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mardi 8 avril 2025

Sans but

 Si l'on considère notre personnage, on va le définir à travers le temps, une durée, j'ai fait ci, j'ai fait ça, en sélectionnant des moments particuliers ou des buts atteints, tout ce qui sera dit fera référence au passé. On pourra parler de projets futurs, mais sans réalité propre. Par rapport au passé, on sélectionnera certains évènements, on en oubliera d'autres. Sommes-nous une somme?

La spiritualité nous dit qu'il n'y a que le présent, le reste n'a aucune existence. On peut dire alors que le personnage, celui pour qui on se prend, n'a aucune existence, c'est une idée, des souvenirs du passé, un imaginaire. Dans le présent, l'ici et maintenant, l'absence de tout autre, se trouve l'aboutissement d'une soi-disant recherche. Chercher, y compris la vérité, c'est forcément regarder ailleurs, dans un futur inaccessible, c'est imaginer qu'il y a un but. Le but crée la dualité. On va s'attacher à un but, dont on ne sait rien pratiquement, et chaque pas vers lui le fera reculer d'autant. Il n'y a pas de fin à ce petit jeu.

Ce n'est qu'une erreur de compréhension, parce que l'on cherche avec l'ego, et chercher est une tension. Tant qu'il y a un ego pour chercher, il ne trouvera rien, parce que ce n'est pas de l'ordre de l'ego (ou du mental). 

Pour supprimer la tension de la recherche, il suffit de supprimer le but. Scandale chez les chercheurs intégristes! Pourtant ce ne peut être que libérateur, très libérateur même. Abandonner toute attente d'un futur improbable, tout espoir. Plus de but, plus de recherche, plus de croyances, plus d'affiliation, oser lâcher notre personnage "spirituel". Lâcher vraiment, c'est lâcher tout. L'abandon véritable n'est pas une sélection des choses faciles à lâcher, c'est prendre le risque de l'inconnu total. A condition qu'il n'y ait plus personne. Le "vainqueur" est le vaincu!

Etre juste en compagnie de maintenant, quoiqu'il arrive, ouvert au présent, d'instant en instant, sans demande d'autre, sans espoir, sans but...