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mardi 30 novembre 2021

La main divine


 En vain j'imagine
un événement
d'où la main divine
s'absente un moment
si donc Dieu m'entoure
de tous ses aspects
où que l'on me fourre
je demeure en paix.

Vive nous les hommes
partout répartis,
de là où nous sommes
Dieu fait ses petits.
Il n'est point de sectes,
de pires endroits, 
où il ne détecte
l'amour des coeurs droits.

Tout ce qui divise
ne vient point de Dieu.
Il te divinise
quel que soit ton lieu.
S'il est des églises
plus dignes de foi
c'est celles qui disent
que tout est en soi.

Frère Antoine

dimanche 28 novembre 2021

50 ans dans une grotte

 

Le massif de Roquebrune se compose de trois montagnes dont certaines ont des grottes naturelles. Il en choisit une, exposée plein sud, et l'aménagea. Il en utilisa d'autres pour un coin atelier et lavabo, et pour accueillir d'éventuels visiteurs (motivés), elles étaient juste assez grandes pour dormir.

 
Tout avait été récupéré sur place : pierres, terre, bois, les vitrages sont à base de ceps de vigne. Il y avait aussi une décharge dans les environs où il allait faire ses courses. Etant sculpteur à la base, il savait utiliser ses mains pour bâtir avec une âme d'artiste.


A l'intérieur il fallait se baisser un peu la tête pour circuler. Il y avait un coin lit au fond à gauche, un poêle pour réchauffer un peu en hiver, et une table avec deux banquettes en pierres avec un matelas récupéré pour recevoir les gens de passage. S'il y avait de la pluie, ou s'il faisait frais, on se tenait là.
C'était confortable pour qui se satisfait de peu, le silence de la grotte faisant le reste.

 
Juste devant la grotte, un coin terrasse permettait d'accueillir les visiteurs. Il y avait les randonneurs, les curieux, les habitués, beaucoup de passage aux beaux jours car il devenait connu. Parfois il se cachait pour être tranquille, un comble pour un ermite. Bien qu'éloigné du monde beaucoup de nouvelles lui parvenaient. Il composait des chansons à message, écrivait, sculptait et contemplait. Lors des visites, il répondait aux gens en fonction de leurs questions, toujours avec humour. Il bousculait pas mal, avec malice et bienveillance. Rares sont ceux qui pouvaient vraiment comprendre sa démarche : vivre de rien et ne rien faire apparemment. Certains disaient qu'il avait de la chance de vivre ainsi, sans les soucis du quotidien, mais ils n'auraient pas tenu une semaine, trop habitués aux bruits du monde.

samedi 27 novembre 2021

Frère Antoine a rejoint le ciel

 


Frère Antoine est mort le mois dernier à Dieulefit (ça ne s'invente pas!), à l'âge de 98 ans.
Il fut moine au monastère de Bellefontaine durant quelques années, avant de vivre en ermite dans le sud de la France, après un voyage initiatique en Inde. Il s'installa dans une grotte en 1966 près de Roquebrune sur Argens. Il la quitta définitivement en 2017, suite à une chute, pour la maison de retraite du village. En 2020 une famille amie l'hébergea à Dieulefit pour ce qui fut sa dernière année.
Voir article :  https://www.la-croix.com/Debats/Frere-Antoine-faisait-sentir-presence-trois-fois-rien-2021-11-01-1201183057

J'ai déjà parlé de Frère Antoine, que j'ai rencontré en 1978, et auprès de qui j'étais resté une vingtaine de jours. J'y ai vécu peut être les plus beaux jours de ma vie, rencontre inoubliable avec un homme simple, libre, à l'humour vif, vivant dans une confiance absolue dans les mains de la Mère Divine comme il disait. J'ai progressivement découvert, comme lui, que la vie nous conduit vers ce qui nous attend dans la profondeur si on s'abandonne à la petite voix intérieure. Le hasard se nomme alors providence, et le chemin se trace de lui même.
Je suis retourné plusieurs fois lui rendre visite, à l'occasion de voyages vers l'Italie. 
En 2015, je voulais le faire découvrir à une amie. Ayant un rendez-vous entre-temps, la personne chez qui je passais nous dit qu'elle avait entendu qu'il était mort. Sans moyen de vérifier, et voulant éviter de faire quelques centaines de km pour rien, nous n'y sommes pas allés. Deux jours après ce fut l'accident qui me laissa en partie handicapé. Frère Antoine était toujours vivant dans sa grotte...
Est-ce que nous aurions du y aller quand même, cela eut-il changé quelque chose? J'en doute. L'étude de mon thème montre un risque extrêmement fort le jour et l'heure où c'est arrivé. C'est ainsi.
Pour moi c'est très curieux que cet accident soit quelque part lié à lui. Mais c'est peut être un cadeau aussi, car une part de moi est morte.

Je vous conseille ces deux livres : "Une bouffée d'ermite" aux éditions La Table Ronde, et "Le paradis c'est ici" aux Presses du Chatelet.


dimanche 21 novembre 2021

Ils ont vécu leur rêve : témoignages et sourires

Suite de petites phrases à l'arrivée de la mini-transat.


J’ai réalisé mes objectifs, je suis content d’avoir accompli ce projet-là.

J’ai été poussé dans mes retranchements, mais le cerveau est bien fait. Une fois à terre, on ne se rappelle que du positif.

Ca a, dans tous les cas, été une incroyable expérience pour moi. La Mini Transat est LA chose à faire.

Faire la Mini Transat, c’est la meilleure décision de toute ma vie. J’ai tellement appris ! C’est tellement dur ! D'un point de vue mental, c’est une expérience incroyable, j’ai beaucoup appris sur moi. Ce que je retiens de cette course ? Qu’il y a toujours une étape suivante et qu’il ne faut jamais abandonner. 

Ce que je mettrais en avant, c’est la persévérance. 

J’ai raté le côté sportif mais le côté aventure, je l’ai vécu à fond ! Je me suis dit que je faisais partie de la centaine de personnes sur sept milliards qui ont eu le privilège de faire la traversée en solitaire sur un si petit bateau. Je suis tellement chanceux ! Donc, même si j’avais été dernier, j’aurais gardé le sourire. Je suis vraiment heureux d’avoir mené ce projet à bout.

Je suis super heureux d’arriver. C’est un sentiment très fort de se dire que ça y est, la boucle est bouclée, qu’on est allé au bout de son projet et de son aventure. Ça a vraiment été une expérience fantastique. Ca n’a été que du bonheur. J’ai appris et découvert beaucoup de choses. J’ai adoré ce que je viens de vivre ! 

Toute l’étape n’a été que du mental. J’ai l’impression que tout le monde a beaucoup réfléchi sur le sens de sa vie ! 

Je ne pensais pas que ce serait aussi difficile pour moi de gérer la solitude. Je ressentais souvent le manque de mes proches, de mes amis. J’ai fait une sacrée introspection, et maintenant, je sais que je n’aime pas être seule !

J’ai cependant beaucoup apprécié de me retrouver face à moi-même en mer. Cela m’a laissé le temps de faire de l’introspection, de réfléchir à une multitude des choses, sur moi mais pas seulement. 

Le but c’est le chemin. Je crois que là je l’ai vraiment réalisé. L’important c’est de le faire et de le vivre vraiment parce que c’est là qu’on apprend les choses. Je pense que j’ai découvert plein de choses sur moi-même.

Quand j’ai franchi la ligne d’arrivée, ça m’a fait quelque-chose. J’étais tellement fière de moi, tellement contente d’être allée jusqu’au bout, de m’être dépassée autant et d’avoir accompli le projet que je voulais faire. C’est chouette. 

C’est tellement grand que j’ai du mal encore à réaliser ce qu’il s’est passé mais c’était incroyable ! Je n’ai pas de mots ! 

C’est complétement fou d’arriver et de recevoir un tel accueil ! Je ne m’attendais pas à ça et ça me rend très heureux. Je me sens très chanceux d’être arrivé au bout de mon aventure. C’est la concrétisation d’un rêve pour moi. Au moment où j’ai franchi la ligne, ça m’a fait quelque-chose. J’ai vraiment réalisé ce que je venais d’accomplir. C’est entièrement de la joie et du bonheur ! 

Je me suis retrouvé à pleurer sans trop savoir pourquoi. La joie sans doute. 

Je suis ravi d’être arrivé. Être là et l’avoir fait, c’est tellement bon !

C’était difficile de faire le choix de la route : soit tu gagnes, soit tu apprends, mais tu ne perds jamais ! Moi, j’ai vécu une belle leçon, une expérience formidable. J’ai beaucoup profité de la traversée. J’ai pris le temps de regarder les étoiles et la mer. Je n’ai pas ressenti la solitude. Au bout de quelques jours, on se rend compte qu’être seul, c’est agréable.

Je suis trop trop content ! J’ai eu le sentiment que le temps s’arrêtait. Je me sentais bien tout seul, j’étais dans mon élément, vraiment à l’aise.

C’est dur, c’est long mais c’est ouf ! C’est un défi tout à fait incroyable ! C’était encore mieux que ce que je pensais. 

Je me sens pleinement épanoui. Il y a eu des petites déceptions sur la fin mais ce n’est pas ça qui va rester. C’était tellement bien. Je suis heureux.

Grâce à cette expérience, j’ai gagné tellement ! 

J’ai eu du temps pour tout. Pour apprendre, pour avoir le mal de mer, pour être parfaitement bien en mer, pour découvrir mon bateau, pour observer les nuages…. C’est fou de vivre tout ça et ce sera de l’expérience précieuse pour mon futur. 

C’était long, on n’est pas habitué à se retrouver seul aussi longtemps. C’était difficile pour moi. Je l’ai plus ou moins bien vécu, ça dépendait des moments. Une sorte d’ascenseur émotionnel. Il y a des instants où on se dit que c’est incroyable comme on est chanceux, et d’autres où on se demande ce qu’on vient faire là ! La première chose que je rêvais de faire en descendant à terre, c’était des bisous et des câlins. Je ressens un bonheur immense.

C’était une super aventure. Je me suis lancé pour ça, pour vivre cette expérience fabuleuse et j’imagine ce que ça aurait été si je ne l’avais pas fait. Je suis tellement content d’être arrivé au bout. C’est magique ! Je me suis dit « profite, profite, profite. Tu n’as que ça à faire parce qu’après c’est fini, tu retournes à ta vie ordinaire."

 

 

 

Le doyen (68 ans) et dernier, porté par la famille mini.

mercredi 17 novembre 2021

Une transat en solitaire, c'est un voyage intérieur.

 Passionné de bateaux, bien que ne pouvant plus en faire, je continue de suivre les courses dont une en particulier qui a lieu tous les deus ans, la mini transat. Elle se court sur des bateaux qui font 6,50 m de long, mais qui portent énormément de voile pour un poids d'une tonne maximum, ce qui fait qu'ils peuvent aller très vite et procurent beaucoup de sensations. J'en ai essayé un, je confirme!     


 Même si tout augmente, ces bateaux restent encore dans des budgets accessibles, et il existe aussi un marché d'occasion, si bien qu'il y a beaucoup d'amateurs et de jeunes. Pendant la course ils ont une meteo succincte par radio, et leur position dans le classement, c'est tout. Ainsi ils ne savent pas où sont les autres hormis ceux qu'ils voient. Pas d'ordinateur, pas de sophistication, pas de communication sauf avec le comité de course, ou les bateaux proches par radio. Une vraie course en solitaire.   

Première étape vers les Canaries, deuxième étape : la traversée de l'Atlantique vers la Guadeloupe, soit une quinzaine de jours. Les meilleurs ont des objectifs de victoire, de podium ou de" top dix", mais pour la plupart c'est surtout l'aventure (ils sont un peu plus de 80, et c'est pratiquement leur première traversée). A chaque arrivée de cette course, les photos montrent des visages radieux, souriants, ouverts, et des commentaires extraordinaires que je vous laisse découvrir.

 

Au final c'est juste incroyable!

J’ai réussi et en plus avec un super résultat ! Je suis vraiment très heureuse ! 

Je suis très heureux de cette place, mais je suis surtout ravi d’être ici, avec mon bateau, et d’avoir traversé l’atlantique ! La Mini Transat m’a donné le goût de l’Atlantique, un goût que j’aimerais retrouver encore.

Faire une transat en solitaire, ce n’est pas anodin. C’est un voyage intérieur. C’est une sacrée expérience. 

C’était que du bonheur, excepté les sargasses et les grains.

La Mini est clairement une aventure complètement barjot. C’est un truc de malade ! Je ne m’imaginais pas ça. Je n’imaginais pas toutes ces émotions. Je n’imaginais pas toutes ces sensations. Humainement, c’est vraiment beaucoup plus fort que ce que je pensais. C’était juste beau. C’était dur par moments et fantastique par d’autres. Il y a eu tellement de choses fortes… 

Arriver de l’autre côté, voir une île se dessiner et se dire qu’on a traversé l’océan, c’est complètement fou. Je n’avais jamais passé 17 jours tout seul. Ça a été plein de nouveautés. 

 Franchement, j’ai pris beaucoup, beaucoup, beaucoup de plaisir ! J’ai trop hâte d’y retourner ! Je suis contente d’être là aujourd’hui. J’ai fait tout ce que je pouvais et je ne pouvais pas donner plus. Quand j’ai franchi la ligne j’ai ressenti un grand bonheur d’être arrivée de l’autre côté, d’avoir achevé ça et en même temps je réalise que c’est fini. 

Je suis ravie de l’aventure, il n’y a que du positif.

C’est une expérience unique, une occasion rare de se déconnecter. Vivre sa vie simple, manger, dormir, faire avancer le bateau. Je suis tellement heureux que je pense que je ne m’arrêterai pas là ! 

C’est magique d’arriver ici avec un tel accueil ! C’est même choquant après 17 jours de mer en solitaire mais c’est génial. Je ne m’attendais pas à ça. J’ai vécu des moments uniques à la belle étoile. Ça a été une expérience complète ! 

  
 
 





mardi 2 novembre 2021

La prière


 « La prière est un rejeton de la douceur et de l'absence de colère.

La prière est le fruit de la joie et de l'action de grâces.

La prière est l'exclusion de la tristesse et du découragement.

Si tu aspires à prier, renonce à tout pour obtenir le tout.

Celui qui prie en esprit et en vérité ne glorifie plus le Créateur à partir des créatures, 
mais c'est de Dieu même qu'il loue Dieu.

 Si tu aspires à prier, ne fais rien de tout ce qui est incompatible avec la prière 
afin que Dieu s'approche et fasse route avec toi.

Ne te figure pas la divinité en toi quand tu pries, 
ni ne laisse ton intelligence subir l'impression d'aucune forme; 
mais va immatériel à l'immatériel, et tu comprendras.

Heureux le moine qui tient tous les hommes pour Dieu, après Dieu.

Heureux le moine qui regarde le salut et le progrès de tous comme le sien propre, 
en toute joie.

Moine est celui qui est séparé de tous et uni à tous.

Est moine celui qui s'estime un avec tous, 
par l'habitude de se voir lui-même en chacun.

Quand tu seras parvenu dans ta prière au-dessus de toute autre joie, 
c'est alors qu'en toute vérité, tu auras trouvé la prière. »

Jean Cassien