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lundi 31 octobre 2011

Indépendance et non dépendance


Il y a une subtile différence entre indépendance et non dépendance.
C'est sans doute lié au sens du mot et à l'utilisation que l'on en fait. Etre indépendant est associé au fait de devenir adulte, d'être autonome, de se dissocier d'une cellule, quelle qu'elle soit, mais en gardant ses propres (nouvelles) règles. C'est ne plus être dépendant de l'espace dont on sort.
La non dépendance est une expression utilisée dans le domaine spirituel seul, que je sache. C'est un état, en dehors de tout contexte, de toute référence. On ne dit pas, ou on n'entend pas dire : "je suis non dépendant."
Comme d'autres mots liés à la spiritualité, cet état dont il est parlé est souvent précédé de "ne pas" ou de "non" quelque chose, car c'est toujours au delà du concept, de la saisie, de la qualification, qui est le propre du mental.

Alors on peut être attiré fortement par cette liberté, cette non dépendance, sans savoir en quoi elle consiste. Pourtant l'attirance vers quelque chose démontre en soi qu'il y a une pré-connaissance. C'est tout le paradoxe.
Un autre mot qui caractérise le domaine spirituel, c'est : détachement. Cela va exactement dans le même sens que non dépendance. Le détachement c'est bien enlever le poids de ce qui pèse finalement. Non pas en forçant les lois de la vie, mais comme un fruit mur qui se détache, ou qui tombe. Il y a une légèreté, une évidence, un paisible, un accomplissement. Ce n'est pas l'arbre qui veut se détacher du fruit, mais le fruit qui se détache de l'arbre, car sa vie de dépendance à l'arbre est finie.

Il en est de même de nos dépendances.
Le but n'est pas de se dire : "si j'allais plus faire des retraites, ou si je vivais dans un lieu consacré, j'avancerais plus vite...", cela ne marche pas, tout se fait au moment opportun, qui est le résultat de notre être. Il n'y a pas à lutter contre quoi que ce soit, ou envier je ne sais quoi. Il vaut mieux regarder ce qui nous attire encore, ce dont on ne peut se passer. Si l'énergie de ce qui doit tomber est encore dans la branche, alors le fruit est loin d'être mur.
Ce qui n'empêche pas de vivre des moments de total non manque. Qui nous tombent dessus, qui ne sont pas recherchés, mais qui arrivent. Que l'on soit sur un chemin "officiel" ou pas. La vie, dans son grand mystère, ne s'embarrasse pas de mots ou d'identifications...

On rêve du printemps, moi le premier, mais n'est-ce pas l'automne qui est le meilleur moment de la vie? En tant qu'accomplissement de ce qui doit tomber...

dimanche 30 octobre 2011

Etre libre

Etre libre.
Qu'est-ce que cela peut bien vouloir dire?
Sans s'appuyer sur rien d'autre que sa propre expérience, que ses propres réflexions poussées au plus aigu de notre réalité actuelle.
Sans reprendre du déjà lu, du déjà entendu, du conceptualisé.

Il y a certainement des niveaux différents de liberté, et c'est à force de les découvrir que l'on peut sentir une liberté encore plus grande, plus absolue.
Un mot que je ressens comme étant important, c'est : non dépendance. La liberté c'est une non dépendance complète, totale, absolue.
Ce qui me fait dire cela, c'est parce que je découvre de plus en plus mes dépendances. Une dépendance est là tant qu'il y a derrière une peur du manque.
On est tenu par ce dont on dépend, on s'y accroche même.

L'étymologie de pendre est parlante : cela vient du latin pendere, pensus, qui veut dire initialement : laisser pendre (les plateaux d'une balance), et donc ensuite : peser, évaluer. Ce qui pend pèse, forcément.
Il y a d'innombrables mots rattachés à pendere, comme : suspendre, dépendre, pendant, pendule, pente, appendice, perpendiculaire, etc... et à pensus, comme : peser, poids, penser, dépenser, compenser, récompense, dispenser, indispensable, pension, pondérer, etc...

La dépendance est donc pesante. Il y a cette lourdeur inhérente à l'homme en devenir, ce qui appelle un désir de légèreté que sous entend la liberté qui nous attire.
Sentir le poids de nos dépendances est une chose, aller vers l'allègement en est une autre.
Il y a des poids classiques, ai-je envie de dire, et d'autres plus subtils. Ce n'est pas le poids le plus important, c'est la manière dont il est accroché. Le subtil, qui peut être long à déceler, peut finalement être mieux accroché, que du lourd, facile à voir.
C'est intéressant de voir que cette notion de poids est reliée au fait de penser. La pensée, en tant que mental, est assurément ce qui nous éloigne du léger.

A suivre

samedi 29 octobre 2011

Ressentir ou écouter, n'est-ce pas la même chose?

Ressentir, c'est forcément ne plus penser. Je dirais même que le seul "je" qui soit vrai, c'est celui qui dit : "je sens". Sentir c'est être ramené au présent, c'est être dans le seul instant vivant.
Quand on parle, est-on en parfait accord avec tous les mots qui sortent? A t-on l'exigence de trouver les plus justes? S'appuie t-on sur notre seule expérience?
Qui peut sentir à notre place? Personne. Y a t-il un autre qui peut vivre ce que l'on vit? Non.
Nous ne pouvons qu'être seul avec nous même. Et nous ne pouvons partager vraiment que ce qui nous engage. En quelque sorte c'est ce qui se passe dans une thérapie de groupe, ou individuelle. S'approcher du vrai.
Le corps ne ment pas, le ressenti ne ment pas, le sensible ne ment pas, et l'émotion non plus.

Ressentir, 
c'est se laisser traverser, 
c'est être poreux, 
c'est vibrer à l'unisson du vivant, 
quelqu'il soit, sans à priori. 
C'est ne plus avoir de références, 
c'est s'offrir en permanence, 
c'est goûter le périssable de l'instant qui passe, 
c'est s'ouvrir au risque, 
c'est ne rien retenir...

Les musées prennent le risque d'intellectualiser l'appréciation des oeuvres exposées. Est-ce qu'aimer peut s'expliquer? Ou ne pas aimer?
Explique moi une ambiance, décris un sentiment, dis moi le gout du chocolat exquis, commente à l'aveugle un coucher de soleil...
L'artiste, le poète, réussit parfois à transmettre ce qu'il ressent.
Et le sage, dans son regard, ce qu'il vit.
Quand au reste, méfie t-en...

le prêtre et le chauffeur de bus


Un jour, aux portes du paradis, arrivent deux hommes qui viennent de mourir. Saint Pierre les accueille et leur demandent ce qu'ils ont fait de leur vie.
Le premier dit : "J'étais prêtre, j'ai passé ma vie à prêcher la bonne parole aux gens."
Saint Pierre l'écoute, puis dit qu'il ira en enfer. Le prêtre, hors de lui, se jette sur Saint Pierre en criant : "Mais ce n'est pas possible, j'ai consacré ma vie à Dieu, à parler de Lui, vous ne pouvez pas me faire ça!"
Saint Pierre se détache et demande à l'autre homme : "Et toi, que faisais-tu?" L'homme répondit : "J'étais chauffeur de bus. J'ai conduit des bus toute ma vie." Alors Saint Pierre le regarde, puis dit : "Tu iras au Paradis." De nouveau, le prêtre à peine calmé s'emporte : "Comment ça, moi qui étais prêtre vous m'envoyez en enfer, et ce simple conducteur de bus vous l'envoyez au paradis, c'est injuste."
Saint Pierre répondit calmement : "Toi, quand tu faisais des sermons à l'église, tout le monde dormait, tandis que lui, lorsqu'il conduisait son bus, tout le monde priait!"

Fonte Colombo

Nous descendons à la fontaine. Daniela et son père se munissent d'une gourde et d'une bouteille. Nous faisons plus amplement connaissance le long du chemin rocailleux.
Après quelques jours de solitude, rencontrer des personnes et parler en conscience est une vrai bonheur. Ils sont adorables. Nous échangeons nos adresses.

Arrivés en bas, ils remplissent leurs bouteilles de cette eau fraîche qui coule sans discontinuer. Au dessus un arbre s'élève au dessus d'un rocher en porte à faux. Je ne sais pas si l'eau est miraculeuse, mais le fait que le rocher ne s'écroule pas, l'est certainement.

Je ne sais plus comment c'est arrivé dans la conversation, mais elle me cite un livre de Christian Bobin qu'elle apprécie beaucoup. Comme elle me dit le titre en italien, je ne l'ai pas retenu, mais peut être est-ce "Le très bas" puisqu'il parle de Saint François. Je n'en reviens pas. Il ne faut pas forcément beaucoup de mots  pour se sentir relié. En quelques instants, on se sent frères, amis sur le chemin du coeur, de la même famille, celle qui n'a pas de pays, pas de frontière, plus proches que beaucoup de gens côtoyés. C'est le mystère de la vie, qui se déploie insoupçonnée, au moment où l'on ne s'y attend pas.

Ils me disent qu'ils vont au Greccio ensuite, lieu qu'ils ont particulièrement apprécié, avant de rentrer vers Turin. On se dit au revoir.
Je téléphone à La Foresta. Finalement il y a de la place pour dormir. Comme ils ne préparent pas de repas pour les hôtes de passage, je vais faire quelques courses, et m'offre une super glace, mon péché mignon!
Je suis heureux de revenir dans ce bel endroit. Cela va me permettre aussi de laver du linge, prendre une douche, et recharger les batteries. Choses que je n'avais pas pu faire depuis quelques temps...

vendredi 28 octobre 2011

Fonte Colombo

Nous primes les voitures et je me laissais guider vers ce troisième sanctuaire de la vallée de Rieti.
Marcher à pied dans notre monde contemporain, c'est parfois quitter les sentiers pour traverser les villes avec leurs banlieues et leurs rocades. Cela fait drôle de passer du silence d'un monastère au côtoiement des routes, à l'agitation des boulevards, au mouvement de la ville et de ses habitants, pour retrouver finalement un autre îlot de silence dans la nature. Bien qu'étant en voiture, je me sentais à pied dans ma tête.
De même qu'il faut du temps pour pacifier le mental, au travers de retraites, on ne redevient pas dispersé en quelques minutes après avoir quitté un ermitage. C'est d'ailleurs là que tout se joue : rester vigilant dans ce qui a été recueilli au plus proche de notre être, rester dans cette présence non troublée par le monde extérieur.

Bientôt nous voici à Fonte Colombo. Son nom vient d'une fontaine en contrebas où François vit des colombes. Lieu bien différent des autres, il fait plus neuf car restauré, et malheureusement le charme est parti. L'église vibre bien, et je prends quelques photos des vitraux traduisant les paroles de François. Le cloître semble quelconque à côté de ceux que j'ai vu jusqu'à présent. Je ne m'y attarde pas.

Tandis que David discute avec un frère qu'ils avaient rencontré durant leur périple, je suis Daniela qui fait visiter le lieu à son père. C'est ainsi que je découvre une chapelle sous l'église, puis une mini chapelle, et enfin une grotte où venait François. Il aurait jeûné ici 40 jours, avant de se faire opérer des yeux (sans anesthésie à l'époque).


Dans les grottes, il y a toujours une croix faite de 2 branches toutes simples.

jeudi 27 octobre 2011

Rencontre

Un jeune couple vient d'arriver avec un homme plus âgé qui s'avère être le père de la jeune femme..Ce couple vient de faire le pèlerinage des sanctuaires à pied. Le père est venu les rejoindre depuis Turin en train, et ils lui montrent ce qu'ils ont fait en voiture.
Je sens tout de suite une gentillesse de leur part, une qualité de coeur particulière.
On visite l'église, l'ancien réfectoire, avec les explications de l'homme qui m'avait accueilli, le jardin, pour terminer par la grotte. Un lien commence à se créer, simplement, discrètement. Quelques phrases, quelques gestes, quelques regards, et je sens que quelque chose est en train de passer au delà de la simple rencontre.
Ils doivent ensuite se rendre à Fonte Colombo. Je demande si je peux aller avec eux, avec ma voiture. En même temps je demande si je peux dormir ici.  Il ne reste plus qu'une chambre, et le responsable attend une réponse d'une personne qui doit confirmer si elle vient ce soir ou pas. Je devrais rappeler en fin d'après midi.
Je les suis donc en voiture. Je suis content de rencontrer des gens dans mon parcours solitaire, et ils semblent contents de me montrer ces lieux qu'ils viennent de faire comme des vrais pèlerins. Il se nomme David, et elle Daniela. Je vais apprendre qu'il fait du massage chinois et de l'Aïkido, tandis qu'elle travaille dans un asile pour enfants de 3 mois à 3 ans et se forme au Shiatsu. Un travail avec les énergies pour tous les deux, ce qui va nous relier dans notre manière de parler des choses que l'on vit.

mercredi 26 octobre 2011

La Foresta

Je m'assied sous la voûte où il y a quelques sièges pour contempler le paysage.

Au bout d'un moment, le jeune homme qui m'avait ouvert la porte vient me parler. Il m'explique qu'ils sont une communauté d'hommes, faisant partie d'un mouvement "il mondo X", fonde par un frère cistercien il y a une cinquantaine d'années. Ils entretiennent le lieu, essaient d'être autonomes, et accueillent les gens en difficulté, drogués, sans espoir, ou en recherche. Ils ne demandent rien. Ils vivent de dons extérieurs ou par ceux des hôtes de passage. Il y a 6 ou 7 chambres.
Leur quotidien est ponctué de prières et de travail. "L'ordre et la propreté extérieure amènent l'ordre intérieur". Ici pas de télé, pas de radio, pas de computer, pas de journaux. Ce sont des frères laïques qui prient et accueillent dans la pauvreté et la simplicité, comptant sur la providence. Cette communauté existe dans plusieurs villes de divers pays.

La sonnette se fait entendre. Il s'en va. Il revient pour me proposer de visiter les lieux avec les personnes qui viennent d'arriver. Je dis oui.

La Foresta

Saint François est venu ici en 1225 pendant quelques mois, avant de se faire opérer à Fonte Colombo, car il était devenu aveugle. Il ne supportait plus les rayons de lumière, les stigmates le lançaient, et il n'arrivait plus à dormir. Les gens, sachant qu'il était dans ce lieu, accoururent pour le rencontrer, le voir, le toucher. Situé au milieu des vignes, les visiteurs mangeaient les raisins ou en emportaient. Le prêtre, scandalisé, se disait : "Cette année, ma récolte est perdue." Mais, grâce aux prières de François, le prêtre put cueillir le raisin et en faire un vin excellent et en abondance (Les Fioretti).
Je trouve la grotte où se réfugiait François pour se protéger de la lumière et prier. Ce serait là qu'il aurait consigné le Cantique des Créatures.
Je m'assieds en silence. L'endroit vibre...

La Foresta

Ce lieu est un peu plus difficile à trouver que les autres, mais quel bel endroit! Un jardin magnifique, que l'on peut admirer en arrivant.
L'église est ouverte. Je rentre. On distingue tout de suite l'ancienne église toute simple, de la nouvelle dans laquelle elle est inclus. Par une baie vitrée je distingue le cloître qui est superbe.
Ce lieu fonctionne, et il faut sonner pour y pénétrer, ce que je fais. J'attends plus d'une minute.
Un homme jeune vient m'ouvrir, me disant tout de suite "Benvenuto", me proposant à boire, les toilettes, et me demandant si je suis un pélerin. Je dis que oui. Il était au téléphone et me laisse.
Restant seul, je prends discrètement des photos du cloître. Il y a un passage dans un mur, qui traverse le bâtiment et donne tout d'un coup la vue sur la vallée du Rieti, avec les montagnes dans le fond. Comme c'est beau! Encore un endroit retiré avec une belle vue. Ce qui est étonnant, c'est de passer de la fermeture du cloître à l'ouverture vers ce paysage.

Je descends les marches et jette un coup d'oeil au jardin. Il est entretenu au cordeau. Les différentes cultures de légumes sont bien alignées, avec des pots de fleurs ici et là rythmant l'ambiance de couleurs vives. Le tout est serti dans une pelouse nette et bien tondue. Les sentiers sont bien dessinés. Il y a un sens de la propreté, de l'ordre, de l'esthétisme, qui régalent  l'oeil et le coeur.

On voit un Tau dessiné sur la pelouse.

Tout cela nécessite entretien et arrosage, surtout en Italie.

samedi 22 octobre 2011

Lo speco

Lo speco, c'est une caverne, une grotte, en italien.
D'innombrables histoires racontent la vie de saints ou d'ermites qui se sont retirés dans des lieux à l'écart pour se consacrer à la vie spirituelle. La grotte est un moyen simple de trouver un abri pour vivre de peu, voir presque rien. Que ce soient les pères du désert aux premiers siècles, Milarepa au XI ème siècle en Himalaya, les pélerins russes, Kyentse Rimpoche au début du vingtième, Charles de Foucault dans le désert, ou d'autres encore aujourd'hui, tous mus par un profond désir du divin, ils ont choisi la solitude pour pratiquer l'assise et le silence.
Saint François est de cette veine, au début des années 1200.

Ces êtres, s'ils sont déterminés, n'ont pas tout gagné d'avance. Hormis de rares exceptions comme Ramana Maharshi ou quelques autres, le travail de libération prend un certain temps. Il faut lutter contre le mental, "le diable" dans la tradition chrétienne, purifier sans cesse, pour que la paix du coeur qui est promise puisse se vivre de manière inconditionnelle.
Et François luttait contre les influences de sa jeunesse, contre le fait qu'il ne se consacrait peut être pas autant qu'il l'aurait voulu à la prière et à la vie méditative. Il restait en lui une culpabilité, un jugement qui était celui de la non acceptation parfaite de ce qu'il était tel qu'il se connaissait. En termes chrétiens c'est l'état de pêcheur qui n'est pas digne du regard de Dieu et de son amour. Demander à Dieu le pardon, si c'est un acte d'humilité, c'est encore mettre une séparation, c'est ne pas s'abandonner à la confiance totale tel que l'on est.
C'est dans ce lieu, lo speco de Poggio Bustone, la grotte des révélations, que François va vivre cet éveil, ce pardon définitif, cette renaissance spirituelle.
Je m'engageais donc sur ce chemin qui s'élevait 300 mètres plus haut, ponctué de petites chapelles, en mémoire  de certains épisodes de vie du saint homme. Un sentier abrupt, avec des marches, et ces arrêts où je lis les quelques lignes sur Saint François.
J'arrive à une sorte de chapelle adossée à la paroi de la montagne. Cela fut construit autour de la grotte, bien après sa mort, comme c'est souvent le cas. Je pousse une grille, puis rentre par une porte que j'ai quelque mal à ouvrir. Il y a d'abord une petite chapelle voûtée, qui fut rajoutée en dessous de la grotte, avant de découvrir un passage qui donne dans la grotte proprement dite.

Il y a deux lieux distincts, un autre chapelle minuscule, sur laquelle j'ouvre une porte pour donner de la lumière, et un pan de rocher en creux où ont été déposées des petites croix en brindilles, toutes fragiles de leur simplicité, rappelant la pauvreté franciscaine.
Cela me fait quelque chose d'être là, en ce lieu où cet homme si pieux connut l'éveil spirituel il y a 800 ans. Je m'imprègne du silence. Puis je laisse un mot sur le cahier dans la première chapelle, referme les portes, et me retrouve dehors ébloui par le soleil.
Quelques mètres plus loin la croix en forme de Tau dessinée sur le sol avec des pierres.
En redescendant, je croise l'homme que j'avais vu couché bras en croix dans l'église en arrivant. On se salue. Je lui indique le temps qui lui reste pour arriver à la grotte. Le retour me semble plus court.
En écrivant là, maintenant, je me sens transporté là bas...

vendredi 21 octobre 2011

Poggio Bustone

Je reprends la route pour le sanctuaire de Poggio Bustone.
C'est un village situé sur les pentes de la montagne. Le monastère est encore au dessus. J'arrive à midi.
Je m'avance vers la petite église. Passer brutalement de la lumière du dehors à l'intérieur bien sombre est tout contraste. Il n'y a personne. En m'avançant un peu, je découvre un homme, étendu de tout son long face contre terre et bras en croix. "Oulah, ça commence fort!" me dis-je. Je m'assied et fais silence. L'homme se lève peu après, prend des photos, et repart.
Puis je sors et découvre que les portes ferment à midi et demi. Je n'ai pas trop de temps. Je rentre dans le petit cloître, entre ombre et lumière.
Il y a un escalier qui descend dans le rocher, avec une petite chapelle. Plus bas encore il y a un accès à une grotte où François venait prier. Cela vibre fort.
Je termine par l'ancien réfectoire transformé en magasin. J'achète un livre sur les sanctuaires, quelques prières sur des cartes et la petite croix typique de Saint François que je mets autour de mon cou. Ce n'est pas vraiment mon genre, mais là je le ressens ainsi.
Je demande s'il y a quelque chose plus haut : oui, le Speco....
C'est l'heure chaude, mais assurément personne. Je décide d'y aller maintenant, je mangerai après.

jeudi 20 octobre 2011

Ne pas s'opposer


Relisant mon carnet de voyage, je découvre des choses dont je ne me souvenais plus...

Il n'y a même pas de nous même, il n'y a que le mental avec son fonctionnement. On se l'accapare en croyant que c'est nous. Laissons le vivre son histoire, il s'épuisera de lui même. Cela crée des complications tant que l'on s'y identifie. Il est comme tout le reste, il apparaît, il disparaît. Où est-il quand on dort?
Le secret est dans la non opposition à quoique ce soit, du grossier au subtil. S'accrocher, retenir, c'est conforter. Quand on découvre qu'il n'y a personne, alors la vie s'écoule selon son rythme, et dans cette présence il y a un état de contemplation. Il s'agit juste de rester intelligent pour ce qui nous concerne, même si ce n'est pas toujours aisé. C'est tellement facile de s'opposer dans de petits détails, et du coup on ne cesse de s'affirmer. Parfois il faut prendre en main, mais parce que la situation l'exige. Sinon apprendre à rester dans cet état d'abandon, une fois découvert. Et le laisser partir quand il nous quitte...

QUITTE TOUT, MAIS NE TE QUITTE PAS.

mercredi 19 octobre 2011

Derniers regards


Après avoir dormi près d'un enclos où le berger, vivant dans une caravane, avait mis ses moutons pour la nuit, je fis demi tour, roulant au ralenti sur ce chemin noyé parmi les herbes de solitude. La steppe appelle le non retour, l'horizon infini, toujours présent, mais jamais atteint. Ouvrir les fenêtres pour sentir l'air frais qui me débarbouille de son innocence matinale. Et puis m'arrêter pour approcher les chevaux sauvages. Je comprends les Mongols qui sont passés du cheval à la moto. Chevaucher l'infini, quel programme! Cette vastitude appelle le partir et le rester.
Je quitte cet endroit magique, en m'arrêtant sans cesse.
Restent les photos...

mardi 18 octobre 2011

ballots ronds...

Au centre du cercle

Au centre du cercle, j'ai la sensation d'être à l'endroit même du non-manifesté en cours de gestation. Dans ce maelström animé, j'aspire à une dimension autre, mais je ne sais la décrire. Dans le vécu du tourbillon, ce renouvellement constant, je sens une cohésion très puissante, envoûtante même, entre l'âme, le corps et le ciel. Et cela dure quelques secondes...
Le fruit de ce long travail est comme la révélation d'une connaissance immédiate qui me dépasse. En peignant cet élément vital, je suis subitement au coeur de l'instant. Bien dans mon temps, et pourtant hors du temps. Comme si cet "ici" était devenu le "maintenant éternel". Comment dire cet inexprimable que la peinture me fait vivre? La peinture du cercle devient "rituel". Un acte magique qui lie l'homme au ciel et à la terre, et je me noie éperdument dans ces retrouvailles. Comme les derviches tourneurs, je suis dans le mouvement de tout ce qui se meut.

(Fabienne Verdier)


Fichier:Whriling dervishes, Rumi Fest 2007.jpg

lundi 17 octobre 2011

berger

Le berger est celui qui veille sur ses moutons. Dans l'évangile, où il est souvent fait référence au berger, métier beaucoup plus courant à cette époque, le sens est bien d'être le berger des aspects de nous même, développer la présence pour ne rien perdre de ce qui ne demande qu'à s'égarer.

dimanche 16 octobre 2011

travail de jardinier

Celui qui plante la vertu
ne doit pas oublier de l'arroser souvent.

Confucius

samedi 15 octobre 2011

Formes et volupté

Du haut de la montagne, je me suis senti attiré par cet endroit qui semblait doux et accueillant, comme des corps emmêlés. Je me suis dit que j'irais y dormir.



Le soir au coucher du soleil,
 les ombres accentuaient la rondeur de ces courbes féminines

vendredi 14 octobre 2011

moutons


En redescendant de la montagne, je croisai un troupeau de moutons.

Avec quelques intrus, mais pas de lion...

Surprise

"J'adore les surprises!"

Qui n'a pas dit ou entendu cette phrase? Ou l'inverse, car certains disent qu'ils n'aiment pas être surpris. Mais que veut elle dire?

Il y a deux sens : SURPRISE et SURPRENDRE.
L'un peut être actif, surprendre, l'autre est passif, surprise. On surprend, mais on est surpris.
On peut surprendre par mégarde, par hasard, sans le vouloir, auquel cas, c'est un actif involontaire. Je mets de côté le fait de vouloir surprendre, qui est de l'intervention malsaine, de la surveillance. Mais on est surpris de façon tout à fait passive.
La surprise, c'est être pris par dessus. Il n'y a aucune maîtrise de l'évènement. 
Ensuite on peut qualifier, c'est à dire que l'on recadre dans nos schémas mentaux : une bonne surprise, et c'est super, ou une mauvaise surprise, et les plaintes commencent.

En général il y a un aspect positif dans ce que sous entend ce mot : surprise.
Il signifie bien qu'au lieu de prendre, une de nos actions favorites, nous nous laissons, parce que nous n'avons pas le choix, surprendre. Au lieu de saisir, c'est la vie qui nous propose un inattendu, un imprévu, dont on avait absolument pas idée.
Nous sommes si souvent dans l'attente, dans l'espérance, dans le désir de, dans l'idée que, comme si tout nous était du en fonction des efforts, ou pas, que l'on fait. Surtout pas d'imprévu, on peut même se méfier des surprises, tellement la peur est proche, la peur du contre nous.

Etre surpris, c'est un moment d'abandon, de lâcher prise. Il y a une manière insidieuse de parler de ce moment, c'est de dire justement : j'aime les surprises, car l'ego récupère la chose en avoir, alors qu'être surpris est une expérience.
L'autre niveau c'est d'être dans la présence, le vécu est encore différent...

jeudi 13 octobre 2011

Plus près du ciel




Je pris un chemin caillouteux qui me conduisit à l'endroit où quelques personnes se préparaient à se lancer dans les airs. On avait déjà un beau point de vue. Puis je continuais jusqu'au bout du sentier. Laissant la voiture, je continuais à pied vers un sommet. Que des formes douces, arrondies, féminines. Je sentais l'énergie de la terre.
Au vu des cailloux nombreux dans les herbes, je me mis à faire le symbole du yin et du yang. Je choisissais les pierres qui étaient justes posées sur le sol, en effet, celles un peu plus enterrées avaient souvent des insectes, ou une vie invisible dessous, que je ne voulais pas déranger.
Puis je montais vers un autre sommet, offrant ma peau au soleil, pour communier avec le ciel et la terre.
Là haut les deltaplanes tournoyaient comme des oiseaux à peine visibles, profitant des ascendances.
Voler au dessus d'un tel endroit me tenterait bien...

mercredi 12 octobre 2011

Bordeaux Norcia

abri

Quand les ombres s'allongent

Dans la steppe

Grands espaces
A deux
Ou seul
Non, à deux