas aussi bonnes que celles d'un bon livre. Qu'en feront-ils ensuite, les garder en mémoire et les voir sur un écran de téléphone, les rentrer dans l'ordi et les classer? Perso je préfère feuilleter un livre d'art, c'est une autre ambiance.
Mais il y a mieux, ceux qui font des selfies avec le tableau en arrière plan! Je n'y aurai pas pensé, mais à mon âge je suis très limité. Le meilleur pour la fin : celui qui se met devant le tableau, prend la photo, reste devant mais regarde la photo, puis passe au tableau suivant sans même le regarder!
Voila la triste réalité de ces gens accrochés à leur portable, devenus tellement dépendants qu'ils en ont quitté le monde réel. Faire la queue pour ça? Quelle régression!

Van Gogh a peint son dernier tableau "Les racines" le matin du 29 juillet 1890 avant de se tirer une balle dans l'après midi. Un tableau particulier, torturé, dont je ressentais le malaise...


Champ de blé sous un ciel orageux

lundi 1 janvier 2024

Il y a bon et bon

 La langue française utilise beaucoup le mot bon, pas seulement le premier de l'an pour souhaiter la bonne année. Chaque jour on dit bonjour à tous ceux que l'on est amené à fréquenter, et même bonne journée quand on se dit au revoir. Quand on dit se lever de bonne heure, est-ce que cela sous entend qu'il y a des mauvaises heures pour se lever. Le soir on se souhaite une bonne soirée, le bonsoir, un bonne nuit, dors bien, fais de beaux rêves... Il y a du bon partout dans nos vies : bon travail ou travaille bien, bon appétit, bonne digestion, bonne sieste, bon repos, bon voyage, bonnes vacances, bonne santé... On dit aussi bonhomme, bonhomie, bonne femme, sans parler de la "bonne" (à tout faire) qui a donné boniche.

Bon a bien sûr donné bonté, et aussi bonbon (ce doit être la seule langue à répéter le mot bon).

A un autre niveau bon ou bonne signifie conséquent comme dire de quelqu'un qu'il lui faudrait une bonne claque, un bon coup, et même une bonne guerre au niveau géopolitique. 

Il y a aussi le bon dieu, et les bondieuseries...

Sans oublier bonheur qui devrait être le lot de tous à en croire tous ces souhaits à longueur de journée. Et bien non! Ca ne marche pas comme ça...

Bonne lecture...