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dimanche 17 novembre 2013

Le garagiste de Dieu


Un type un peu bizarre, éméché apparemment, veut prendre les choses en main, pour se faire du fric sans doute, et emmener la voiture chez un ami mécano dans un petit village en arrière.
Je n’ai pas confiance.
Je téléphone à l’assurance, pas de réponse, on est samedi. L’assistance est injoignable depuis l’Italie. Que faire ? C’est alors qu’Isabelle a l’idée de faire appeler le numéro depuis la France par quelqu’un. Je n’y aurais jamais pensé tout seul. J’ai mon fils, qui heureusement est là, et lui explique la situation. Il me rappelle cinq minutes après pour me dire que l’assistance va me rappeler d’ici une heure, mais que le processus est en marche.
Je prends quelques affaires dans la voiture, avec l’ordinateur, par précaution, et décide de rejoindre Florence avec les autres où il devrait être possible de téléphoner à des amis.


Les adieux se font sur un trottoir. Ils reprennent la route. Je me sens mieux. Je connais la ville puisque j’y ai vécu, dans un village tout proche, durant une année, il y a 35 ans.
Une nouvelle aventure commence, pas du tout prévue bien sûr. Première chose : trouver un bar et recharger le portable, dont la batterie s’épuise à vue d’œil. Je prends un thé et écris.

Ce que j’ai vécu cette semaine avec le groupe, fut quelque chose d’incroyablement évident, fluide, auquel je ne m’attendais pas, avec aussi ce vécu de chacun qui rejoignait la totalité dans le partage, la tranquillité, la profondeur, la qualité des lieux que tous pouvaient ressentir. Bien sûr j’avais préparé au mieux ce voyage, mais mon intention était de me préparer intérieurement à ce pèlerinage. Je sentais que le plus important était d’offrir l’authenticité de ce que je vis, de ce que je ressens, et de me donner totalement au groupe. Cela s’est fait tout seul, je n’ai jamais forcé. C’est venu progressivement. Une évidence de chaque moment. Rester dans ce que je sentais capable de faire. « Les lieux feront le reste » m’avait dit Alain ! Oui.
Les lieux de Dieu. Les Dieux du lieu. L’un après l’autre.

Quand je repense à cet incident, je vois combien je suis chanceux. L’embrayage était en piteux état, comme me le montrera le mécanicien,  il devait donc céder à un moment. Si je n’avais pas été avec les « Perpignanaises », je me serais retrouvé je ne sais où, en difficulté, et bien plus seul. En fait c’est grâce à Johan qui a proposé ce rendez-vous en ce lieu. Je le bénis et le remercie.

Mais derrière tout ça c’est la vie qui joue avec nous. Ce n’est qu’un contre temps me dira Isabelle. Oui, mais je vais le vivre différemment en fait. C’est à ton niveau me dit Sandra. Oui, sans doute, mais tout ce qui nous arrive est à notre niveau, j’en suis persuadé. Le tout est de ne pas détourner la tête, de ne pas devenir une victime, mais un disciple comme dit l’enseignement. Cela m’aura pris quelque temps. Ne pas être dans l’émotion qui englue tout est une chose, être dans l’abandon en est une autre.

On ne fréquente pas les chemins de Saint François sans risque, histoire de faire le point. Enfin je le sens un peu comme ça. Je sens de plus en plus que sur le chemin, il n’y a pas de planque. J’y pensais vraiment ces jours ci. Dans le café, j’ouvre le livre d’Yvan Amar « Les nourritures silencieuses », et tombe sur ces mots tels quels : il n'y a pas de planque!
Quel que soit ce que je vis, j’y suis attentif, depuis quelque temps plus qu’avant.
C’est alors que la vie va continuer de jouer avec moi…

A suivre...

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