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samedi 28 février 2015

D'où vient la force et que réclame le coeur?

Michel ressentait au plus profond la chaleur bienveillante qui régnait dans la maison, l’accueil simple et chaleureux, la douceur de la température, le fait d’avoir mangé chaud, les bougies, la lumière et les ombres, la musique qui touche le cœur. Comme la vie peut être miraculeusement fantastique après avoir été précipitamment fragile. Michel goûtait à cette saveur si particulière d’avoir vécu les deux aspects côte à côte. Que venait lui dire la vie ? Seul, tu peux t’en sortir, mais n’est-ce pas mieux de s’en sortir avec l’autre ? Seul, tu peux vivre des moments forts quand tu te mets en danger et que tu te sors les tripes pour te sauver, mais n’est-ce pas plus touchant dans le profond de l’être de s’en sortir grâce à l’autre?
L’orgueil est une force, mais peut-on se passer de l’humilité ?
D’où vient la force et que réclame le cœur ? Le besoin d’aide n’est-il pas un cri du cœur de l’âme égarée ? La paix qui peut s’ensuivre n’est-elle pas plus accessible quand l’ego diminue ? Se laisser aller à ce qui est donné n’est-ce pas un plus grand pas vers la simplicité que l’on croit chercher volontairement ? O, ne plus vouloir, pourquoi cela semble t-il si difficile ?

La musique s’arrêta. Un silence commença.
Le silence qui suit quand les cœurs sont touchés, quand les esprits se sont tus, quand la vibration de la vie à l’intérieur des êtres ne réclame rien d’autre que sa propre écoute. Le simple bonheur d’être à l’écoute de ce qui est. Le si simple… quand il est là, sans s'être présenté...

- Comment vous sentez-vous ?
- Je crois que je suis incapable de me relever. Quelque chose s’est ramolli. C’est une sensation assez nouvelle pour moi.
- Voulez-vous que l’on vous aide à vous coucher ?
- Oui, c’est sans doute le moment.
Michel essaya de se lever, mais n’y arriva pas. Toutes ses forces semblaient parties. Il leur fallut pas mal d’efforts pour l’aider à se lever, à s’appuyer sur elles et à l’aider à marcher jusqu’à la chambre.
Ce n’est pas tant qu’il avait mal, mais plutôt une fragilité insoupçonnable qui obligeait une dépendance. Quand le physique est touché, ce n’est pas si évident de rester neutre à l’intérieur. Il y a une affectation quelque part. Michel était avec ça maintenant. Mais son besoin de sommeil était plus fort, et c’était sans doute tant mieux. Laisser le corps prendre les choses en main est parfois la meilleure solution. Récupérer l’énergie qui nourrit tout l’être. Juste dormir…

La nuit fut froide car une gelée matinale avait envahi la campagne. La maison silencieuse attendait le lever de ses occupants.
Corinne et Sylvie s’étaient levées et préparaient le petit déjeuner.
- Je vais aller voir comment s’est passé la nuit de notre ami, dit Sylvie.
Elle frappa à la porte de la chambre de Michel.

mercredi 18 février 2015

Voyage à Assise

Au pays ou le temps s’arrête

Si vous aimez la beauté, la solitude contemplative, les architectures de silence, la nature sauvage, la rencontre avec l'autre dans la quête de vous-même, je vous propose des voyages "Au pays où le temps s'arrête."

DE SAINT FRANCOIS A SAINT BENOIT

ENTRE ASSISE ET NORCIA

du 7 au 15 aout 2015

Partir d’Assise, séjourner avec les soeurs de l’Eremo Francescano, puis continuer vers Sant’ Eutizio où passèrent Saint François et Saint Benoit, enfin marcher 3 jours dans le site grandiose de Castelluccio près de Norcia. Une semaine où nous mêlerons la contemplation dans des lieux de simplicité et la marche en autonomie.

 
SUR LES PAS DE SAINT FRANCOIS D'ASSISE

du 15 au 22 aout 2015


Un pèlerinage à Assise et ses alentours avec des visites de monastères et d'ermitages : San Damiano,  Carceri, Rivotorto, mais aussi le merveilleux et discret Eremo Francescano aux sœurs adorables, le Cammino di Francesco dans la vallée du Rieti, Norcia où est né Saint Benoit... Une dizaine d'ermitages silencieux, habités, sur les hauteurs de l'Ombrie, où a vécu Saint François.
La plupart de ces endroits sont inconnus du grand public, pour notre plus grand bonheur.

Ces voyages dans des lieux de tradition spirituelle sont dans cette orientation de simplicité, de partage, de temps de silence et de marche, allié à la beauté qui élève l'âme.

Pour tout renseignement : écrivez au mail du blog

jeudi 5 février 2015

Il y a beaucoup d'inconnu dans la vie


- Mais qui sait ce qui se passe en fin de compte, lorsque les choses arrivent ?
- Vous êtes en train de me dire qu’il y a beaucoup d’inconnu dans la vie, autour de nous ?
- Regardez…
- En ce moment oui, c’est flagrant.
- Les choses sont reliées les unes aux autres, c’est comme un chapelet. Nous, nous voyons les petites boules, nous ne voyons pas la petite chaîne qui relie les boules, cet invisible qui travaille dans l’ombre. Dans ce mécanisme qui nous dépasse, le petit a autant d’importance que le grand car le tout ne peut marcher qu’avec la participation de chacun des éléments. Il n’y a pas de petit ni de grand en fait, il y a un ensemble. La boite d’allumettes fait partie de l’ensemble.
- Tout a de l’importance alors ?
- Oui, et en même temps, tout arrive, quoiqu’on fasse.
- Vous ne voulez pas goûter de ma compote ? Elle est arrivée aussi !
Ils rirent. Corinne servit et ils se mirent à manger dans le silence revenu. Soudain le téléphone sonna. Corinne alla répondre. Sylvie tourna son regard vers Michel. Leurs yeux se croisèrent un moment, quelques secondes pour un échange subtil, bien plus profond que des mots. Un regard qui n’est que le reflet de cette chaîne qui relie, telle une connivence. Les mots ont leurs limites.
- C’était ma fille qui me souhaite un bon Noël, dit Corinne. Elle est avec des amis.
Le téléphone avait rompu la conversation. Elle reprit différemment, de façon plus superficielle.
- Hier soir on était dans le noir à cette heure-ci.
- Et si on mettait des bougies ?
Bientôt la pièce ne fut plus éclairée que par quelques bougies ici et là, certaines sur des bougeoirs d’autres, plus grosses, posées sur des meubles.
- Le feu est une présence en soi !
- Oui, il est réchauffant pour le corps et l’âme.
- Cela dut être un réconfort quand vous avez réussi à allumer le feu dans les bois.
- Oui, ce n’était pas gagné d’avance, mais ce fut bon, très bon même, surtout après m’être traîné jusque-là.
- Mais comment avez-vous pu faire ?
- Je ne sais pas. On parle de l’énergie du désespoir, mais en fait c’est le contraire, c’était une sorte de dernier espoir, le choix ultime qui me restait. Si je restais, personne ne m’aurait trouvé, j’aurais eu froid et le risque était grand. Rester était baisser les bras, devenir passif, alors que j’avais encore de l’énergie. Me traîner jusqu’au bois était certes risqué car je n’avais aucune assurance d’y arriver, mais c’était pour moi la seule solution à court terme. Je me créais un futur possible que je renouvelais à chaque effort. C’était dur, mais c’était espérant parce que j’agissais.
- Mais vous auriez pu vous arrêter en plein milieu, à bout de forces, ou à cause de la douleur.
- Oui, et c’est justement cette fameuse énergie qui est notre moteur. Et puis l’action empêche de penser, sinon on est fichu. Je me fixais des paliers visuels, ou je comptais mes pas, enfin ce que l’on peut appeler des pas. Quand ce que l’on affronte parait long, il faut voir petit, cela devient essentiel pour ne pas se laisser déborder par l’ampleur.
- Mon Dieu, quelle aventure !
- Oui, à deux pas de chez soi…
- Vous avez eu peur ?
- Curieusement pas vraiment. Par contre lorsque j’ai vu les feux de la voiture dans la nuit, je me suis accroché à l’idée qu’elle devait me voir. Je n’ai pas eu le temps d’avoir peur, mais ce n’était pas loin, car je savais bien qu’il n’y a quasiment personne à passer par là de nuit.
- On ne vous avait pas vu au début.
- Je me suis mis à penser très fort au conducteur pour qu’il voit le feu et en soit curieux,  j’ai appelé de l’intérieur pour qu'il s'arrête.
- On était aussi tendu vers vous, car on s’inquiétait.
- Quelle histoire incroyable ! On est voisins, on ne se connaissait pas ou quasiment, et voici que ces évènements tout à fait improbables ont lieu. Je n’en reviens pas.
- Oui, je n’arrête pas d’y penser. Je n’ai pas retrouvé encore la tranquillité.
- C’est bien normal.

mardi 3 février 2015

S'abandonner devant l'inconnu est une chose...


- Et comment va votre esprit maintenant ?
- Oui, bonne question ? Quand il se fait oublier, c’est qu’il va bien sans doute. Je ne suis pas complètement à l’aise avec tout ce qu’il vient de m’arriver. En même temps je n’ai rien fait de saugrenu. Je marche souvent, grimpe à droite à gauche, sans jamais avoir eu de difficultés. Mais on n’est pas à l’abri d’un moment d’inattention, et d’une chute, la preuve.
Dans ma vie plutôt tranquille, c’est l’échelonnement de tout ce qui s’est passé ces deux derniers jours qui m’interroge. Je serais arrivé dans la librairie une minute plus tôt ou plus tard, et rien de tout cela ne serait arrivé. Parfois la vie prend comme un tournant pour une histoire de quelques secondes. Il n’y a aucune liberté là-dedans. C’est incroyablement fascinant.
- Ce n’est pas plutôt le coup de la voiture qui a déclenché notre rencontre.
- Non, je crois que c’était à la librairie, puis au salon de thé. Un décalage d’une minute peut provoquer un autre décalage bien plus conséquent par la suite. Un quart d’heure, une demi-heure ou plus même. Vous n’auriez plus été dans votre voiture, tout devenait différent. La rencontre, l’invitation, la promenade, tout aurait changé. Il est impossible de savoir.
- Oui c’est vrai.
- Parfois je me dis que se lever une minute plus tôt ou plus tard peut changer des choses dans la journée, pas si on reste chez soi bien sûr, mais dès que l’on quitte le seuil de la porte, c’est l’inconnu qui commence sur lequel notre emprise n’est pas si grande.
- Et alors ?
- Je me sens petit dans cette histoire. Comme si la vie nous emmenait à nos dépens, pour apprendre à s’adapter. Adopter l’attitude à s’adapter, si je peux oser…
- Un accident oblige cette attitude on dirait, et ce n’est pas facile. On reproche souvent le changement comme si on ne pouvait vivre que dans le confort des habitudes.
- Oui, pourtant je crois que le confort est le début de la mort, car il est vite ennuyeux. Regardez la vie dans les pays où le confort est comme un but, les gens y sont de plus en plus tristes et insatisfaits. La vie est changement, il faut vivre avec assurance cette instabilité.
- Alors que pensez-vous du changement de maison ce soir ?
- Et oui, je suis bien pris au piège de mes conclusions. Je suis accueilli dans l’inconnu un soir de Noël. Pour moi, c’est une leçon extraordinaire. Il faut que je m’accueille moi-même dans cette forme de simplicité à laisser la vie faire son propre cours. S’abandonner devant l’inconnu est une chose, devant des inconnues en est une autre. Un enfant le fait plus facilement.
- Je trouve cette journée peu ordinaire mais riche, et si c’est la vie qui a tout organisé, comme vous dites, alors je dis merci à la vie. On est là, réunis, au chaud, et on parle de choses tout à fait inhabituelles, mais ô combien importantes finalement. C’est rare de rencontrer des gens qui abordent ces sujets. Ca me touche parce que je sens bien que le dire touche le vécu.
- J’ai de la compote, ça vous tente ?
Corinne se leva et alla chercher le dessert avec des gâteaux.
- Comment va votre genou ?
- Je sens que c’est mieux. La pommade et le massage ont fait chauffer la zone, mais ça se détend progressivement. Il y a longtemps que je n’ai pas passé une nuit dehors en hiver, mais je préfère être là.
- Vous me faites peur en parlant de nuit dehors, je n’ose pas imaginer.
- A vrai dire j’ai tout fait pour l’éviter.
- Heureusement que vous aviez des allumettes.
- Comme quoi laisser parfois des choses traîner peut aider.
- Vous avez une façon de parler, comme si tout pouvait servir à quelque chose, sans qu’on le sache vraiment.
- Mais qui sait ce qui se passe en fin de compte, lorsque les choses arrivent ?